Le déchiffrage des papyrus d’Herculanum // Deciphering the Herculaneum Papyri

En octobre 79 de notre ère, l’éruption du Vésuve a détruit plusieurs villes du monde romain comme Stabies, Opiontis, Herculanum et Pompéi. Pour beaucoup de gens, la visite de Herculanum est moins intéressante que celle de Pompéi car on y rencontre moins de maisons décorées de fresques, en sachant que beaucoup se trouvent à l’intérieur du très intéressant Musée archéologique national de Naples.

Mieux préservée que Pompéi , Herculanum offre un témoignage inestimable sur l’architecture d’une cité romaine, et le comportement de la population au moment de sa fuite devant l’éruption du Vésuve.

 

Photo: C. Grandpey

Une découverte majeure à Herculanum a été faite dans la Villa des Papyrus qui appartenait à Calpurnius Pison Caesoninus, le beau-père de Jules César.

 

Photo : C. Grandpey

La bibliothèque contient 1838 rouleaux de papyrus qui furent préservés car les boues brûlantes déferlant du volcan les ont instantanément enrobés. Cuits par la chaleur des coulées destructrices à plus de 320°C, ces rouleaux végétaux n’ont pas été calcinés car ils n’ont jamais été au contact des flammes.De nombreux papyrus appartiennent probablement à la philosophie grecque.

 

Source : Bibliothèque nationale de Naples

Les rouleaux sont conservés à la Bibliothèque nationale de Naples et sont inscrits au Patrimoine de l’humanité. Carbonisés, ils sont particulièrement fragiles, mais certains ont pu être déroulés, avec plus ou moins de succès.

 

Source : Bibliothèque nationale de Naples

De multiples tentatives de lecture ont eu lieu. Une machine à dérouler les papyrus avait même été inventée au 18ème siècle par un spécialiste des miniatures du Vatican. Malheureusement, et encore récemment, divers essais d’écorçage ont fait ressortir des centaines de fragments de ces inestimables trésors, les mutilant ou les détruisant à jamais.

 

Source : Bibliothèque nationale de Naples

Ces dernières années les chercheurs ont utilisé la dernière technologie d’imagerie. En particulier, un jeune étudiant en informatique à l’Université Lincoln du Nebraska (Etats-Unis) vient de déchiffrer un mot sur les papyrus carbonisés d’Herculanum. L’algorithme mis au point par le chercheur a permis de détecter des lettres grecques sur plusieurs lignes d’un des rouleaux et de lire pour la première fois un mot entier : πορϕυρας (porphyras), qui signifie « pourpre ». C’est un premier pas qui pourrait permettre d’accéder aux centaines de textes de la seule bibliothèque intacte de l’Antiquité gréco-romaine parvenue jusqu’à nous.

 

Source : Vesuvius Challenge

Le travail de déchiffrage du papyrus fait partie du Vesuvius Challenge – le défi du Vésuve- une série de prix dont le principal, d’un montant de 700.000 dollars, récompense la lecture d’au moins quatre passages d’un parchemin roulé.

Pour comprendre comment le jeune informaticien a procédé, il faut d’abord revenir sur l’énorme travail accompli par un autre chercheur au cours de ces deux dernières décennies. Le chercheur et son équipe ont passé des années à mettre au point des méthodes permettant de « dérouler virtuellement » les couches extrêmement fines des rouleaux. En 2016, ils sont parvenus à lire l’un des rouleaux carbonisés d’Ein Gedi – dont il est fait référence dans la Bible – grâce à la tomodensitométrie à rayons X. L’encre du rouleau d’Ein-Gedi présente un avantage sur celle des rouleaux d’Herculanum. Elle contient du métal et brille donc fortement sur les tomodensitogrammes, là où celle d’Herculanum est quasi invisible. À base de charbon de bois et d’eau, elle ne crée aucune différence de luminosité avec le papyrus sur lequel elle repose.

Le chercheur et son équipe se sont rendu compte que même sans ce contraste, les tomodensitogrammes peuvent capturer de minuscules différences de texture permettant de distinguer les zones de papyrus enduites d’encre. Mais le travail à accomplir restant colossal, ils décidèrent de lancer le Vesuvius Challenge dans l’espoir d’accélérer les choses.

En juin 2023, un scan est publié par l’équipe scientifique, sur lequel les différences de textures sont plus prononcées qu’ailleurs, au point d’être visibles à l’œil nu. Lorsqu’il découvre l’image, le jeune étudiant de l’Université Lincoln, déjà lancé dans le Vesuvius Challenge, la soumet depuis son smartphone à l’algorithme qu’il a développé. À peine une heure plus tard, il voit s’afficher cinq lettres à l’écran. Il ne lui faudra ensuite que quelques jours pour identifier les dix lettres requises dans le cadre du challenge.

Source : presse internationale et scientifique, dont Science et Avenir.

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In October 79 CE, the eruption of Mount Vesuvius destroyed several cities in the Roman world such as Stabiae, Opiontis, Herculaneum and Pompeii. For many people, the visit to Herculaneum is less interesting than that of Pompeii because there are fewer houses decorated with frescoes. However, many are inside the very interesting National Archaeological Museum of Naples.
Better preserved than Pompeii, Herculaneum offers an invaluable testimony to the architecture of a Roman city, and the behaviour of the population at the time of their flight from the Vesuvius eruption.
A major discovery in Herculaneum was made in the Villa of the Papyri which belonged to Calpurnius Pison Caesoninus, Julius Caesar’s father-in-law.
The library contains 1838 papyrus scrolls which were preserved because the burning mud surging from the volcano instantly coated them. Cooked by the heat of destructive flows at more than 320°C, these scrolls have not been calcined because they have never been in contact with flames. Many papyri probably belong to Greek philosophy.
The scrolls are kept at the National Library of Naples and are listed as World Heritage. Because they are carbonized, they are very fragile, but some could be unrolled, with more or less success.
Multiple reading attempts took place. A machine for rolling out papyrus was even invented in the 18th century by a specialist in Vatican miniatures. Unfortunately, various deciphering attempts have brought out hundreds of fragments of these priceless treasures, mutilating or destroying them forever.
In recent years researchers have used the latest imaging technology. In particular, a young computer science student at Lincoln University in Nebraska has just deciphered a word on the carbonized papyri of Herculaneum. The algorithm developed by the researcher made it possible to detect Greek letters on several lines of one of the scrolls and to read for the first time an entire word: πορϕυρας (porphyras), which means “purple”. This first step could provide access to the hundreds of texts in the only intact library from Greco-Roman Antiquity that has reached us.
The work of deciphering the papyrus is part of the Vesuvius Challenge, a series of prizes, the highest of which, in the amount of 700,000 dollars, rewards the reading of at least four passages from a rolled parchment.

To understand how the young computer scientist proceeded, one must first look back at the enormous work accomplished by another researcher over the last two decades. The researcher and his team spent years developing methods to “virtually unroll” the extremely thin layers from the rolls. In 2016, they were able to read one of the charred scrolls of Ein Gedi – which is referenced in the Bible – using X-ray CT scanning. The ink from the Ein-Gedi scroll has an advantage over that of the scrolls of Herculaneum. It contains metal and therefore shines brightly on CT scans, whereas that of Herculaneum is almost invisible. Based on charcoal and water, it creates no difference in luminosity with the papyrus on which it rests.
The researcher and his team realized that even without this contrast, CT scans can capture tiny differences in texture to distinguish areas of papyrus coated with ink. Because the work to be done remained colossal, they decided to launch the Vesuvius Challenge in the hope of speeding things up.
In June 2023, a scan was published by the scientific team, on which the differences in textures were more pronounced than elsewhere, to the point of being visible to the naked eye. When he discovered the image, the young student from Lincoln University, already involved in the Vesuvius Challenge, submitted it from his smartphone to the algorithm he had developed. Barely an hour later, he saw five letters appear on the screen. It then only took him a few days to identify the ten letters required as part of the challenge.
Source: international and scientific press, including Science et Avenir.

Les secrets d’Herculanum (Italie)

Détruite en octobre 79 par l’éruption du Vésuve, la ville romaine d’Herculanum est moins connue et moins visitée que Pompéi. Située à 6 km du volcan, elle ne couvrait qu’une douzaine d’hectares et hébergeait 4000 habitants. Le site a été découvert par hasard au 18ème siècle par un paysan qui creusait un puits. C’est à cette époque que les fouilles ont débuté.

Herculanum et ses nombreuses fresques très élaborées est mieux conservée que Pompéi, comme le montre fort bien le documentaire intitulé « Les secrets enfouis d’Herculanum », récemment diffusé par la chaîne de télévision France 5.

Lors de l’éruption, le Vésuve a émis une colonne de cendre d’environ 34 km de hauteur que les vents ont d’abord dirigée vers Pompéi. L’effondrement de la colonne éruptive a ensuite déclenché des nuées ardentes d’une température estimée à 500°C qui ont envahi Herculanum. Ce phénomène éruptif est confirmé par le bois carbonisé retrouvé dans les habitations qui sont en meilleur état qu’à Pompéi. Ainsi, plusieurs maisons ont conservé leurs étages. On a découvert des meubles comme des lits et même un berceau avec le bébé à l’intérieur. Des figues, l’une des spécialités agricoles d’Herculanum, ont également été recueillies par les archéologues. .

Une couche de cendre a recouvert les dépôts pyroclastiques. Les strates visibles dans la couche de matériaux volcaniques d’une vingtaine de mètres d’épaisseur montrent que la ville d’Herculanum a été enfouie au cours de plusieurs phases éruptives.

Le documentaire est particulièrement intéressant car il nous montre la structure sociale de la ville qui était beaucoup plus riche et puissante que Pompéi. C’est à Herculanum que vivait l’élite de la société romaine, avec ses nobles et ses personnes fortunées, comme le montre l’architecture des maisons. La plus fascinante est sans aucun doute la Villa dei Papiri où les archéologues ont découvert, comme son nom l’indique, une extraordinaire collection de papyrus.

La maison de très grande taille appartenait au beau-père de Jules César. Elle était particulièrement luxueuse. La présence d’un collection de quelque 1500 papyrus – tous n’ont peut-être pas été découverts – révèle un haut niveau d’éducation à une époque où peu de gens savaient lire. Ecrits en grec, ce sont des extraits de philosophie épicurienne. C’est en utilisant l’imagerie multispectrale mise au point par la NASA, avec plusieurs longueurs d’onde infrarouge, que le contenu des papyrus a pu être déchiffré. La tâche est particulièrement difficile car les lettres à l’encre noire ressortent à peine sur leur support carbonisé.

NB : voir ma note du 30 mars 2016 consacrée à la Villa dei Papiri : https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2016/03/30/les-papyrus-dherculanum-livrent-leurs-secrets-suite-scrolls-of-herculaneum-are-telling-their-secrets-continued/

La partie du documentaire consacrée aux 300 squelettes découverts à Herculanum est passionnante. Les scientifiques expliquent pourquoi autant d’habitants se sont regroupés dans 79 hangars à bateaux. Il ne faut pas oublier que la ville ne se trouvait pas à 500 mètres à l’intérieur des terres comme aujourd’hui.

Juste avant l’éruption du Vésuve, la terre a tremblé fortement à Herculanum, comme cela s’était déjà produit en l’an 62. Les gens s’étaient réfugiés sous les arcades des hangars pour se mettre à l’abri des effondrements. Ils ne s’attendaient pas à l’éruption du Vésuve qui, pour eux, n’était pas autre chose qu’une montagne.

L’analyse des boîtes crâniennes montre que la mort de ces personnes a été immédiate. Leur crâne a carrément explosé par ébullition du cerveau. Ils ont été tués par la chaleur extrême de la nuée ardente.

La position des corps à Herculanum est très différente de celle révélée par les moulages de Pompéi. Selon les scientifiques, la position des corps à Pompéi s’explique par un « réflexe post mortem », avec une contraction des muscles après la mort.

De plus, contrairement à Pompéi, les os des squelettes d’Herculanum ont permis une identification par l’ADN. Les chercheurs ont pu se rendre compte qu’il y avait des regroupements familiaux. Les gens ont voulu se regrouper pour fuir, mais ils ont été littéralement incinérés.

Autre point important : l’analyse des squelettes révèle la structure de la société romaine à Herculanum, en particulier la présence d’esclaves dont certains étaient affranchis. Ils appartenaient à des maîtres très riches pouvant en posséder parfois une vingtaine. Beaucoup de ces esclaves étaient originaires du Moyen Orient, suite aux conquêtes de l’Empire Romain.

Il se pourrait que les 300 squelettes découverts à Herculanum soient les restes des seules victimes de l’éruption du Vésuve. Les scientifiques pensent que la grande majorité de la population a réussi à s’enfuir. Beaucoup d’habitants auraient élu domicile à Naples et surtout à Cumes, à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Herculanum.

Cette hypothèse devra toutefois être confirmée avec la suite des fouilles car seulement le quart de la ville romaine a été extrait de la cendre du Vésuve.

Le documentaire (accessible en rediffusion jusqu’au 26 décembre 2020) donne vraiment envie d’aller visiter Herculanum, Stabies et Pompéi, sans oublier le Musée archéologique de Naples qui est un complément indispensable à ces visites.

 Vue de la Villa dei Papiri (Crédit photo : Wikipedia)

Les papyrus d’Herculanum livrent leurs secrets (suite) // Scrolls of Herculaneum are telling their secrets (continued)

drapeau francaisUne nouvelle étude sur les célèbres rouleaux de la Villa des Papyrus à Herculanum, carbonisés il y a près de 2000 ans par l’éruption du Vésuve, a révélé la présence d’encre contenant du métal dans deux fragments de papyrus. Cette découverte prouve que l’encre ‘métallique’ a été utilisée beaucoup plus tôt qu’on le croyait jusqu’à présent.
L’étude a été publiée dans la revue PNAS. Les chercheurs ont utilisé la technologie du rayonnement synchrotron à l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) de Grenoble pour faire apparaître une forte concentration de plomb dans l’ancienne encre. Ils sont pratiquement certains que le plomb a été utilisé intentionnellement et qu’il ne provient pas de la contamination de l’eau par les aqueducs romains ou par un récipient de bronze. Il se peut que le plomb ait été ajouté pour sa faculté à accélérer le processus de séchage de l’encre.
Les chercheurs ont examiné deux fragments multicouches qui avaient été remis à Napoléon Bonaparte comme cadeau en 1802 et qui appartiennent aujourd’hui à la collection de l’Institut de France. Leur datation exacte est inconnue. La plupart des papyrus de la villa d’Herculanum datent du premier siècle avant Jésus-Christ, et le plus ancien remonte même au 3ème siècle avant notre ère.

On pense que les rouleaux carbonisés cachent les 30 dialogues perdus d’Aristote, des œuvres philosophiques d’Epicure, de poèmes érotiques de Philodème (de Gadara), des oeuvres de Virgile, des travaux scientifiques d’Archimède et de la poésie lesbienne de Sappho. Sur les 1785 rouleaux de papyrus découverts au cours des fouilles effectuées au 18ème  siècle, seuls 585 ont été complètement déroulés en utilisant une méthode mécanique du 18ème siècle, tandis que 209 autres ont été partiellement déroulés. Environ 400 n’ont jamais été déroulés et 450 sont si difficiles à lire que leurs textes restent inconnus.

Toutes les tentatives utilisant des procédures non invasives pour lire les papyrus, y compris la technologie multi-spectrale, se sont révélées inefficaces, jusqu’à l’année dernière. En effet, en janvier 2015 (voir ma note du 21 janvier 2015), les chercheurs ont utilisé la tomographie à contraste de phase, une technologie à base de puissants rayons X,  pour déchiffrer des mots dans les rouleaux. Ils ont reconstruit un alphabet grec presque complet à partir de papyrus gravement endommagés.
Source: Discovery News: http://news.discovery.com/

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drapeau anglaisA new research into the famous scrolls from the Villa of the Papyri in Herculaneum, carbonized nearly 2,000 years ago by Mount Vesuvius’ eruption, has revealed metallic ink in two papyrus fragments. The finding proves that metal-bearing ink was used several centuries earlier than previously believed.

The research, published in the journal PNAS, relied on synchrotron X-ray based techniques at the European Synchrotron Radiation Facility in Grenoble, France, to reveal a high concentration of lead in the ancient ink. The researchers are reasonably certain that lead was intentionally used and that it doesn’t come from contamination of water from Roman aqueducts or from a bronze container. It could have been added for its property to speed up the process of ink drying.

The researchers examined two multilayered fragments that were handed to Napoleon Bonaparte as a gift in 1802 and now belong to the collection of the Institut de France. Their exact dating is not known. Most of the papyri in the villa date from the first century B.C., though the oldest one goes back to the 3rd century B.C.

The carbonized scrolls are thought to hold Aristotle’s lost 30 dialogues, philosophical work by Epicurus, erotic poems by Philodemus, Virgilius, scientific work by Archimedes and lesbian poetry by Sappho. Out of the 1,785 scrolls discovered during the 18th century excavation, only 585 had been completely unrolled using a 18th century mechanical method, while 209 have been partly unrolled. About 400 have never been unrolled and 450 are so difficult to read that their text remains unknown.

Any attempt using non invasive procedures to read the scroll, including multi-spectral technology, had proven ineffective -– until last year. In January 2015 (see my note of January 21st 2015), researchers used phase contrast tomography, a powerful X-ray procedure, to decipher words in the scrolls. They reconstructed an almost complete Greek alphabet from inside badly damaged papyri.

Source: Discovery News: http://news.discovery.com/

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/wp-content/uploads/2015/01/villa-of-the-papyri.jpg

Vue de la Villa des Papyrus à Herculanum  (Crédit photo: Wikipedia)

Des papyrus d’Herculanum livrent leurs secrets // Scrolls of Herculaneum are telling their secrets

drapeau francaisLes scientifiques ont réussi à lire certaines parties d’un ancien rouleau de papyrus qui avait été enseveli lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79. Le papyrus figure parmi des centaines d’autres découverts dans les restes d’une villa à Herculanum.
Certains des textes qui se trouvaient dans la Villa des Papyrus ont été déchiffrés depuis leur découverte dans les années 1750. Toutefois, beaucoup d’autres restent un mystère pour la science parce qu’ils ont été entièrement recouverts de matériaux volcaniques à haute température et ils sont tellement endommagés que le simple fait de dérouler le papyrus sur lequel ils ont été écrits les détruirait complètement.
Les précédentes tentatives pour déchiffrer les manuscrits n’ont pas permis d’obtenir des textes lisibles parce que l’encre utilisée dans les temps anciens était faite à partir d’un mélange de charbon et de gomme qui ne permet absolument pas de la différencier du papyrus brûlé.
Les scientifiques ont alors décidé d’essayer une technique appelée tomographie par contraste de phase qui avait déjà été utilisée pour examiner des fossiles sans les endommager. La tomographie par contraste de phase profite de subtiles différences dans la façon dont le rayonnement – tels que les rayons X – passe à travers différentes substances, en l’occurrence le papyrus et l’encre.
En travaillant dans un laboratoire de l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) de Grenoble, les chercheurs ont constaté qu’ils étaient en mesure de déchiffrer plusieurs lettres, ce qui prouve que la méthode pourra probablement être utilisée pour lire ce qui se cache à l’intérieur des rouleaux de parchemins. Dans une autre étape, ils ont comparé l’écriture à celle d’autres textes, ce qui leur a permis de conclure qu’il s’agissait probablement du travail de Philodème, un poète et philosophe épicurien décédé environ un siècle avant l’éruption du Vésuve. Le prochain défi sera d’automatiser le processus laborieux consistant à scanner les morceaux carbonisés de papyrus et à déchiffrer leurs textes, afin que quelque 700 autres rouleaux stockés à Naples puissent être lus.
La nouvelle technique, qui a été détaillée dans un article publié dans la revue Nature Communications, pourrait bien permettre de mettre à jour d’anciennes idées philosophiques cachées à notre vue pendant près de deux millénaires. Pour beaucoup, les parchemins représentent une bibliothèque des textes épicuriens à une époque où cette philosophie a influencé les plus importants auteurs latins comme Virgile, Horace et Cicéron.
Source: Presse mondiale.

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drapeau anglaisScientists have succeeded in reading parts of an ancient scroll that was buried by the eruption of Mount Vesuvius in A.D. 79. The scroll is among hundreds retrieved from the remains of a villa at Herculaneum.

Some of the texts from what is called the Villa of the Papyri have been deciphered since they were discovered in the 1750s. But many more remain a mystery to science because they were completely covered in blazing-hot volcanic material and so badly damaged that unrolling the papyrus they were written on would have destroyed them completely.

Previous attempts to decipher the scrolls failed to yield any readable texts because the ink used in ancient times was made from a mixture of charcoal and gum, which makes it indistinguishable from the burned papyrus.

Scientists then decided to try a method called phase contrast tomography that had previously been used to examine fossils without damaging them. Phase contrast tomography takes advantage of subtle differences in the way radiation — such as X-rays — passes through different substances, in this case papyrus and ink.

Using a laboratory at the European Synchrotron Radiation Facility in Grenoble, the researchers found they were able to decipher several letters, proving that the method could be used to read what’s hidden inside the scrolls. In a further step, they compared the handwriting to that of other texts, allowing them to conclude that it was likely the work of Philodemus, a poet and Epicurean philosopher who died about a century before the volcanic eruption.

The next challenge will be to automate the laborious process of scanning the charred lumps of papyrus and deciphering the texts inside them, so that some 700 further scrolls stored in Naples can be read.

The new technique, which was detailed in an article published in the journal Nature Communications, may well mark a breakthrough for the researchers’ efforts to unlock the ancient philosophical ideas hidden from view for almost two millennia. To many, the scrolls represent a philosophical library of Epicurean texts from a time when this philosophy influenced the most important classical Latin authors, such as Virgil, Horace and Cicero.

Source : World press.

Villa-of-the-papyri

Vue de la Villa des Papyrus à Herculanum  (Crédit photo: Wikipedia)