Nuages de cendre et trafic aérien

Trois mois après les effets désastreux du nuage de cendre islandais sur le trafic aérien, aucune norme de vol dans de telles conditions n’a encore été définie par les constructeurs aéronautiques. Ces derniers demandent des études supplémentaires mais rappellent les risques encourus par les avions qui traversent des nuages même faiblement concentrés en cendre.

Les compagnies aériennes – qui ont perdu beaucoup d’argent au moment de la crise islandaise – sont impatientes de voir des normes mises en place, mais les constructeurs rétorquent que chaque éruption génère des particules avec une composition chimique bien spécifique et qu’il est donc quasiment impossible de définir une norme universelle. Aux Etats Unis, la Federal Aviation Administration (FAA) indique que lorsque des pilotes aperçoivent des nuages de cendre volcanique, ils doivent considérer que le danger est le même que dans des situations d’orages violents.

Comme je l’ai indiqué il y a quelques semaines, la compagnie Honeywell International a envoyé des avions dans le nuage islandais et il semblerait que les effets sur les moteurs soient plus importants qu’on le supposait initialement. Les experts pensent que certains nuages de cendre contiennent une quantité d’acide sulfurique capable d’endommager les moteurs. Au vu de certaines fuites, le premier moteur analysé par Honeywell après plus de 30 heures de vol dans les nuages de cendre ne semblerait (le conditionnel est nécessaire !) pas montrer de signes de corrosion ou de dégâts internes. L’autre moteur est en cours d’analyse. Il est reproché à Honeywell de traîner les pieds pour diffuser les résultats des tests qui devraient encore durer plusieurs semaines. Certains affirment que ce retard est dû au fait que Honeywell redoute que les résultats des tests enveniment la controverse qui existe déjà et effrayent inutilement les voyageurs potentiels.   

En plus des dégâts occasionnés par la cendre aux moteurs, il ne faudrait pas négliger l’électricité statique qui peut affecter les appareils de contrôle des avions et les systèmes annexes.

Au cours des prochaines semaines, il est prévu que les responsables internationaux en matière de sécurité aérienne, avec des représentants des pilotes et des compagnies aériennes, se réunissent pour redéfinir et alléger les restrictions imposées par la FAA. On s’oriente vers une limitation – et non une interdiction – des vols, même si des nuages de cendre ont été détectés.

De toute façon, comme je l’ai écrit plus haut, même si une norme de base est définie il sera difficile de décider quelles mesures prendre dans la mesure où le nuage de cendre provoqué par une éruption est différent de celui généré par une autre. Il est bien évident que le volume de cendre émis par l’Eyjafjallajökull n’a rien à voir avec les panaches du Mont St Helens ou du Pinatubo. Affaire à suivre, donc.

Source : Wall Street Journal.

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