L’iceberg A23a de nouveau en mouvement // Iceberg A23a again on the move

Dans une note rédigée le 17 août 2024, j’expliquais que des icebergs se détachent régulièrement des plateformes glaciaires de l’Antarctique. Certains d’entre eux sont impressionnants. Emportés par le courant circumpolaire antarctique, ils dérivent dans l’océan Austral où ils finissent leur vie au bout de plusieurs mois. Les scientifiques leur donnent des noms commençant par A, B, C ou D selon le quadrant Antarctique dans lequel ils ont été initialement aperçus, et ils surveillent leurs trajectoires. Par exemple, j’ai mentionné l’A 68 et l’A 76 dans des notes publiées en janvier 2022 et novembre 2023.
Depuis des mois, l’un de ces énormes icebergs – A 23a – tournait lentement au même endroit dans l’océan Austral. Il s’est détaché de la plateforme glaciaire Filchner-Ronne de l’Antarctique en 1986.
Ce qui rend cet iceberg remarquable, c’est son immobilité à la suite d’un concours de circonstances rare. Le British Antarctic Survey explique que le bloc de glace de 3 672 kilomètres carrés, soit plus de deux fois la taille de la ville de Londres, est passé au-dessus d’un relief sous-marin et s’est retrouvé coincé dans un phénomène connu sous le nom de colonne de Taylor, un vortex d’eau en rotation provoqué par les courants océaniques au contact de la montagne sous-marine. Les courants créent une rotation de l’eau au-dessus de la montagne, ce qui entraîne l’iceberg d ans un mouvement sur lui-même d’environ 15 degrés par jour. Les scientifiques disent que le phénomène met en évidence le fascinant cycle de vie des icebergs et l’impact de la crise climatique sur les calottes glaciaires de l’Antarctique.
Lorsque l’A 23a s’est détaché de la plate-forme de glace en 1986, il n’est pas allé bien loin car il s’est échoué au fond de la mer de Weddell. Il a fondu sur place pendant plus de trois décennies avant de se libérer en 2020 et de dériver progressivement vers le courant circumpolaire antarctique. Mais lorsque l’iceberg a atteint le courant au printemps, au lieu d’être envoyé dans les eaux légèrement plus chaudes de l’océan Atlantique Sud, son voyage a été à nouveau interrompu par le Pirie Bank Seamount, montagne sous-marine qui mesure environ 1 000 mètres de hauteur. L’iceberg, qui mesure environ 61 kilomètres sur 59, est légèrement plus petit que la montagne au-dessus de laquelle il tourne. Le British Antarctic Survey a remarqué cette rotation particulière lorsque des images satellite ont révélé l’iceberg était bloqué près de îles Orcades du Sud. Comme la rotation était très lente, elle n’était pas visible à l’oeil nu sur le terrain.
Il convient de noter que la fonte d’un iceberg ne contribue pas à l’élévation du niveau de la mer, car l’iceberg est déjà dans l’eau. C’est comme un glaçon dans un verre d’eau. Le vêlage des plates-formes glaciaires le long du littoral antarctique est un phénomène naturel, et il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Ce qui est beaucoup plus préoccupant en Antarctique occidental, c’est l’amincissement de plus en plus rapide de ces plates-formes causé par le réchauffement climatique. Cela peut provoquer davantage de vêlages d’icebergs et entraîner une fonte plus rapide des glaciers en amont des ces plates-formes, contribuant ainsi à l’élévation du niveau de la mer.
Ces derniers jours, les médias internationaux ont attiré l’attention du public sur l’iceberg A23 qui est à nouveau en mouvement après avoir été bloqué pendant la majeure partie de l’année. Le British Antarctic Survey rappelle que l’iceberg mesure 3 600 kilomètres carrés et présente une épaisseur de 400 mètres.
A23a finira par quitter l’océan Austral et par pénétrer dans l’océan Atlantique où il rencontrera des eaux plus chaudes et se brisera probablement en icebergs plus petits avant de fondre complètement.
Source : British Antarctic Survey.

Naissance de l’A 23 en novembre 1986 (Source : USGS / Landsat)

 Image satellite de l’A23a en 2024 (Source : NASA / Modis)

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In a post written on 17 August 2024, I explained that icebergs regularly break off from the ice shelves in Antarctica. Some of them are quite big. Carried away by the Antarctic Circumpolar Current , they drift in the Southern Ocean where they end their lives after several months. Scientists give them names starting with A, B, C or D according to the Antarctic quadrant in which they were originally sighted, and they monitor their routes. For instance, I mentioned A 68 and A 76 in posts released in January 2022 and November 2023.

For months, one of these huge icebergs – A 23a – had been slowly spinning in one spot in the Southern Ocean. It calved from Antarctica’s Filchner-Ronne ice shelf in 1986.

What makes this iceberg rather exceptional is that it has got stuck as a result of a rare set of circumstances. The British Antarctic Survey explains that the 3,672-square-kilometer chunk of ice – more than twice the size of the city of London – drifted over a seamount and got stuck in a phenomenon known as a Taylor column, a spinning vortex of water caused by ocean currents hitting the underwater mountain. The currents create a cylindrical motion of the water above the seamount, where the iceberg now floats, rotating about 15 degrees a day. Scientists say that it highlights the fascinating life cycle of icebergs and how the climate crisis impacts Antarctic ice sheets.

When A 23a initially broke off from the ice shelf in 1986, it didn’t get far before grounding on the bottom of the Weddell Sea. Melting in place for over three decades, it eventually loosened enough in 2020 to start a gradual drift toward the Antarctic Circumpolar Current. But when the iceberg reached the current in the spring, instead of being sent into the slightly warmer waters of the South Atlantic Ocean, its journey was halted once more.

Up to now, the iceberg was slowly rotating above an underwater mountain named Pirie Bank Seamount, which is about 1,000 meters tall. The iceberg, which measures about 61 by 59 kilometers, is slightly smaller than the mountain above which it is spinning. The British Antarctic Survey noticed the peculiar spin when satellite imagery revealed the iceberg stuck in one spot near the South Orkney Islands. Because the spin was very slow, it was not visible when looking at the iceberg in real time.

It should be noted that the melting of an iceberg does not contribute to rising sea levels, as the iceberg is already in the water. I’s like an ice cube in a glass of water. Calving of ice shelves along the Antarctic coastline is also a natural phenomenon, and there is nothing to be worried about. What is of concern particularly around West Antarctica is increasingly thinning ice shelves caused by global warming, which can cause more iceberg calving and result in land-based ice melting faster, thus contributing to rising sea levels.

In the past days, international media ahve drawn public attention to A23 which is on the move again after being trapped for most of the year. The British Antarctic Survey reminds the public that the iceberg is 3,800 square kilometers and is 400m thick.

A23a will eventually leave the Southern Ocean and enter the Atlantic Ocean where it will encounter warmer waters and likely break up into smaller icebergs and eventually melt.

Source : British Antarctic Survey.

On ne s’amuse pas avec le climat ! // Please don’t play with the climate !

Ces derniers mois, l’Amérique Centrale a été particulièrement été exposée aux événements extrêmes. Le treizième ouragan de la saison s’est formé dans l’Atlantique Nord et Iota a frappé le Nicaragua. Suite à l’ouragan Eta, près de 200 morts ou disparus ont été dénombrés dans sept pays d’Amérique centrale, dont au moins 150 personnes au Guatemala. Les météorologues avaient prévenu que cette saison serait extrêmement active. La NOAA avait même prévu au moins 25 tempêtes cette saison.

Tous les ingrédients étaient réunis pour augmenter la puissance des tempêtes : des eaux plus chaudes à la surface de l’Océan Atlantique, une mousson accrue en Afrique, et des alizés plus faibles.

Les climatologues ont observé un phénomène inquiétant. Normalement en touchant la terre, les ouragans perdent de leur puissance, mais avec le réchauffement des eaux océaniques ils ont tendance à ralentir et à maintenir leur puissance quand ils touchent les côtes.

Comme je l’ai indiqué précédemment, au lieu d’essayer de faire disparaître les causes du réchauffement climatiques, certains préfèrent jouer les apprentis sorciers et trouver des solutions pour modifier le climat. C’est ainsi que la société norvégienne Ocean Therm pense pouvoir freiner la vigueur des ouragans dans l’Atlantique en installant un rideau de bulles. Le projet consisterait à poser une sorte de tuyau percé à 150 mètres de profondeur. Grâce à un système d’air comprimé, il renverrait à la surface des bulles d’eau plus froide. Des tests sont actuellement en cours dans un fjord norvégien, où la société est parvenue à refroidir de 0,5°C les eaux de surface. Le problème, c’est que la superficie d’un fjord norvégien n’a rien à voir avec les 100 millions de km2 de l’Atlantique ! La société norvégienne envisage tout de même de poser son tuyau entre la Floride et Cuba, notamment en se servant des différentes plateformes pétrolières situées dans le golfe du Mexique. Une idée qui risque fort…de tomber à l’eau !

Source : France Info.

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In recent months, Central America has been particularly exposed to extreme events. The thirteenth hurricane of the season formed in the North Atlantic and Iota hit Nicaragua. Hurricane Eta killed nearly 200 people in seven Central American countries, including at least 150 in Guatemala. Meteorologists had warned that this season would be extremely active. NOAA even forecast at least 25 storms this season.

All the ingredients were there to increase the power of the storms: warmer waters on the surface of the Atlantic Ocean, an increased monsoon in Africa, and weaker trade winds.

Climate scientists have observed a disturbing phenomenon. Normally when making landfall, hurricanes lose their power, but as ocean waters warm, they tend to slow down and maintain their power when they hit the coast.

As I put it before, instead of trying to fight the causes of global warming, some people prefer to play sorcerer’s apprenticeship and find solutions to change the climate. For instance, the Norwegian company Ocean Therm believes it can curb the strength of hurricanes in the Atlantic by installing a curtain of bubbles. The project would consist in laying a drilled pipe 150 metres deep. Using a compressed air system, it would send bubbles of cooler water to the surface. Tests are currently underway in a Norwegian fjord, where the company has managed to cool the surface water by 0.5°C. The problem is that the size of a Norwegian fjord has nothing to do with the 100 million square kilometres of the Atlantic! The Norwegian company still plans to lay its pipe between Florida and Cuba, in particular by using the oil platforms located in the Gulf of Mexico. An idea that is very likely to fall apart!

Source: France Info.

 

Image satellitaire de l’ouragan Eta (Source: NASA)