Nyiragongo : et maintenant ? // Nyiragongo : what now ?

Même si la sismicité reste présente dans la région de Goma, son intensité est en déclin. La situation actuelle ressemble fort à celle qui a fait suite à l’éruption du Nyiragongo en 2002. A cette époque, on redoutait déjà l’arrivée de la lave dans le lac Kivu et rien de tel ne s’est produit.

Il y a quelques jours, alors que beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux envisageaient les pires catastrophes, je posais la question : « Et s’il ne se passait rien ? » L’Observatoire de Goma n’a pas les moyens de contrôler la situation et il faut bien reconnaître que les volcanologues sont démunis devant le comportement du volcan. Il semblerait – mais aucun survol du cratère n’a pu le confirmer – que le lac de lave ait disparu. Même si le volume de lave vomi par l’éruption semble inférieur à celui qui résidait dans le cratère avant l’éruption, rien ne dit que cette lave va déferler sur les basses pentes du volcan. Sa pression n’est probablement plus suffisante pour cela.

La situation actuelle demande la plus grande vigilance, mais plus le temps passe et moins persiste le risque d’une sortie de lave au niveau des fractures observées dans le sol de Goma

Cette éruption devrait toutefois inciter les autorités congolaises à adopter une nouvelle politique d’urbanisation autour du volcan. Il semble évident qu’il faudrait arrêter de permettre la construction de maisons dans les zones sous la menace de la lave, mais je crains fort que ce soit un vœu pieux !

Sur place, la vie reprend peu à peu le dessus. De l’argent a été envoyé par les Nations Unies et l’Union Européenne et une aide alimentaire est arrivée pour venir en aide aux personnes sinistrées.

—————————————

Although seismicity remains present in the Goma region, its intensity is declining. The current situation is very similar to that which followed the eruption of Nyiragongo in 2002. At that time, the arrival of lava in Lake Kivu was already feared but nothing happened.

A few days ago, while many people on social media imagined the worst disasters, I asked the question, « What if nothing happens? » The Goma Observatory does not have the means to control the situation and volcanologists are unable to predict the behaviour of the volcano. It seems – but no overflight of the crater could confirm it – that the lava lake has disappeared. Even though the volume of lava vomited out by the eruption appears to be less than the volume inside the crater before the eruption, there is no indication that this lava will rush down the lower slopes of the volcano. Its pressure is probably not sufficient to do so.

The current situation calls for the greatest vigilance, but the more time passes, the less persists the risk of a lava emission from the fractures observed in the soil of Goma.

This eruption should, however, prompt the Congolese authorities to adopt a new policy about the urbanization around the volcano. It seems obvious that they should not allow the building of houses in areas under threat of lava, but I am afraid that is wishful thinking!

Life is gradually starting again in Goma. Money has been sent by the United Nations and the European Union and food aid has arrived to help those affected.

Crédit photo : Wikipedia

Nyiragongo (République Démocratique du Congo): le volcan n’est pas la seule menace // The volcano is not the only threat

drapeau francais   On en parle peu, mais la situation reste tendue et précaire à Goma, au pied du Nyiragongo. Le plus grave, c’est que le conflit armé et le groupe de rebelles M23 empêchent les scientifiques de contrôler l’activité du volcan. Les appareils de mesures ont été pillés par les groupes armés et tout le secteur autour du Nyiragongo a été déclaré zone interdite par les rebelles qui défendent leur position stratégique au-dessus de Goma.

Il ne faudrait pas oublier non plus le Lac Kivu et ses énormes quantités de méthane et de CO2. On sait qu’une activité sismique importante ou l’arrivée de la lave du Nyiragongo dans le lac pourraient générer une catastrophe. On a vu, au cours de la dernière éruption, que la lave pouvait faire exploser les stations-service auxquelles s’ajouteraient aujourd’hui les dépôts de munitions.

Si une éruption du Nyiragongo devait se produire, les autorités pensent que, dans le pire des cas, il faudrait évacuer les deux tiers de Goma. Un système de drapeaux (vert, rouge) a été mis en place dans ce but. Pourtant, les habitants ne font pas confiance à l’observatoire et disent qu’ils devront se débrouiller seuls si une éruption devait avoir lieu. Ils rappellent que la dernière éruption avait été annoncée par certains signes. Par exemple, la bière faite avec les bananes fermentait plus vite qu’à l’accoutumée car le sol était plus chaud. D’autre part, des enfants avaient été asphyxiés par des gaz toxiques. Les habitants de Goma ne font pas confiance non plus au gouvernement congolais. Comme le dit la propriétaire du Volcano Hotel dont le rez-de-chaussée a été envahi par la lave de la dernière éruption : « Gouvernement ? Quel gouvernement ? Il n’y a pas de gouvernement dans ce pays ! »

Source : Agence Reuters.

 

 

drapeau anglais   Little is said about it but the situation remains quite tense and uncertain in Goma, close to Nyiragongo. Even more serious, the armed conflict and the M23 rebel group prevent scientists from monitoring the volcano. Measuring instruments have been looted by the armed groups and the whole area around Nyiragongo is off-limits as rebel fighters defend their strategic positions overlooking Goma.

Lake Kivu should not be forgotten either with its enormous quantities of methane and carbon dioxide. Experts say seismic activity could release that into the atmosphere and cause a human disaster. During the last eruption, lava caused the explosion of service-stations and there are today more ammunition depots.

Should an eruption of Nyiragongo occur, the authorities think that in the worst case scenario, they would have to evacuate around two-thirds of Goma’s inhabitants. Community networks and a flag system – green for safe, red for evacuation – have been put in place for that purpose. However, the inhabitants do not trust the observatory and they say they will have to fend for themselves if an eruption happens. They remember that before the last eruption there were signs around the volcano that something was going to happen. Villagers found their banana beer fermenting far more quickly because of raised ground temperatures and some children were asphyxiated by poisonous gases. People in Goma do not trust the Congolese government either. Says the owner of the Volcano Hotel whose groundfloor was invaded by lava during the last eruption: « State, what state? The situation in this country is we don’t have a state. »

Source: Agence Reuters.

Nyiragongo-blog

Le lac de lave du Nyiragongo  (Avec l’aimable autorisation de Wikipedia)