La villa de Nola où s’est éteint l’empereur Auguste… // The villa of Nola where Emperor Augustus died…

Quand on parle de l’éruption du Vésuve en octobre 79, on évoque forcément la destruction de cités romaines comme Pompéi, Herculanum, Stabies ou Opiontis situées au sud-est du volcan. En revanche, on oublie souvent de mentionner que l’éruption a également affecté des zones situées plus au nord. Un projet de fouilles entrepris en 2002 par l’université de Tokyo à Somma Vesuviana, ville italienne située au pied nord du Vésuve, rappelle que le nord du volcan n’a pas été épargné par l’éruption de 79.

Les archéologues japonais ont récemment fait une découverte exceptionnelle : sous d’importantes structures datant du 2ème siècle après J.-C., ils ont identifié les restes d’un bâtiment plus ancien, qu’ils estiment être l’une des maisons que possédait Auguste (63 avant J.-C.-14 après J.-C.), premier empereur de Rome. Les premières analyses ont confirmé qu’il s’agissait bien d’une construction datant de son époque.

L’Histoire nous rappelle qu’Auguste était le petit-neveu et fils adoptif de Jules César, assassiné en 44 av. Après la mort de César, Auguste prit le pouvoir à Rome avec Marc Antoine, l’ami de César, et en devint l’unique dirigeant après la défaite d’Antoine à la bataille d’Actium en 31 avant J.C. Après un règne long et prospère, Auguste mourut en 14 après J.-C. Les rumeurs ont raconté qu’il aurait été empoisonné par sa femme, Livie. Après sa mort, son fils adoptif Tibère (le fils naturel de Livie) devint empereur.

Les sources historiques indiquent qu’Auguste serait décédé dans une villa du côté nord du Vésuve. Tacite par exemple, contemporain de l’empereur, indique qu’il était mort à Nola, dans la même maison, dans la même chambre que son père.

Jusqu’à présent, l’emplacement, voire l’existence, de ce bâtiment n’avait jamais été retrouvé. Dans les années 1930, des chercheurs pensaient en avoir excavé les vestiges à Somma Vesuviana, près de Nola, où les riches citoyens de Rome possédaient de grands ensembles de villas. Toutefois, les fouilles commencées sept décennies plus tard, avaient permis de déterminer que ces restes ne remontaient pas au-delà du 2ème siècle après J.-C., ce qui veut dire qu’ils avaient été édifiés après l’éruption, et ne pouvaient pas être liés à Auguste.

Le bâtiment nouvellement décelé en 2023 par les archéologues japonais est plus ancien, ce qui laisse à penser qu’il pourrait s’agir du lieu où l’empereur est décédé. Les datations au carbone 14 des charbons de bois et les analyses de la pierre ponce ont démontré que la villa était encore fonctionnelle dans la première moitié du 1er siècle après J.-C., avant d’être ensevelie par les matériaux éjectés par le Vésuve. À l’intérieur du bâtiment ont également été mis au jour des morceaux de murs et de tuiles, vestiges d’effondrements provoqués par des coulées pyroclastiques. Cela signifie que les matériaux émis par le Vésuve sont également descendus sur son côté nord. Les études du bâtiment du dessus, édifié un siècle plus tard, ont montré que des éléments architecturaux antérieurs avaient été réutilisés, révélant une transition entre la catastrophe volcanique et une phase de reconstruction dans la zone autour du Vésuve.

C’est la première fois que des preuves d’une maison correspondant chronologiquement à celle d’Auguste sont identifiées du côté nord du Vésuve. Dans les ruines, les archéologues ont également décelé une structure semblable à un four, ainsi que des amphores du 1er siècle après J.-C. suggérant que la structure a été transformée en entrepôt avant l’éruption. Cela correspond aux descriptions, dans la littérature historique ; elle détaillent comment les lieux seraient tombés en désuétude après la disparition d’Auguste.

Même si leurs résultats sont passionnants, ces recherches devront être poursuivies pour que l’antique villa soit formellement confirmée comme étant celle où est décédé l’empereur Auguste.

Sources : Geo, Live Science via Yahoo News.

 

Statue découverte dans la villa de Nola

—————————————————–

When we talk about the eruption of Vesuvius in October 79, we necessarily mention the destruction of Roman cities like Pompeii, Herculaneum, Stabies or Opiontis located to the southeast of the volcano. On the other hand, we often forget to mention that the eruption also affected areas further north. An excavation project undertaken in 2002 by the University of Tokyo in Somma Vesuviana, an Italian town located at the northern foot of Vesuvius, reminds us that the north of the volcano was not spared by the eruption of 79.
Japanese archaeologists recently made an exceptional discovery: beneath structures dating from the 2nd century AD, they identified the remains of an older building, which they believe to be one of the villas owned by Augustus (63 BC-14 AD), first emperor of Rome. The first analyses confirmed that it was indeed a construction dating from its time.
History reminds us that Augustus was the great-nephew and adopted son of Julius Caesar, assassinated in 44 BC. After Caesar’s death, Augustus took power in Rome with Marc Antony, Caesar’s friend, and became its sole ruler after Antony’s defeat at the Battle of Actium in 31 BC. After a long and prosperous reign, Augustus died in AD 14. Rumors had it that he was poisoned by his wife, Livia. After his death, his adopted son Tiberius (Livia’s natural son) became emperor.
Historical sources indicate that Augustus died in a villa on the north side of Vesuvius. Tacitus, for example, a contemporary of the emperor, indicates that he died in Nola, in the same house, in the same room as his father.
Until now, the location, or even the existence, of this villa had never been found. In the 1930s, researchers believed they had excavated its remains at Somma Vesuviana, near Nola, where wealthy citizens of Rome owned large complexes of villas. Excavations begun seven decades later determined that these remains did not date back beyond the 2nd century AD, which means that they had been built after the eruption, and could not be linked to Augustus.
The building newly discovered in 2023 by Japanese archaeologists is older, which suggests that it could be the place where the emperor died. Carbon-14 dating of the charcoal and analyses of the pumice stone demonstrated that the villa was still functional in the first half of the 1st century AD, before being buried by materials ejected by Vesuvius. Inside the building, pieces of walls and tiles were also discovered, vestiges of collapses caused by pyroclastic flows. This means that the materials emitted by Vesuvius also descended on its northern side. Studies of the building above, built a century later, showed that earlier architectural elements had been reused, revealing a transition between the volcanic disaster and a phase of reconstruction in the area around Vesuvius.
This is the first time that evidence of a house corresponding chronologically to that of Augustus has been identified on the north side of Vesuvius. Within the ruins, archaeologists also detected an oven-like structure, as well as amphorae from the 1st century AD suggesting the structure was converted into a storehouse before the eruption. This corresponds to descriptions, in historical literature; they detail how the places probably fell into disuse after Augustus’ death.
Even if the results are fascinating, this research will have to be continued for the ancient villa to be formally confirmed as being the one where Augustus died.
Sources: Geo, Live Science via Yahoo News.

De Pompéi à Oplontis : des trésors au pied du Vésuve

Grâce aux fonds européens et une politique culturelle italienne digne de ce nom, les fouilles vont bon train au pied du Vésuve qui, en octobre 79 détruisit plusieurs villes romaines. On parle beaucoup de Pompéi, mais Herculanum, Stabies et Oplontis fournissent également de précieux témoignages sur la vie au premier siècle de notre ère. J’ai consacré plusieurs notes sur ce blog à ces différents sites et aux récentes découvertes faites par les archéologues.

Ces derniers temps, de splendides fresques inspirées de la guerre de Troie, ornant une salle de banquet, ont été découvertes à Pompéi. La pièce aux dimensions imposantes (15 mètres sur 6) présente des décorations raffinées de sujets mythologiques ressortant sur des murs dont le fond noir évitait que l’on voit les traces de fumée des lanternes. On découvre aussi des mosaïques témoignant du mode de vie luxueux qui régnait dans la cité antique au moment de sa destruction.

La salle de banquet (Crédit photo : Parc archéologique de Pompéi)

Un article paru sur le site France Info nous explique que le thème dominant des fresques est l’héroïsme, à travers des représentations des couples de héros et de divinités protagonistes de la guerre de Troie. Parmi les personnages représentés figurent notamment Hélène et Pâris. On se souvient que le prince troyen enleva Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas, déclenchant la guerre de Troie. On y découvre aussi Cassandre, sœur de Pâris, et le dieu Apollon, dont elle a reçu le don de dire l’avenir, même si ses prédictions ne seront jamais crues. Elle avertit pourtant, mais en vain, ses compatriotes que le cheval offert par les Grecs était un subterfuge qui conduirait Troie à sa perte.

Crédit photo : Parc archéologique de Pompéi

Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, Pompéi est le deuxième site touristique le plus visité d’Italie après le Colisée de Rome. Pas très loin Herculanum mérite un détour. En inscrivant le nom du site sur le moteur de recherche de mon blog, vous pourrez lire plusieurs notes faisant référence aux dernières découvertes ainsi que le récit de ma visite.

Photo: C. Grandpey

Dans le cadre de la série Science Grand Format, France 5 propose un documentaire fort intéressant sur Oplontis, à deux kilomètres seulement de Pompéi.

https://www.france.tv/documentaires/science-sante/5824053-oplontis-et-la-malediction-du-vesuve.html

Les archéologues ont mis au jour deux villas monumentales. L’une est un palais construit sur une falaise, doté de fresques magnifiques.

 

Caldarium dans la villa de Poppée

Elle offre un aperçu de la vie fastueuse des élites de l’Empire romain et des informations précieuses sur leurs esclaves. En recherchant l’identité des riches propriétaires de la villa, les archéologues ont découvert un lien avec Néron. Ils pensent que la villa appartenait à l’empereur et servait de résidence principale à sa seconde épouse, Poppaea Sabina, lorsqu’elle ne se trouvait pas à Rome. On pense que cette résidence était inhabitée lorsque le Vésuve est entré en éruption en 79. Elle était probablement en cours de reconstruction et de redécoration après le tremblement de terre de 62 (magnitude estimée entre M 5,0 et M 6,0), un événement souvent oublié mais ô combien important car il a mis à mal le réseau de distribution d’eau de la région.

Selon moi, Oplontis montre beaucoup de similitudes avec Herculanum, ne serait-ce que les squelettes qui ont été découverts par les archéologues. A Oplontis comme à Herculanum, une partie de la population s’est réfugiée dans des abris le long du littoral. Ces gens attendaient-ils des bateaux qui leur permettraient de fuir le danger ? Etaient-ils seulement venus se réfugier ? Personne ne peut le dire…

Dans les abris à bateaux d’Herculalum (Photo : C. Grandpey)

Dans ceux d’Oplontis (image extraite du documentaire)