Etna et Stromboli (Sicile) : des systèmes magmatiques indépendants

Ces jours-ci, le Stromboli et l’Etna montrent ensemble une activité éruptive intéressante, mais – comme je l’ai déjà expliqué sur ce blog – cela ne signifie pas que les deux systèmes volcaniques sont reliés.

Le 28 février, j’ai fait part de la mise à jour de l’INGV concernant l’Etna.

Coulée de lave sur l’Etna  (Source: réseaux sociaux)

Dans le même temps, un débordement de lave a été enregistré depuis la zone cratèrique Nord du Stromboli. Le front de la coulée de lave se situe dans la partie supérieure de la Sciara del Fuoco. L’activité strombolienne habituelle se poursuit dans les zones des cratères Nord et Centre-Sud.

Source: INGV

Cette activité simultanée des deux volcans ne signifie pas pour autant que les deux phénomènes sont liés. En effet, les deux systèmes volcaniques ont des origines et des caractéristiques complètement différentes ; ils sont indépendants l’un de l’autre.

L’Etna puise son magma dans l’asthénosphère, à environ 35-40 km de profondeur.

Le Stromboli et tous les autres volcans des îles Éoliennes ont une origine géodynamique très différente. Elle est générée par la subduction de la plaque africaine sous la plaque eurasienne. À environ 200-300 km de profondeur, la plaque africaine en train de s’enfoncer commence à fondre, générant du magma qui tend ensuite à remonter et à percer la surface, formant l’arc volcanique des Éoliennes.

Il n’y a donc pas de connexion directe entre les deux systèmes volcaniques.

Éruption de White Island en 2019 (suite)// 2019 White Island eruption (continued)

Souvenez-vous : 47 personnes se trouvaient sur White Island (Nouvelle-Zélande) lorsqu’une violente et soudaine éruption s’est produite en décembre 2019. La plupart des touristes étaient des passagers de navires de croisière américains et australiens. Il s’agissait d’une excursion à pied dans le cratère du volcan avec l’accompagnement de guides locaux. 22 personnes sont mortes lors de l’éruption et une vingtaine d’autres ont été gravement brûlées.
La société Whakaari Management, gérée par trois frères propriétaires du volcan actif, a été initialement reconnue coupable, lors d’un procès en 2023, d’avoir enfreint la loi néo-zélandaise sur la santé et la sécurité au travail en ne garantissant pas la sécurité des visiteurs.
Les frères ont fait appel de leur condamnation lors d’une audience en octobre 2024 à la Haute Cour de Justice d’Auckland. Il s’agissait de savoir si la société était responsable des pratiques de sécurité sur l’île en vertu des lois néo-zélandaises sur la santé et la sécurité. Les lois stipulent que toute personne responsable d’un lieu de travail doit assurer la gestion des dangers et la sécurité de tous, y compris aux points d’entrée et de sortie du site.
Au cours du procès de 2023, les survivants ont affirmé qu’on ne leur avait pas dit que le volcan actif était dangereux lorsqu’ils ont payé pour le visiter. Ils ont également déclaré qu’ils n’avaient pas reçu d’équipement de protection et que beaucoup portaient des vêtements qui ont aggravé leurs brûlures.
Le 28 février 2025, un juge néo-zélandais a annulé la condamnation pénale des propriétaires de White Island. Il a statué que la société n’avait pas l’obligation, en vertu de la loi applicable, de garantir que le lieu des visites guidées à pied ne présentait aucun risque pour la santé et la sécurité.
Cette décision aura de profondes conséquences et modifiera les lois régissant l’industrie du tourisme d’aventure en Nouvelle-Zélande.
Source : New Zealand News media.

White Island quelques heures après l’éruption (Source: journaux néo-zélandais)

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Remember : 47 people were on White Island (New Zealand) when it suddenly and violently erupted in December 2019. Most were passengers from US and Australian cruise ships on a walking tour, along with their local guides. 22 people died in the eruption and two dozen others were severely burnt.

Whakaari Management, a company run by three brothers who own the active volcano, was initially found guilty in a 2023 trial of breaching New Zealand’s workplace health and safety law by failing to keep visitors safe.

The brothers appealed their convictions in a hearing last October at the High Court in Auckland. The case centred around whether the company should have been in charge of safety practices on the island under health and safety laws.The laws state that anyone in charge of a workplace must ensure the management of hazards and the safety of all there, including at entry and exit points.

During the 2023 trial, survivors testified that they had not been told the active volcano was dangerous when they paid to visit it. They also stated that they were not supplied with protective equipment, and many were wearing clothing that made their burns worse.

On February 28th, 2025, a New Zealand judge overturned the criminal conviction of the owners of the White Island volcano. He ruled that the company did not have a duty under the relevant law to ensure that the walking tour workplace was without risks to health and safety.

The case will have far-reaching implications and change the laws governing New Zealand’s adventure tourism industry.

Source : New Zealand News media.

Histoire d’algues glaciaires

Les médias français (radio et télévision réunies) ont le don d’ouvrir les portes ouvertes et de relater des faits connus depuis pas mal de temps. Ce qui a l’air d’un scoop n’est en fait que du réchauffé !

Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises sur ce blog, les algues qui se trouvent à la surface des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique se développent au printemps et assombrissent certaines parties du paysage qui est habituellement d’un blanc immaculé. Les teintes plus foncées des algues réduisent l’albédo, autrement dit le réfléchissement de la lumière du soleil, et accélèrent la fonte de la glace. Voici une vidéo diffusée ces derniers jours par France 2 pour expliquer ce phénomène :

https://www.francetvinfo.fr/environnement/meteo/neige/arctique-des-algues-rechauffent-les-glaciers-du-groenland_7096275.html

Le reportage explique que depuis le ciel, on aperçoit des taches sombres à perte de vue et de plus en plus nombreuses sur la glace du Groenland. Il s’agit de microalgues qui se développent facilement sur des zones glacées sans neige et n’ont besoin que de très peu de ressources.

Image extraite du documentaire (Crédit photo: James Bradley)

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Dans une note publiée le 7 juillet 2024, je fais référence à un article paru sur le site Live Science dans lequel des chercheurs de l’Université d’Aarhus au Danemark ont détecté des signes de virus géants sur la calotte glaciaire du Groenland qui pourraient contribuer à réduire certains impacts du réchauffement climatique. Ces virus, qui peuvent être jusqu’à 1 500 fois plus volumineux que les virus ordinaires, sont susceptibles d’attaquer les algues microscopiques qui assombrissent la glace du Groenland et la font fondre plus rapidement. Les auteurs de la nouvelle étude, publiée en mai 2024 dans la revue Microbiome, espèrent que la compréhension de ces virus pourra ouvrir la voie à un contrôle naturel de la croissance des algues et, par conséquent, réduire la fonte de la glace. Voici le lien vers ma note :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/07/07/groenland-des-virus-pour-blanchir-la-glace-et-la-neige-greenland-virus-to-whiten-ice-and-snow/

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S’agissant de la contribution du Groenland au réchauffement climatique, il faudrait aussi prendre en compte la présence de nouvelle végétation sur les zones délaissées par la glace et la neige. Une note intitulée « Le verdissement du Groenland » parue sur ce blog le 6 mars 2024, développe ce sujet :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/03/06/le-verdissement-du-groenland-the-greening-of-greenland/

À noter qu’un ‘verdissement’ identique affecte également l’Antarctique et nos Alpes.

 

Vue du glacier Russell (ouest du Groenland). Sa fonte a permis à des praires humides et des arbustes de s’installer là où il y avait autrefois de la glace et de la neige (Crédit photo : Université de Leeds)