Et si un volcan rapprochait la Corée du Nord de l’Occident? // What if a volcano moved North Korea closer to the West ?

drapeau-francaisDans plusieurs notes publiées à partir du mois de mars 2011, j’ai expliqué que le Mont Paektu (également écrit Baekdu) en Corée du Nord inquiétait les autorités qui avaient décidé de faire appel aux scientifiques occidentaux pour les aider à mieux comprendre ce volcan.
Le Mont Paektu est sacré pour le peuple nord-coréen. Kim Il Sung, le père fondateur de la Corée du Nord moderne, s’est livré à la guérilla pour combattre les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Mt Paektu est aussi censé être le lieu de naissance de son fils, Kim Jong-il, qui lui succéda à la tête du pays. Les Nord Coréens font des pèlerinages sur la montagne, et les étudiants montent en chantant vers sommet.
Le Mont Paektu est un volcan endormi. Lorsqu’il s’est réveillé il y a environ mille ans, l’éruption dite « du Millénaire » (Millenium Eruption) a été l’un des événements volcaniques les plus violents de l’histoire humaine. Lorsque les scientifiques nord-coréens ont enregistré plusieurs essaims sismiques sous le volcan entre 2002 et 2005, ils furent tellement inquiets que les dirigeants ont décidé de contacter les pays occidentaux pour obtenir de l’aide.
Ce fut le début d’une étonnante collaboration entre des scientifiques nord-coréens et des chercheurs venus de pays avec lesquels la Corée du Nord entretient des relations hostiles. En 2013, des volcanologues des États-Unis et de Grande-Bretagne ont rencontré des chercheurs nord-coréens pour étudier le Mont Paektu et son système magmatique. Les scientifiques ont communiqué par l’intermédiaire d’interprètes qui les ont accompagnés tout au long du séjour. Le premier obstacle à surmonter fut l’écart de connaissances scientifiques entre les deux groupes. En effet, interdits de participer à des conférences hors de leur pays et d’accès à la plupart des publications scientifiques, les Nord-Coréens sont restés isolés du monde de la volcanologie et de la géophysique pendant les 20 dernières années.
L’une des principales questions était de savoir quelle quantité de gaz l’Éruption du Millénaire avait envoyé dans l’atmosphère, et si l’événement avait affecté le climat dans l’hémisphère nord, comme l’avait fait l’éruption du Mt Tambora en 1815. Les carottes glaciaires prélevées au Groenland et qui correspondent à la date de l’Eruption du Millénaire (946 avt J.C.), ont de faibles teneurs en soufre, ce qui laisse supposer que l’éruption a émis une faible quantité de gaz et n’a pas eu d’effets importants sur le climat. Toutefois, l’équipe scientifique a eu un doute et pensé que les estimations fournies par les carottes de glace pouvaient être faibles. Les chercheurs ont donc voulu analyser les traces de soufre contenues dans la pierre ponce émise par l’éruption et présente sur les flancs du volcan.
En procédant à une analyse chimique de la ponce, l’équipe a constaté que l’Eruption du Millénaire avait émis environ 45 mégatonnes de soufre dans l’atmosphère, soit 20 fois plus que les estimations précédentes et environ 1,5 fois plus que le Tambora. Les résultats des dernières analyses ont révélé que les gaz de l’Eruption du Millénaire étaient susceptibles d’avoir affecté le climat, mais cela ne veut pas dire qu’ils l’ont fait. Plusieurs facteurs, comme la haute latitude de la montagne et le moment de l’année où a eu lieu l’éruption, auraient aussi pu jouer un rôle sur les effets climatiques. L’équipe scientifique a publié ses résultats le mois dernier dans la revue Science Advances.
Source: The New York Times.

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drapeau-anglaisIn several notes starting in March 2011, I explained that Mt Paektu (also written Baekdu) in North Korea worries that authorities and they decided to call western scientists to help them understand this volcano.

Mount Paektu is sacred to the North Korean people. It was the site where Kim Il Sung, the founding father of modern North Korea, used guerrilla tactics to fight the Japanese during World War II, and as the supposed birthplace of his son, Kim Jong-il, who succeeded him as the country’s leader. North Koreans make pilgrimages to the mountain, and students march up its summit singing songs.

However, Mount Paektu is only asleep. When it last awoke about a thousand years ago, the so-called Millenium Eruption unleashed one of the most violent volcanic events in recorded human history. And when North Korean scientists recorded a swarm of tiny earthquakes rumbling beneath the volcano from 2002 to 2005, they were so concerned that the country leaders eventually contacted the West for help.

The result was a rare collaboration of scientists from North Korea and researchers from countries with which it has hostile relations. In 2013, volcanologists from the United States and Britain met researchers in North Korea to investigate Mount Paektu and its magma plumbing. The scientists communicated through translators who accompanied them throughout the trip. One challenge was the scientific gap between the two groups. Barred from attending conferences outside their country and denied access to most scientific literature, the North Koreans had been isolated from the last 20 years of debate in volcanology and geophysics.

One of the questions that the team set out to answer was how much gas the Millennium Eruption sent into the sky, and whether the event affected the climate in the Northern Hemisphere, just like the Mt Tambora eruption had done in 1815. Previous studies of ice cores from Greenland dated to A.D. 946, when the Millennium Eruption occurred, had low levels of sulphur, suggesting that the eruption emitted a small amount of gas and did not have strong effects on the climate. But the team thought the ice core estimates might have been low and wanted to test for sulphur traces within the white pumice that came from the actual eruption and was now scattered across the volcano.

By analyzing the white pumice for geochemical clues, the team found that the Millennium Eruption actually emitted a large amount of sulphur into the atmosphere: an estimated 45 megatons. That is about 20 times what previous estimates had suggested, and about 1.5 times what was emitted by Mount Tambora. Results from the latest analyses revealed that the gas from the Millennium Eruption had the potential to affect the climate. But that does not mean that it did. Several factors, like the mountain’s high latitude and the time of year it erupted, could also have influenced its climate effects. The team published its findings last month in the journal Science Advances.

Source: The New York Times.

Paektu NASA

Image satellite du Mt Paektu (Source: NASA)

Une image de plus haute résolution peut être obtenue à cette adresse:

http://eoimages.gsfc.nasa.gov/images/imagerecords/88000/88020/paektu_oli_2015265_lrg.jpg

Image satellite du Mont Paektu (Corée du Nord / Chine) // Satellite image of Mt Paektu (North Korea / China)

drapeau-francaisLa NASA a mis en ligne une image du Mont Paektu (frontière sino-coréenne) vu depuis l’espace. On y voit le volcan (également appelé, entre autres, Baekdu, or Changbai) et les régions avoisinantes. La photo a été prise en septembre 2015 par l’Operational Land Imager à bord du satellite Landsat 8. La caldeira est parfaitement visible, ainsi que les forêts qui entourent la montagne et ses 2,744 mètres. On aperçoit la lave solidifiée au sud-est du Heaven lake qui trône au sommet.
Comme je l’ai écrit dans des notes précédentes (22 mars 2011, 20 septembre 2014 , 21 avril 2016) le Mont Paektu est un volcan actif qui a été le siège de l’une des éruptions les plus intenses de l’histoire en 946. Il est intéressant pour les scientifiques car il est situé à plus de 500 km d’une limite entre plaques tectoniques, là où se trouvent normalement les volcans.
Le Mont Paektu a fait l’objet de peu de recherches en raison de l’accès limité au site. Le volcan a semblé reprendre vie entre 2002 et 2005, quand une série de petits séismes a été enregistrée. On a alors craint une nouvelle éruption majeure qui serait une menace pour les 1,6 millions de personnes qui vivent à moins de 100 km du volcan.
En conséquence, des volcanologues du Royaume-Uni, des États-Unis et de Chine ont collaboré avec des scientifiques nord-coréens afin d’essayer de mieux comprendre la structure, l’évolution et l’histoire du volcan. Les premiers résultats des études ont révélé la présence de roche en fusion sous l’édifice volcanique. Cette roche en fusion pourrait avoir été la source des éruptions qui se sont produites au cours des derniers millénaires, et elle pourrait expliquer l’agitation volcanique observée au début du 21ème siècle.
Source: NASA.

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drapeau-anglaisNASA has released an image of Mount Paektu (North Korea-China border) and surrounding areas seen from space. The photo was taken in September 2015 with the Operational Land Imager on the Landsat 8 satellite. It shows the caldera, the forests surrounding the 2,744- metre mountain ( also called, among others, Baekdu, or Changbai) and solidified lava to the south-east of Heaven Lake.

As I put it in previous notes (22 March 2011, 20 September 2014 , 21 April 2016), Mount Paektu is an active volcano that produced one of the most intense eruptions in recorded history in 946 AD. It is of interest to scientists as it is located more than 500 km from a tectonic plate boundary – where volcanoes are normally found.

Little research has been carried out due to the limited access to the site. The volcano appeared to be rumbling to life between 2002 and 2005, when a series of weak earthquakes were recorded around it. This raised concerns it could produce another major eruption, placing the 1.6 million people who living within 100 km of the volcano at risk.

As a result, researchers from the UK, US and China collaborated with North Korean scientists to gain a better understanding of the volcano’s structure, evolution and history. The first findings from the project showed the volcano has molten rock lurking beneath it. They also indicated this molten rock could be the source of eruptions over the last few thousand years, and may explain the unrest observed at the start of the 21st century.

Source: NASA.

Paektu NASA

Une image de plus haute résolution peut être obtenue à cette adresse:

http://eoimages.gsfc.nasa.gov/images/imagerecords/88000/88020/paektu_oli_2015265_lrg.jpg

Le Mont Paektu (Corée du Nord / Chine) // Mount Paektu (North Korea / China)

drapeau-francaisDans des notes rédigées en 2011 et 2014, j’ai écrit que la Corée du Nord avait proposé de mener des recherches avec la Corée du Sud sur l’activité volcanique du Mont Paektu (également appelé Baekdu, ou Baitu shan en chinois), considéré comme sacré par la Corée du Nord. Le Mont Paektu, qui se trouve sur la frontière avec la Chine, a connu sa dernière éruption en 1903. Avant cela, un événement majeur a eu lieu en 946 après JC. Les cendres volcaniques avaient alors atteint le Japon. Surnommé « Eruption du Millénaire », l’événement est en général classé au niveau 7 sur l’indice d’explosivité volcanique (VEI). L’éruption a modifié le paysage de façon spectaculaire, laissant derrière elle un cratère de près de 5 kilomètres de diamètre dans lequel on peut aujourd’hui admirer le Lac du Paradis. Le volcan reste actif et la région enregistre régulièrement une activité sismique.
Le Mont Paektu a récemment montré des signes d’agitation qui inquiètent les autorités nord-coréennes. Comme les scientifiques coréens ne savent que peu de choses sur le volcan, leurs homologues occidentaux ont obtenu une autorisation exceptionnelle d’accès au Mt Paektu pour déterminer si – ou quand – il pourrait se réveiller. C’est ainsi qu’en 2011 les scientifiques américains Hammond et Clive Oppenheimer ont été invités par le gouvernement de Pyongyang à travailler sur le Mt Paektu avec des scientifiques locaux suite à une série de petits séismes qui avaient fait craindre une prochaine éruption. Toutefois, l’équipe n’a pas pu se rendre de nouveau sur le volcan avant 2013 en raison des sanctions internationales et les difficultés d’obtention des autorisations pour l’importation de matériel.
De nouveaux signes récents d’activité du Mt Paektu ont fait venir – de nouveau à titre exceptionnel – une équipe scientifique internationale. Des chercheurs occidentaux, chinois, et nord-coréens ont déployé pour la première fois six sismomètres sur le versant nord-coréen du volcan afin mieux comprendre son comportement.

Il s’avère que la roche à l’intérieur du Mt Paektu n’est pas solide dans sa totalité. Il existe une zone importante de fusion partielle dans la croûte directement en dessous du volcan. Toutefois, cela ne signifie pas forcément que le volcan va connaître une éruption à court terme. Les chercheurs s’efforcent de déterminer le volume de magma stocké sous l’édifice, ainsi que son comportement dans le système d’alimentation en amont.
La prochaine étape consistera à étudier l’histoire de ce volcan après l’ « Eruption du Millénaire. » En effet, les caractéristiques des éruptions antérieures pourraient permettre aux scientifiques de prévoir la fréquence et l’intensité des éruptions futures.

Source : Presse internationale.

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drapeau-anglaisIn notes written in 2011 and 2014, I wrote that North Korea had proposed conducting research with South Korea on volcanic activity at Mount Paektu (also called Baekdu, ou Baitu shan in Chinese), considered sacred by the North.  Mount Paektu, which borders China, last erupted in 1903. Before that, a major event took place in 946 AD. Volcanic ash even reached Japan. Dubbed the « Millennium Eruption, » the explosion could be rated 7 on the Volcanic Explosivity Index. It changed the landscape dramatically, leaving behind a 5-km-wide crater, today known as Heaven Lake. The volcano remains active, with the region regularly registering regular quake activity.
Mount Paektu has recently been showing signs of life that worry North Korean authorities. As Korean scientists know little about the volcano, western scientists have been given extraordinary access to determine if — or when — it could wake up. Thus, American scientists Hammond and Clive Oppenheimer were invited by the government in Pyongyang to work with local scientists after small earthquakes beneath the volcano stirred fears it could erupt. But the team could not visit again the mountain until 2013 because of international sanctions and the convoluted process of obtaining the proper licenses for importing equipment.

More recent signs of activity at Mt Paektu have led an unprecedented international scientific study of the mountain. A team of Western, Chinese, and North Korean scientists deployed six seismometers on the North Korean side of the volcano for the first time, in an effort to better understand the volcano

It turns out the rocks below Mt. Paektu aren’t completely solid. There is a significant region of partial melt in the crust directly beneath the volcano. However, this does not mean the volcano will erupt in the short term. Researchers are still determining how much magma is stored and exactly how it fits into the plumbing of the volcano.

The next step will be to investigate the history of this volcano, beyond the Millenium Eruption. The characteristics and frequency of previous eruptions could help scientists predict future eruptions and how severe they might be.

Source : International press.

Baekdu

Cratère du Mt Paektu et Lac du Paradis (Crédit photo: Wikipedia)

Les tests nucléaires nord-coréens peuvent-il déclencher une éruption du Mt Baekdu? // Can North Korean nuclear tests trigger an eruption of Mt Baekdu?

drapeau-francaisLe sujet réapparaît de temps à autre, un peu comme le monstre du Loch Ness, et aucune preuve réelle n’a jamais été donnée de son existence. La question est de savoir s’il peut y avoir un lien entre les séismes d’origine naturelle ou humaine et l’activité volcanique. Il y a quelques mois, les Japonais s’inquiétaient de l’effet possible du séisme de M 9 – qui a secoué le pays le 11 Mars 2011 – sur le Mont Fuji dont la chambre magmatique aurait pu être déstabilisée par l’événement. Au moment où j’écris ces lignes, rien ne montre que le Mont Fuji est sur le point d’entrer en éruption!
Après le dernier essai nucléaire effectué par la Corée du Nord (le 4ème depuis 2006), une équipe de scientifiques sud-coréens a indiqué que les séismes qui accompagnent inévitablement les tests pourraient déclencher une éruption du Mont Baekdu (2.750 m), une montagne de Corée du Nord située à proximité du site où ils ont lieu. Un professeur de sismologie à l’Université de Séoul a déclaré que les mouvements du sol pouvaient induire des changements de contraintes dynamiques. Cela peut entraîner une surpression dans la chambre magmatique et accélérer l’activité volcanique. Ce fut le principal argument utilisé par des scientifiques japonais à propos du Mount Fuji.
Le Mont Baekdu, un stratovolcan actif, est situé à 116 kilomètres du site nord-coréen d’essais nucléaires. Le professeur pense qu’il est suffisamment proche pour être affecté par un événement sismique de magnitude moyenne ou forte. La dernière éruption a eu lieu en 1903.
En 2011, à la demande de la Corée du Nord, à la suite du séisme et du tsunami dévastateurs au Japon, des scientifiques des deux Corées se sont rencontrés pour parler de l’activité du Mont Baekdu. Cependant, les deux parties n’ont pas réussi à tenir de nouvelles réunions ou mettre en place un travail sur le terrain.
Le Mont Baekdu a une signification importante pour les deux Corées. Pyongyang affirme que c’est le lieu de naissance de son ancien dirigeant, Kim Jong-il, le défunt père de l’actuel dirigeant Kim Jong-un. La montagne est également mentionnée dans l’hymne national de la Corée du Sud.
Source: The Korean Herald.

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drapeau anglaisThe topic reappears from time to time, a little like the Loch Ness monster, and no real proof has ever been given of its existence. The question is to know whether there can be a link between natural or man-triggered earthquakes and volcanic activity. A few months ago, the Japanese worried about the possible effect of the M 9 earthquake (March 11th 2011) and the possible reaction of Mount Fuji whose magma chamber might have been destabilised by the event. At the moment I’m writing these lines, there is nothing to show that Mount Fuji is about to erupt!
After the last nuclear test performed by North Korea (the 4th one since 2006), a team of South Korean experts warned that the accompanying earthquakes might trigger a volcanic eruption of Mount Baekdu (2,750 m), a North Korean mountain situated close to the test site. A professor of seismology at Seoul’s University said that strong ground motion can induce large dynamic stress changes. This may cause overpressure in the magma chamber of a volcano, thus accelerating volcanic activity. This was the main argument already used by Japanese scientists about Mount Fuji.
Mount Baekdu, an active stratovolcano, is located 116 kilometres away from the North Korean test site. The professor thinks it is close enough to be potentially affected by a moderate-sized or large seismic event. The last eruption occurred in 1903.
In 2011, experts of the two Koreas held talks on potential volcanic activity on Mount Baekdu at the North’s request, following the devastating earthquake and tsunami in Japan. However, the two sides have since failed to hold further talks or conduct an on-site survey of the mountain.
The mountain holds significance for both South and North Korea. Pyongyang claims it as the birthplace of its former leader, Kim Jong-il, the late father of the current leader Kim Jong-un. It is mentioned in the national anthem of South Korea.
Source : The Korean Herald.

 Baekdu

Caldeira sommitale du Mont Baekdu (Crédit photo: Wikipedia)