Du jamais vu, mais que l’on reverra !

Il faut arrêter de se voiler la face et Météo-France doit cesser de jouer les bisounours en relativisant l’impact du réchauffement climatique sur les événements extrêmes (inondations, glissements de terrain,etc) qui se multiplient dans notre pays. C’est bien la hausse globale des températures qui est derrière les inondations catastrophiques qui ont ravagé la région du Lavandou  Le GIEC vient de le rappeler : sous l’effet du réchauffement climatique, les épisodes de fortes précipitations, qui favorisent les inondations, sont appelés à augmenter dans les années à venir. La Méditerranée est particulièrement exposée : elle représente un « point chaud du réchauffement climatique ».

Le président de l’association des maires du Var (AMV) et maire de Cotignac semble l’avoir compris. À l’issue des dernières inondations, il a déclaré : »Il fut un temps où on avait des orages et on avait des pluies qui duraient pendant deux ou trois jours d’une manière continue. Là, c’est subit. En 20 minutes, vous arrivez à des drames pareils. Il y a certainement des opérations, des constructions, des digues mises en place depuis des années, mais ce n’est pas suffisant. Et je crois que le réchauffement climatique joue là-dessus. Il faut quand même le reconnaître. Il faut le prendre très au sérieux. »

Il est tout de même désolant de constater qu’il faut qu’une catastrophe se produise dans sa région pour qu’un élu de la République prenne conscience de l’ampleur du réchauffement climatique, expression que je préfère à changement ou dérèglement climatique. Tous les climatologues s’accordent pour dire que la hausse des températures rendra les phénomènes extrêmes plus fréquents et plus violents. Les médias français y font parfois allusion, mais il faut savoir qu’en ce moment de tels événements se multiplient aux États Unis, avec leur cortège de victimes et de dégâts. Tennessee, Oklahoma, Alabama, Arkansas et Nebraska figurent parmi les états les plus impactés. Sans oublier l’Australie :

https://us.yahoo.com/news/one-dead-50-000-stranded-010853813.html

En France, le sud-ouest a également subi des déluges. Selon la préfecture du Lot-et-Garonne, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie en quelques heures. La ligne ferroviaire Bordeaux-Toulouse sera à l’arrêt pendant plusieurs jours.

La cause du réchauffement climatique est bien connue mais on ne fait pratiquement rien pour y remédier. Les concentrations de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Celles de CO2 en haut du Mauna Loa (Hawaï) atteignent en ce moment 430,60 ppm, ce qui est énorme. Elles avoisinaient 280 ppm avant la révolution industrielle. Il serait urgent d’en réduire les sources, en développant, par exemple le transport ferroviaire et fluvial, ce qui réduirait le nombre de camions sur nos routes. Actuellement, les véhicules électriques aux prix rédhibitoires sont un échec majeur. Il faudrait aussi encourager le développement des énergies renouvelables. Contrairement à ce qu’affirment certains, les réserves de pétrole dans le monde sont loin d’être épuisées et la fonte des glaces va en découvrir de nouvelles. Ce n’est pas demain que les événement climatiques extrêmes arrêteront de nous faire pleurer !

 

Exemple de dégâts au Lavandou (Source : France 3 Régions)

Nouvelle alerte sur la hausse de niveau des océans // New alert about sea level rise

Un article publié dans The Guardian le 20 mai 2025 revient sur l’une des principales conséquences du réchauffement climatique. Les scientifiques avertissent depuis longtemps que l’élévation du niveau de la mer deviendra ingérable avec seulement 1,5 °C de réchauffement climatique et entraînera une « migration intérieure catastrophique ». Une nouvelle étude menée par des chercheurs britanniques et publiée dans la revue Communications Earth and Environment prévient que ce scénario est susceptible de se produire, même si on garde le niveau moyen de réchauffement de la dernière décennie, soit 1,2 °C.
La fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique a quadruplé depuis les années 1990 en raison de la crise climatique et constitue désormais le principal facteur de l’élévation du niveau de la mer.
L’objectif de maintenir la hausse de la température de notre planète en dessous de 1,5 °C, défini par la COP 21 de Paris, est déjà quasiment hors d’atteinte. La nouvelle étude explique que même si les émissions de combustibles fossiles étaient rapidement réduites pour y parvenir, le niveau de la mer augmenterait d’un centimètre par an d’ici la fin du siècle, soit plus vite que la vitesse à laquelle les nations menacées pourraient construire des protections côtières.
Le monde est en route vers un réchauffement climatique de 2,5 °C à 2,9 °C, ce qui rendra inévitable la disparition des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental. Il est bon de rappeler que la fonte totale de ces calottes glaciaires entraînerait une élévation de 12 mètres du niveau de la mer.
Aujourd’hui, environ 230 millions de personnes vivent à un mètre au-dessus du niveau de la mer, et un milliard à 10 mètres. Une élévation du niveau de la mer de seulement 20 centimètres d’ici 2050 entraînerait à l’échelle mondiale, à cause des inondations, des dégâts d’au moins 1 000 milliards de dollars par an dans les 136 plus grandes villes côtières du monde. Ces inondations auraient, bien sûr, des répercussions considérables sur la vie et les moyens de subsistance des populations.
L’élévation du niveau de la mer représente sur le long terme l’impact le plus important de la crise climatique, et les recherches menées ces dernières années ont montré qu’elle se produit beaucoup plus rapidement que prévu. La limite de 1,5 °C était considérée comme un moyen d’éviter les pires conséquences du réchauffement climatique, mais de nouvelles études montrent que ce n’est pas le cas pour l’élévation du niveau de la mer.
Les chercheurs expliquent que la température « limite de sécurité » pour les calottes glaciaires est difficile à estimer, mais qu’elle est probablement de 1°C ou moins. Une élévation du niveau de la mer d’au moins 1 à 2 mètres est désormais inévitable. Au Royaume-Uni, une simple élévation d’un mètre du niveau de la mer affecterait profondément de vastes zones des Fens et du Humberside. Cependant, les pays en développement comme le Bangladesh seraient beaucoup moins bien lotis que les pays riches, comme les Pays-Bas, qui ont l’expérience de la maîtrise des vagues.
La température moyenne de la planète a atteint 1,5 °C pour la première fois en 2024. Cependant, les climatologues prennent en compte une moyenne sur 20 ans et le seuil de 1,5°C n’est donc pas encore considéré comme dépassé.
Selon la nouvelle étude, même si l’humanité parvient à ramener la planète à sa température préindustrielle en éliminant le CO2 de l’atmosphère, il faudra encore des centaines, voire des milliers d’années, pour que les calottes glaciaires se reconstituent. Cela signifie que les terres perdues à cause de l’élévation du niveau de la mer le resteront pendant longtemps, peut-être jusqu’à ce que la Terre entre dans la prochaine période glaciaire. Les chercheurs citent l’exemple du Belize, qui a déplacé sa capitale vers l’intérieur des terres en 1970 après un ouragan dévastateur. Pourtant, sa plus grande ville se trouve toujours sur la côte et sera inondée si le niveau de la mer monte seulement d’un mètre. Un chercheur a déclaré : « De telles conclusions ne font que renforcer la nécessité de rester dans la limite de 1,5 °C fixée par l’accord de Paris afin de pouvoir revenir à des températures plus basses et protéger nos villes côtières.»
Source : The Guardian.

Photo: C. Grandpey

————————————————–

An article published in The Guardian on May 20th, 2025 returns to one of the main consequences of global warming. Scientists have warned for a long time that sea level rise will become unmanageable at just 1.5°C of global heating and lead to “catastrophic inland migration.” A new study by British researchers, published in the journal Communications Earth and Environment, warns that this scenario may unfold even if the average level of heating over the last decade of 1.2°C continues into the future.

The loss of ice from the giant Greenland and Antarctic ice sheets has quadrupled since the 1990s due to the climate crisis and is now the principal driver of sea level rise.

The international target to keep global temperature rise below 1.5°C, defined by COP 21 in Paris, is already almost out of reach. The new study has found that even if fossil fuel emissions were rapidly slashed to meet it, sea levels would be rising by one centimeter a year by the end of the century, faster than the speed at which nations could build coastal defences.

The world is on track for 2.5°C-2.9°C of globalwarming, which would almost certainly be beyond tipping points for the collapse of the Greenland and west Antarctic ice sheets. The melting of those ice sheets would lead to 12 metres of sea level rise.

Today, about 230 million people live one metre above current sea level, and one billion live 10 metres above sea level. Even just 20 centimeters of sea level rise by 2050 would lead to global flood damages of at least $1tn a year for the world’s 136 largest coastal cities and huge impacts on people’s lives and livelihoods.

Sea level rise is the biggest long-term impact of the climate crisis, and research in recent years has shown it is occurring far faster than previously estimated. The 1.5°C limit was seen as way to avoid the worst consequences of global heating, but the new research shows this is not the case for sea level rise.

The researchers say the “safe limit” temperature for ice sheets is hard to estimate but is likely 1°C or lower. Sea level rise of at least 1-2 metres is now inevitable. In the UK, just one metre of sea level rise would see large parts of the Fens and Humberside below sea level. However, developing countries such as Bangladesh would fare far worse than rich ones with experience of holding back the waves, such as the Netherlands.

The average global temperature hit 1.5°C for the first time in 2024. But the international target is measured as the average over 20 years, so is not considered to have been broken yet.

According the the new study, even if humanity can bring the planet back to its preindustrial temperature by removing CO2 from the atmosphere, it will still take hundreds to thousands of years for the ice sheets to recover.. That means land lost to sea level rise will remain lost for a long time, perhaps until the Earth enters the next ice age.

The researchers give the example of Belize that moved its capital inland in 1970 after a devastating hurricane, but its largest city is still on the coast and will be inundated with only one metre of sea level rise. One researcher said : “Findings such as these only sharpen the need to remain within the 1.5°C Paris agreement limit, or as close as possible, so we can return to lower temperatures and protect our coastal cities.”

Source : The Guardian.