Après la disparition d’environ 10 000 couples de fous de Bassan, décimés par une épidémie de grippe aviaire durant l’été 2022 sur l’île Rouzic en Bretagne, c’est au tour des guillemots de subir le même sort en Alaska, mais pour une raison différente.

Colonie de fous de Bassan sur l’île Rouzic (Photo: C. Grandpey)
Une nouvelle étude de l’Université de Washington publiée dans la revue Science révèle qu’une importante vague de chaleur à la surface de l’océan a tué près de la moitié d’une population de guillemots de Troïl en Alaska, avec des impacts durables sur l’espèce. L’étude explique que 4 millions de ces oiseaux sont morts suite à des conditions inhabituellement chaudes dans le nord-est de l’océan Pacifique entre 2014 et 2016.

Colonie de guillemots de Troïl en Écosse (Photo: C. Grandpey)
Les chercheurs ont analysé les données obtenues lors de l’observation de plus d’une douzaine de colonies de guillemots dans le golfe d’Alaska et la mer de Béring avant et après la vague de chaleur mortelle. L’étude montre l’impact évident et étonnamment durable de la vague de chaleur sur les oiseaux. Elle insiste sur le fait que l’effet ne s’est pas fait via un stress thermique sur les oiseaux, mais plutôt par des changements dans la chaîne alimentaire qui ont fait que les guillemots se sont soudainement et fatalement retrouvés sans suffisamment de nourriture.
Avant la vague de chaleur marine, on estimait qu’environ 8 millions d’oiseaux vivaient au large des côtes de l’océan et sur les rochers en Alaska. Connus pour plonger à de grandes profondeurs pour se nourrir, les guillemots ont probablement souffert de famine en raison de l’impact de la vague de chaleur sur leurs réserves alimentaires.
Les derniers comptages de la population de guillemots depuis l’événement n’ont montré aucune preuve de rétablissement, ce qui laisse supposer que la vague de chaleur a probablement bouleversé l’écosystème. Les biologistes ont également noté des changements dans les populations de crabes et de poissons, qui ont subi des extinctions massives au cours de l’une des plus grandes vagues de chaleur de l’histoire.
Selon les climatologues, les solides dorsales de haute pression au large des côtes de l’Amérique du Nord sont responsables du développement des zones de temps chaud. Un tel régime météorologique se traduit par des vents doux et une couverture nuageuse moins importante que la normale, ce qui contribue à réchauffer la température à la surface de la mer. Les chercheurs ont précédemment expliqué qu’une hausse d’un degré Celsius de la température de surface de la mer pendant une période prolongée déclenche souvent des événements faisant de nombreuses victimes.
Selon les auteurs de l’étude, « que le réchauffement soit dû à une vague de chaleur, à El Niño, à la fonte des glaces de l’Arctique ou à d’autres facteurs, le message est clair : le réchauffement des eaux entraîne des changements profonds dans les écosystèmes et des répercussions à grande échelle sur les oiseaux de mer. La fréquence et l’intensité des épisodes de mortalité parmi les oiseaux de mer augmentent au même rythme que le réchauffement des océans. »
Les chercheurs ont déclaré qu’on ne savait pas quand ni si la population de guillemots de Troïl se rétablirait un jour. C’est inquiétant et ce pourrait être le signe de changements environnementaux encore plus significatifs dans les prochaines années.
Source : Médias d’information internationaux.
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After the disappearance of about 10,000 pairs of gannets on Roueic Island in Britanny, wiped out by an avian flu epidemic during the summer of 2022, it is up to the murres to suffer the same fate in Alaska, but for a different reason.
A new study by the University of Washington published in the journal Science has revealed that an extensive marine heat wave killed nearly half of a seabird population in Alaska, leaving long-lasting impacts on the species. The study explains that 4 million common murres died following unusually warm conditions in the northeastern Pacific Ocean between 2014 and 2016.
Researchers analyzed data from more than a dozen colonies across the Gulf of Alaska and the Bering Sea before and after the extensive heat wave. The study shows clear and surprisingly long-lasting impacts of a marine heat wave on the birds. It insists that the effect of the heat wave was not via thermal stress on the birds, but rather shifts in the food web leaving murres suddenly and fatally without enough food.
Before the marine heat wave, around 8 million of the birds were estimated to have lived off the ocean and rocky coastline of Alaska. Known for diving to great depths for food, they likely suffered from starvation due to the heat wave’s impact on their supply.
Recent population abundance estimates since the event have found no evidence of recovery, suggesting that the heatwave may have led to an ecosystem shift. Biologists also noted changes in crab and fish populations, which also suffered extensive die-offs during one of the greatest heat waves in recorded history.
According to climatologists, stout ridges of high pressure off the coast of North America are responsible for the development of the warm weather patches. The weather pattern results in gentle winds and less cloud cover than normal, which helps to heat surface water temperatures. Researchers previously determined that a 1-degree Celsius increase in sea surface temperatures for an extended period often triggers mass casualty events.
According to the authors of the study, « whether the warming comes from a heat wave, El Niño, Arctic sea ice loss or other forces, the message is clear: Warmer water means massive ecosystem change and widespread impacts on seabirds. The frequency and intensity of marine bird mortality events is ticking up in lockstep with ocean warming. »
Researchers said it is unknown when or if the population of common murres will ever recover, which is worrisome and could be a sign of more widespread ecological changes to come.
Source : International news media.







