Le centre de Tenerife est occupé par le massif du Teide que j’ai atteint au départ de Santa Cruz de Tenerife en empruntant la route TF 24 qui longe la dorsale volcanique de l’île en faisant traverser des zones boisées très agréables. Au bout de quelques dizaines de kilomètres, on sort de la forêt et de l’humidité ambiante qui la baigne souvent en début de journée et on se retrouve au-dessus des nuages avec un ciel d’un bleu vif sur lequel se détache le Pico del Teide. Alors que la route s’élève, le paysage devient de plus en plus désertique. A noter, comme le fait remarquer Maurice Krafft, un extraordinaire affleurement de ponce phonolitique en provenance du secteur de Las Canadas au kilomètre 32. La région du Teide fait ensuite alterner les dépôts de ponce et de lapilli, les coulées de lave basaltique ou celles, plus visqueuses, d’obsidienne phonolitique, même si cette dernière n’a pas la pureté de son homologue de Lipari dans les Iles Eoliennes.
Le clou du spectacle se trouve, bien sûr, au sommet du Teide auquel on accède d’abord par le téléférique, puis à pied par un chemin bien tracé. L’ascension est rendue plus difficile par le manque d’oxygène (le sommet proprement dit culmine à 3718 mètres) que par la pente. Il faut une autorisation pour l’assaut final et de bonnes chaussures sont fortement recommandées. J’aimerais connaître le nombre d’entorses de chevilles recensé par les services de secours. Je n’arrive pas à comprendre que des femmes s’aventurent sur ce terrain en escarpins ou en nu-pieds! Que dire des couples qui se risquent à plus de 3000 mètres d’altitude avec un nouveau-né sur les épaules? Le cratère sommital du Teide n’est pas immense avec 70 mètres de diamètre mais l’odeur de soufre qui s’en échappe, l’altération des roches et les taches jaunes à la surface du sol rappellent que nous sommes sur un volcan actif. Il est également intéressant d’emprunter le sentier qui conduit au mirador du Pico Viejo, théâtre de l’éruption de 1798. Cette dernière, éruption latérale, est partie d’une fracture sur le versant occidental et l’aspect des coulées n’a guère varié depuis leur mise en place.
En empruntant la route vers Chio, on passe à proximité de nombreux cônes adventifs. Une halte près de ceux de Samara et Chinyero permet d’accéder aux coulées nées de la dernière éruption de novembre 1909.
D’autres sites méritent une visite, comme Los Azulejos où la couleur de la roche passe du vert au mauve, ce qui n’est pas sans rappeler la Palette de l’Artiste dans la Vallée de la Mort en Californie. Ceux qui tiennent absolument a faire une photo ressemblant à la carte postale traditionnelle du Teide feront une halte aux Roques de Garcia.

Première vue du massif du Teide au sortir de la forêt en venant de Santa Cruz avec, au premier plan des tajinastes, plantes endémiques à Tenerife

Superbe dépôt de ponce au kilomètre 32

Le versant sud du Pico del Teide

Le cratère sommital du Teide

Vue sur le Pico Viejo, siège de l’éruption de 1798

La coulée de 1798, sur le versant ouest du Pico Viejo

Fracture éruptive de 1798

Cratère de Samara, source de l’éruption de novembre 1909

Vue sur la dernière coulée de 1909

Couleurs de Los Azulejos
(Photos: C. Grandpey)