Les caprices du vortex polaire (suite) // The whims of the polar vortex (continued)

Après une première quinzaine de janvier 2023 inhabituellement chaude en France, avec un manque cruel d’enneigement dans les stations de sports d’hiver, il semble que le temps se refroidisse, mais sans atteindre les basses températures auxquelles on pourrait s’attendre en cette saison.
La France n’est pas le seul pays concerné par la météo un peu folle qui prévaut actuellement. Certaines parties de l’est du Canada connaissent des températures exceptionnellement chaudes. Certaines villes canadiennes sont en train de connaître l’hiver le plus chaud de leur histoire. Toronto pourrait bien connaître son premier hiver avec une température moyenne au-dessus de zéro.
Dans le même temps, des températures extrêmement froides sont enregistrées en Sibérie avec -62,4°C à Tongulakh le 14 janvier. Il s’agit de la température la plus froide sur Terre enregistrée en 2023. C’est également la température la plus froide en Russie depuis plus d’une décennie. Par comparaison, cette température n’est qu’à 0,3°C de la température moyenne sur la planète Mars et gèlerait en quelques secondes une peau qui serait exposée à un tel froid.
Cette situation surprenante est due à la situation globale sur la planète. Une fois encore, le responsable est le vortex polaire. Le vortex présente des ondulations prononcées (voir image ci-dessous) et se brise parfois, permettant à des langues d’air froid de se déplacer vers des latitudes plus basses. Le noyau du vortex polaire séjourne actuellement sur la Russie, ce qui explique la température extrême enregistrée à Tongulakh. En revanche, cette situation envoie de l’air doux à travers le Canada.
Le jet-stream (ou courant-jet) zonal du Pacifique a maintenu ces conditions pendant une période prolongée, mais les modèles de prévisions à longue portée entrevoient des changements. Selon ces modèles, vers la fin du mois de janvier, le courant-jet tend vers un schéma amplifié. C’est le signe d’une arrivée de froid arctique plus intense vers le sud, au-dessus du Canada. Cette prévision doit, bien sûr, être confirmée.
Source : The Weather Network.

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After a first fortnight of January 2023 unusually warm in France , with a severe lack of snow in winter sport resorts, it looks as if the weather is getting colder, but noth with the low temperatures one could expect in this season.

France is not the only concerned with the current crazy weather. Parts of eastern Canada are experiencing unusually warm temperatures. Canadian cities are on pace for the warmest winter on record. Toronto could see its first winter with an average temperature above freezing.

Meantime, extremely cold temperatures are recorded in Siberia with an astonishing -62.4°C in Tongulakh on January 14th. This was Earth’s coldest temperature recorded in 2023. It was also the coldest temperature Russia has experienced in over a decade. For perspective, this temperature is a mere 0.3°C from the average temperature on Mars and would freeze exposed skin in seconds.

This surprising situation comes down to the global pattern. The polar vortex is showing pronounced ondulations (see image below) and sometimes breaks open, allowing tongues of cold air to travel to lower latitudes. The core of the polar vortex has currently taken an extended vacation in Russia, ushering in this extreme cold and sending mild air across Canada.

The recent zonal Pacific jet stream has kept these conditions in place for a prolonged period, but long-range models hint that change is coming. Closing out the month of January, the jet stream trends into an amplified pattern. This is a signal for a more active pattern and gives extreme arctic cold more opportunities to travel south over Canada.

Source : The Weather Network.

Source : The Weather Network

Des océans de plus en plus chauds // Warmer and warmer oceans

Selon une nouvelle étude effectuée par 24 chercheurs de Chine, des États-Unis, d’Italie et de Nouvelle-Zélande, et publiée dans la revue Advances in Atmospheric Sciences le 11 janvier 2023, les océans, qui ont absorbé la majeure partie de l’excès de chaleur causé par la pollution d’origine anthropique, ont continué à enregistrer des températures record en 2022. Selon les auteurs de l’étude, 2022 a été « l’année la plus chaude jamais enregistrée dans les océans du monde ».
Le réchauffement climatique a entraîné une hausse des températures de surface de la planète, ce qui a généré une instabilité atmosphérique et amplifié les phénomènes météorologiques extrêmes.
La teneur en chaleur des océans a dépassé les niveaux de 2021 d’environ 10 Zetta joules ce qui, selon les auteurs de l’étude, équivaut à 100 fois la production d’électricité dans le monde en 2021. L’un des auteurs a déclaré : « Les océans absorbent la majeure partie de la chaleur provenant des émissions anthropiques de carbone. Tant que nous n’atteindrons pas zéro émission, ce réchauffement se poursuivra et nous continuerons à battre des records de teneur en chaleur des océans, comme nous l’avons fait en 2022. »
Les archives remontant à la fin des années 1950 montrent une augmentation constante de la température des océans, avec une hausse presque continue depuis environ1985.
Les scientifiques ont expliqué que la hausse des températures a entraîné des changements majeurs dans la stabilité des océans, et plus rapides qu’on ne le pensait jusqu’à présent. La hausse de la température de l’eau et de la salinité des océans, cette dernière elle aussi à un niveau record, contribue directement à un processus de « stratification » où l’eau se sépare en couches qui ne se mélangent plus. Cela affecte l’échange de chaleur, d’oxygène et de carbone entre l’océan et l’atmosphère, avec des effets tels qu’une perte d’oxygène de l’océan.
Les dernières données Copernicus publiées début janvier, montrent que la température moyenne de l’atmosphère à l’échelle de la planète a contribué à faire de 2022 la cinquième année la plus chaude depuis le début des relevés au 19ème siècle. De nombreux pays ont été confrontés à une cascade de catastrophes naturelles sans précédent, rendues plus probables et meurtrières par le réchauffement climatique. Bon nombre de ces impacts peuvent être liés au réchauffement rapide des océans et aux changements associés du cycle hydrologique. Certaines régions connaissent davantage de sécheresses, ce qui entraîne un risque accru d’incendies de forêt, tandis que d’autres connaissent des inondations à grande échelle causées par de fortes pluies, souvent favorisées par une évaporation accrue des océans plus chauds.
Source : AFP.

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According to a new study by 24 researchers in China, the US, Italy and New Zealand and published in the journal Advances in Atmospheric Sciences on January 11th, 2023, the world’s oceans, which have absorbed most of the excess heat caused by humanity’s carbon pollution, continued to see record-breaking temperatures in 2022. The scientists say it was « the hottest year ever recorded in the world’s oceans ».

Heat content in the oceans exceeded 2021 levels by around 10 Zetta joules, which is equivalent to 100 times the electricity generation worldwide in 2021, according to the authors. One of the authors of the study declared : « The oceans are absorbing most of the heating from human carbon emissions. Until we reach net zero emissions, that heating will continue, and we’ll continue to break ocean heat content records, as we did in 2022. »

Records going back to the late 1950s show a relentless rise in ocean temperatures with almost continuous increases going back to around 1985.

Scientists have warned that climbing temperatures have wrought major changes to ocean stability faster than previously thought. Increasing water temperatures and ocean salinity, also at an all-time high, directly contribute to a process of « stratification », where water separates into layers that no longer mix. This has wide-ranging implications because it affects the exchange of heat, oxygen and carbon between the ocean and atmosphere, with effects including a loss of oxygen in the ocean.

Updated Copernicus data released in early January showed that average global atmospheric temperatures across 2022 made it the fifth warmest year since records began in the 19th century. Countries across the world have faced a cascade of unprecedented natural disasters made more likely and deadly by climate change. Many of these impacts can be linked to a fast-warming ocean and the related changes in the hydrological cycle. Some places are experiencing more droughts, which lead to an increased risk of wildfires, and other places are experiencing massive floods from heavy rainfall, often supported by increased evaporation from warm oceans.

Source : AFP.

Evolution de la température des océans entre 1958 et 2022 telle qu’elle figure dans l’étude mentionnée ci-dessus.