Le réchauffement climatique de l’Islande à la Sibérie // Global warming from Iceland to Siberia

drapeau francais Certes, les glaciers islandais fondent (voir ma dernière note à ce sujet), mais ce qui se passe en Islande peut être relié à ce qui a été observé récemment en Sibérie avec la découverte de sept trous géants dans le sol, d’un diamètre moyen de 75 mètres pour une profondeur de plus de 45 mètres (voir photo ci-dessous). L’un de ces orifices avait plus de 800 mètres de diamètre. Il en existe probablement beaucoup d’autres dans toute l’immensité de la Sibérie.
Différentes théories ont attribué l’existence de ces mystérieux cratères à des impacts de météorites, à des frappes de missiles ou bien à des explosions de gisements de gaz à proximité. Cependant, l’explication la plus probable de ce phénomène semble être le changement climatique. Les températures du sous-sol dans certaines parties de la Sibérie ont augmenté de près de quatre degrés au cours des quinze dernières années. Au fur et à mesure que le pergélisol se réchauffe, il libère du méthane. Le méthane s’accumule puis explose, laissant derrière lui un trou béant.
Ces libérations de poches de méthane sont inquiétantes, qu’elles se soldent ou non par des explosions. Le méthane est un gaz à effet de serre, et sur une base moléculaire, c’est un agent de réchauffement beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone, même s’il ne reste pas très longtemps dans l’atmosphère. Si le pergélisol libère le méthane en raison de la hausse des températures, il pourrait entraîner un effet domino: plus de méthane conduit à plus de réchauffement qui, à son tour, conduit à plus de fonte du sol, et ainsi de suite.
Les trous observés en Sibérie doivent attirer notre attention sur un autre phénomène dans lequel le réchauffement climatique et la géologie peuvent se retrouver liés l’un à l’autre de manière fortuite: Il s’agit des séismes. Ils se produisent généralement le long des limites entre les plaques tectoniques. Toutefois, on a récemment enregistré un nombre anormal de séismes au Groenland. Une théorie largement débattue a attribué ce phénomène à la diminution de la calotte glaciaire du Groenland. Tandis que la calotte glaciaire fond, son poids diminue, permettant le soulèvement du sol qui se trouve en dessous. Le processus, connu sous le nom de soulèvement (ou rebond) isostatique, pourrait bien être responsable de  cette augmentation de l’activité sismique.
Cela nous ramène au début de l’article avec ce qui a été observé en Islande. La boucle est bouclée !

Adapté d’un article paru dans The New Yorker.

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drapeau anglais Icelandic volcanoes are melting (see my latest note about this topic) but what is happening in Iceland can be connected to what has recently been observed in Siberia with seven giant holes in the ground, about 75 metres across and more than 45 metres deep (see photo below), including one that is more than 800 metres across. There are probably plenty more in all Siberia.

Theories about the mystery craters have variously attributed them to meteorite impacts, missile strikes or explosions from nearby gas fields. However, the most likely explanation for the phenomenon seems to be climate change. Underground temperatures in parts of Siberia have risen by nearly four degrees in the past fifteen years. As the permafrost warms, it releases methane. The methane builds up until there’s an explosion, which leaves behind a hole.

Whether or not they end in explosions, these methane releases are a serious concern. Methane is a greenhouse gas, and on a molecule-by-molecule basis it is a far more potent warming agent than carbon dioxide, although it doesn’t last as long in the atmosphere. If the permafrost is leaking methane because of rising temperatures, a positive-feedback loop could be taking effect: more methane leads to further warming, which leads to further thawing, and so on.

But the holes in Siberia also point to another, stranger phenomenon. Global warming and geology turn out to be connected in unexpected ways. Concerning earthquakes, they usually occur along tectonic plate boundaries. But recently Greenland has been experiencing an unusually large number of earthquakes. One widely discussed theory attributes this to the shrinking of the Greenland ice sheet. As the ice sheet melts, its weight declines, allowing the land underneath it to rise. The process, which is known as isostatic rebound, may well be responsible for the increase in seismic activity.

This leads us to the beginning of the article with what has been observed in Iceland. We’ve come full circle!

Adapted from an article in The New Yorker.

Siberian-hole

Crédit photo : Service de presse du gouverneur YaNAO / Marya Zulinova