Comme je l’indique dans la présentation de ma conférence « Glaciers en péril », les glaciers fondent partout dans le monde et aucun continent n’est épargné, pas plus l’Afrique et les neiges du Kilimandjaro que l’Asie avec la chaîne himalayenne.
Dans le dernier numéro 216 de la revue de L’Association Volcanologique Européenne – L.A.V.E.* – son rédacteur en chef, Dominique Decobecq*, évoque la disparition des glaciers mexicains dans des pages consacrées à la peinture des volcans dans ce pays.
Les sommets les plus hauts du Mexique sont le Pico de Orizaba ou Citlaltépetl (5,675 m), le Popocatepetl (5465 m) et l’Iztaccihuatl (5220 m). Malgré ces hautes altitudes, les glaciers qui couraient sur leurs flancs n’ont pas résisté au réchauffement climatique. Autrefois encapuchonnés d’une calotte de glace, ils ont perdu de leur majesté. Héritiers du Dernier Maximum Glaciaire il y a environ 20 000 ans, ils avaient connu un sursaut d’orgueil au cours du Petit Âge Glaciaire il y a environ 1500 ans avant de subir les assauts du réchauffement climatique actuel depuis les années 1970.
Dominique Decobecq rappelle que dans les années 1960, l’Iztaccihuatl – la montagne blanche, souvent surnommé « La Femme Endormie » à cause de la forme de ses quatre principaux sommets – hébergeait encore une douzaine de petits glaciers couvrant 6,4 km2. En 1982, trois d’entre eux avaient disparu. Ne subsistait plus que le glacier El Pechodont. En 2018, les images satellites et les photographies aériennes ont montré qu’il n’y avait plus de glace à surveiller dans la zone dite « ventrale » du volcan Iztaccihuatl : le glacier Ayoloco, qui s’y trouvait, était mort. Même si le glacier a disparu, les visiteurs de ce volcan doivent garder à l’esprit que l’ascension requiert une bonne condition physique, une connaissance des techniques d’alpinisme, ainsi qu’un équipement adéquat.

L’Iztaccihuatl en 2010 (Crédit photo : Wikipedia)
Dans les années 1990, le Popocatepetl présentait encore trois glaciers accolés sur son versant nord : le Ventorillo, le Norte et le Noroccidental. Le glacier Norte avait une longueur estimée à 600 mètres en 1964 et il couvrait 0,2 km² sur le versant nord du volcan. Il était relié au glacier del Ventorrillo à l’ouest. À partir des années 1990, le Ventorillo s’est réduit comme peau de chagrin. En 1994, son front était remonté à 4702 m d’altitude, contre 4150 m en 1519. Le coup de grâce fut porté au glacier par une succession d’éruptions en 1994-1996. Il a été officiellement déclaré mort le 22 janvier 2001 à la suite d’un nouvel événement éruptif qui a complètement déstructuré le glacier dont ne subsistaient que quelques lambeaux. C’est la combinaison de l’activité volcanique et du réchauffement climatique qui ont eu raison des glaciers sur le Popo.

Image webcam du Popo (Source : CENAPRED)
Les glaciers du Pico de Orizaba subissent , eux aussi, les effets du réchauffement climatique, mais ils sont moins soumis à l’activité volcanique que le Popocatepetl. Le volcan est considéré comme en sommeil mais pas éteint. Sa dernière éruption a eu lieu au 19ème siècle. Il héberge neuf glaciers dont le Gran Glaciar Norte qui donne naissance à sept glaciers secondaires. Le glacier principal s’étend sur 3,5 km au nord de la lèvre du cratère, avec une superficie d’environ 9,08 km2.

Vue du Pico de Orizaba en 2014 (Crédit photo : Wikipedia)
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* L’Association Volcanologique Européenne (L.A.V.E.) – http://www.lave-volcans.com/ – est une association culturelle à caractère scientifique qui permet aux passionnés de volcans, de se rencontrer, de suivre l’actualité des volcans du monde, d’informer le grand public, de favoriser les échanges dans le domaine des sciences de la Terre et de contribuer à la valorisation de la recherche en volcanologie grâce notamment à sa revue « LAVE ».
* Dominique Decobecq est le co-auteur, avec votre serviteur du livre « Histoires de volcans, Chroniques d’éruptions », paru aux Éditions Omniscience en août 2022. Il est le rédacteur en chef de la revue LAVE.




