Le « Panorama du Kilauea » de Jules Tavernier et le « Cyclorama du Kilauea » de Lorrin Thurston

drapeau-francaisDans le numéro de septembre 2016 de la revue de L’Association Volcanologique Européenne (LAVE), Dominique Decobecq a consacré deux pages à Jules Tavernier, peintre français du XIXe siècle qui s’est rendu à Hawaï en 1884. Il est rapidement devenu célèbre avec des toiles montrant le lac de lave qui débordait fréquemment dans le cratère de l’Halema’uma’u à cette époque. Jusqu’à sa mort en mai 1889, il a peint des tableaux de différentes tailles montrant des vues emblématiques de l’activité du lac de lave. De nos jours, ces peintures sont très recherchées et très coûteuses. Jules Tavernier n’était pas le seul à peindre le Kilauea. À la fin du 19ème siècle, plusieurs artistes s’évertuaient à transposer sur leurs toiles les couleurs vives du lac de lave qui s’agitait sur le volcan.

En 1888, Tavernier a franchi une étape supplémentaire et il a créé une représentation virtuelle du Kilauea, baptisée le «Panorama du Kilauea». Il s’agissait d’une toile de 3 mètres de haut disposée autour d’un cercle d’un périmètre de 27 mètres.
Le Daily Bulletin (un journal de Honolulu) a décrit en ces termes l’expérience vécue par le spectateur: «A partir de la plate-forme où se trouve le visiteur [avec la toile autour de lui], la scène devient impressionnante. Debout au centre du cratère, avec l’Halema’uma’u … et la Volcano House situés au bon endroit, la scène semble extrêmement réaliste. Plus le visiteur regarde, plus il a l’impression qu’il se trouve réellement à l’intérieur du Kilauea. Le « Panorama du Kilauea » a été exposé dans le Royaume d’Hawaï pendant un certain temps avant d’être expédié aux États-Unis. Il a finalement abouti à Washington, D.C., pour une exposition publique. Malheureusement, il ne reste aucune trace, ni aucune photo de cette précieuse toile.
Quelques années plus tard, Lorrin A. Thurston, un homme politique à la tête de descendants de missionnaires américains et d’expatriés dans le Royaume d’Hawaï, cherchait un moyen de promouvoir le tourisme à Hawaii et d’encourager les Américains à y s’établir. Il a proposé une exposition d’Hawaï à la World Fair de Chicago de 1893. Après le succès du «Panorama du Kilauea» de Jules Tavernier, Thurston a pensé qu’un grand «Cyclorama» du Kilauea pourrait être une bonne façon de faire connaître Hawaï. Le Cyclorama de Thurston avait 15 mètres de haut et une circonférence de 120 mètres, soit plus de quatre fois la taille du Panorama de Tavernier. Le « Cyclorama du Kilauea » de Thurston, accompagné d’expositions agricoles et d’un village hawaïen, avec musiciens et des danseurs de hula, a ensuite été exposé à la Midwinter Fair de San Francisco en 1894-1895 et à l’occasion de plusieurs autres expositions sur le continent américain au début du 20ème siècle.
On ne sait pas si les réalisations de Tavernier et Thurston ont vraiment attiré les visiteurs américains à Hawaï, mais elles ont certainement représenté pour des milliers de gens un moyen peu coûteux de se rendre sur le volcan Kilauea.
Source: USGS / HVO.

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drapeau-anglaisIn the September 2016 issue of the bulletin of L’Association Volcanologique Européenne (L.A.V.E.), Dominique Decobecq has devoted two pages to Jules Tavernier, a French painter of the 19th century who travelled to Hawaii in 1884. He became rapidly famous with paintings showing the lava lake which frequently overflowed within Halema’uma’u Crater. Until his death in May 1889, he produced paintings of various sizes that have remained iconic views of the lava lake’s activity during that period and which are much sought after and very expensive on the market today. Jules Tavernier was not alone. In the late 19th century, several artists were perfecting the portrayal of the fiery hues of Kilauea’s lava lake.   Tavernier created several paintings of various sizes that have remained iconic views of the lava lake’s activity during that period.

In 1888, Tavernier went one step further and created a virtual reality depiction of Kilauea volcano, the “Panorama of Kilauea,” a 3-metre-tall canvas arranged in a circle with a 27-metre circumference.

The Daily Bulletin (a Honolulu newspaper) described the viewer’s experience: “On reaching the platform [at the center surrounded by the canvas] from which the visitor gazes, the scene becomes impressive. Standing in the very center of the crater, with Halemaumau … and the Volcano House in their proper positions they appear as realistic as can be. The longer the visitor gazes, the stronger becomes the impression, until he fancies that he is actually in Kilauea.” The “Panorama of Kilauea” was exhibited in the Hawaiian Kingdom for a while before being shipped to the United States. It eventually ended up in Washington, D.C., for public exhibition. Unfortunately, neither this valuable canvas nor any photos of it have ever been found.

A few years later, Lorrin A. Thurston, a rising political leader of American missionary descendants and expatriates in the Hawaiian Kingdom, was looking for ways to accelerate tourism and to encourage Americans to settle in Hawaii. He proposed a Hawaii exhibit at the Chicago World’s Fair to open in 1893. After the success of Tavernier’s “Panorama of Kilauea”, Thurston thought that a larger “Cyclorama” of Kilauea could be used advantageously to advertise Hawaii. Thurston’s Cyclorama was 15 metres high with a circumference of 120 metres, more than four times the size of Tavernier’s panorama. Thurston’s Kilauea Cyclorama, accompanied by agricultural exhibits and a Hawaiian village, including musicians and hula dancers, was later exhibited at the San Francisco Midwinter Fair in 1894–1895, and at several more mainland expositions into the early 20th century.

It is unknown how effective these exhibits were at attracting American visitors to Hawaii, but they certainly provided an inexpensive way for thousands to experience Kilauea Volcano.

Source: USGS / HVO.

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Volcano at Night, toile de Jules Tavernier, exposée au Honolulu Museum of Art

Eruptions volcaniques et couchers de soleil // Volcanic eruptions and sunsets

drapeau francaisUne équipe de chercheurs grecs et allemands a montré que les couleurs des couchers de soleil peints par des artistes célèbres peuvent être utilisées pour estimer les niveaux de pollution dans l’atmosphère de la Terre au cours du passé. En particulier, ces peintures révèlent que la cendre et les gaz libérés lors de grandes éruptions volcaniques dispersent les différentes couleurs de la lumière du soleil, ce qui donne une couleur plus rouge aux couchers de soleil. Les résultats de cette recherche sont publiés dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics.
Un bon exemple est le Tambora (Indonésie) qui est entré en éruption en 1815, tuant quelque 10 000 personnes directement et plus de 60 000 en raison de la famine et de la maladie apparues au cours de l’«hiver volcanique » qui a suivi. En Europe, les peintres ont pu voir les changements de couleurs dans le ciel. La cendre volcanique et les gaz crachés dans l’atmosphère ont fait le tour du monde et, comme ces particules d’aérosols ont dispersé la lumière du soleil, elles ont donné naissance à des couchers de soleil de couleur rouge vif et orange en Europe pendant au moins trois ans après l’éruption. JMW Turner fut l’un de ces artistes qui ont peint les superbes couchers de soleil pendant cette période. Aujourd’hui, les scientifiques utilisent les œuvres du peintre anglais et celles d’autres grands maîtres pour récupérer des informations sur la composition de l’atmosphère au cours des années passées.
L’équipe de chercheurs a analysé des centaines de photos numériques de haute qualité représentant des peintures de couchers de soleil entre 1500 et 2000, période pendant laquelle se sont produites plus de 50 grandes éruptions volcaniques dans le monde. Ils ont essayé de savoir si les quantités relatives de rouge et de vert le long de l’horizon de chaque tableau pourraient fournir des informations sur la quantité d’aérosols dans l’atmosphère. Ils ont constaté que les rapports du rouge au vert mesurés dans les couchers de soleil de tableaux de grands maîtres correspondent bien à la quantité d’aérosols volcaniques dans l’atmosphère, indépendamment des peintres et de l’école de peinture.
Les ciels qui ont été davantage pollués par la cendre volcanique dispersent davantage la lumière du soleil et ils apparaissent donc plus rouge. Des effets similaires sont observés avec les minéraux (la poussière du désert, par exemple) ou les aérosols artificiels. L’air qui renferme une plus grande quantité d’aérosols présente une épaisseur optique des aérosols plus importante, un paramètre de l’équipe scientifique a calculé en utilisant les rapports du rouge au vert dans les peintures. Les chercheurs ont ensuite comparé ces valeurs avec celles données par des révélateurs indépendants tels que des carottes de glace et les données d’explosivité volcanique et ils ont trouvé des correspondances intéressantes.
Afin d’étayer encore davantage leur modèle, les chercheurs ont demandé à un coloriste célèbre de peindre des couchers de soleil pendant et après le passage d’un nuage de poussière du Sahara sur l’île d’Hydra en Juin 2010. (Le peintre n’était pas au courant de la présence d’un nuage de poussière). Les scientifiques ont ensuite comparé les mesures de l’épaisseur optique des aérosols faite par les instruments modernes avec celles estimées à partir des rapports du rouge au vert effectuées sur les peintures et les photographies numériques. Ils ont constaté que des correspondances existaient là aussi.
Dans la mesure où les aérosols diffusent la lumière solaire, une plus faible quantité atteint la surface de la Terre, ce qui conduit à un refroidissement. L’épaisseur optique des aérosols peut être utilisée directement dans les modèles climatiques. Ce paramètre peut donc permettre aux chercheurs de comprendre comment les aérosols ont affecté le climat de la Terre dans le passé. Il peut aussi aider à améliorer les prévisions de changement climatique pour les années à venir.

Source : European Geosciences Union (http://www.egu.eu/)

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drapeau anglaisA team of Greek and German researchers has shown that the colours of sunsets painted by famous artists can be used to estimate pollution levels in the Earth’s past atmosphere. In particular, the paintings reveal that ash and gas released during major volcanic eruptions scatter the different colours of sunlight, making sunsets appear more red. The results are published in the journal Atmospheric Chemistry and Physics.

The Tambora volcano in Indonesia erupted in 1815, killing some 10,000 people directly and over 60,000 more due to the starvation and disease during the ‘volcanic winter’ that followed. Painters in Europe could see the colours of the sky changing. The volcanic ash and gas spewed into the atmosphere travelled the world and, as these aerosol particles scattered sunlight, they produced bright red and orange sunsets in Europe for up to three years after the eruption. J. M. W. Turner was one of the artists who painted the stunning sunsets during that time. Now, scientists are using his, and other great masters’paintings to retrieve information on the composition of the past atmosphere.

The team of researchers analysed hundreds of high-quality digital photographs of sunset paintings done between 1500 and 2000, a period including over 50 large volcanic eruptions around the globe. They tried to find out whether the relative amounts of red and green along the horizon of each painting could provide information on the amount of aerosols in the atmosphere. They found that red-to-green ratios measured in the sunsets of paintings by great masters correlate well with the amount of volcanic aerosols in the atmosphere, regardless of the painters and of the school of painting.

Skies more polluted by volcanic ash scatter sunlight more, so they appear more red. Similar effects are seen with mineral (desert dust) or man-made aerosols. Air with a higher amount of aerosols has a higher ‘aerosol optical depth’, a parameter the team calculated using the red-to-green ratios in the paintings. They then compared these values with those given by independent proxies such as ice-core and volcanic-explosivity data, and found good agreement.

To further support their model, the researchers asked a famous colourist to paint sunsets during and after the passage of a Saharan dust cloud over the island of Hydra in June 2010. The painter was not aware of the dust event. The scientists then compared measurements of the aerosol optical depth made by modern instruments with those estimated from the red-to-green ratios of the paintings and of digital photographs, and found that they all matched well.

Since aerosols scatter sunlight, less of it reaches the surface, leading to cooling.  Aerosol optical depth can be directly used in climate models, so having estimates for this parameter helps researchers understand how aerosols have affected the Earth’s climate in the past. This, in turn, can help improve predictions of future climate change.

Source : European Geosciences Union (http://www.egu.eu/)

Turner

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The Fighting Téméraire tugged to her last Berth to be broken

Turner a été inspiré par des couchers de soleil spectaculaires provoqués par les aérosols volcaniques

(Source:  Wikipedia)