Réchauffement climatique: ouragans, tempêtes et érosion littorale // Global warming: hurricanes, storms and coastal erosion

Dans ma note sur les conséquences de l’ouragan Ian sur l’érosion côtière en Floride (2 octobre 2022), j’expliquais que les dégâts peuvent être énormes lorsque les tempêtes surviennent lors des grandes marées.
Le National Hurricane Center indique aujourd’hui que l’onde de tempête provoquée par l’ouragan Ian dans le Golfe du Mexique a atteint une hauteur de 4,50 mètres à Fort Myers Beach au moment où l’ouragan a touché terre.
Le niveau maximum de 4,50 mètres à Fort Myers Beach place Ian parmi les ondes de tempête les plus puissantes de l’histoire, mais bien en dessous de certaines tempêtes légendaires à avoir frappé la côte nord du Golfe du Mexique.
Une telle onde de tempête explique en partie pourquoi autant de décès – au moins 30 sur plus de 50 signalés dans le Lee County – ont été attribués à la noyade. Les sauveteurs ont trouvé des victimes sous l’eau, sur la plage et même dans un arbre, emportées là par la force de l’onde de tempête au cours de son déplacement vers l’intérieur des terres. On a mesuré un niveau d’eau de 4,65 mètres dans une maison de Fort Myers Beach. Des relevés similaires ont été effectuées à la suite des ondes de tempête provoquées par l’ouragan Michael à Mexico Beach (Floride) en 2018, et l’ouragan Laura à Cameron Parish (Louisiane) en 2020. Les dégâts causés par Ian en Floride sont semblables à ceux de la Louisiane, mais sur une zone beaucoup plus grande, et beaucoup plus de structures ont été endommagées.
Au deuxième étage d’une copropriété de Fort Myers, la force de l’onde de tempête et des vagues a poussé le contenu d’un appartement à travers les murs, puis à travers un couloir, avant d’atterrir sur un autre balcon du deuxième étage. Certains habitants ont tenté de fuir en voyant l’onde de tempête qui montait et ils ont péri dans leurs véhicules. On parle aussi de survivants qui ont abandonné leurs maisons et se sont enfuis vers des endroits plus élevés avec des voisins, ou ont été secourus à la dernière minute.
À titre de comparaison, en 2005, l’onde de tempête provoquée par l’ouragan Katrina a atteint 7,50 m à 8,50 m le long de la côte du Golfe du Mexique à Bay St. Louis. Les habitants ont été très surpris par la hauteur de l’eau car ils pensaient qu’aucune tempête ne dépasserait en puissance l’ouragan Camille de 1969; il a généré une onde de tempête de 7,40 mètres à Pass Christian, juste à l’est de Bay St. Louis. L’ouragan Charley a fait monter l’eau jusqu’à 1,80 m – 2,10 m sur les îles Sanibel et Estero en août 2004. En 2017, on a signalé un niveau d’eau de 1,80 m – 3,00 m suite à l’ouragan Irma dans une zone non habitée entre Cape Sable et Cape Roma sur la côte sud-ouest de la Floride.
Source : médias d’information américains.

Ne pas oublier qu’avec l’accélération du réchauffement climatique, nos côtes sont de plus à plus exposées aux phénomènes extrêmes. On l’a vu avec la tempête Xynthia en février-mars 2010. Il ne fait guère de doute qu’il y aura d’autres tempêtes du même genre qui viendront s’ajouter aux incendies de forêts et à la destruction par la grêle, comme ce fut le cas au cours de l’été 2022.

Tant que rien ne sera fait par nos gouvernants pour s’attaquer aux causes du réchauffement climatique, il en sera ainsi. Vouloir s’adapter aux nouvelles conditions climatiques sans s’attaquer aux causes ne résoudra pas les problèmes.

Source: médias d’information américains.

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In my post about the consequences of hurricane Ian on coastal erosion in Florida (Octover 2nd, 2022), I explained that the damage can be enormous when the storms occur during the king tides.

The National Hurricane Center indicates today that Ian’s devastating storm surge in the Gulf of Mexico reached 4.50 meters in Fort Myers Beach as the hurricane made landfall.

The 4.50-meter peak high water levels at Fort Myers Beach put Ian among some of the highest storm surges in history, but well below peak water levels reported in some of the most legendary storms on the northern Gulf Coast.

Such high water helps explain in part why so many – at least 30 – of the more than 50 deaths reported in Lee County were attributed to drowning. Rescuers found drowning victims underwater, on the beach and in a tree, swept there by the heaving force of the ocean moving inland. Surveyors measured a water level of 4.65 meters in one home on Fort Myers Beach. Similar surge surveys were performed after Hurricane Michael in Mexico Beach, Florida, in 2018, and Hurricane Laura in Cameron Parish, Louisiana, in 2020. The damage caused by Ian was similar with Louisiana, but it was over a much larger area, so a lot more structures were damaged.

In one second-floor condominium, the force of the storm surge and waves pushed the contents through the walls and into a back hallway and onto a second-floor balcony. Some tried to leave as the storm surge rose and were caught in their vehicles. Other stories have emerged of survivors who abandoned their homes and fled to higher ground with neighbours or were rescued at the last minute.

As a comparison, in 2005, Hurricane Katrina’s storm surge reached 7.50 – 8.50 metres along the Mississippi coast at Bay St. Louis. Residents there were shocked at the height of the water, believing no storm would ever surpass 1969’s Hurricane Camille, which pushed a 7.40-meter storm surge into Pass Christian, just east of Bay St. Louis. In contrast, Hurricane Charley pushed water levels up to 1.80- 2.10 meters on Sanibel and Estero Islands in August 2004. In 2017, Hurricane Irma’s peak water levels were reported at 1.80 – 3.00 meters above ground level in an unpopulated area between Cape Sable and Cape Roma on the Southwest Florida coast.

Source : U.S. news media.

L’ouragan Ian vu depuis l’espace (Crédit photo: NASA)

Onde de tempête // Storm surge

Les ondes de tempête sont souvent considérées comme la plus grande menace pour la vie et les biens pendant les violentes tempêtes et les ouragans. Le National Hurricane Center (NHC) aux États-Unis rappelle que sur les quelque 1 500 personnes décédées lors de l’ouragan Katrina en 2005, beaucoup ont perdu la vie directement ou indirectement à cause d’une onde de tempête.
Le NHC explique que les ondes de tempête s’expliquent par « une montée anormale de l’eau générée par une tempête, au-delà des marées astronomiques normales ». Ces ondes peuvent provoquer des inondations extrêmes. À Naples, en Floride, le long du Golfe du Mexique, des voitures ont été submergées et un enfant a failli être emporté lorsque l’ouragan Ian a touché terre.
Les ondes de tempête se forment lorsque les vents poussent l’eau vers la terre, provoquant son accumulation. Les ondes de tempête sont un phénomène complexe. Le NHC explique que même les moindres changements dans les paramètres la tempête – qu’il s’agisse de l’intensité, de la vitesse, de la taille, de la pression au centre, ou encore de la proximité et la topographie de la côte – peuvent modifier une onde de tempête.
Quand l’ouragan Ian a touché terre, il appartenait à la catégorie 4, avec des vents atteignant 240 km/h. C’est l’une des tempêtes les plus violentes jamais enregistrées aux États-Unis. Elle a inondé les rues et arraché des arbres le long de la côte ouest de la Floride.
Voici une vidéo qui montre à quel point l’ouragan Ian était puissant. La deuxième partie du document explique pourquoi les scientifiques sont persuadés que les ondes de tempête deviendront plus dévastatrices en raison du réchauffement climatique.

https://youtu.be/TUjQfU_PntE

En France, de telles ondes peuvent se produire, notamment le long de la côte atlantique, lors de violentes tempêtes. Elles sont encore plus dangereuses si elles surviennent lors des grandes marées, quand le niveau de la mer est déjà haut. Des enrochements ont été construits pour tenter d’atténuer les assauts des vagues contre la côte. Si la tempête est vraiment violente, ils ne peuvent que ralentir la puissance destructrice des vagues.

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Storm surges are often considered the greatest threat to life and property during powerful storms and hurricanes. The National Hurricane Center (NHC) in the U.S. reminds people that of the roughly 1,500 people who died during Hurricane Katrina in 2005, many lost their lives directly or indirectly as a result of storm surge.

The NHC explains that storm surges are “an abnormal rise of water generated by a storm, over and above the predicted astronomical tides.” They can cause extreme flooding. In Naples, Florida, along the Gulf of Mexico, cars were submerged and a child was reportedly almost swept away when Ian made landfall.

Surges form as winds from the storm push water toward the land, causing it to pile up. Because of their complexity, the NHC says even the slightest changes in the storm – whether it be intensity, speed, size, central pressure, or approach to the coast, or the shape and features of the coast – can alter a storm surge.

Hurricane Ian made landfall as a powerful Category 4 hurricane, bringing maximum sustained winds of 240 kmph. It’s one of the most powerful storms ever recorded in the U.S., swamping city streets with water and smashing trees along Florida’s western coast.

Here is a video that shows how powerful Hurricane Ian was. The second part explains why scientists are warning that storm surge will become more severe due to global warming.

https://youtu.be/TUjQfU_PntE

In France, similar surges may happen, especially along the Atlantic coast, during powerful storms. They are all the more dangerous when they happen during king tides, when sea level is already high. Ripraps were built to try to alleviate the assaults of the waves agains the coast. However, if the storm is very powerful, they can only slow down the destructive power of the waves.

Enrochements à Lacanau et à La Martinique (Photos: C. Grandpey)

Tempêtes, hausse du niveau des océans et populations côtières // Storms, ocean level rise and coastal populations

Après la très violente tempête qui a fait des ravages en Alaska, et Fiona et qui a causé une vague de destruction dans l’est du Canada, l’ouragan Ian a frappé la côte sud-ouest de la Floride, une onde de tempête destructrice et extrêmement dangereuse. Cette onde de tempête a été amplifiée par l’élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique. La situation a été d’autant plus extrême que l’arrivée de Ian coïncidait avec un épisode de grandes marées.
Selon les données de la NOAA, le niveau de la mer autour de la Floride a augmenté en moyenne de 20 centimètres depuis 1950, et l’essentiel de cette hausse est intervenu ces dernières années. En effet, l’augmentation des températures à l’échelle de la planète a accéléré la fonte des calottes glaciaires polaires. En raison de différents facteurs, l’élévation du niveau de la mer ne se produit pas de manière uniforme; ainsi, le niveau de l’océan a monté de plus de 22 centimètres à Saint-Pétersbourg, dans la baie de Tampa.
L’onde de tempête n’est pas la seule menace qui accompagne Ian. Les vents ont dépassé 200 kilomètres à l’heure lorsque l’ouragan a touché terre et il a déversé des trombes d’eau. sur certaines régions de la côte ouest.
Des études récentes ont montré que le réchauffement climatique rend les ouragans plus humides et les fait s’intensifier plus rapidement. C’est pourquoi les scientifiques ont averti que la Floride, l’État le plus plat des États-Unis, faisait face à des risques extrêmes.
Les prévisions montrent que le sud de la Floride doit s’attendre à une élévation supplémentaire du niveau de la mer de 28 centimètres d’ici 2040. Cette hausse est due à la fonte des glaces polaires en raison de la hausse des températures causée par la combustion de combustibles fossiles. Au cours de la même période, le réchauffement des eaux océaniques continuera à dynamiser les ouragans à un rythme plus rapide que celui observé jusqu’à présent

Malgré la menace d’élévation du niveau de la mer, les populations du monde entier continuent de se diriger vers les côtes. D’ici 2060, un milliard de personnes pourraient vivre le long des côtes, à des altitudes inférieures ou égales à 10 mètres. Si l’on prend en compte le fait que les eaux océaniques montent régulièrement, on sait d’ores et déjà que beaucoup de personnes seront confrontées à des inondations causées par des ondes de tempête, à l’érosion côtière et à d’autres problèmes résultant de l’élévation du niveau de la mer.
Les deux tiers des mégapoles de la planète sont situées dans des zones côtières et cette tendance à la migration vers les zones côtières devrait se poursuivre. Plusieurs études confirment que plus de 80% des populations vivant à faible altitude se trouvent dans des pays en voie de développement, en particulier en Asie et en Afrique. Cependant, plusieurs pays développés figurent sur la liste des plus exposés à l’élévation du niveau de la mer.
Aux États-Unis, neuf pour cent de la population, soit 23,4 millions de personnes, vivent dans les zones côtières de basse altitude et ces chiffres pourraient atteindre 43,8 millions d’ici 2060, en prenant en compte une croissance démographique très élevée.

L’avenir s’annonce compliqué…
Source : Yahoo Actualités, NOAA.

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After the powerful storm that wreaked havok in Alaska and Fiona that sent a wave of des truction across eastern Canada, Hurricane Ian smashed Florida’s southwest coast, bringing with it a potentially catastrophic and life-threatening storm surge that were made worse by rising sea levels due to global warming. Making things worse are climate change and Ian overlapping with a king tide.

Sea levels around Florida have risen on average 20 centimeters since 1950, according to NOAA data, with the bulk of that rise coming in recent years as increasing global temperatures have sped up the melting of the polar ice caps. Due to a variety of factors, sea level rise does not happen uniformly, and the ocean has risen by more than 22 centimeters in St. Petersburg, on Tampa Bay.

Storm surge is not the only threat from Ian, which packed winds exceeding 200 kilometers per hour when it made landfall. It dropped incredible quantities of rain on sections of the west coast.

While recent studies have found that climate change makes hurricanes wetter and causes them to intensify more quickly, for years scientists have warned that Florida, the flattest state in the U.S., faces extreme risks due to climate change.

Forecasts show that South Florida can count on another 28 centimeters of sea level rise by 2040 as polar ice melt continues apace due to rising temperatures caused by the burning of fossil fuels. Over that same span of time, warming waters will continue to energize hurricanes at a faster rate than previously observed.

Despite the threat of sea level rise,people around the world keep heading for the shores. By the year 2060, a billion could live along the coasts, at or below elevations of 10 meters. Couple that with the fact that ocean waters are steadily increasing, and many more people could potentially face storm-surge flooding, coastal erosion and other challenges resulting from sea-level rise.

Two-thirds of the world’s megacities are located in the coastal zone and this trend of migration to coastal areas is likely to continue. Several studies confirm that more than 80 percent of low-lying communities reside in less developed countries, many of which are in Asia and Africa. However, several developed countries are on the list of those with highest exposure to sea-level rise.

In the United States, nine percent of the population or 23.4 million people live in the low-elevation coastal zones and these numbers could grow up to 43.8 million by 2060, assuming very high population growth.

We are heading to a difficult future…

Source: Yahoo News, NOAA.

L’ouragan Ian vu depuis l’espace (Crédit photo: NOAA)