18 mai 1980, le jour où le Mont St Helens a explosé (1ère partie) // May 18th, 1980, the day when Mount St Helens exploded (part 1)

Avril 1980, les jours d’avant.

Le 18 mai 2020 marquera le 40ème anniversaire de l’éruption cataclysmale du Mont St Helens en mai 1980. Dans un article récent, l’US Geological Survey (USGS) explique le travail effectué par les volcanologues américains pendant les jours qui ont précédé l’événement.
Il y a quarante ans, aucun scientifique de l’USGS n’était formé à la surveillance de tous les types de volcans actifs. Le travail se limitait à l’observation des éruptions du Kilauea et du Mauna Loa à Hawaï; et les volcanologues n’avaient jamais étudié sur le terrain les volcans composites qui s’alignent le long de la Chaîne des Cascades. De plus, les instruments n’étaient pas aussi performants que ceux utilisés aujourd’hui. Les ordinateurs n’étaient pas répandus et les observations par satellite se comptaient sur les doigts de la main.
Début avril, un renflement avait été observé sur le flanc nord du Mont St Helens ; les glaciers se fracturaient sous sa poussée et un cratère s’était formé à l’arrière de cette bosse qui gonflait en direction du nord. Le phénomène était inquiétant, mais les scientifiques ne savaient pas s’il s’agissait d’un événement superficiel ou le signe d’une déformation plus profonde et plus grande ampleur qui pourrait se développer au-delà du volcan.

Crédit photo: USGS

Pour répondre à cette question, le personnel de l’USGS sur le terrain au mois d’avril 1980 a utilisé le Spirit Lake, alors encore recouvert de glace au nord du volcan, comme inclinomètre à liquide. Les scientifiques ont cloué des repères en bois sur des souches d’arbres ou des embarcadères autour du lac. Grâce à des rotations d’hélicoptères, ils ont relevé les niveaux d’eau sur six sites pendant environ 20 minutes et calculé les différences. La répétition des mesures jusqu’à la fonte de la glace à la mi-avril n’a montré aucune variation significative de niveau.

Vue du Spirit Lake avec le Mont St Helens à l’arrière-plan (Photo: C. Grandpey)

Les scientifiques ont alors commencé à se concentrer les mesures de déformation sur le renflement apparu sur le versant nord du Mont St Helens. La surface plane du parking du terrain de camping Timberline, situé juste au nord-est du renflement, était parfaite pour mesurer l’inflation, en utilisant une méthode mise au point par le HVO à Hawaii. Des clous ont été enfoncés dans la chaussée aux extrémités d’un triangle d’environ 10 m de côté. Ils ont servi de points de repères pour déterminer les variations d’élévation relatives. Des mesures répétées, souvent pendant des tempêtes de neige, ont révélé les variations d’élévation du sol. Sept relevés entre le 30 mars et le 30 avril ont montré une inclinaison globale environ 2 microradians par jour à bonne distance du renflement. Cette petite variation d’inclinaison était une preuve supplémentaire que la déformation était concentrée sur le renflement proprement dit.

Mesure du tilt (inclinaison) au parking du camping de Timberline (Crédit photo: USGS)

D’importantes inclinaisons de plusieurs dizaines de microradians pendant seulement quelques minutes se superposaient à l’inclinaison globale. Le parking oscillait d’avant en arrière, probablement sous l’effet du mouvement saccadé du renflement sur le flanc du volcan. Pour fournir des données d’inclinaison en continu, des inclinomètres électroniques ont été installés fin avril. Cependant, des problèmes techniques et l’instabilité du sol à cause du dégel ont limité leur utilisation.
Il devenait évident qu’un télémètre électronique – Electronic Distance Meter (EDM) – était indispensable pour mesurer le renflement sur le flanc du volcan. Les EDM performants étaient coûteux et difficilement disponibles à cette époque. Un tel instrument était disponible à la Smithsonian Institution et un prêt a été conclu. Les mesures ont commencé le 20 avril 1980.
Les mesures EDM ne sont pas simples. Un EDM suppose l’installation d’une cible qui réfléchit un rayon laser vers l’instrument.

Normalement, des prismes en verre coûteux sont utilisés, mais tout ce qui devait être installé sur le renflement devait être bon marché. L’USGS a opté pour des réflecteurs routiers en plastique qui ont été vissés sur une planche qui a été ensuite boulonnée sur un panneau en acier enfoncé dans le sol à des emplacements situés sur et  près du renflement, et accessibles par hélicoptère. A l’aide de ces cibles de fortune, de l’EDM et d’un théodolite optique à l’ancienne, les scientifiques de l’USGS ont pu mesurer la progression du renflement qui atteignait jusqu’à 1,5 m par jour. Ils ont pu aussi définir les limites du renflement et obtenir des données fiables.
Source: USGS.

———————————————-

April 1980, the days before the event.

May 18th, 2020 will mark the 40th anniversary of the powerful Mt St Helens eruption in May 1980. In a recent article, the U.S. Geological Survey (USGS) explains the work they had to do during the days that preceded the event.

Forty years ago, no scientists in the USGS and academia were adept at monitoring all types of active volcanoes. Their expertise came from the observations of eruptions on Kilauea and Mauna Loa in Hawaii; they had never worked on the steep composite volcanoes that dominate the Cascade Range. Equipment was remedial by today’s standards, computers were not in general use, and satellite observations were limited.

By early April, a growing bulge had appeared high on the north flank of the volcano (see image above), cracking glaciers and leaving a crater behind as it moved northward. This phenomenon was alarming, but scientists did not know whether it was a shallow feature or only the tip of deeper, larger deformation that might reach beyond the volcano.

To answer this question, USGS staff in April used ice-covered Spirit Lake (see image above) north of the volcano as a large liquid tiltmeter. They nailed wooden yardsticks to tree stumps or dock piers around the lakeshore where open water was present. Using helicopter hops, they read water levels at six sites in about 20 minutes and calculated their differences. Repeat measurements until the ice melted in mid-April showed no change.

The scientists could thus focus deformation measurements on the bulge itself. The flat parking lot at Timberline campground just northeast of the bulge was perfect for measuring tilt, using a method developed at HVO (see photo above). They drove nails into the pavement at the tips of a triangle about 10 m on a side and leveling determined their relative elevations. Repeated leveling, often during snowstorms, found changes in elevation caused by tilting ground. Seven levelings (March 30th – April 30th) showed an overall tilt away from the bulge at about 2 microradians per day. This small tilt was further evidence that deformation was concentrated in the bulge itself.

Huge tilts of tens of microradians lasting only a few minutes were superimposed on the overall tilt. The parking lot was swaying back and forth, probably because of jerky movement of the bulge itself. To provide continuous tilt data, electronic platform tiltmeters were installed in nearby areas in late April. However, instrument problems and sites made unstable by thawing ground limited their use.

It became clear that there was the need for an electronic distance meter (EDM) to make measurements of the bulge itself. Powerful EDMs were expensive and not readily available. An instrument was located at the Smithsonian Institution and a loan was arranged. Measurements began on April 20th, 1980. EDM measurements were not straightforward. An EDM requires a target that reflects a laser back to the instrument (see principle above). Normally, costly glass prisms were used, but anything on the bulge had to be cheap. HVO opted for plastic highway reflectors that were screwed to a board which was bolted onto a steel signpost driven into the ground at helicopter-accessible sites on and near the bulge. These makeshift targets, the loaned EDM, and an old-fashioned optical theodolite allowed USGS scientists to measure bulge movement of up to 1.5 m per day, define the limits of the bulge, and otherwise obtain reliable data.

Source : USGS.

Le Spirit Lake 37 ans après l’éruption du Mt St Helens // Spirit Lake 37 years after the Mt St Helens eruption

Aussi étrange que cela puisse paraître, les effets de l’éruption de 1980 du Mt St Helens se font encore sentir aujourd’hui. L’un des problèmes les plus sérieux concerne le Spirit Lake où l’on observe une quantité impressionnante de troncs d’arbres et autres matériaux expulsés par le volcan et qui obstruent l’exutoire du lac. Dans une note publiée le 17 octobre 2017, j’ai expliqué les différents risques liés au Spirit Lake.
L’éruption de 1980 a élevé le niveau de l’eau de 63 mètres et bloqué son exutoire naturel avec un mélange de cendres, de terre, de roche et d’autres matériaux. Sans solution pour le vidanger, le lac pourrait monter encore plus haut. Cela augmenterait le risque d’une rupture du barrage de matériaux, un événement potentiellement cataclysmique qui pourrait envoyer d’énormes volumes d’eau et de sédiments dans les rivières Toutle, Cowlitz et Columbia. Quelque 50 000 habitants du sud-ouest de l’Etat Washington seraient sérieusement menacés.
En 1982, une station de pompage temporaire a été installée pour abaisser le niveau du lac. Cela a été suivi en 1985 par la construction d’un tunnel pour envoyer l’eau dans la South Coldwater Creek.
Depuis cette date, le tunnel de près de 2,5 km de longueur a connu des réparations à répétition. Le chantier le plus récent, achevé en mars 2016, a permis de consolider une section de 9 mètres qui s’était rétrécie considérablement en raison des pressions du sol.
Le tunnel de drainage achevé en 1985 réduit les risques de rupture du barrage de matériaux, mais la structure vieillissante, malgré des réparations répétées, ne fonctionne pas de manière optimale et nécessite toujours une maintenance coûteuse.
Les scientifiques proposent des solutions pour l’avenir, telles que la construction d’un second tunnel, l’ouverture d’un déversoir à travers le barrage de matériaux, ou la recherche d’une solution pour drainer le lac. Ils proposent un travail collaboratif qui rassemblerait les organismes fédéraux et d’État, le district de Cowlitz et les communautés en aval.
Pendant ce temps, l’Army Corps of Engineers travaille sur un plan à long terme pour limiter la quantité de sédiments qui se jettent dans les rivières Toutle, Cowlitz et Columbia. Les ingénieurs ont déjà construit un bassin de rétention de sédiments, qui ressemble à un barrage, au niveau de la North Fork (branche septentrionale) de la Toutle River. En 2012, le déversoir du bassin a été relevé de 2 mètres, et il pourrait être rehaussé davantage à l’avenir.
Les scientifiques font remarquer que les nouveaux projets d’ingénierie auront un effet domino tout au long de la zone d’évacuation des eaux du Spirit Lake. Bien que la sécurité publique demeure une préoccupation majeure, ils indiquent que d’autres facteurs devraient être pris en considération, comme les fermes d’élevage de poissons, mais aussi la loi qui demande de «permettre aux forces géologiques et à la suite écologique de continuer leurs activités sans entrave» à l’intérieur du Mount St Helens Volcanic National Monument. .
Dans le même temps, le travail du Service des Eaux et Forêts au Spirit Lake consiste à installer une structure pour éloigner les troncs d’arbres de la sortie du tunnel ainsi que des capteurs pour surveiller le débit d’évacuation de l’eau du lac. Le Service envisage également d’ouvrir une voie d’accès pour que les véhicules tout-terrain puissent atteindre le Spirit Lake afin d’assurer son entretien. Cette proposition a suscité l’inquiétude de certains chercheurs qui disent que cela pourrait perturber leurs travaux dans une zone sensible connue sous le nom de Pumice Plain.
Source: The Bellingham Herald.

——————————————–

Strange as it may sound, the effects of the 1980 eruption of Mt St Helens are still felt today. The most serious threat is at Spirit Lake, which the volcano left plugged by an unstable mass of debris that, if it gave way, would threaten some 50,000 Southwest Washington residents who live downstream. In a note released on October 17th, I explained the risks linked to Spirit Lake.

The 1980 eruption raised the water level by 63 metres and blocked its natural outlet with a mix of ash, earth, rock and other materials. With no way to drain, the water level could climb still higher. This would increase the chance of a breach of the debris dam, a potentially cataclysmic event that could send huge volumes of water and sediment surging down the Toutle, Cowlitz and Columbia rivers.

In 1982, a temporary pumping station was installed to lower water levels. This was followed in 1985 by the construction of a tunnel to divert water into South Coldwater Creek.

Since then, the nearly 2.5-km-long tunnel has been subjected to repeated spot repairs. The most recent effort completed in March 2016 shored up a 9-metre section that had narrowed significantly due to ground pressures.

The drainage tunnel completed in 1985 reduces the chance that the makeshift dam could fail. But the aging structure, despite repeated repairs, is not operating optimally, and is still in need of expensive maintenance.

Scientists suggest future engineering options, such as building a second tunnel, cutting a spillway through the debris dam or finding a way to drain the lake. They propose a collaborative effort that brings together federal and state agencies, the Cowlitz Tribe, downstream communities and others.

Meanwhile, the Army Corps of Engineers has worked on a long-term plan to limit sediments flowing into the Toutle, Cowlitz and Columbia. It built the sediment retention structure, which resembles a dam, across the North Fork of the Toutle. In 2012 the spillway of the structure was raised by 2 metres, and it could be raised again in the future.

The scientists note that new engineering projects have ripple effects throughout the drainage. While public safety remains a key concern, they say that other things should be considered, such as fisheries restoration and the intent of congressional legislation « to allow geologic forces and ecological succession to continue substantially unimpeded » in the Mount St. Helens Volcanic National Monument.

In the meantime, the Forest Service’s work at Spirit Lake includes the installation of a structure to keep floating logs away from the tunnel outlet as well as sensors to help monitor flows. The Forest Service also is considering opening up a route for all-terrain vehicles to reach Spirit Lake to assist with maintenance. That proposal has drawn concern from some research scientists who say it could disturb their studies within a sensitive area known as the Pumice Plain.

Source : The Bellingham Herald.

Photos: C. Grandpey

 

Mont St Helens (Etat de Washington / Etats Unis) : Les risques liés au Spirit Lake // The risks linked to Spirit Lake

L’un des sites les plus intéressants et les plus visités du Mount St Helens National Monument est le Spirit Lake, avec tous les troncs d’arbres qui ont été propulsés à la surface du lac par le souffle de l’éruption du 18 mai 1980.
Trente-sept ans après cette éruption, les scientifiques, les ingénieurs, les gestionnaires du territoire, ainsi que les responsables de différentes institutions nationales et locales sont confrontés à un problème majeur créé par l’éruption: comment prévenir les inondations potentiellement dévastatrices que provoquerait un débordement du Spirit Lake.
Un nouveau rapport publié au cours de l’été 2017 par le Service Américain des Eaux et Forêts (USFS) décrit les dangers naturels – volcaniques, sismiques et hydrologiques – et les risques associés qui doivent être pris en compte pour gérer le niveau d’eau du Spirit Lake.
L’éruption de 1980 a provoqué un énorme glissement de terrain, avec un amas gigantesque de roches et de glace qui s’est précipité sur 22 kilomètres dans le lit de la North Fork Toutle River, remplissant la vallée d’une couche de matériaux d’environ 45 mètres d’épaisseur en une dizaine de minutes.
Une partie de ce glissement de terrain a terminé sa course dans le Spirit Lake. L’amas de matériaux a bloqué l’exutoire naturel du lac et élevé son niveau de 60 mètres. Dans le secteur entre Spirit Lake et la North Fork Toutle River à l’ouest, le dépôt de glissement de terrain atteint 190 mètres d’épaisseur!
Dépourvu d’exutoire, le niveau du lac montait avec chaque orage et au moment de la fonte de la neige au printemps. En août 1982, le niveau du lac a connu une hausse de 16 mètres supplémentaires. Au train où allaient les choses, on prévoyait que l’eau pourrait passer outre le blocage et provoquer une inondation catastrophique en 1985. Une telle inondation aurait probablement fait des victimes et provoqué des dégâts dans les localités en aval le long des rivières Toutle, Cowlitz et Columbia.
Pour prévenir ce risque d’inondation, le président Reagan, le 19 août 1982, a chargé l’Agence Fédérale en charge des Situations d’Urgence (FEMA) d’élaborer une stratégie pour prévenir la rupture de la digue retenant les eaux du Spirit Lake. Diverses solutions ont été proposées et étudiées et, au final, une installation de pompage temporaire a été mise en place pour abaisser et stabiliser le niveau du lac.
Quelques mois plus tard, les ingénieurs de l’armée américaine ont construit un tunnel de 2,5 km de long et de 3 mètres de diamètre à travers une paroi rocheuse sur le côté ouest de Spirit Lake pour permettre le déversement de l’eau dans la rivière North Fork Toutle. Le tunnel contrôle ainsi le niveau du lac depuis 1985.
Cependant, plusieurs réparations majeures et coûteuses dont dû être effectuées sur le tunnel en raison des dégâts provoqués par la pression de la roche qui l’entoure en 1995, 1996 et 2016. De nouvelles réparations sont prévues à l’avenir.
Lorsque des parties du tunnel sont en travaux, il est fermé pendant de nombreux mois. Les réparations ont toujours lieu pendant la saison des pluies d’hiver afin d’assurer un débit adéquat vers l’aval pour les poissons. Lorsque le tunnel est fermé, le niveau du lac monte et, au cours de chaque réparation, l’eau se rapproche de son niveau de sécurité maximum. De tels niveaux d’eau élevés suscitent des inquiétudes. Il suffirait que le lac s’élève de quelques mètres supplémentaires pour qu’il génère des très sérieux problèmes.
Pour répondre à cette préoccupation, un groupe de travail  incluant plusieurs institutions a évalué les risques liés au tunnel actuel et essayé de trouver des solutions alternatives. Le nouveau rapport résume ces risques potentiels, y compris ceux d’un chenal qui serait creusé juste sous le cratère du volcan, une option qui serait exposée à des événements volcaniques qui pourraient bloquer ou endommager le chenal. Il y aurait aussi la solution d’un tuyau enterré dans les dépôts de matériaux laissés par le glissement de terrain. On attend un autre rapport en provenance de l’Académie Nationale des Sciences. Il se concentrera sur un « cadre de travail pour la prise de décisions techniques liées à la gestion à long terme des risques liés au système Spirit Lake / Toutle River» et prendra en considération les « priorités régionales économiques, culturelles et sociétales ».
A l’heure actuelle, le Service Américain des Eaux et Forêts  n’a pris aucune décision concernant l’évacuation de l’eau du Spirit Lake. Le nouveau rapport aidera à prendre une décision au vu des risques volcaniques, sismiques et hydrologiques qui menacent chaque solution alternative, ainsi que les coûts sur le long terme.
Source: Hawaiian Volcano Observatory.

—————————————–

One of the highlights of the Mount St Helens National Monument is Spirit Lake and all the tree trunks that were blown to its surface by the blast of may 18th 1980.

Thirty-seven years after the eruptions, scientists, engineers, land managers, and federal, state, and county officials are still grappling with a challenge created by the eruption: how to prevent potentially massive downstream flooding by the release of water from Spirit Lake.

A new report published during the summer 2017 by the U.S. Forest Service (USFS) describes the natural hazards – volcanic, seismic, and hydrologic – and risks associated to manage the water level of Spirit Lake.

The 1980 eruption began with an enormous landslide. It released a series of massive blocks of rock and ice that sped 22 kilometres down the North Fort Toutle River, filling the valley to an average of depth of about 45 metres in about 10 minutes.

Part of the landslide slammed into Spirit Lake, blocking its natural outlet and raising the lake level by 60 metres. In the area between Spirit Lake and the North Fork Toutle River to the west, the landslide deposit is as thick as 190 metres!

Without an outlet, the lake rose with each rainstorm and seasonal snowmelt. By August 1982, the lake level had risen another 16 metres. At that filling rate, water was projected to possibly breach the blockage and produce a catastrophic flood by 1985. Such a flood would likely lead to loss of life and extensive damage in communities downstream along the Toutle, Cowlitz and Columbia rivers.

To mitigate this potential flood hazard, President Reagan, on August 19th 1982, directed the Federal Emergency Management Agency (FEMA) to develop a strategy to prevent breaching of the landslide blockage. While various outlet alternatives were proposed and studied, a temporary pumping facility was installed to lower and stabilize the lake level.

Ultimately, the U.S. Army Corps of Engineers constructed a 2.5-km-long long, 3-metre diameter tunnel through a bedrock ridge on the west side of Spirit Lake to deliver its water back into the North Fork Toutle River. The tunnel has successfully controlled the lake level since 1985.

However, several major and costly repairs to the tunnel, owing to damage caused by surrounding rock squeezing it, were necessary in 1995, 1996 and 2016. Additional repairs are expected in the future.

When sections of the tunnel are repaired or upgraded, the tunnel is closed for many months. Repairs always happen during the winter rainy season to ensure adequate streamflow downstream for fish. With the tunnel closed, the lake level rises, and during each repair water has approached its maximum safe level. Such high water levels raise concern. If the lake rises only a few metres higher than it has during prior repairs, the consequences could be severe.

To address this concern, an interagency task force evaluated risks associated with the current tunnel and alternative outlets. The new report summarizes those potential risks, including those to an engineered open channel just below the volcano’s north-facing crater, an option exposed to volcanic events that could block or damage the channel, and a buried pipe through the chaotic landslide deposit. Another report is expected soon from the National Academy of Sciences. This report will focus on a “framework for technical decision making related to the long-term management of risks related to the Spirit Lake/Toutle River system” and take into consideration “regional economic, cultural and societal priorities.”

As yet, the USFS has not made any decisions regarding a new outlet strategy. The new reports will help inform such decisions given the volcanic, seismic and hydrologic hazards that threaten each alternative as well as the long-term costs.

Source : Hawaiian Volcano Observatory.

Photos: C. Grandpey

Spirit Lake: La mémoire de l’éruption du St Helens (Mai 1980)

drapeau francaisSpirit Lake est l’un des sites les plus spectaculaires du Mount St Helens National Monument, dans l’Etat de Washington. Il montre la violence de l’éruption. Bien que la Nature reprenne ses droits année après année ailleurs dans le Parc, Spirit Lake est un rappel que le Mont St Helens est un volcan actif qui peut de nouveau entrer en éruption.
Au cours de l’éruption de 1980 du Mont Saint Helens, Spirit Lake a reçu le blast de plein fouet, autrement dit l’explosion latérale qui a déplacé une grande partie du lac, avec une vague qui atteignait 260 mètres de hauteur. L’explosion a brisé les arbres comme de simples allumettes et projeté dans le Spirit Lake d’autres éléments de végétation, de la cendre et des matériaux volcaniques de diverses origines. Les dépôts de l’éruption ont bouché le chenal d’évacuation du lac, provoquant une élévation de sa surface d’une soixantaine de mètres. Les milliers d’arbres brisés ont formé un immense radeau flottant qui couvrait environ 40% de la surface du lac. Le spectacle de ces troncs d’arbres est encore très impressionnant aujourd’hui.

Comme je l’ai écrit dans une note le 19 mai 2015, le problème aujourd’hui est que l’ouverture du tunnel se rétrécit. Les ingénieurs disent que si le rétrécissement se poursuit, l’Interstate-5, l’autoroute qui traverse l’État de Washington, pourrait être inondée. Les géologues indiquent que le responsable de cette situation est le mouvement des roches sous la surface. Le fond du tunnel se soulève et déforme sa structure.
En Octobre 2013, le tunnel avait une ouverture de 2,60 mètres. Un an plus tard, son diamètre n’était plus que de 2,15 mètres. En avril 2015, l’ouverture n’était plus que de 2 mètres, sous l’effet du soulèvement.
Si le tunnel venait à s’effondrer, le lac pourrait déborder et provoquer une catastrophe. Dans un rapport récent, le US Army Corps a écrit que «dans le pire des cas, un débordement du lac pourrait détruire tous les itinéraires de transport » à l’ouest du lac, dans le sud de l’Etat de Washington le long de la vallée de la Cowlitz, y compris l’Interstate-5 et les principales lignes de chemin de fer Nord-Sud.
La catastrophe ne semble pas imminente, mais des mesures doivent être prises.

———————————————

drapeau anglaisSpirit Lake is one of the most dramatic sites of Mount St Helens national Monument. It shows the violence of the eruption. While Nature is recovering year after year elsewhere in the Park, Spirit Lake is a reminder that Mount St Helens is an active volcano that may erupt again in the future.

During the 1980 eruption of Mount St. Helens, Spirit Lake received the full impact of the lateral blast which temporarily displaced much of the lake from its bed and triggered a wave as high as 260 metres. The blast blew away the trees as if they were matches and carried away other plant material, volcanic ash, and volcanic debris of various origins into Spirit Lake. The deposits from the eruption blocked its natural pre-eruption outlet, raising the surface elevation of the lake by about 60 metres. The thousands of shattered trees formed a floating log raft on the lake surface that covered about 40% of the lake’s surface.

As I put it in a note of May 19th 2015, the problem today is that the opening of the tunnel is narrowing. Experts say if the narrowing goes on, Interstate-5 in Washington State could be inundated. Geologists say shifting rock formations under the surface are to blame. The bottom of the tunnel is actually pushing up into the tunnel and deforming the shape.

In October 2013, the tunnel had an opening of 2,60 metres. One year later, the tunnel was constricted to 2,15 metres. In April 2015, the uplift reduced the opening to 2 metres.

If the tunnel were to collapse, the lake could fill up and overflow, causing a catastrophe.

In a recent report, the U.S. Army Corps wrote that « this worst case possibility would destroy all transportation routes » to the west of the lake, in southern Washington along the Cowlitz Valley, including Interstate-5 and the main North-South rail lines. The disaster does not seem to be imminent but measures need to be taken.

 

Quelques images de Spirit Lake vu depuis Windy Ridge, avec un aperçu du cratère et du glacier (Photos: C. Grandpey)