Une nouvelle étude intitulée « Des échantillons indiquent un volcanisme sur la Lune il y a 120 millions d’années », publiée le 5 septembre 2024 dans la revue Science, nous informe que la Lune avait des volcans actifs il y a à peine 120 millions d’années, époque où les dinosaures étaient encore présents sur Terre. L’étude s’appuie sur de minuscules billes de verre, pas plus grosses qu’une tête d’épingle, récoltées à la surface de la Lune, et qui montrent qu’un volcanisme actif était présent jusqu’à relativement récemment. Les billes de verre ont été prélevées par Chang’e 5, une mission chinoise qui a rapporté des échantillons de Lune en 2020. Ce sont les premières roches lunaires ramenées sur Terre depuis celles collectées par les astronautes des missions Apollo de la NASA et par les vaisseaux spatiaux de l’Union soviétique dans les années 1970. En juin 2024, la Chine a récolté des échantillons sur la face cachée de la Lune.
Les chercheurs ont examiné plus de 3 000 minuscules billes de verre présentes dans l’échantillon lunaire, et se sont attardés sur leur composition chimique et leur texture physique. Des perles de verre peuvent se former sur la Lune lorsque des gouttelettes de lave refroidissent après une éruption volcanique ou lors de l’impact d’une météorite. Les scientifiques ont découvert que trois de ces billes de verre provenaient de toute évidence d’un volcan. La datation a montré qu’elles avaient environ 123 millions d’années. Il s’agit de l’activité volcanique la plus récente confirmée sur la Lune jusqu’à présent. Une analyse antérieure des échantillons de roche de la mission Chang’e 5 avait indiqué que les volcans s’étaient éteints il y a 2 milliards d’années. Les estimations précédentes remontaient à 4 milliards d’années. Des images du Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA en 2014 avaient, elles aussi, révélé une activité volcanique plus récente.
Les billes de verre contiennent une grande quantité d’éléments connus sous le nom de KREEP*, qui peuvent produire un effet de réchauffement. Les scientifiques pensent que cet effet de réchauffement aurait pu faire fondre les roches du manteau lunaire, avant qu’elles remontent à la surface.
Les matériaux lunaires rapportés par les missions américaines et soviétiques avaient déjà laissé supposer qu’il y avait eu une activité volcanique sur la Lune jusqu’à il y a environ trois milliards d’années. Mais la nouvelle étude montre qu’une telle activité s’est produite également beaucoup plus récemment. Elle révèle aussi que des petits corps célestes comme la Lune peuvent rester actifs jusqu’à un stade très avancé de leur développement. L’étude pourrait permettre de comprendre combien de temps les petites planètes et les lunes – y compris la nôtre – peuvent rester volcaniquement actives. Elle pourrait également aider les scientifiques à mieux comprendre les mécanismes de développement de l’intérieur profond de la Lune.
Source : Presse scientifique.
*KREEP : acronyme construit à partir des lettres K (le symbole atomique pour le potassium), REE (Rare Earth Element – Terres rares) et P (pour le phosphore). C’est une composante géochimique de certaines brèches d’impact lunaires et roches basaltiques. Sa caractéristique la plus importante est une concentration accrue en éléments dits « incompatibles » (qui se concentrent en phase liquide pendant la cristallisation du magma) et d’autres produisant de la chaleur comme l’uranium, le thorium et le potassium. (Source : Wikipedia)

Quand la lune s’éclipse… (Photo: C. Grandpey)
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A new research entitled ‘Returned samples indicate volcanism on the Moon 120 million years ago’, published on Seprember 5th, 2024 in the journal Science informs us that the Moon had active volcanoes as recently as 120 million years ago, when dinosaurs still roamed Earth. The research was based on tiny glass beads found on the lunar surface, which suggest that active volcanism was present on the Moon until relatively recently. The beads were found by Chang’e 5, a Chinese mission that brought back piece of the Moon in 2020. The Chang’e 5 samples were the first moon rocks brought to Earth since those collected by NASA’s Apollo astronauts and by Soviet Union spacecraft in the 1970s. In June 2024, China returned samples from the far side of the moon.
Researchers looked through those more than 3,000 tiny glass beads, smaller than a pinhead, that were present in that lunar sample, examining their chemical make-up and physical texture. Glass beads can form on the moon when molten droplets cool after a volcanic eruption or meteorite impact. The scientists found that three of them were seemingly from a volcano. Dating showed that they were around 123 million years old. That is the youngest volcanic activity to be confirmed on the Moon so far. An earlier analysis of the rock samples from the Chang’e 5 mission had suggested volcanoes petered out 2 billion years ago. Previous estimates stretched back to 4 billion years ago. Images from NASA’s Lunar Reconnaissance Orbiter in 2014 had also suggested more recent volcanic activity.
The beads had a high amount of elements known as KREEP*, which can produce a heating effect. Scientists suggested that heating could have melted rocks in the Moon’s mantle, which in turn would have spewed out onto the surface.
Lunar material that was brought back by the US and Soviet missions to the Moon had already suggested that there was volcanic activity on the Moon until around three billion years ago. But the new study suggests that activity was also happening much more recently. It suggests that small bodies such as the Moon could stay active until a very late stage in their development. It may help understand how long small planets and moons — including our own — can stay volcanically active. It also helps scientists better understand the models of how the deep interior of the Moon may have developed.
Source : Scientific news media.
*KREEP : an acronym built from the letters K (the atomic symbol for potassium), REE (rare-earth elements) and P (for phosphorus). It is a geochemical component of some lunar impact breccia and basaltic rocks. Its most significant feature is somewhat enhanced concentration of a majority of so-called « incompatible » elements (those that are concentrated in the liquid phase during magma crystallization) and heat-producing elements, namely radioactive uranium, thorium, and potassium. (Source : Wikipedia)




