Les cristaux de feldspath du Mont St Helens // Mount St Helens’ feldspar cristals

drapeau francaisPlus de 36 ans après l’éruption du Mont St Helens en mai 1980, des scientifiques présents à la conférence Goldschmidt au Japon – événement réunissant plus de 3500 des meilleurs géochimistes au monde – ont révélé que les cristaux de feldspath inclus dans le magma pourraient permettre d’évaluer le risque de futures éruptions du St Helens et de certains autres volcans actifs dans monde.
Le point central des études effectuées par les géochimistes est le mouvement des cristaux de feldspath. Les chercheurs ont étudié la manière selon laquelle les cristaux de feldspath zonés ont grandi et se sont déplacés sous le St. Helens au cours de la phase pré-éruptive qui a débouché sur l’explosion de 1980. Tout comme les arbres, les cristaux sont constitués de couches concentriques, et comme les anneaux des arbres, les couches offrent aux scientifiques une fenêtre sur la formation et le déplacement des cristaux. Si l’on est capable de lire les données enregistrées dans les cristaux zonés, on apprend où et quand le magma s’est déplacé sous le volcan. L’ascension rapide du magma à des profondeurs de plusieurs kilomètres est une bonne indication que quelque chose d’important est en train de se produire.
Les chercheurs ont constaté que, pendant les trois années qui ont précédé l’éruption du Mt St Helens, les cristaux présents dans le magma sous le volcan sont passés d’une profondeur de plus de 10 kilomètres à moins de 5 kilomètres. C’est la preuve que le système magmatique était devenu instable, probablement au cours des mois ou des années avant l’éruption. Au vu de cette évolution, il est raisonnable de penser qu’une situation semblable précédera d’autres éruptions du St Helens et peut-être de nombreux autres volcans de la planète.
Cependant, la révélation faite lors de la conférence Goldschmidt ne se situe pas dans le cadre de la prévision en temps réel ; il s’agit davantage d’une étude rétrospective de ce qui s’est produit en profondeur sous le volcan avant l’éruption de 1980. Pourtant, les chercheurs espèrent que cette nouvelle approche facilitera les travaux sur d’autres volcans actifs comme le Pinatubo aux Philippines et le Bezymianny en Russie.
Source: The Oregonian.

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drapeau anglaisMore than 36 years after the eruption of Mt St Helens in May 1980, experts at the Goldschmidt conference in Japan, a meeting of more than 3,500 of the world’s top geochemists, have revealed that feldspar crystals in the magma could help experts assess the risk of future eruptions at Mount St Helens and some of the world’s other most active volcanoes.

The focus of the studies was on the movement of feldspar crystals. The researchers looked for signs in the way zoned feldspar crystals grew and moved beneath Mount St. Helens in the build-up to the 1980 eruption. Much like trees, the crystals are made up of concentric layers, and like tree rings, the layers offer scientists a window into the conditions present when the crystals form and how they move as they grow. If one can read the record preserved in the zoned crystals, one can learn where and when magma has moved under the volcano. Rapid upward movement of magma at depths of several kilometres is a good indication that something significant is happening.

Researchers found that, in the three years preceding the Mt St Helens eruption, crystals in the magma beneath the volcano rose from a depth of more than 10 kilometres to less than 5 kilometres. This indicated that the magma system beneath the volcano had become destabilised, probably in the months to years before the eruption. Taking this movement into account, it is reasonable to assume that similar movement will precede any further eruptions on Mt St Helens and perhaps on many other volcanoes.

However, the revelation made during the Goldschmidt conference is not real-time monitoring it is rather a retrospective study of what went down deep beneath the volcano before it erupted. Still, researchers are hopeful this new information will help their studies of other active volcanoes like Mt. Pinatubo in the Philippines and Bezymianny in Russia.

Source: The Oregonian.

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Photo: C. Grandpey

Les frémissements du Mt Hood, du Mont St Helens et de l’Etna // The tremblings of Mt Hood, Mt St Helens and Mt Etna

drapeau-francaisUn essaim sismique a été enregistré sous le Mont Hood (Oregon), près de Government Camp, là où se rencontrent les routes 26 et 35. Les secousses ont commencé dimanche soir et se sont poursuivies jusqu’à lundi. Le premier événement a été détecté dimanche soir avec une magnitude de M 1,1 à une profondeur de 4,3 kilomètres. Des dizaines de petits séismes ont été enregistrés dans la soirée de dimanche, lundi matin et lundi après-midi, avec des magnitudes inférieures à M 1,9 et à une profondeur de 4,9 kilomètres ou moins.
Les sismologues indiquent que cette sismicité n’a pas de quoi inquiéter et ne correspond pas à une activité volcanique. Les séismes se produisent assez fréquemment dans la région et pourraient être provoqués par des mouvements de fluides géothermiques.
Les petits séismes du Mount Hood diffèrent de ceux observés récemment sur le Mont St. Helens (Washington) où ils sont liés au processus de gonflement dû au remplissage des chambres magmatiques superficielles sous le volcan.
Sources: Portland Tribune et USGS.

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Vue du versant méridional du mont Hood (Photo: C. Grandpey)

Une augmentation du tremor et de l’activité sismique est observée sur l’Etna (Sicile) depuis quelques heures. Les dernières informations indiquent que le Crater NE est le coupable. Il est trop tôt pour dire si cette nouvelle sismicité est provoquée une libération d’énergie ou si elle annonce quelque chose de plus sérieux. Les prochains jours vont probablement nous donner la réponse.

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L’activité sismique sur l’Etna (Source: INGV)

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drapeau-anglaisA seismic swarm has been recorded beneath Mount Hood (Oregon), near Government Camp, near to where highways 26 and 35 meet. The quakes began on Sunday night and continued through Monday. The first event was detected on Sunday evening and had a magnitude of M 1.1 at a depth of 4.3 kilometres. Dozens of small quakes followed through Sunday night, Monday morning and into Monday afternoon, all of which were less than M 1.9 and at a depth of 4.9 kilometres or less.

Local seismologists indicate that the quakes as no cause for concern and do not suggest volcanic unrest. They happen quite frequently in the area and could be triggered by the movements of geothermal fluids.

Mount Hood’s tiny quakes differ from those recently observed at Mount St. Helens (Washington) where they are linked to the re-inflating process of the magma chambers in the shallower parts of the volcano.

Sources : Portland Tribune and USGS.

An increase in the tremor and in seismic activity has been observed on Mount Etna (Sicily) in the past hours. The latest information indicates that the NE Crater is the culprit. It is too early to say whether this new seismicity refers to some release of energy or if it announces something more serious. The coming days will probably give us the answer.

Histoire de noms de lieux // About names of places

drapeau-francaisComme je l’ai écrit précédemment, désormais la plus haute montagne des États-Unis ne s’appellera plus Mont Mc Kinley. A la veille de son voyage en Alaska, le président Obama lui a redonné son nom d’origine, Denali, pour faire plaisir aux Alaskiens autochtones qui faisaient campagne depuis longtemps pour renommer la montagne.

NDLR : En acceptant de donner au Mont Mc Kinley son nom d’origine, Obama fait une fleur aux peuplades autochtones dont plusieurs villages côtiers subissent les effets du réchauffement climatique. En amadouant ces peuplades, en les relogeant si nécessaire, il sera bien sûr  plus facile au Président de conduire à sa guise la politique dans l’Océan Arctique, que ce soit au niveau du trafic maritime ou dans le domaine des forages pétroliers.

La décision de donner un nouveau nom à un lieu est généralement prise par le Board on Geographic Names – Conseil américain sur les noms géographiques – qui reçoit des centaines de demandes chaque année pour changer des noms d’entités géographiques dans le pays. Dans chaque cas, le Conseil sollicite les avis des communautés locales, du gouvernement local, de l’Etat et des gestionnaires des terres concernées, telles que les parcs ou les services forestiers. Le Conseil examine aussi les données cadastrales passées et actuelles et vote sur le changement de nom proposé.
Les Alaskiens demandaient au Conseil de renommer le mont McKinley depuis 1975. A cause de la pression politique de l’Ohio, l’Etat où est né le président William McKinley, aucune décision n’avait été prise sur le changement de nom jusqu’à cette semaine. La secrétaire américaine de l’Intérieur a alors exercé son droit d’agir sans l’avis du Conseil. On en devine facilement la raison !

Certains Amérindiens ont demandé que d’autres lieux puissent retrouver officiellement leur nom d’origine. C’est le cas de Devils Tower dans le Wyoming. Le Conseil américain sur les noms géographiques examine en ce moment une proposition du chef spirituel amérindien Arvol Looking Horse de redonner à Devils Tower son nom sioux et cheyenne – Bear Lodge, la Demeure de l’Ours.
Elu au rang de premier Monument National aux Etats Unis en 1906, « Devils Tower » était la traduction erronée de « Bad God’s Tower. » Looking Horse, un Sioux, a affirmé que « Devils Tower » était offensant car cela revient à assimiler les traditions culturelles et religieuses pratiquées sur le site à un «culte du diable » et à considérer les peuples autochtones comme des «diables ».
D’autres noms ont été proposés pour Devils Tower par les autochtones, comme  Bear’s House (par les Crow), Bear’s Tipi (par les Arapaho), et Tree Rock (par les Kiowa).

Les Amérindiens ont également déposé des demandes visant à renommer le Mont Rainier, le point culminant de l’État de Washington. Le nom « Mt. Rainier » a été attribué au volcan par l’explorateur George Vancouver dans les années 1790 pour honorer un membre de la Marine Royale britannique. Parmi les alternatives proposées, on relève Tahoma ou Tacoma, qui signifie « sommet de montagne enneigé », ou Ti’Swaq, qui signifie « nettoyeur des cieux. »
Le Conseil a rejeté à plusieurs reprises de telles propositions car il n’était pas suffisamment prouvé que ces noms alternatifs étaient largement utilisés.

Certains Indiens d’Amérique ne sont pas satisfaits de l’appellation « Mont St. Helens », dans l’ouest du volcan l’État de Washington. Selon l’USGS, le Mont St. Helens était appelé Louwala-Clough, ou Montagne Fumante, par certains Amérindiens locaux. Mais en 1792, c’est encore George Vancouver qui lui a donné son nom actuel, cette fois en référence à l’ambassadeur britannique  en Espagne, Alleyne Fitzherbert, dont le titre était Baron St. Helens.
Le Conseil américain sur les noms géographiques indique qu’il n’a pas reçu suffisamment de soutien local pour prononcer un tel changement.
Source: National Geographic.

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drapeau anglaisAs I put it previously, the highest mountain of the United States will no longer be called Mount Mc Kinley. On the eve of his trip to Alaska, President Obama gave it back its native name, Denali, to please Native Alaskans who had been lobbying to rename the mountain.

Such a naming decision is usually made by the U.S. Board on Geographic Names which receives hundreds of requests each year to change the names of geographical features all over the country. In each case, it solicits input from the local community, local government, the state, and relevant land managers, such as the parks or forestry service. The board reviews past and current maps and votes on the proposed change.

Alaskans had been asking the board to rename Mount McKinley since 1975. In the face of political pressure from Ohio, the birthplace of President William McKinley, no decision had been made on the name change until this week, when the U.S. Secretary of Interior exercised her right to act without the board.

Some Native Americans have asked that the indigenous names of other peaks also be officially restored: One of them is Devil’s Tower. The board is considering a proposal from Native American spiritual leader Arvol Looking Horse to rename Devil’s Tower in Wyoming to the traditional Sioux and Cheyenne name, Bear Lodge.

Designated as the country’s first national monument in 1906, « Devils Tower » was a white man’s mistranslation of the words « Bad God’s Tower, » Looking Horse, a Sioux, said “Devils Tower” was offensive « because it equates cultural and faith traditions practiced at this site to ‘devil worship,’ in essence equating indigenous people to ‘devils.' »

Other Native names for Devil’s Tower include Bear’s House (Crow), Bear’s Tipi (Arapaho), and Tree Rock (Kiowa).

Native Americans have filed several requests over the years to rename Mount Rainier, the highest point in Washington State. The name Mt. Rainier was bestowed by explorer George Vancouver in the 1790s to honor a fellow member of the British Royal Navy (one who fought against the U.S. in the Revolution). Alternative names suggested include Tahoma or Tacoma, which mean “snowy mountain peak,” or Ti’Swaq, which means “sky wiper.”

The Board has repeatedly rejected the proposals because of insufficient evidence that alternative names are widely used.

Some American Indians have complained about the origin of the name Mt. St. Helens, the volcano in western Washington State. According to the United States Geological Survey, Mount St. Helens was called  Louwala-Clough, or Smoking Mountain, by some local Native Americans. But in 1792 it was also named by George Vancouver, this time for the British Ambassador to Spain, Alleyne Fitzherbert, whose title was Baron St. Helens.

The Board says it isn’t aware of much local support for such a change.

Source: National Geographic.

Photos: C. Grandpey

Spirit Lake: La mémoire de l’éruption du St Helens (Mai 1980)

drapeau francaisSpirit Lake est l’un des sites les plus spectaculaires du Mount St Helens National Monument, dans l’Etat de Washington. Il montre la violence de l’éruption. Bien que la Nature reprenne ses droits année après année ailleurs dans le Parc, Spirit Lake est un rappel que le Mont St Helens est un volcan actif qui peut de nouveau entrer en éruption.
Au cours de l’éruption de 1980 du Mont Saint Helens, Spirit Lake a reçu le blast de plein fouet, autrement dit l’explosion latérale qui a déplacé une grande partie du lac, avec une vague qui atteignait 260 mètres de hauteur. L’explosion a brisé les arbres comme de simples allumettes et projeté dans le Spirit Lake d’autres éléments de végétation, de la cendre et des matériaux volcaniques de diverses origines. Les dépôts de l’éruption ont bouché le chenal d’évacuation du lac, provoquant une élévation de sa surface d’une soixantaine de mètres. Les milliers d’arbres brisés ont formé un immense radeau flottant qui couvrait environ 40% de la surface du lac. Le spectacle de ces troncs d’arbres est encore très impressionnant aujourd’hui.

Comme je l’ai écrit dans une note le 19 mai 2015, le problème aujourd’hui est que l’ouverture du tunnel se rétrécit. Les ingénieurs disent que si le rétrécissement se poursuit, l’Interstate-5, l’autoroute qui traverse l’État de Washington, pourrait être inondée. Les géologues indiquent que le responsable de cette situation est le mouvement des roches sous la surface. Le fond du tunnel se soulève et déforme sa structure.
En Octobre 2013, le tunnel avait une ouverture de 2,60 mètres. Un an plus tard, son diamètre n’était plus que de 2,15 mètres. En avril 2015, l’ouverture n’était plus que de 2 mètres, sous l’effet du soulèvement.
Si le tunnel venait à s’effondrer, le lac pourrait déborder et provoquer une catastrophe. Dans un rapport récent, le US Army Corps a écrit que «dans le pire des cas, un débordement du lac pourrait détruire tous les itinéraires de transport » à l’ouest du lac, dans le sud de l’Etat de Washington le long de la vallée de la Cowlitz, y compris l’Interstate-5 et les principales lignes de chemin de fer Nord-Sud.
La catastrophe ne semble pas imminente, mais des mesures doivent être prises.

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drapeau anglaisSpirit Lake is one of the most dramatic sites of Mount St Helens national Monument. It shows the violence of the eruption. While Nature is recovering year after year elsewhere in the Park, Spirit Lake is a reminder that Mount St Helens is an active volcano that may erupt again in the future.

During the 1980 eruption of Mount St. Helens, Spirit Lake received the full impact of the lateral blast which temporarily displaced much of the lake from its bed and triggered a wave as high as 260 metres. The blast blew away the trees as if they were matches and carried away other plant material, volcanic ash, and volcanic debris of various origins into Spirit Lake. The deposits from the eruption blocked its natural pre-eruption outlet, raising the surface elevation of the lake by about 60 metres. The thousands of shattered trees formed a floating log raft on the lake surface that covered about 40% of the lake’s surface.

As I put it in a note of May 19th 2015, the problem today is that the opening of the tunnel is narrowing. Experts say if the narrowing goes on, Interstate-5 in Washington State could be inundated. Geologists say shifting rock formations under the surface are to blame. The bottom of the tunnel is actually pushing up into the tunnel and deforming the shape.

In October 2013, the tunnel had an opening of 2,60 metres. One year later, the tunnel was constricted to 2,15 metres. In April 2015, the uplift reduced the opening to 2 metres.

If the tunnel were to collapse, the lake could fill up and overflow, causing a catastrophe.

In a recent report, the U.S. Army Corps wrote that « this worst case possibility would destroy all transportation routes » to the west of the lake, in southern Washington along the Cowlitz Valley, including Interstate-5 and the main North-South rail lines. The disaster does not seem to be imminent but measures need to be taken.

 

Quelques images de Spirit Lake vu depuis Windy Ridge, avec un aperçu du cratère et du glacier (Photos: C. Grandpey)