Hécatombe au lac du Der : Les grues cendrées victimes de la grippe aviaire

La commune de Haute Vienne où j’habite se trouve sur un couloir de migration des grues cendrées. Certains oiseaux sont déjà passés au-dessus de la maison au mois d’octobre, mais cette année leur nombre risque d’être beaucoup moins important.

Photo: C. Grandpey

En effet, les grues sont victimes de la grippe aviaire, comme viennent de le constater à leur grand désespoir les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) autour du Lac du Der dans la Haute Marne. Chaque année, des dizaines de milliers de grues y font étape pendant leur migration. Chaque soir, le spectacle des oiseaux qui viennent passer la nuit dans le lac après avoir pâturé pendant la journée est très prisé des ornithologues et des visiteurs de la région en général. Le célèbre Festival Photo Nature de Montier-en-Der a lieu tous les ans au mois de novembre au moment où les grues sont les plus nombreuses dans la région.

Photo: C. Grandpey

Cette année, l’ambiance de fête habituelle a disparu car la population sent qu’une catastrophe majeure est en train de se produire. Nous ne sommes qu’au début de la migration et quelque 5 000 décès de grues ont déjà été comptabilisés sur le pourtour du lac du Der. Un chiffre qui risque de s’accroître de jour en jour car la situation est qualifiée d’inédite sur le territoire. C’est une véritable hécatombe qui me rappelle celle qui a anéanti en 2023 la colonie de fous de Bassan sur l’île Rouzic en Bretagne. On peut aussi redouter la contamination des autres volatiles (canards,cygnes,hérons, mouettes, etc.) qui ont élu domicile sur le lac.

Au pied des digues le long du lac du Der, sur les routes ou dans les champs alentour, les cadavres s’amoncellent. Chaque jour, les agents de l’OFB, équipés de masques et de gants, ramassent ces grues sans vie. C’est la première fois qu’ils doivent gérer un épisode de grippe aviaire de cette ampleur. Certes, il existe un vaccin contre la grippe aviaire depuis deux ans, mais il est impossible de l’inoculer aux grues sauvages, contrairement aux oiseaux d’élevages. Un premier foyer de grippe aviaire a été détecté dans un élevage de poules à moins de 3 km du lac du Der. À cause du virus, 4 000 poules sont mortes ou ont été abattues. La Préfecture de la Marne a mis en place des zones réglementées de protection concernant une dizaine de communes aux alentours. Dans ce périmètre, les mouvements de volailles sont interdits.

Il est demandé à la population et aux visiteurs de ne pas s’approcher des oiseaux morts. Les agents de l’OFB sont les seuls assignés à cette tâche. Dans les communes, on commence à s’organiser. Certaines mettent en place des réceptacles à cadavres. Ils seront récupérés par une société d’équarrissage.

Le festival de Montier-en-Der (20 au 23 novembre 2025) risque d’être bien triste cette année.

Source : presse nationale et régionale.

Il est à craindre une épidémie de grippe aviaire de grande ampleur à travers la France.

Le 31 octobre 2025, la préfecture des Landes a dressé un bilan qui fait état de « plus d’une centaine de grues cendrées, porteuses du virus, qui ont été retrouvées mortes » près du lac d’Arjuzanx et dans quelques autres communes landaises situées dans le couloir des migrations de la faune sauvage.

De son côté, la préfecture du Cantal confirme plusieurs cas de grippe aviaire « hautement pathogène » sur deux communes du département. Des grues cendrées issues de la faune sauvage ont été testées positives sur les communes de Sainte-Marie et Les Ternes.

Un premier cas de grue cendrée contaminée a également été détecté dans les Pyrénées-Atlantiques. Six autres grues cendrées retrouvées mortes et des analyses sont en cours pour déterminer la cause de leur mort, mais il est fort à craindre que la grippe aviaire soit responsable.

La grippe aviaire est identifiée dans l’Indre et plus particulièrement dans la Brenne. La préfecture a mis en place un périmètre où s’appliquent plusieurs mesures. Cinq grues ont été retrouvées mortes à Lingé. Un périmètre a été mis en place, il concerne quatre communes : Douadic, Lingé, Rosnay et Saint-Michel-en-Brenne. De nombreux cadavres d’oiseaux ou oiseaux mourants  ont été retrouvés ces derniers temps. L’association Indre Nature en dénombre une cinquantaine en une semaine, sans que l’on sache si tous sont touchés pas la grippe aviaire. Des analyses sont en cours, les résultats devraient être connus rapidement.

Oiseaux migrateurs et réchauffement climatique

Mon domicile en Limousin se trouve sous un couloir de migration, de sorte que chaque année nous voyons et entendons passer les grues au-dessus ou à proximité de la maison. Avec le réchauffement climatique d’origine anthropique, les oiseaux ont décalé leur période de migration. Ils ont tendance à descendre plus tard vers le sud et à remonter plus tôt pour se rendre en Scandinavie.

Photo: C. Grandpey

Il ne faudrait pas oublier que 2023 en France a été la 2ème année la plus chaude après 2022, avec des températures supérieures de +1.4°C par rapport aux normales de la période 1991-2020. La première quinzaine de février 2024 a été la plus chaude depuis 1930.

Des vols précoces d’oiseaux migrateurs se dirigeant vers le nord de l’Europe sont observés depuis le début du mois de février 2024. C’est assez logique : la douceur des températures modifie le rythme de ces oiseaux à l’approche de la fin de l’hiver.. Ainsi, les grues sont tentées de regagner le nord de plus en plus tôt à la fin de l’hiver pour la période de reproduction et de nidification. Plusieurs études ont montré que les oiseaux migrateurs arrivent en France cinq à six jours plus tôt que dans les années 1980.

Cette migration précoce peut devenir un problème pour les oiseaux. S’ils remontent vraiment trop tôt, quand l’hiver n’est pas terminé, ils sont inévitablement confrontés à des problèmes de nourriture. Jusqu’à ces dernières années, le cycle naturel faisait coïncider la période de ponte et la naissance des oisillons, au printemps, avec un pic d’abondance d’insectes et de végétaux dans la nature, ce qui permettait de les nourrir. Si un décalage trop grand apparaît, l’adaptation peut devenir compliquée.

A côté de la hausse des températures, les biologistes s’accordent pour dire que la plus grande menace pour la survie des oiseaux dans les années à venir réside dans les évolutions du milieu agricole. Une étude réalisée en 2023 a montré que l’agriculture intensive est la principale responsable du déclin des oiseaux en Europe. Les résultats des travaux ont montré que, plus que le réchauffement climatique, plus que la perte de surface forestière, c’est l’agriculture intensive qui pèse le plus sur la mortalité des oiseaux. Les engrais et pesticides ont modifié leur chaîne alimentaire et réduit les populations d’insectes. Les chercheurs ont calculé que 20 millions d’oiseaux disparaissent en Europe d’une année sur l’autre, depuis près de 40 ans.

La migration des oiseaux est un phénomène passionnant à observer. Lors de leurs voyages, les grues font des haltes dans des régions françaises comme les Landes ou la Brenne. Je trouve personnellement que le site le plus spectaculaire est le Lac du Der, dans le nord-est de la France, à la limite des départements de la Marne et de la Haute-Marne. Entre 200 000 à 350 000 grues cendrées y transitent chaque année, et 20 000 à 30 000 y restent l’hiver. Le 3 novembre 2019, les bénévoles ont comptabilisé 268 120 grues cendrées. C’était un record absolu. Le Lac du Der était le premier point ornithologique d’Europe et le 10ème au monde pour un tel phénomène.

Grues à proximité du Lac du Der en 2019 (Photo: C. Grandpey)

Le nombre de grues a chuté ces dernières années. Ainsi, le 19 novembre 2023, quelque 93 600 grues étaient présentes dans le Lac du Der. Les observateurs faisaient remarquer que « de nombreuses grues restent posées tardivement et la fréquentation humaine importante sur les digues en raison du festival photo de Montier, perturbe les grues qui ont du mal à sortir du lac… »

C’est vrai que le Festival International de la Photo Animalière et de Nature de Montier-en-Der attire des foules de visiteurs qui se rassemblent en fin de journée sur les digues pour assister au retour bruyant des oiseaux sur le lac où ils vont passer la nuit en toute sécurité.

Voici une petite vidéo tournée en 2019 dans les champs autour du Lac du Der où les grues viennent se nourrir pendant la journée :

https://www.youtube.com/watch?v=DpUH2PCqsw0

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Autre situation inquiétante : l’organisation de protection des océans Sea Shepherd a recensé plus d’une centaine de cadavres d’oiseaux marins sur les plages de Vendée ces cinq dernières semaines, parmi lesquels de nombreux guillemots de Troïl. Les oiseaux étaient « dénutris, épuisés et en hypothermie ». Le phénomène n’est pas limité à la Vendée et s’étend également à la Bretagne et à la Manche.

Pour l’heure, aucune association n’est capable d’établir avec certitude les raisons de ces échouages sur les plages françaises. La LPO explique que la grippe aviaire ne semble pas impliquée. Plusieurs pistes sont évoquées : la plus probable est la raréfaction de la nourriture due à la « surpêche, au changement climatique ou à la conjonction des deux.

Alors que Sea Shepherd évoque un phénomène « sans précédent » dans son communiqué, l’Office français de la biodiversité (OFB) apparaît moins alarmiste. L’organisme rappelle qu’un échouage bien plus conséquent avait eu lieu au cours de l’hiver 2014 sur la façade atlantique, en raison d’une succession de tempêtes. Plus de 40 000 oiseaux marins avaient alors été retrouvés sur les littoraux entre les Pyrénées-Atlantiques et le Finistère.  Par ailleurs, de nombreux cadavres d’oiseaux marins ont déjà été retrouvés fin 2023 sur les plages de la façade atlantique. Cette fois, ce sont surtout les alcidés, et en particulier les guillemots de Troïl qui sont concernés.

Source : presse nationale.

Guillemots de Troïl à Duncansby Head (Ecosse) [photo: C. Grandpey]

 

La fonte des glaciers et son impact sur la religion// Glacier melting has an impact on religion

Avec le réchauffement climatique et la hausse des températures, les glaciers fondent partout dans le monde. J’ai expliqué à plusieurs reprises les conséquences de la fonte des glaciers, notamment en ce qui concerne l’alimentation en eau de certaines régions de la planète. La fonte des glaciers peut également avoir un impact sur les pratiques religieuses dans l’Himalaya ou dans les Andes. On peut donner l’exemple du festival annuel Qoyllur Rit’i – Neige et Etoiles – au Pérou qui a lieu chaque année depuis 1783. Il attire des dizaines de milliers de pèlerins andins et de régions plus lointaines qui viennent célébrer le lien de l’Homme avec la Nature. Selon la tradition, ceux qui participent au Qoyllur Rit’i entrent dans un monde différent d’où ils ressortent transformés. Ils sont purifiés et ont l’impression de renaître.
Dans le passé, les croyants entamaient le voyage de nuit et se laissaient guider par le reflet de la lune sur les sommets enneigés, avant d’atteindre le glacier sacré de Colque Punku. Aujourd’hui, les pèlerins partent à l’aube. Lorsque le soleil se lève sur les montagnes andines, on peut voir une longue file de danseurs vêtus de costumes colorés qui serpente à travers le paysage. Mais ce paysage est en train de changer rapidement, et certains accès à ce monde naturel ne sont plus possibles. Les rituels du festival se déroulaient autrefois sur les glaciers, considérés comme sacrés par les habitants. Des blocs de glace censés avoir des propriétés curatives étaient découpés dans le glacier et descendus dans les villages. Aujourd’hui, avec la hausse des températures liée au réchauffement climatique, la glace sacrée se fait rare. En 2004, les organisateurs ont interdit la découpe des blocs de glace à partager avec la communauté. On a dit aux pèlerins que la glace devait être protégée à tout prix. Les autorités péruviennes avertissent que d’ici 40 ans, tous les glaciers du pays pourraient avoir disparu. Leur taille a diminué d’environ 30 % ces dernières années. J’ai insisté dans des notes précédentes sur les conséquences de cette disparition des glaciers pour les populations andines et les inévitables migrations vers les villes, notamment Lima, la capitale, dont l’eau dépend largement des glaciers andins.
Le festival Qoyllur Rit’i annonce les prochaines récoltes ; c’est un événement saisonnier célébré depuis des milliers d’années. Depuis le 18ème siècle, les religions se mélangent, christianisme et paganisme, pour créer cet événement coloré de trois jours. Le clou du du pèlerinage est un sanctuaire au pied de la montagne où un rocher présente une image de Jésus-Christ connu sous le nom de Seigneur de Qoyllur Rit’i. Les croyants dansent et prient jusque tard dans la nuit, recherchant santé, paix et prospérité.
Le festival est entré sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2011. Pourtant, avec la fonte des glaciers andins, les peuples autochtones risquent bientôt de perdre l’accès à une partie sacrée de leur culture. Il feront, eux aussi, partie de ceux qui souffrent de la destruction. causé par le réchauffement climatique. Un participant au festival a déclaré qu’il était triste de savoir que la fonte des glaciers signifie que les générations futures ne connaîtront pas le même nettoyage de l’esprit par la neige, comme il a eu la chance de le connaître en grandissant. « Si le glacier devait disparaître, je ne perdrais pas ma foi en ne pouvant plus aller au Qoyllur Rit’i, mais j’aurais le cœur brisé. Une partie de moi disparaîtrait. »
Source : médias d’information sud-américains.

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With global warming and rising temperatures, glaciers are melting around the world. I have insisted several times on the consequences of glacier melting, especially as far as the water supply of some regions is concerned. Glacier melting can also have an impact on religious practices in the Himalayas or in the Andes. There is the example of the annual Qoyllur Rit’i – or Snow and Star – festival in Peru which has occurred every year since 1783. It draws tens of thousands of indigenous pilgrims from the Andes and beyond who come to celebrate mankind’s connection with nature. It is said that when you go to Qoyllur Rit’i, you are in a different space ; you rare transformed. Then you return purified ; up there, you are reborn.

In the past, the believers would start at night and use the reflection from the moon that cascaded atop snow-capped peaks as a guide to make their way up the sacred Colque Punku glacier. Today, they leave at dawn. As the sun rises over the Andean mountains, a chain of dancers wrapped in colorful costumes snakes across the landscape. But this landscape is changing rapidly, with no more access to some parts of the natural world. Indeed, the festival rituals once took place on the mountain glaciers, which are seen as sacred by locals. Ice blocks believed to hold healing properties were carved out and carried back down the slope. Today, increasing temperatures linked to global warming mean the sacred ice is now scarce. In 2004, festival organizers banned the practice of cutting blocks of ice to share with the community, believing the melted water had healing powers. They said the ice was in urgent need of protection. Peruvian authorities warn that within 40 years, all the glaciers in Peru may have disappeared. They have decreased in size by about 30 percent in recent years. I have insisted in previous posts on the conszquences of this disappearance for the populations in the Andes ansd inevitable migrations toward the cities, especially Lima, the capital, whose water summply largely depends on Andean glaciers.

The Qoyllur Rit’i festival marks the upcoming harvest, a seasonal event that has been celebrated for thousands of years. Since the 18th century, a medley of faiths, including Christianity and paganism, have blended to create the unique and colorful three-day event. A central part of the pilgrimage is a sanctuary at the base of the mountain where a boulder features an image of Jesus Christ known as the Lord of Qoyllur Rit’i. Believers dance and pray long into the night, seeking health, peace and prosperity.

The festival was added to the UNESCO Intangible Cultural Heritage Lists in 2011. Yet the loss of Andean ice caps means that the indigenous people are soon likely to lose access to a sacred part of their culture, making them yet another group to suffer from the destruction caused by global warming. One participant in the festival said he was saddened by the knowledge that the melting ice means future generations will not experience the same kind of cleansing from the snow he was blessed with growing up.“If the glacier were to disappear, I wouldn’t lose my faith if I couldn’t go to Qoyllur Rit’i, but I would be heartbroken. A part of me would disappear.”

Source : South American news media.

 

Image du festival Qoyllur Rit’i au pied du glacier Colque Punku (Crédit photo : Wikipedia)

La montagne infidèle…

On peut lire dans le journal La Sicilia un très intéressant article qui raconte une histoire cinématographique autour de l’éruption de l’Etna en 1923…

Au mois de juin 1923, deux cratères s’ouvrent sur l’Etna au pied du Monte di Ferro, du côté de Linguaglossa, et des torrents de lave menacent la ville. Le front de lave de 150 mètres de large avance à une vitesse comprise entre 2 et 6 kilomètres à l’heure. Avec une rare témérité, Jean Epstein, un documentariste français d’origine polonaise connu pour une réalisation sur Louis Pasteur, et son opérateur Paul Guichard, ont suivi presque pas à pas la coulée de lave et ont observé les phénomènes de dévastation qui l’accompagnent.
Produit par Pathé Consortium Cinema, le documentaire muet de 33 minutes « La montagne infidèle », tourné en 35 mm et en noir et blanc, a été présenté aux Journées du film muet de Pordenone. On y voit la rivière de lave qui, issue d’une fracture sur le flanc nord-est de l’Etna entre 2500 et 2000 mètres d’altitude, détruit les vignobles et les noiseraies, la gare de Castiglione di Sicilia, les routes entre Linguaglossa et Randazzo, ainsi que des maisons de Contrada Cerro et Catena. Espérant arrêter la rivière incandescente, les habitants de Linguaglossa portent le bâton du saint patron Sant’Egidio jusqu’à Catena et après quelques jours, la lave s’arrête.

On a longtemps cru que le film d’Epstein avait été perdu. En fait, retrouvé et restauré par la Filmoteca de Catalunya, il a été présenté le 3 octobre en avant-première à Pordenone lors de la 41ème édition des Journées du Cinéma Muet, un festival dirigé par Jay Weissberg.
L’éruption de 1923 a été immédiatement considérée comme une grande éruption car elle a causé beaucoup de dégâts. Vittorio Emanuele III et Benito Mussolini, qui étaient au gouvernement depuis un an, ont visité les lieux détruits par la lave.
Le documentaire « La Montagne Infidèle » est intéressant car il montre le ressenti du cinéaste devant la force de l’éruption et la furie destructrice de la lave. Dans une séquence tournée face à un balcon, on peut voir les gardes fascistes, garants de l’ordre du nouveau régime qui vient d’arriver au pouvoir. Une telle image introduit dans le film un élément historique intéressant.

Dans le catalogue de cette 41ème édition, on peut lire : « Dans la nuit du 16 juin 1923, l’Etna a commencé à entrer en éruption du côté nord. Quatre jours plus tard, le Pathé-Consortium-Cinéma s’est arrangé pour envoyer Jean Epstein et les opérateurs Paul Guichard et Léon Donnot en Sicile avec 5000 mètres de film et une caméra Caméréclair à quatre objectifs. Une fois arrivés sur l’île, le 24 juin, ils obtiennent de la préfecture de Catane l’autorisation d’escalader le volcan. L’éruption avait déjà été filmée par des opérateurs d’actualités. Bien qu’elle fût dans sa phase terminale (elle a cessé le 18 juillet), la lave continuait de descendre de la montagne. Epstein rappelle que le voyage a duré une quinzaine de jours. Le film commence par présenter la Sicile comme un paysage rural, fertile et idyllique, avec le volcan menaçant, que les habitants de l’île tentent de combattre avec l’aide des saints patrons. Les images montrent la destruction causée par l’éruption près de la ville de Linguaglossa. On y voit les maisons ensevelies par la lave et, garantes de l’ordre public, les chemises noires fascistes. La Montagne infidèle est projetée pour la presse le 22 août 1923 et en octobre de la même année, elle sera diffusée dans le cadre d’un programme Pathé distribué à l’international. Parmi les lieux de Sicile également représentés, il y a Syracuse, avec l’Orecchio di Dionisio. Selon le rapport de l’époque Epstein, Guichard et Donnot ont tourné à Linguaglossa et sur le Monte Rosso voisin, près du cratère actif et dans la région de Syracuse, avec une halte également à Taormine, Catane et Messine. La Montagne infidèle est le quatrième film d’Epstein, alors âgé de 26 ans ».

Voici un bref extrait de La montagne infidèle :

https://video.meride.tv/lasicilia/video/folder2/1664966169etna_lasicilia.mp4

Source: La Sicilia.

Les éruptions de l’Etna peuvent être destructrices, comme celle de 1928 qui a détruit la bourgade de Mascali (Source: Wikipedia)