Nouveaux effondrements dans les Alpes

Il y a quelques jours, la presse suisse faisait état de la menace d’un effondrement majeur de la montagne à Blatten, dans le Valais suisse. Le village (300 personnes) avait dû être entièrement évacué, y compris les animaux de ferme. La population avait 1h30 pour empaqueter l’essentiel et quitter les domiciles. Les habitants ont été relogés dans le village voisin, Wiler, dans leur famille, ou chez des particuliers. Jusqu’à 5 millions de m3 de roches menaçaient de s’effondrer dans le secteur du Kleiner Nesthorn et du glacier Birch.

L’effondrement a effectivement eu lieu le lundi 19 mai 2025. Quelque 100 000 m3 de roches se sont décrochés du glacier Birch entre midi et 12h35. Puis, entre 150 000 et 200 000 m3 se sont détachés entre 17h et 18h. Au total, entre 350 000 et 400 000 m3 se sont détachés de la montagne et les autorités s’attendent à un événement beaucoup plus spectaculaire à très court terme. Des fissures continuent d’être observées et le risque d’un éboulement en dessous du Bietschhorn est imminent. Selon un ingénieur au service des risques naturels du canton, entre 2 et 5 millions de mètres cubes de roches pourraient dévaler en direction du village de Blatten.

Ce n’est pas la premières fois que des événements naturels majeurs se produisent dans les Alpes suisses. J’ai décrit dans ce blog la lave torrentielle qui a emporté 3 millions de m3 de roches et dévasté le petit village de Bondo, dans les Grisons, le 23 août 2017. L’événement avait fait huit morts pour ce qui demeure aujourd’hui le pire événement du genre en Suisse.

À Blatten, un éboulement dans la région du «Petit Nesthorn», avait également entraîné une partie du glacier de Birch. Il avait déclenché une lave torrentielle la semaine précédente. Elle s’était arrêtée à environ 500 mètres en amont de la rivière Lonza, en dehors du village. Le glacier de Birch est sous surveillance depuis les années 1990. La commune pense que la fonte de la neige à partir de 2500 mètres d’altitude pourrait être à l’origine de la situation de danger actuelle.

Début mai 2025, une grosse chute de sérac a été observée au mont Blanc du Tacul dans les Alpes françaises. Quelque 60 000 m3 de glace se sont détachés vers 3750 m d’altitude. Le sérac avait déjà montré des signes de faiblesse le 26 avril. Selon le géomorphologue Ludovic Ravanel, l’événement est certes spectaculaire, mais normal, car phénomène mécanique classique d’un glacier suspendu.

Image du décrochement de la montagne au-dessus de Blatten (Source : État-major de conduite régional du Lötschental)

Mont St Helens (États Unis) : ne pas oublier

Le 18 mai 2025 marquait le 45ème anniversaire de l’éruption du 18 mai 1980 du Mont St. Helens, dans l’État de Washington, aux États Unis.

Photo: C. Grandpey

Après être resté endormi pendant plus d’un siècle, les premiers signes d’activité sont apparus au mois de mars 1980, avec un premier essaim sismique et des événements qui indiquaient que le magma et les gaz volcaniques se frayaient un chemin vers la surface. Au fil des semaines, la pression s’est accumulée à l’intérieur de l’édifice volcanique, provoquant un gonflement inquiétant du flanc nord.

Le matin du 18 mai, un important glissement de terrain, suivi instantanément d’une explosion latérale dévastatrice a marqué le début de l’éruption. Voyageant à plus de 650 km/h, le blast a dévasté 600 km2 de nature sauvage du Pacifique Nord-Ouest. Des lahars, ont déferlé dans les vallées, transportant des débris jusqu’au fleuve Columbia. Les cendres de l’éruption sont montées haut dans l’atmosphère et ont dérivé vers l’est, jusqu’au Minnesota.

Crédit photo: USGS

 En tout, 57 personnes ont perdu la vie, dont le scientifique de l’USGS David A. Johnston, et des milliards de dollars de dégâts ont été constatés dans la région. Quand l’éruption s’est calmée, le Mont St. Helens avait perdu quelque 390 mètres d’altitude.

Stèle à la mémoire des personnes disparues (Photo: C. Grandpey)

Aujourd’hui, l’USGS indique dans ses derniers bulletins que « tous les volcans de la chaîne des Cascades, dans l’Oregon et l’État de Washington, présentent une activité normale, que ce soit le Mont Baker, Glacier Peak, le Mont Rainier, le Mont St. Helens ou le Mont Adams dans l’État de Washington, ainsi que des monts Hood, Jefferson, Three Sisters, Newberry et Crater Lake dans l’Oregon. »

Quand j’ai survolé le Mt St Helens en 2008, on se trouvait à la fin d’un cycle éruptif (2004-2008) marqué par l’extrusion d’un dôme de lave d’où s’échappaient encore des gaz volcaniques. On remarquera la présence du glacier en écharpe autour du dôme.

Photo: C. Grandpey

Début mai 2025, quelques faibles séismes ont été détectés aux monts Rainier, St. Helens et Hood. Au cours du premier semestre de l’année 2024, des séismes de faible magnitude avaient été détectés au mont St. Helens, mais l’activité du volcan e été jugée normale et rien ne justifiait une modification de son niveau d’alerte.

Source : USGS.