La suppression du 8 mai choque la Martinique !

En présentant les grandes lignes du budget 2026, le Premier Ministre François Bayrou a évoqué la suppression de deux jours fériés, citant notamment le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette annonce a été particulièrement mal accueillie en Martinique, car le 8 mai commémore l’éruption meurtrière de la montagne Pelée en 1902.

Chaque 8 mai, la Martinique ne commémore pas uniquement la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi les victimes de l’éruption de la Montagne Pelée. Le 8 mai 1902 à 8h02, Saint-Pierre, alors capitale économique et culturelle de l’île, a été anéantie par une nuée ardente. En quelques instants, près de 30 000 personnes ont péri dans les flammes et les cendres.

Depuis plus d’un siècle, chaque 8 mai, la mémoire de cette catastrophe est honorée à Saint-Pierre et dans toute la Martinique. La perspective de voir disparaître ce jour férié provoque aujourd’hui l’indignation. Le maire de Saint-Pierre a exprimé son désaccord : « Effacer cette date qui trace la plus grande tragédie naturelle du 20ème siècle, ce serait incompréhensible pour nous. Ce n’étaient pas seulement 28 000 Pierrotins, mais 28 000 Martiniquais. 28 000 Français. » Selon le premier magistrat de Saint-Pierre, cette date devrait même faire l’objet d’une reconnaissance nationale plus marquée, tant elle est méconnue dans l’Hexagone. Il appelle à une mobilisation des élus locaux et des parlementaires pour rappeler l’importance de cette mémoire collective.

Dans les rues de Fort-de-France, les réactions sont tout aussi défavorables à la proposition du Premier Ministre.. Comme l’a déclaré une habitante, « ce sont des propositions abusives. Le 8 mai, en Martinique une date très particulière qu’on ne saurait oublier pour un caprice politique. »

La proposition de François Bayrou réveille en Martinique des douleurs anciennes et soulève une question plus large : quelle place accorde-t-on aux mémoires ultramarines dans l’histoire nationale ?

Source : Martinique la 1ère.

La Montagne Pelée et Saint-Pierre (Photo: C. Grandpey)

Martinique : simulation d’un effondrement de la Montagne Pelée à Saint Pierre…

Dans la matinée du 23 mars 2023, la ville de Saint-Pierre (Martinique) a été le théâtre d’une nouvelle simulation « Caribe Wave ». Pour cette 12ème édition, « un tsunami causé par l’effondrement du flanc de la Montagne Pelée » était l‘une des deux fictions retenues par l’organisation de cette mise en scène annuelle. L’objectif est de « valider et de faire progresser les efforts de préparation aux tsunamis dans les Caraïbes et les régions adjacentes ».

L’événement était organisé, comme chaque année, par la Commission océanographique intergouvernementale de coordination pour les tsunamis et autres systèmes d’alerte aux risques côtiers pour la mer des Caraïbes et les régions adjacentes de l’UNESCO.

Pour le « Caribe Wave 2023 », 2 scénarios ont été retenus par les coordonnateurs. Le premier simule « un tsunami généré par un séisme de magnitude M 7,6 dans le golfe du Honduras ». Le deuxième scénario concerne « un tsunami causé par un effondrement du flanc du volcan de la Montagne Pelée » à Saint-Pierre.

Le but de cet exercice est de tester les plans d’urgence en cas de catastrophe naturelle,.de valider et de faire progresser les efforts de préparation aux tsunamis dans les Caraïbes et les régions adjacentes.

Au fil du temps, les plans d’urgence sont mis à jour et du nouveau personnel est intégré aux opérations tsunami, une bonne occasion de se familiariser et de revoir et tester les procédures actuelles.

Le Bureau caribéen du centre international d’information sur les tsunamis « se concentre sur le renforcement et le maintien du système d’observation des tsunamis ainsi que sur l’amélioration continue de la sensibilisation, de l’éducation et de la préparation aux tsunamis, y compris la mise en œuvre des programmes ». 48 États et territoires des Caraïbes et de l’Atlantique Ouest sont associés à cette opération.

Source : Martinique la 1ère.

Photo: C. Grandpey

Martinique : il y a 120 ans, la Pelée détruisait Saint Pierre

A l’occasion du 120ème anniversaire de la Montagne Pelée, la Martinique organise la 47ème édition du « Mai de Saint-Pierre », avec de nombreuses manifestations que vous trouverez en cliquant sur ce lien :

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/la-47e-edition-du-mai-de-saint-pierre-se-veut-memorielle-et-culturelle-1278748.html

On peut lire ce 8 mai 2022 sur le site Martinique la 1ère un intéressant article intitulé « Les leçons politiques éclairantes de l’éruption de la Pelée. »

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/les-lecons-politiques-eclairantes-de-l-eruption-de-la-pelee-1280980.html

En marge de cette éruption, je recommande la lecture du livre de Daniel Picouly « Quatre-vingt-dix secondes » qui livre une approche très originale de ce tragique événement.

Saint-Pierre et la Montagne Pelée aujourd’hui

Cachot de Louis-Auguste Cyparis, l’un des deux survivants

N’oublions pas Alfred Lacroix qui a remarquablement décrit l’événement

Photos : C. Gtandpey

 

8 mai 2021 : Saint Pierre n’oublie pas !

Tous les ans le 8 mai, des cérémonies sont organisées à Saint Pierre (Martinique) en mémoire des victimes de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Cette année encore, les festivités du « Mai de Saint-Pierre » seront perturbées à cause de la situation sanitaire. Il y aura essentiellement des dépôts de gerbes, une cérémonie protocolaire, une messe et un hommage à Louis Delgrès, illustre Martiniquais né à Saint-Pierre le 2 août 1766. Il a combattu toute sa vie contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en 1794 et a choisi de mourir pour défendre ses idéaux en 1802.

En 2020, lors du premier confinement, le conservatoire de la ville de Saint Pierre, le Rotary Club et la municipalité avaient convié les habitants « à ne pas oublier cette journée tragique » en allumant un lumignon devant leurs portes. Faute de rassemblement, ce geste symbolique était souhaité par la mairie, « en mémoire de tous les trépassés de cette éruption meurtrière ».

Si le 3ème confinement de 2021 est un peu moins contraignant, la municipalité de Saint Pierre joue tout de même la prudence. Un programme allégé est en effet proposé :

Le 6 mai, le dépôt d’une gerbe a célébré l’arrivée des Indiens en Martinique. En effet, c’est le 6 mai 1853 que l’Aurélie, a accosté à Saint-Pierre, avec à son bord 300 Indiens. 25 000 d’entre eux migreront en Martinique et 42 000 vers la Guadeloupe, pour remplacer les Africains dans les plantations.

Une cérémonie protocolaire commémorera le 8 mai 1945 et la fin de la seconde guerre mondiale.

Une messe à la Cathédrale du Mouillage aura lieu aujourd’hui en mémoire des disparus du 8 mai 1902. Elle sera suivie d’une procession à l’Ossuaire, où sera déposée une gerbe.

Le 21 mail il y aura un dépôt de gerbe devant la fresque « TraceJectoire » inaugurée en 2019. Elle rend hommage aux esclaves qui se sont révoltés lors des insurrections de mai 1848 et à tous ceux qui ont combattu l’esclavage.

28 mai : Commémoration de la mort de Louis Delgrès devant l’Escalier de l’Intendance du collège qui porte son nom.

En 2022, 120 ans après, Saint-Pierre se souviendra de la tragédie de 1902 et ses quelque 30 000 victimes. Les célébrations se dérouleront de mai 2022 à mai 2023, centenaire de la renaissance de la Ville « qui a cessé d’être une commune le 10 février 1910. »

Photos : C. Grandpey