L’éruption du Kilauea servira-t-elle de leçon? // Will the current Kilauea eruption teach a lesson ?

Un sénateur de l’Etat d’Hawaii propose que les autorités interdisent toute nouvelle construction sur les milliers de parcelles situées dans les deux zones les plus exposées à la lave du Kilauea afin d’éviter une nouvelle catastrophe semblable à celle que l’on observe actuellement.

Cette proposition du sénateur, qui a été maire de l’île de 1990 à 1992, sera certainement controversée. En effet, les autorités locales ont donné le feu vert à l’implantation des lotissements il y a des décennies sur des terres situées dans la Zone à Risque n° 1, la partie de l’East Rift Zone la plus exposée à la lave du Kilauea. Elle comprend en particulier les Leilani Estates et Lanipuna Gardens. Des milliers de personnes y avaient acheté des terrains avec l’intention d’y construire des maisons. Aujourd’hui, des parties entières de ces lotissements qui incluent Vacationland et une grande partie de Kapoho ont été anéanties par l’éruption qui a détruit officiellement 671 maisons, bilan très provisoire.
Tout le monde n’est pas d’accord avec la proposition du sénateur. Interdire les constructions dans les zones à risque 1 ou 2 est controversé, en grande partie en raison du nombre très important de lotissement créés dans ces zones au fil des ans.
La Zone à Risque n° 1 se trouve en plein sur la ligne de fractures du Kilauea, là même où la lave peut surgir à la surface, et elle s’étend de la région de Pahala jusqu’à Kapoho Point dans le district de Puna. Elle comprend les Leilani Estates, qui comptaient plus de 2 200 parcelles avant que la lave vienne les envahir, et 130 parcelles dans les Lanipuna gardens qui ont été presque entièrement détruits.
Kapoho Beach Lots et Vacationland, qui ont également été submergés par les coulées de lave du Kilauea, se trouvaient dans les zones à risque 1 et 2 et totalisaient près de 500 parcelles. Une grande partie de la subdivision de Hawaiian Ocean View Estates – plus de 11 000 parcelles – dans le district de Kau se trouve également dans la Zone à Risque n° 1.
La Zone à Risque n° 2 est beaucoup plus vaste. Dans le district de Puna, elle comprend la bourgade de Pahoa où de nouvelles structures ont été implantées et un nouveau centre commercial est en construction. Les gens seraient surpris d’apprendre que South Kona et presque toute la partie sud-ouest de l’île – qui comprend tout le district de Kau – sont situés dans la Zone à Risque N° 1 ou la Zone à Risque n° 2. Si les autorités viennent à déclarer qu’il ne doit y avoir aucune construction dans cette partie de l’île, elles vont entendre parler du pays!
Nanawale Estates, qui se trouve à environ 1,5 km de l’éruption actuelle, comprend plus de 3400 parcelles et se trouve dans la Zone à Risque n° 2. Hawaiian Beaches et Hawaiian Shores, qui ont plus de 3000 parcelles, sont également dans Zone à Risque n° 2. Les autres subdivisions la Zone 2 sont les Puna Beach Palissades avec environ 150 parcelles, Waawaa avec près de 180 parcelles, et Kalapana Seaview Estates avec près de 1000 parcelles.
Un autre sénateur a proposé qu’une nouvelle subdivision soit créée sur des terres de l’État d’Hawaii dans la Zone à Risque n° 3, moins exposée, dans le district de Puna, entre les subdivisions existantes de Hawaiian Beaches et Hawaiian Paradise Park. Une telle offre de terrains aux personnes qui ont été évacuées pourrait les inciter à ne pas retourner dans les Leilani Estates ou dans d’autres zones à haut risque.
Dans le même temps, les autorités locales sont déjà sous pression pour rouvrir les routes dans la zone de l’éruption. Les habitants ont envie de retourner chez eux mais les routes sont fortement endommagées ou recouvertes par la lave. Leur remise en état coûtera des dizaines de millions de dollars. Comme je l’ai déjà écrit, les autorités ont déclaré qu’aucun travail ne serait entrepris pour remettre les routes en état au moins six mois après la fin de l’éruption et des coulées de lave. A en juger par l’intensité actuelle de l’éruption, ce n’est pas pour demain!
Source: Honolulu Star Advertiser.

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A Hawaii State senator is proposing that Hawaii County officials prohibit new construction on thousands of lots in the two highest risk lava inundation zones to try to prevent another disaster on the scale of the ongoing May 3rd eruption of Kilauea Volcano.

That proposal by the senator, who was mayor of the island from 1990 to 1992, is certain to be controversial. Indeed, local authorities gave the go ahead to subdivisions decades ago on land in Lava Zone 1, the highest risk area of Kilauea’s Lower East Rift Zone, including Leilani Estates and Lanipuna Gardens. Thousands bought land there believing they would be allowed to build. Today, swaths of those subdivisions along with nearby Vacationland and much of Kapoho have been wiped out in the ongoing eruption, which so far has destroyed 671 homes.

Not every body agrees with the senator’s proposal. Banning further development in lava zones 1 or 2 is controversial in large part because of the enormous number of subdivision lots created in those zones over the years.

Lava Zone 1 covers the rift line for Kilauea where lava can erupt to the surface, and stretches from the Pahala area to Kapoho Point in Puna. It includes Leilani Estates, which had more than 2,200 lots before the lava started covering the land there, and 130 lots in Lanipuna Gardens which have been almost entirely destroyed.

Kapoho Beach Lots and Vacationland, which were also wiped out by the ongoing Kilauea flow, were in lava zones 1 and 2, and had a combined total of nearly 500 lots. Much of the subdivision of Hawaiian Ocean View Estates in Kau – which has more than 11,000 lots – is also in Lava Zone 1.

Lava Zone 2 is far more expansive. In Puna, Lava Zone 2 includes Pahoa itself, a growing area where new county facilities have been built and a new shopping center is under construction. People would be surprised to learn that South Kona  and almost the entire southwest part of the island which is all of Kau is in Lava Zone 1 or 2. If officials say there should be no building at that area, they will hear all South Kona yell and scream at them!

Nanawale Estates, which is about 1.5 km from the ongoing eruption, has more than 3,400 lots and sits in Lava Zone 2. Hawaiian Beaches and Hawaiian Shores, which have more than 3,000 lots, are also in Lava Zone 2. Other Zone 2 subdivisions in the area include Puna Beach Palisades with about 150 lots; Waawaa with nearly 180 lots; and Kalapana Seaview Estates with nearly 1,000 lots.

Another senator has proposed that a new subdivision be developed on state land in the less risky Lava Zone 3 in Puna between the existing subdivisions of Hawaiian Beaches and Hawaiian Paradise Park. He hopes that offering lots there to evacuees will help convince them to not go back to Leilani or other higher-risk areas.

Meanwhile, local authorities are already under pressure to reopen roads into the eruption area so residents can return to their homes, but repairing the damage done by the lava will cost tens of millions of dollars. As I put it before, officials said there would be no attempt to clear or fix the government roads until there is a minimum of six months of inactivity by the lava. Judging from the current intensity of the eruption, this is not for tomorrow!

Source: Honolulu Star Advertiser.

 La lave a sérieusement endommagé les routes du district de Puna (Crédit photo: Protection Civile)

 

Le Grand Séisme de Ka’u (Hawaii) en 1868 // The great 1868 earthquake of Ka’u (Hawaii)

Aujourd’hui 2 avril 2018 marque le 150ème anniversaire du plus puissant séisme jamais enregistré à Hawaï au cours des deux derniers siècles. D’une magnitude estimée à M 7,9, ce séisme avait son épicentre près de Pahala dans le district de Ka’u. Connu sous le nom de Grand Séisme de Ka’u, il a atteint la même intensité que celui de San Francisco en 1906. Il a été ressenti jusque sur l’île de Kauai et a fait s’arrêter les horloges sur l’île d’Oahu. À Ka’u, où les secousses ont duré plusieurs minutes, la destruction fut presque totale. Les bâtiments et les murs construits en pierre ont été détruits jusqu’à Hilo. Les secousses ont provoqué des glissements de terrain depuis  Ka’u jusque sur la côte nord d’Hamakua et ont provoqué une petite éruption sur la zone de Rift Sud-Ouest du Kilauea. Une coulée de boue à Wood Valley, au nord de Pahala, a enseveli 31 Hawaïens. Un tsunami a fait déferler au moins huit vagues de plus de 6 mètres de hauteur pendant plusieurs heures. Elles ont causé des dégâts de South Point (Kalae) à Cape Kumukahi (Kapoho), détruit plus de 100 structures et tué 47 personnes. Si un tel événement se produisait aujourd’hui, le Grand Séisme de Ka’u serait l’un des plus puissants enregistrés ces dernières années à travers le monde. Comme l’île d’Hawaï était peu peuplée en 1868, les pertes humaines furent limitées.
À Hawaï, les séismes les plus destructeurs se produisent le long d’une faille en pente douce située entre la base des volcans et l’ancien fond océanique sur lequel ils reposent. Cette faille, située à une profondeur d’environ 11 km, est connue géologiquement sous le nom de faille de décollement (du mot français « décoller », qui signifie « se détacher de »).
Une grande partie de l’île d’Hawaii a été secouée par l’événement de 1868. Si l’on se réfère aux mesures effectuées lors du séisme de M 7 à Kalapana en 1975, également sur la faille de décollement, toute la partie de l’île située au sud et à l’est du sommet et des zones de rift du Mauna Loa s’est probablement déplacée vers la mer et s’est affaissée durant la séisme de 1868.
Le Grand Séisme de Ka’u du 2 avril faisait partie d’une crise volcanique de longue durée qui s’est déroulée pendant 16 jours. Le 27 mars, une éruption a commencé en douceur dans le Moku’aweoweo, la caldeira sommitale du Mauna Loa. L’activité sismique a augmenté tout au long de la journée et, dans l’après-midi du 28 mars, un séisme de magnitude 7,0 s’est produit à Ka’u et a causé d’importants dégâts. Au cours des quatre jours suivants, des secousses presque continues ont été signalées à Ka’u et à Kona Sud. Les séismes se sont poursuivis à raison de 50 à 300 événements par jour – dont un événements de M 6,0 – jusqu’au 2 avril, date à laquelle le Grand Séisme de Ka’u s’est produit à 16 heures. Une violente réplique a eu lieu le 4 avril et des répliques de magnitude décroissante ont continué pendant plusieurs dizaines de jours.
Le Grand Séisme de Ka’u a débloqué la zone de rift sud-ouest du Mauna Loa et le 7 avril 1868 une fissure éruptive s’est ouverte sur le volcan, juste au-dessus de la zone où se trouvent aujourd’hui la route 11 et à l’est des Hawaiian Ocean View Estates.
Bien que nous ne sachions pas à quelle fréquence des événements aussi puissants que le Grand Séisme de Ka’u peuvent se produire, nous savons qu’à Hawaii ce sont les volcans actifs qui gèrent les contraintes qui génèrent les plus grands séismes. Les risques liés au Mauna Loa comprennent donc des éruptions, mais aussi de puissants séismes le long de la faille de décollement de Ka’u et de Kona Sud, comme le confirme le séisme de M 6.9 enregistré près de Captain Cook en 1951. Pour cette raison, il est conseillé aux habitants de l’île d’Hawaii de se tenir prêts à faire face à des éruptions volcaniques, mais aussi à des séismes potentiellement destructeurs.
Source: USGS / HVO.

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Today April 2nd 2018 marks the 150th anniversary of the largest earthquake to strike Hawaii in the last two centuries. Estimated to be an M 7.9 event, this earthquake struck near Pahala in the Ka‘u District of the Island of Hawaii in 1868. Known as the great Ka’u earthquake, it had the same maximum intensity as the 1906 San Francisco earthquake. It was felt as far away as the island of Kauai and stopped clocks on Oahu. In Ka’u, where the shaking went on for several minutes, the destruction was nearly total. Stone buildings and walls were destroyed as far away as Hilo. The shaking caused landslides from Ka’u to Hawaii Island’s northern Hamakua coast and induced a small eruption on Kilauea Volcano’s Southwest Rift Zone. A mudslide in Wood Valley north of Pahala buried 31 Hawaiians. A tsunami, consisting of at least eight waves over several hours, was estimated to be more than 6 metres high in Ka’u. The waves caused damage from South Point to Cape Kumukahi (Kapoho), destroyed more than 100 structures, and took 47 lives. If it happened today, the great Ka’u earthquake would be one of the world’s strongest earthquakes of these past years. Because the Island of Hawaii was sparsely populated in 1868, the loss of lives was limited.

In Hawaii, the most destructive earthquakes occur along a gently sloping fault between the base of the volcanoes and the ancient ocean floor on which they are built. This fault, located at a depth of approximately 11 km, is known geologically as a décollement, from the French word “décoller,” which means “to detach from.”

A large part of the Island of Hawaii moved during the 1868 event. Based on measurements of how much the earth moved during Hawaii’s M 7.7 Kalapana earthquake in 1975, which also occurred on the décollement, the entire island south and east of Mauna Loa’s summit and rift zones probably moved seaward and subsided several metres during the great Ka’u earthquake of 1868.

The April 2nd great Ka’u earthquake was part of a larger volcanic crisis that unfolded over 16 days. On March 27th, an eruption quietly began in Moku’aweoweo, the caldera at the summit of Mauna Loa. Seismic activity increased through the day, and by the afternoon of March 28th, an M 7.0 earthquake occurred in Ka’u, which caused extensive damage. During the following four days, nearly continuous ground shaking was reported in Ka’u and South Kona. Earthquakes continued at rates of 50 to 300 events per day, including an M 6.0 each day, leading up to April 2nd, when the great Ka‘u earthquake occurred at 4 p.m. A severe aftershock occurred on April 4th, and aftershocks of decreasing magnitudes continued for several tens of days.

The great Ka’u earthquake unlocked Mauna Loa’s Southwest Rift Zone, and on April 7th, 1868, an eruptive fissure opened low on the mountain, just above today’s Highway 11 and east of Hawaiian Ocean View Estates.

Though we do not know how often events as large as the great Ka’u earthquake occur, we do know that, in Hawaii, active volcanoes drive the stresses that generate the largest earthquakes. Mauna Loa’s hazards, therefore, include eruptions, as well as large earthquakes along the décollement in Ka’u and South Kona, like the M 6.9 earthquake that occurred near Captain Cook in 1951. Because of this, Island of Hawai‘i residents are encouraged to be prepared for both volcanic eruptions and potentially damaging earthquakes.

Source: USGS / HVO.

Zone de rift dans le désert de Ka’u (Photo: C. Grandpey)