Des livres pour Noël !

Un récent sondage a révélé que le livre restait le cadeau préféré de Français pour Noël. Pourquoi ne pas faire entrer vos parents ou amis dans le monde des volcans avec le dernier livre écrit conjointement avec Dominique Decobecq « Histoires de Volcans, Chroniques d’éruptions » (Éditions Omniscience – 39 euros)?

Vous pouvez aussi les faire entrer dans monde des légendes avec « Mémoires volcaniques » (Éditions Séquoia – 15 euros), écrit conjointement avec Jacques Drouin avec lequel j’ai collaboré pour « Dans les pas de l’Ours » Éditions Séquoia – 15 euros), un ouvrage pour grands et petits qui fait voyager dans de nombreux pays fréquentés par les plantigrades.

Je peux vous faire parvenir ces livres dédicacés (frais d’envoi à ma charge) à condition de m’indiquer par mail (claude.grandpey@orange.fr) le nom de la personne qui sera gâtée, ainsi que vos coordonnées postales.

Mémoires volcaniques // Volcanic memories

Dans un récent article « Volcano Watch », les scientifiques de l’Observatoire des volcans d’Hawaï nous expliquent que l’on peut comprendre le comportement d’un volcan actif en analysant les séismes, les déformations du sol, les émissions de gaz et les coulées de lave.
La tâche devient beaucoup plus compliquée si un volcan ne s’est pas manifesté pendant des centaines, voire des milliers d’années. Dans ce cas, la tradition orale peut être d’un grand secours. Depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres enregistrent des événements dans leurs mémoires et les transmettent à travers des histoires, des poèmes et des chansons. C’est ainsi que naissent des mythes, des légendes ou des traditions orales.
Les meilleures histoires trouvent généralement leurs source dans des événements réels. Les traditions orales hawaïennes regorgent d’histoires passionnantes, comme celle des deux chefs de Kahuku qui sont devenus les deux collines de Nāpuʻuapele. Elles sont parfois en relation directe avec des éruptions ayant vraiment existé.
Ailleurs dans le monde, le temps et l’embellissement artistique ont dissimulé de nombreuses éruptions volcaniques dans les traditions orales. En Australie, les histoires du peuple Bungandidj (Boandik) racontent comment un géant nommé Craitbul a parcouru le sud-est du pays avec sa famille, à la recherche d’une maison. Ils se sont d’abord installés sur le mont Muirhead. Ils ont creusé leur four de cuisson et se préparaient à passer la nuit lorsqu’ils ont été réveillés par un bullin, un oiseau local qui hurlait pour les avertir de la présence d’un esprit maléfique. La famille a décidé de fuir et a construit un nouveau four sur le Mont Schank. Malheureusement, le bullin a de nouveau crié et a chassé la famille qui est repartie. Finalement, ils se sont installés sur le Mont. Gambier. Tout fut paisible jusqu’au jour où l’eau a percé le sol et a détruit le feu utilisé pour la de cuisine. De nouveaux fours furent creusés, mais chaque fois l’eau éteignait les flammes, laissant des trous béants là où se trouvaient les fours. Craitbul et sa famille déménagèrent une dernière fois et s’installèrent définitivement dans une grotte à flanc de montagne. Cette histoire rappelle plusieurs éruptions qui se soldèrent par la formation de quatre lacs de cratère sur un volcan de type maar, le Mont Gambier qui entra en éruption dans le sud-est de l’Australie il y a environ 4 500 ans. De nombreux récits de l’est de l’Australie décrivent des éruptions volcaniques dont les aborigènes ont été témoins, avec des récits transmis de génération à génération pendant des millénaires.
Une autre légende, transmise oralement depuis des siècles en Islande raconte la grande rivalité entre le dieu Thor et le géant Hrungnir. L’histoire commence par un martèlement de sabots au moment où, invité par le père de Thor, Odin, Hrungnir part de Jötunheim, le pays des géants, pour se rendre à Asgard, le pays des dieux. Les dieux ont invité Hrungnir à un festin, mais bientôt ce dernier devient brutal et violent, menaçant de tuer les dieux. Il défie Thor en duel, et les deux personnages s’affrontent brutalement dans la nuit. À un moment donné, Hrungnir essaie de se protéger en se dressant au sommet de son grand bouclier de pierre, certain que Thor allait l’attaquer sous la Terre. Au lieu de cela, Thor lance d’en haut son puissant marteau qui entre collision avec la pierre à aiguiser de Hrungnir. Les coups pleuvent dans les airs avec un bruit de tonnerre, une pluie d’étincelles et de fragments brisés…comme pendant une éruption !
Les événements terrestres comme les éruptions volcaniques disparaissent de la mémoire en une génération ou deux, mais les grandes histoires deviennent des mythes, des légendes ou des traditions orales dont on se souvient beaucoup plus longtemps. Les auteurs de cet article « Volcano Watch » pensent qu’il faut écouter les histoires que nos ancêtres nous ont transmises pour obtenir des indices sur l’histoire de la Terre.
Il y a quelques années, j’ai écrit un livre intitulé « Mémoires volcaniques » avec mon ami Jacques Drouin. L’ouvrage ne se trouve plus en librairie mais nous avons encore quelques exemplaires à bas prix. Il suffit de m’envoyer un e-mail si vous êtes intéressé(e) : grandpeyc@club-internet.fr

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In a recent « Volcano Watch » article, scientists at the Hawaiian Volcano Observatory explain us that we can understand the behaviour of an active volcano through earthquakes, deformation, gas emissions and lava flows.

The task becomes far more difficult if a volcano has not been active for hundreds or even thousands of years. In that case, oral history can be of a great help. Since time out of mind, our ancestors have been recording events in their memories and passing them down through stories, poetry and song. Today, we call them myths, legends or oral traditions.

Good stories are usually rooted in real events. Hawaiian oral traditions are full of riveting stories, like the one about the two chiefs of Kahuku who became the two hills of Nāpuʻuapele. They can be traced in some cases directly to the eruptions they record.

In other parts of the world, time and artistic embellishment have disguised many volcanic eruptions in oral traditions. In Australia, the dreaming stories of the Bungandidj (Boandik) people tell of a giant named Craitbul who travelled across the southeastern part of the country with his family in search of a home. First, they settled at Mt. Muirhead. They dug their cooking oven and were settled in for the night when they were awakened by a shrieking bullin (bird) warning them of an evil spirit. They fled their home and built a new cooking oven at Mt. Schank.Again, the bullin shrieked and chased the family from their rest. Eventually, they settled at Mt. Gambier. All was peaceful until one day water rose from the ground and destroyed their cooking fires. They dug their ovens again and again and each time water rose to douse the flames, leaving gaping holes where their ovens once were. Finally, Craitbul and his family moved one last time and settled for good in a cave on the side of the peak. This dreaming recalls several eruptions, ending with the formation of four crater lakes at a maar volcano, Mt. Gambier in southeast Australia, about 4,500 years ago. Many dreaming stories from eastern Australia describe volcanic eruptions that Aboriginal people had witnessed and passed down in story for thousands of years.

Another legend, passed down orally for hundreds of years in Iceland recounts a great duel between the god Thor and giant Hrungnir. It begins with the pounding of hooves as Thor’s father Odin raced Hrungnir from Jötunheim, the land of the giants, to Asgard, the land of the gods. The gods invited Hrungnir for a feast, but soon he became loud and boastful, saying that he would kill the gods. He challenged Thor to a duel, and the two clashed brutally into the night. At one point, Hrungnir tries to protect himself by standing atop his great stone shield, thinking Thor would attack him from beneath the Earth. Instead, Thor hurled his mighty hammer from above. It collided with Hrungnir’s whetstone in mid-air with a thunderclap, showering the land with sparks and shattered fragments.

Rumbling hooves, bellowing giants on enormous stone shields, sparks and shattered stone raining from above sounds like an eruption.

Earth events fade from memory within a generation or two, but great stories become myths, legends or oral traditions that are remembered far longer. The authors of this « Volcano Watch » article think it is wise to listen to stories that our ancestors have passed to us for clues about Earth’s history.

Some years ago, I wrote a book entitled « Mémoires volcaniques – Volcanic memories – with my friend Jacques Drouin. The book can no longer be found in bookshops but we still have a few copies. Just send me an e-mail if you are interested (grandpeyc@club-internet.fr).

Les elfes d’Alfaborg

Noël, c’est l’époque des contes populaires que l’on se racontait autrefois au coin du feu. Cette époque est malheureusement révolue et les tablettes ont remplacé les livres de contes. Il est pourtant un pays où cette tradition populaire reste bien ancrée. En Islande, contes et légendes font partie de la culture nationale.

Les elfes sont particulièrement présents dans la vie de ce peuple nordique. Ils habitent souvent dans les rochers ou les cavernes. Ces petits êtres ne sont pas immortels, mais ils ont une espérance de vie beaucoup plus longue que la moyenne des êtres humains. Le petit peuple ou Huldufolk, est très respecté en Islande. Pour beaucoup de gens, les elfes sont bien réels. Même s’ils ne peuvent pas les voir, ils ressentent souvent leur présence.

Pas très loin de Reykjavik, le parc Hellisgerdi à Hafnafjödur est un lieu de résidence des elfes bien connu en Islande. A l’opposé, à l’est, se dresse un rocher, l’Álfaborg, la Cité des Elfes. D’allure majestueuse, il ressemble à une forteresse naturelle. Beaucoup pensent que le rocher est un manoir qui abrite les elfes de haut rang comme le roi et la reine des elfes de l’Est de l’Islande autour desquels virevolteraient une myriade de petits êtres.
Pas très loin de l’Alfaborg se trouve la ferme Jökulsá, du même côté de la rivière Fjarðará. Dans cette ferme vivait autrefois un fermier qui avait une employée nommée Guðrún. Un dimanche, pendant l’été, toute la maisonnée se rendit à l’église, mais Guðrún resta à la ferme. La maîtresse de maison lui avait demandé d’écrémer le lait et de baratter le beurre après avoir rassemblé les moutons et trait les brebis. La famille est allée à l’église et Guðrún a effectué les tâches qui lui étaient dévolues. Elle a ensuite commencé à préparer le dîner et, une fois ses tâches ménagères terminées, elle est sortie effectuer différentes besognes.
Tout à coup, elle vit un grand nombre de personnes passer à cheval le long du chemin juste en dessous de la ferme. Il y avait beaucoup d’hommes qui portaient des vêtements colorés sur de splendides chevaux fougueux. Guðrún fut très surprise car tout le monde devait être à l’église et elle se demanda pourquoi ces gens y partaient si tard.
Toutes ces personnes passèrent sans s’arrêter sauf une femme qui dirigea son cheval vers la ferme Jökulsá. Elle semblait de haut rang et avait belle allure, bien qu’elle fût âgée. Elle salua Guðrún et lui dit : « Donnez-moi du babeurre à boire, ma fille. ». La jeune femme se précipita à l’intérieur de la ferme, remplit de babeurre une cruche en bois qu’elle donna à la femme âgée.
Celle-ci prit la cruche et commença à boire le babeurre. Guðrún lui demanda: « Quel est votre nom ? ». La femme ne répondit pas et avala une autre grande gorgée de babeurre. Guðrún lui posa alors la même question. La femme ne répondit pas et continua à boire.
Lorsque la femme eut suffisamment bu, elle replaça le couvercle sur la cruche. Guðrún se rendit compte qu’elle avait glissé la main sur sa poitrine et avait fait apparaître une belle toile de lin qu’elle plaça sur le couvercle de la cruche avant de la tendre à Guðrún et de la remercier. Puis la jeune femme demanda une troisième fois : « Quel est votre nom ? » « Borghildur est mon nom, jeune fille bien curieuse », répondit la femme en donnant un coup de cravache à sa monture et en s’éloignant de la ferme pour rattraper le reste du groupe.
Guðrún les observa et elle les vit disparaître derrière un rocher gris le long du Kollutungur qui mène à la vallée de Kækjudalur. Quand les gens de la ferme revinrent de l’église le soir, la jeune femme leur raconta ce qui lui était arrivé pendant la journée et elle montra le tissu qui lui avait été donné. Personne n’avait jamais vu un tissu aussi beau et aussi fin.
L’histoire raconte que ce fin tissu s’est transmis entre les plus nobles dames d’Islande à travers les âges. Il se dit que les cavaliers vus par Guðrún étaient des elfes d’Álfaborg sur le chemin de l’église de Kækjudalur et que Borghildur était leur reine…

Légende racontée par Þjóðsögur Jóns Árnasonar dans « La Collection de Folklore de Jón Árnason ».

JOYEUX NOEL A TOUS !

Maisons d’elfes dans le parc Hellisgerdi (Photo: C. Grandpey)

Elfes et trolls en Islande // Elves and trolls in Iceland

Les légendes font partie de la culture islandaise. Les elfes et les trolls sont particulièrement présents dans la vie de ce peuple nordique. « Le petit peuple caché » ou « Huldufolk » est une tradition qui dérive directement de l’ère viking. Tout le monde ne peut pas voir ces êtres mystérieux. Les Islandais disent que ce sont les elfes qui décident qui peut les voir et qui ne le peut pas.

Les elfes habitent souvent dans les rochers ou les cavernes, ils plantent des céréales, élèvent du bétail, aiment la pêche… Ces petits êtres ne sont pas immortels, mais ils ont une espérance de vie beaucoup plus longue que la moyenne des êtres humains.
Le Huldufolk est très respecté en Islande. Pour beaucoup de gens, les elfes sont bien réels. Même s’ils ne peuvent pas les voir, ils ressentent souvent leur présence. En fait, peu d’Islandais sont prêts à nier leur existence. Dans une étude effectuée en 2007 par l’Université d’Islande, 80% des personnes interrogées ont refusé de nier l’existence réelle des elfes. Certaines personnes croient tellement aux elfes qu’elles construisent des jolies maisons miniature dans lesquelles ils peuvent venir vivre. On peut voir de telles maisons dans le parc Hellisgerdi à Hafnafjödur, près de Reykjavik. C’est un lieu de résidence des elfes bien connu en Islande.

Une femme que j’ai rencontrée dans le parc m’a dit que les elfes y vivent dans les grottes et les rochers et ne doivent pas être dérangés… Elle m’a également expliqué qu’elle laissait une lumière allumée à l’entrée de sa maison afin que les elfes puissent trouver leur chemin la nuit, mais j’ai aussi lu qu’ils n’aiment pas l’électricité…
Les histoires d’elfes entravant des projets de construction sont monnaie courante en Islande. Cela se produit, par exemple, si un projet de construction de route pénètre par mégarde dans un territoire elfique.

Le long d’une piste de l’intérieur de l’Islande, il est conseillé de déposer une pierre sur ce cairn pour s’attirer les bonnes grâces des elfes…..

Le mot islandais « troll » vient du verbe « Trylla » qui a deux sens. Le premier est de rendre quelqu’un fou et le second est de charmer quelqu’un. Le mot était initialement réservé aux mauvais esprits, mais il a rapidement été adopté pour nommer les trolls.
Les trolls et les elfes sont différents. Les trolls ressemblent aux humains mais dans une version beaucoup plus grande et plus rude. Le folklore islandais est riche en légendes et histoires sur ces géants, créatures à la fois voraces et sages. Ils vivent et se cachent généralement dans les montagnes et ne sortent que la nuit pour chercher de la nourriture. Le soleil leur est fatal et les transforme en rochers. Cependant, s’ils échappent à cette menace, leur vie est éternelle. Les guides racontent que si on souhaite vraiment voir des trolls, il faut explorer les montagnes isolées et loin de tout. C’est ce que j’ai fait et j’ai découvert un troll en train de dormir sur le flanc d’une colline !

Certains trolls ont été transformés en pierre comme sur le site bien connu de Reynisdragnar. C’est un endroit assez extraordinaire avec de hautes falaises de basalte et l’immense plage de sable noir de Reynisfjara. Il se raconte que les trolls étaient occupés à essayer de tirer un trois-mâts dans la baie. Ils étaient tellement absorbés qu’ils ont perdu la notion du temps. Le soleil s’est levé et les trolls ont été transformés en pierre. Ce sont les îlots qui se dressent devant les superbes colonnes de basalte.

Photos: C. Grandpey

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Legends are part of the Icelandic culture. Elves and trolls are especially present in the lives of Icelandic people. « The hidden people. » or « Huldufolk » is a tradition that derives directly from the Viking era. Not everyone can see them. Icelanders say that it is the elves who get to decide who can see them and who cannot. Elves often dwell in rocks, they plant grain, raise livestock, love fishing, among many other things. The Hudulfolks are not immortal, but they do have a much longer lifespan than the average human being.

The Hidden People are remarkably respected in Iceland. For many people, elves are very real. Although we can’t see them as such, they are often sensed. In fact, few Icelandic people would be willing to deny that they exist. In a 2007 study by the University of Iceland 80% of those surveyed refused to deny that elves are real. Some people believe so much in the elves that they construct perfect miniature houses for them to come and live in. Such houses can be seen in Hellisgerdi Park in Hafnafjödur, close to Reykjavik. (see photos above)

I was told by a woman I met in the park that the elves live in the caves and should not be disturbed…. She also explained me that she leaves a light on at the entarnce of her home so that the elves might find their way at night, but I have also read that thaey dislike electricity…

Stories of elves disrupting construction projects are commonplace in Iceland. This will happen, for instance, if a road-building project unwittingly strays into an elfish territory.

The Icelandic word « troll » comes from the verb „Trylla” which has two meanings. The first one is to make someone go crazy, and the second to charm someone. The word was initially reserved for evil spirits, but it soon became useful to name trolls.

Trolls an elves are different. Trolls resemble humans but in a much bigger and more robust version. Icelandic troll folklore is rich in legends and stories about those giants, greedy, but wise creatures. They usualy live and hide in the mountains and only go out at night to look for food. Sunshine is fatal to them and turns them into rocks. If they escape that menace, however, they will live forever. Guidebooks say that if you really wish to see some trolls, you need to explore the remote mountains. This is what I did and I discovered a troll sleeping on the flank of a hill ! (see photos above)

Some trolls were turned into stone, and you can now see them as the Reynisdragnar rock formation. It is an amazing place with high basalt cliffs and a huge swathe of black sand. (see photo above) Folklore tells that the trolls were busy trying to drag a three-mast ship into the bay. They were distracted by the effort and didn’t realize the time. The sun came up and the trolls were caught out in the open and turned into stone.