Si l’AMOC s’arrêtait : les conséquences pour l’Islande // If AMOC broke down : the consequences for Iceland

J’ai expliqué à plusieurs reprises (le 8 août 2021 par exemple) que le réchauffement climatique pourrait provoquer un changement de comportement des courants océaniques, notamment du Gulf Stream. La mise à l’arrêt de la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique (AMOC) serait désastreuse pour les pays dont le climat est tempéré par les eaux de ce courant.
Il est bon de rappeler que l’AMOC est l’un des principaux systèmes de courants océaniques de notre planète. Il transporte les eaux de surface chaudes des Caraïbes vers l’Atlantique nord, et rapatrie l’eau froide en sens inverse. Ce tapis roulant géant répartit la chaleur reçue du soleil et influence les climats dans de nombreuses régions du monde.
Le problème, c’est qu’avec la fonte des glaces du Groenland et de l’Arctique sous les coups de boutoir du réchauffement climatique, ce système est fortement perturbé au Nord. Les calottes glaciaires apportent de l’eau douce moins dense que l’eau salée, ce qui ralentit le tapis roulant.
Lors d’une conférence donnée en Islande, un professeur d’océanographie de l’Université de Potsdam a confirmé qu’un arrêt des courants océaniques de l’Atlantique Nord pourrait conduire à un changement radical du climat et des conditions météorologiques en Islande dès les années 2030. Le pire scénario verrait les températures moyennes chuter de 10 degrés Celsius en hiver. L’Islande est menacée, mais tous les pays – y compris la France – qui bordent l’océan Atlantique sont concernés eux aussi. Le professeur a ajouté : « Personnellement, je pense que les risques de ces changements océaniques, en particulier pour les Islandais et les habitants des autres pays nordiques, sont si importants que le gouvernement islandais devrait prendre des mesures d’urgence en collaboration avec les autres gouvernements nordiques. »
Le professeur de l’Université de Potsdam a expliqué que l’AMOC, un système de courants océaniques qui transporte les eaux chaudes des couches supérieures de l’Atlantique vers le nord, tout en envoyant de l’eau froide, salée en profondeur vers le sud, risque de s’arrêter en raison du réchauffement climatique. Ce système génère des températures relativement douces en Islande alors que le pays se trouve à des latitudes septentrionales. Même sans une rupture totale de l’AMOC, les modèles montrent une forte probabilité de refroidissement des océans autour de l’Islande. « Cela pourrait se produire dans les années 2030 et je m’attends à ce que cela ait de graves conséquences sur l’Islande. »
Toujours selon le professeur, un arrêt complet de l’AMOC pourrait se produire d’ici quelques décennies, sauf si les émissions de gaz à effet de serre sont considérablement réduites. Ce scénario pourrait entraîner une baisse de la température moyenne en Islande de 2 degrés Celsius, avec une baisse de 10 degrés en hiver. « Je suis sûr que ce changement de température moyenne sur le long terme ne donne qu’une idée très superficielle de ce que cela signifierait, car des différences accrues de température entre les régions voisines qui se réchauffent et celles qui se refroidissent aurait un impact significatif sur les systèmes météorologiques, avec des extrêmes difficiles à imaginer. »
Source : Iceland Review.

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I have warned in several posts (on August 8th, 2021, for instance) that global warming might cause a change in the behaviour of ocean currents, especially the Gulf Stream. A breakdown of the Atlantic meridional overturning circulation (AMOC) would be disastrous for countries whose climate is made mild and temperate by this current’s waters.

It is worth remembering that AMOC is one of the main ocean current systems on our planet. It carries warm surface water from the Caribbean to the North Atlantic, and repatriates cold water in the opposite direction. This giant treadmill distributes the heat received from the sun and influences climates in many parts of the world.
The problem is that with the melting of the ice in Greenland and the Arctic under the blows of global warming, this system is severely disrupted in the North. Ice caps bring fresh water which is less dense than salt water, slowing down the conveyor belt.

During a conference delivered in Iceland, a professor of physics of the oceans at Potsdam University has warned that a breakdown of North Atlantic Ocean currents could lead to a drastic change in Iceland’s climate and weather patterns as soon as the 2030s. The worst case scenario could see average temperatures drop by 10 degrees Celsius in winter. Iceland is under threat, but all the countries – including France – that lie along the Atlantic Ocean. The professor added : “Personally, I think the risks of these oceanic changes particularly for the people of Iceland and other Nordic countries are so serious that the Icelandic government should urgently take some steps together with other Nordic governments.”

The University of Postdam professor warned that AMOC, a system of ocean currents bringing warm sea in the Atlantic’s upper layers to the north, while sending cold, salty, deep water to the south, is in danger of breaking down due to global warming. This system leads to higher temperatures in Iceland than should be expected for a country situated so far north. Even without a full breakdown of the AMOC system, models show an increased likelihood of cooling in the oceans around Iceland.  “This could happen in the 2030s and I expect it to have serious impacts on Iceland.”

In his opinion, a full breakdown of AMOC could happen within a few decades, unless greenhouse gas emissions are significantly reduced. This scenario could lead to median temperatures in Iceland dropping by 2 degrees Celsius, with a 10 degree drop in the winters. “I am sure this long-term average temperature change only gives a very superficial idea of what it would mean, since the increase in temperature differences between neighbouring regions that are warming and those that are cooling would have a massive impact on weather systems, leading to extremes that are hard to imagine.”

Source : Iceland Review.

https://www.icelandreview.com/

Et si le Gulf Stream s’arrêtait ? // What if the Gulf Stream stopped ?

J’ai écrit plusieurs notes sur ce blog à propos de l’affaiblissement de l’AMOC, autrement dit la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique, par exemple le 17 avril 2018, le 3 août 2020, ou encore le 8 août 2021. Aujourd’hui, les scientifiques pensent que « l’océan Atlantique se dirige vers un point de non-retour avec le Gulf Stream. » C’est le titre d’un article publié sur le site The Conversation. Les chercheurs craignent que le réchauffement climatique puisse arrêter la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique, essentielle au transport de la chaleur des tropiques vers les latitudes septentrionales. Un tel arrêt aurait inévitablement de graves conséquences.

Au cours des dernières années, à partir de 2004, les instruments ont montré que la circulation du Gulf Stream dans l’océan Atlantique a considérablement ralenti, atteignant peut-être son état le plus faible depuis près d’un millénaire. Des études montrent également que la circulation a déjà atteint un point de basculement dans le passé et qu’elle pourrait à nouveau l’atteindre à mesure que la planète se réchauffe et que les glaciers et les calottes glaciaires fondent.
Dans une nouvelle étude utilisant des modèles climatiques dernière génération, les scientifiques ont simulé la circulation de l’eau douce dans l’océan jusqu’à ce qu’elle atteigne ce point de non-retour. Les résultats montrent que la circulation pourrait s’arrêter complètement d’ici un siècle après avoir atteint le point de basculement, et qu’elle se dirige désormais dans cette direction. Si ce point critique était atteint, les températures moyennes chuteraient de plusieurs degrés en Amérique du Nord, dans certaines parties de l’Asie et de l’Europe, et les populations subiraient des conséquences graves et en cascade dans le monde entier.
Dans la circulation de l’océan Atlantique, les eaux de surface relativement chaudes et salées proches de l’équateur s’écoulent vers le Groenland. Au cours de ce voyage, elles traversent la mer des Caraïbes, remontent dans le golfe du Mexique, puis longent la côte est des États-Unis avant de traverser l’Atlantique. Ce courant, le Gulf Stream, apporte de la chaleur en Europe. À mesure qu’elle s’écoule vers le nord et se refroidit, la masse d’eau devient plus lourde. Au moment où elle atteint le Groenland, elle commence à s’enfoncer et à se diriger ensuite vers le sud. Au moment où l’eau s’enfonce, il se produit un nouvel apport ailleurs dans l’Atlantique, lançant un cycle qui se répète, comme un tapis roulant.

Une trop grande quantité d’eau douce provenant de la fonte des glaciers et de la calotte glaciaire du Groenland fait baisser la salinité de l’eau et donc l’empêche de s’enfoncer, ce qui affaiblit l’énergie du tapis roulant océanique. Il s’ensuit un engrenage : un tapis roulant plus faible transporte moins de chaleur vers le nord et permet également à moins d’eau plus lourde d’atteindre le Groenland, ce qui affaiblit encore davantage la force du tapis roulant. Une fois atteint le point de basculement, le tapis roulant s’arrête rapidement. La dernière étude a révélé qu’il pourrait s’arrêter d’ici une centaine d’années.
Si le Gulf Stream s’arrêtait, cela ferait chuter la température de quelques degrés sur les continents nord-américain et européen. Selon l’étude, certaines parties du continent se refroidiraient de plus de 3 degrés Celsius par décennie, bien plus rapidement que le réchauffement climatique actuel qui est d’environ 0,2 degré Celsius par décennie. En revanche, les régions de l’hémisphère sud se réchaufferaient de quelques degrés. Ces changements de température s’étaleraient sur une centaine d’années.
L’arrêt du tapis roulant affecterait également le niveau de la mer et la configuration des précipitations. Par exemple, la forêt amazonienne est vulnérable à la baisse des précipitations. Si son écosystème forestier se transformait en prairies, la transition libérerait du carbone dans l’atmosphère et entraînerait la perte d’un précieux puits de carbone, accélérant ainsi le réchauffement climatique.
L’AMOC s’est déjà considérablement ralenti dans un passé lointain. Lorsque les calottes glaciaires qui recouvraient une grande partie de la planète fondaient, l’apport d’eau douce ralentissait la circulation atlantique, déclenchant d’énormes fluctuations climatiques.
La grande question est de savoir quand la circulation atlantique atteindra un point de basculement et donc de non-retour. Personne n’a la réponse. Les observations ne remontent pas assez loin dans le temps pour fournir un résultat clair. Une étude récente explique que le tapis roulant approche rapidement de son point de basculement, peut-être d’ici quelques années, mais les analyses statistiques ont formulé plusieurs hypothèses qui laissent planer le doute.

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I have written several posts on this blog about the weakening of the AMOC, like on 17 April 2018, 3 August 2020, 8 August 2021). Today, scientists think that « the Atlantic Ocean is headed for a tipping point in the Gulf Stream. » This is the title of an arpicle published on the website The Conversation. Scientists fear that global warming may shut down the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) which is crucial for carrying heat from the tropics to the northern latitudes. Such a shutdown would inevitably have severe consequences.

Over the past few years, starting in 2004, instruments deployed in the ocean have shown that the Atlantic Ocean circulation has slowed over the past two decades, possibly to its weakest state in almost a millennium. Studies also suggest that the circulation reached a dangerous tipping point in the past and that it could hit that tipping point again as the planet warms and glaciers and ice sheets melt.

In a new study using the latest generation climate models, scientists have simulated the flow of fresh water until the ocean circulation reached that tipping point. The results show that the circulation could fully shut down within a century after hitting the tipping point, and that it is now headed in that direction. If that tipping point was reached, average temperatures would drop by several degrees in North America, parts of Asia and Europe, and people would see severe and cascading consequences around the world.

In the Atlantic Ocean circulation, the relatively warm and salty surface water near the equator flows toward Greenland. During its journey, it crosses the Caribbean Sea, loops up into the Gulf of Mexico, and then flows along the U.S. East Coast before crossing the Atlantic. This current, the Gulf Stream, brings heat to Europe. As it flows northward and cools, the water mass becomes heavier. By the time it reaches Greenland, it starts to sink and flow southward. The sinking of water near Greenland pulls water from elsewhere in the Atlantic Ocean and the cycle repeats, like a conveyor belt.

Too much fresh water from melting glaciers and the Greenland ice sheet can dilute the saltiness of the water, preventing it from sinking, and weaken this ocean conveyor belt. A weaker conveyor belt transports less heat northward and also enables less heavy water to reach Greenland, which further weakens the conveyor belt’s strength. Once it reaches the tipping point, it shuts down quickly.The latest study found that the conveyor belt may shut down within 100 years.

Should the Gulf Stream stop, it wouldcool the North American and European continents by a few degrees. According to the study, parts of the continent would cool by more than 3 degrees Celsius per decade, far faster than today’s global warming of about 0.2 degrees Celsius per decade. On the other hand, regions in the Southern Hemisphere would warm by a few degrees. These temperature changes would develop over about 100 years.

The conveyor belt shutting down would also affect sea level and precipitation patterns. For example, the Amazon rainforest is vulnerable to declining precipitation. If its forest ecosystem turned to grassland, the transition would release carbon to the atmosphere and result in the loss of a valuable carbon sink, further accelerating climate change.

The Atlantic circulation already slowed significantly in the distant past. During glacial periods when ice sheets that covered large parts of the planet were melting, the influx of fresh water slowed the Atlantic circulation, triggering huge climate fluctuations.

The big question — when will the Atlantic circulation reach a tipping point ? — remains unanswered. Observations don’t go back far enough to provide a clear result. While a recent study suggested that the conveyor belt is rapidly approaching its tipping point, possibly within a few years, the statistical analyses made several assumptions that give rise to uncertainty.

Et si le Gulf Stream s’arrêtait? // What if the Gulf Stream stopped?

Ces jours-ci, la presse américaine explique que les habitants de la côte nord-est des Etats Unis, et en particulier ceux du New Jersey sont inquiets car ils sont de plus en plus souvent confrontés à des inondations littorales. Ils s’inquiètent aussi car il se demandent ce qui se passerait si le comportement des courants marins se modifiait avec le changement climatique.

Une étude récente a démontré que l’AMOC – Atlantic meridional overturning circulation, en français circulation de renversement méridien atlantique – dont le Gulf Stream fait partie, s’affaiblit comme cela ne s’est jamais produit au cours des 1000 dernières années. Si cette tendance se poursuit tout au long de ce siècle, on pourrait atteindre un point de non-retour,avec des implications sur le climat.

Le Gulf Stream est un courant océanique superficiel et non atmosphérique. En raison du grand volume d’eau qu’il transporte, il joue un rôle important dans le climat, exerçant une influence notable sur la façade atlantique de l’Europe.

Le Gulf Stream transporte l’eau chaude de la pointe sud de la Floride et des Bahamas jusqu’à la périphérie de l’Islande. En cours de route il se scinde en différentes branches qui se dirigent vers les côtes atlantiques du continent européen, de la Norvège au Portugal. Son débit, avant cette division en différentes branches, atteint 80 m3/s, avec des pics supérieurs à 100 m3/s, avec une vitesse moyenne de l’eau comprise entre 6 et 7 km/h. Au cours des dernières décennies, il a ralenti, ce qui inquiète les climatologues.

Une étude récente, publiée dans la revue Science Advances, a démontré que la décélération de l’AMOC – estimée à 15% depuis le milieu du 20ème siècle – est du jamais vu depuis 1000 ans. Cette décélération s’explique par l’accélération de la perte de glace au Groenland et dans d’autres régions de l’Arctique. Cette fonte de la glace de mer génère d’importants apports d’eau douce qui altèrent les courants océaniques dans l’Atlantique Nord.

L’AMOC est un réseau de courants marins superficiels et profonds, dont le Gulf Stream est le principal vecteur en raison du volume d’eau qu’il déplace. Selon les auteurs de la dernière étude, si la tendance actuelle se poursuit, l’affaiblissement de l’AMOC et, donc du Gulf Stream d’ici la fin du siècle pourrait passer de 15% actuellement à 35 à 40%.

Si on observe les cartes globales des anomalies de température, on se rend compte que les anomalies positives (de couleur rouge, orange et jaune) prédominent clairement sur les anomalies négatives (de couleur bleue). Sur toutes ces cartes, on observe une «goutte froide» bleue au sud du Groenland et de l’Islande qui indique des anomalies de température négatives.

Cette situation s’explique par le déplacement important de l’eau douce et froide de la fonte du Groenland. Le réchauffement climatique, dont l’ampleur dans l’Arctique est beaucoup plus grande que dans les autres régions du monde, y accumule de grandes quantités d’eau douce, en particulier dans la mer de Beaufort.

Est-ce à dire que si le Gulf Stream continue de s’affaiblir on se dirige vers une ère de glaciation? Comme écrit précédemment, si le Gulf Stream continue de s’affaiblir jusqu’à un arrêt de son fonctionnement, il pourrait atteindre un point de non-retour avec, à la clé, un changement climatique brutal. Au niveau de la surface de l’océan, il n’y aurait plus de transport de chaleur de la zone côtière orientale des États-Unis vers l’Europe, et le climat du Vieux Continent deviendrait plus froid et plus extrême, connaissant peut-être une mini-glaciation.

C’est ce qu’évoque le film-catastrophe «Le jour après demain» («The day after tomorrow» dans sa version anglaise), réalisé en 2004 par Roland Emmerich. Le film a bien sûr fait réagir la presse qui a vu un lien avec l’affaiblissement de l’AMOC. Pour le moment on est très loin du scénario du film. Toutes les projections climatiques montrent que le réchauffement climatique s’accentuera pendant le reste du 21ème siècle. Il faut donc continuer à surveiller l’évolution des courants de l’Atlantique Nord. Il ne faudrait pas qu’une surprise climatique vienne bouleverser les modèles de prévision.

Source: Météo France.

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These days, American news media explains that the residents of the northeast coast of the United States, and in particular those of New Jersey, are worried because they are more and more often confronted with coastal flooding. They are also worried because they wonder what would happen if the behaviour of ocean currents was altered by climate change.
A recent study has certified that the AMOC – Atlantic meridional overturning circulation – of which the Gulf Stream is a part, is weakening as never before in the last 1000 years. If this trend continues throughout this century, we could reach a point of no return, with implications for the climate.
The Gulf Stream is a shallow non-atmospheric ocean current. Due to the large volume of water it carries, it plays an important part in the climate, exerting a significant influence on the Atlantic seafront of Europe.
The Gulf Stream carries warm water from the southern tip of Florida and the Bahamas to the outskirts of Iceland. Along the way it splits into different branches that head towards the Atlantic coasts of the European continent, from Norway to Portugal. Its flow, before this division into different branches, reaches 80 m3/s, with peaks above 100 m3/s, with an average water speed of between 6 and 7 km/h. In recent decades, it has slowed, which worries climatologists.
A recent study, published in the journal Science Advances, demonstrated that the deceleration of the AMOC – estimated at 15% since the middle of the 20th century – has been unheard of for 1000 years. This deceleration is explained by the acceleration of the loss of ice in Greenland and in other regions of the Arctic. This melting of sea ice generates large inflows of fresh water that alter ocean currents in the North Atlantic.
The AMOC is a network of shallow and deep ocean currents, of which the Gulf Stream is the main vector due to the volume of water it moves. According to the authors of the latest study, if the current trend continues, the weakening of the AMOC and, therefore, of the Gulf Stream by the end of the century could become 35 to 40% higher than the situation observed today. .
If we observe the global maps of temperature anomalies, we realize that the positive anomalies (red, orange and yellow) clearly predominate over the negative anomalies (blue). On all of these maps, the blue “cold drop” south of Greenland and Iceland indicates negative temperature anomalies.
This situation is explained by the significant displacement of fresh and cold water from the melting of Greenland. Global warming, the magnitude of which in the Arctic is much greater than in other regions of the world, is accumulating large amounts of fresh water there, especially in the Beaufort Sea, which is the area with the greatest amount.
Does this mean that if the Gulf Stream continues to weaken, we are heading towards an ice age? As previously written, if the Gulf Stream continues to weaken until it stops working, it could reach a point of no return with, as a result, abrupt climate change. At ocean surface level, there would be no more heat transport from the eastern coastal zone of the United States to Europe, and the climate of the Old Continent would become colder and more extreme, possibly experiencing a mini-glaciation.
This is the main theme of the disaster film « The day after tomorrow », directed in 2004 by Roland Emmerich,. The film of course made the press react; it saw a link with the weakening of the AMOC. For the moment we are very far from the scenario of the film. All climate projections show that global warming will increase over the remainder of the 21st century. We must therefore continue to monitor the evolution of the currents of the North Atlantic. What if a climatic surprise upset the prediction models?
Source: Meteo France.

 

Schéma de l’AMOC dont le Gulf Stream fait partie (Source: Woods Hole Oceanographic Institution)

Nouvelles inquiétudes pour l’AMOC et le Gulf Stream // New concerns for AMOC and the Gulf Stream

A plusieurs reprises sur ce blog (17 avril, 2018, 3 août 2020, 11 mars 2021, etc.), j’ai attiré l’attention sur les modifications qu’était en train de connaître la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC) et les effets désastreux que cela pourrait avoir pour notre planète si la situation venait à empirer.

Alors que le GIEC s’apprête à divulguer son rapport annuel sur l’évolution du climat, des scientifiques attirent à nouveau l’attention sur la circulation méridienne de retournement atlantique et la dégénérescence de sa stabilité à cause du réchauffement climatique.

Une étude publiée le 5 août 2021 dans la revue Nature Climate Change dresse un nouveau constat alarmant sur cette circulation à laquelle appartient également le Gulf Stream. Les analyses montrent un affaiblissement progressif de son équilibre au cours des dernières décennies.

Il est bon de rappeler que l’AMOC est l’un des principaux systèmes de courants océaniques de notre planète. Il transporte les eaux de surface chaudes des Caraïbes vers l’Atlantique nord, et rapatrie l’eau froide dans le sens inverse. Ce tapis roulant géant répartit la chaleur reçue du soleil et influence les climats dans de nombreuses régions du monde.

Le problème, c’est qu’avec la fonte des glaces au Groenland et de l’Arctique sous les coups de boutoir du réchauffement climatique, ce système de renouvellement est fortement perturbé au Nord. Les calottes glaciaires apportent au courant de l’eau douce moins dense que l’eau salée, ce qui a pour conséquence de ralentir le tapis roulant.

On savait que le Gulf Stream était à son plus bas niveau de circulation depuis plus de 1000 ans mais la cause de cette dégradation était encore floue. Ce qui inquiète les scientifiques, c’est que « la perte de stabilité dynamique impliquerait que l’AMOC a approché son seuil critique, au-delà duquel une transition substantielle et probablement irréversible vers le mode faible pourrait se produire. »

Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé huit indices AMOC indépendants, répertoriés à travers l’Océan Atlantique. Ils sont basés sur des données d’observation de la température et de la salinité de la surface de la mer. On parle “d’empreintes digitales”. Une analyse détaillée de ces empreintes digitales dans huit indices indépendants suggère que l’affaiblissement de l’AMOC au cours du siècle dernier est susceptible d’être associé à une perte de stabilité.

Selon les chercheurs, le déclin de l’AMOC signifie probablement l’approche d’un seuil critique au-delà duquel le système de circulation pourrait s’effondrer. C’est le “point de basculement”, celui de non-retour tant redouté par les scientifiques et qui apportera des conséquences désastreuses irréversibles.  Les conséquences d’un tel scénario sont faciles à imaginer. On assistera forcément à un refroidissement de l’hémisphère nord, une élévation du niveau de la mer dans l’Atlantique, une baisse globale des précipitations en Europe et en Amérique du Nord ou bien un changement sur le niveau des pluies en Amérique du Sud, en Afrique et Asie. La série d’événements catastrophiques se fera ressentir à travers la planète entière.

Selon les auteurs de la dernière étude, la seule solution est de maintenir les émissions de gaz à effet de serre aussi basses que possible. La probabilité que cet événement à impact extrêmement élevé ne fait que s’accroître avec chaque gramme de CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère.

Source : Presse internationale.

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On several occasions on this blog (April 17, 2018, August 3, 2020, March 11, 2021, etc.), I drew attention to the changes that the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) was undergoing. and the disastrous effects it could have on our planet if the situation worsened.
As the IPCC prepares to release its annual report on climate change, scientists are once again drawing attention to AMOC and the degeneration of its stability due to global warming.
A study published on August 5th, 2021 in the journal Nature Climate Change draws up an alarming new finding on this circulation to which the Gulf Stream also belongs. Analyses show a gradual weakening of its balance over the past decades.
It is worth remembering that AMOC is one of the main ocean current systems on our planet. It carries warm surface water from the Caribbean to the North Atlantic, and repatriates cold water in the opposite direction. This giant treadmill distributes the heat received from the sun and influences climates in many parts of the world.
The problem is that with the melting of the ice in Greenland and the Arctic under the blows of global warming, this system is severely disrupted in the North. Ice caps bring fresh water which is less dense than salt water, slowing down the conveyor belt.
We knew that the Gulf Stream was at its lowest circulation level for more than 1000 years, but the cause of this degradation was still unclear. What worries scientists is that « the loss of dynamic stability would imply that AMOC has approached its critical threshold, beyond which a substantial and probably irreversible transition to the weak mode could occur.  »
To come to this conclusion, the scientists analyzed eight independent AMOC indices, listed across the Atlantic Ocean. They are based on observational data of the temperature and salinity of the sea surface. They are called “fingerprints”. A detailed analysis of these fingerprints in eight independent indices suggests that the weakening of AMOC over the past century is likely to be associated with a loss of stability.
According to the researchers, the decline in AMOC likely means it is approaching a critical threshold beyond which the circulation system could collapse. This is the “tipping point” feared by scientists,which would bring disastrous and irreversible consequences.

The consequences of such a scenario are easy to imagine. There will inevitably be a cooling of the northern hemisphere, a rise in sea level in the Atlantic, an overall decrease in precipitation in Europe and North America or a change in rainfall in South America, in Africa and Asia. The series of catastrophic events will be felt across the entire planet.
The only solution, according to the authors of the latest study, is to keep greenhouse gas emissions as low as possible. The likelihood of this extremely high impact event is only increasing with every gram of CO2 we release into the atmosphere.
Source: International press.