L’avenir sombre des stations de ski // The dark future of ski resorts

Une étude scientifique publiée le 28 août 2023 dans la revue Nature Climate Change prévient que plus de la moitié des stations de ski en Europe seront confrontées à un sérieux manque de neige si les températures augmentent de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. On peut aussi lire dans cette étude que presque toutes les stations pourraient être exposées à une augmentation de 4 degrés Celsius. Une telle situation constituera inévitablement un défi pour l’industrie et les décideurs politiques, et une réalité difficile à admettre par les amateurs de ski.
Selon les auteurs de l’étude, la production de neige artificielle ne compensera que partiellement le manque de neige naturelle et il faudra utiliser des enneigeurs plus puissants dont le fonctionnement générera encore plus de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique dans le monde.
Les dégels à répétition, de plus en plus fréquents pendant les derniers hivers, ont affecté de nombreuses stations de ski en Europe, avec un manque de neige inquiétant sur de nombreuses pistes de ski. Parallèlement à la fonte des glaciers, le manque de neige est devenu une preuve parfaitement visible des effets du réchauffement climatique.
Alors que la hausse des températures sur Terre flirte déjà avec la limite de 1,5°C définie par l’accord de Paris sur le climat en 2015, et qu’une hausse plus élevée semble inévitable, les chercheurs ont analysé l’impact du réchauffement climatique sur plus de 2 200 stations de ski dans 28 pays européens.
L’étude a évalué les changements dans la couverture neigeuse en fonction d’une gamme de hausses de température : 53 % des stations de ski en Europe seraient confrontées à un « risque très élevé d’insuffisance de neige » avec une augmentation de 2 degrés Celsius. Ce pourcentage atteindrait 98 % si la hausse dépassait 4 degrés Celsius.
Même avec l’utilisation de neige artificielle, plus d’un quart des stations seraient toujours confrontées à un manque de neige si les températures augmentaient de 2 degrés, et plus de 70 pour cent le seraient si elles grimpaient de 4 degrés.
Les chercheurs affirment que leur étude va plus loin que les précédentes et fournit un premier aperçu complet de l’impact du manque de neige sur les pistes de ski en Europe qui abrite la moitié des stations de ski dans le monde.
Cette étude fournit également une analyse des besoins en eau et en électricité, et des émissions de gaz à effet de serre associés à l’enneigement artificiel. Les auteurs écrivent que « dans le secteur du tourisme, si l’on veut limiter l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique, il faut aussi se soucier de limiter l’empreinte carbone des activités, et donc tout mettre en œuvre pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre dans tout le secteur. »
De nombreux exploitants de stations de ski, en Europe et au-delà, ont déjà compris le message et devront faire encore davantage d’efforts. Pour les skieurs, l’étude montre que des destinations plus hautes en altitude – et plus froides – seront probablement nécessaires pour accéder aux meilleures pistes. Surtout, les stations de ski devront s’adapter et diversifier leurs activités si elles veulent continuer à accueillir un nombre suffisant de visiteurs dans les années à venir.
Source : Yahoo Actualités.

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A scientific study published on August 28th, 2023 in the journal Nature Climate Change warns that over half of Europe’s ski resorts will face a severe lack of snow if temperatures rise 2 degrees Celsius above pre-industrial levels. It adds that nearly all ski resorts could be affected by an increase of 4 degrees. This situation will inevitably be a challenges for the industry and policymakers, and a harsher reality for ski lovers.

The team of experts warns that the production of artificial snow would only partially offset the decline and would involve processes like snow blowers that generate more of the same greenhouse gases that contribute to global warming around the globe.

Repeated and increasing wintertime thaws have affected many European ski resorts in recent years, leaving many slopes worryingly bare of snow. Along with glacier melt, snow shortages have become a visible emblem of the effects of global warming.

With the rise in global temperatures already flirting with the target limit of 1.5°C defined by the 2015 Paris climate agreement, and a higher climb seemingly inevitable, the researchers analyzed the impact on more than 2,200 ski resorts across 28 European countries.

The research evaluated changes in snow cover across a range of increases in temperature: 53% of ski resorts in Europe would face “very high risk of insufficient snow” at a rise of 2 degree Celsius. 98% would face that level of risk if the 4-degree rise is surpassed.

Even with the use of artificial snow, more than one-fourth of the resorts would still face snow shortages if temperatures rise by 2 degrees, and more than 70 percent would if they climbed by 4 degrees.

The researchers say their paper goes further than previous studies and provides a first comprehensive look at the impact of snow shortages on the slopes across Europe, home to half of the world’s ski resorts.

What this study also provides is an analysis of the water requirement, electricity requirement, and greenhouse gas emissions that are associated with snowmaking. The authors write that “in the tourism sector, if we want to limit the extent of the consequences of global warming, we must also be concerned about limiting the carbon footprint of this activity, and therefore do everything possible to massively reduce greenhouse gas emissions for the entire sector. »

Many ski resort operators, in Europe and beyond, are already getting the message, and may need to do more. For skiers, the study suggests higher – and colder – destinations may be required to get to the best slopes. Above all, many resorts will have to adapt and diversify their activities if they want to welcaome a sufficient number of visitors in the years to come.

Source : Yahoo News.

Les puissants enneigeurs génèrent encore plus de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (Photo: C. Grandpey)

Réchauffement climatique : canons à neige en péril // Global warming : snow cannons at risk

Un article récemment publié dans la presse italienne explique qu’investir dans des canons à neige devient de plus en plus risqué avec l’accélération du réchauffement climatique.
Les journaux donnent l’exemple de Monte Cimone, une station de ski populaire des Apennins. 5 millions d’euros ont été investis dans l’enneigement artificiel en 2022 avant la saison hivernale pour essayer de lutter contre les conséquences du réchauffement climatique, mais ce n’était pas une bonne idée. Les canons à neige se sont avérés inutiles car la température n’est jamais descendue en dessous de zéro jusqu’à la mi-janvier 2023. Les canons n’auraient projeté que des gouttelettes d’eau. Les remontées mécaniques sont restées à l’arrêt, les moniteurs de ski et les saisonniers ont été réduits au chômage et la station a perdu 40% de chiffre d’affaires sur l’ensemble de la saison. C’est la première fois en 40 ans que la station de Monte Cimone est restée fermée pour les vacances de Noël.
La hausse des températures menace l’industrie du ski dans le monde entier, mais l’Italie, avec ses nombreuses stations à relativement basse altitude dans les Apennins et dans les Alpes, est particulièrement touchée. Selon les données de l’association environnementale italienne Legambiente, environ 90 % des pistes italiennes dépendent de la neige artificielle, contre 70 % en Autriche, 50 % en Suisse et 39 % en France.
La hausse des températures en Europe a provoqué une sécheresse à grande échelle et l’Italie ne peut se permettre d’utiliser des millions de mètres cubes d’eau chaque année pour faire de la neige artificielle. Legambiente a calculé que la consommation annuelle d’eau à cet effet sur les pistes de ski dans les Alpes italiennes pourrait bientôt atteindre celle d’une ville d’un million d’habitants, comme Naples. L’énergie consommée par le nombre sans cesse croissant de canons à neige est également exorbitante. La puissance nécessaire pour fournir de la neige de culture à toutes les stations de ski dans les Alpes équivaut à la consommation annuelle de 130 000 familles de quatre personnes.
L’industrie du ski va devoir prendre une décision importante. Il va falloir choisir entre continuer à lutter contre le réchauffement climatique dans l’espoir que le progrès technologique permettra de surmonter l’effet de la hausse des températures, et rechercher d’autres sources de revenus touristiques. Alors que les climatologues et même la Banque d’Italie conseillent la deuxième solution, la plupart des stations de ski veulent faire de la résistance.
Il est vrai que les enjeux économiques sont importants. Le secteur italien du ski emploie directement ou indirectement 400 000 personnes et génère un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros, soit environ 0,5 % du produit national. L’Italie compte environ 220 stations de ski avec au moins cinq remontées mécaniques, ce qui la place au troisième rang mondial derrière les États-Unis et la France. Le pays accueille également le troisième plus grand nombre de touristes étrangers derrière l’Autriche et la France.
L’Italie a commencé à installer des enneigeurs vers 1990, après deux années presque sans neige dans les Alpes. C’est aujourd’hui un leader mondial de canons à neige. L’un de ses principaux fabricants, TechnoAlpin, a fourni en canons les Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin. La dernière innovation de TechnoAlpin peut produire de la neige à + 10°C. Des tests sont effectués sur les pistes de Bolbeno, la station de ski la plus basse d’Italie à seulement 600 mètres d’altitude. La neige produite par cette nouvelle technologie est soi-disant « merveilleuse » et reste au sol même par temps chaud.
L’Italie est loin d’être le seul pays à investir des sommes importantes pour préserver son ski d’hiver. En décembre, les responsables de la station suisse de Gstaad ont utilisé des hélicoptères pour déposer de la neige sur une piste stratégique reliant les domaines skiables de Zweisimmen et Saanenmoser, eux-mêmes alimentés en neige artificielle.
Les tentatives de préservation de l’industrie du ski font réagir les écologistes. En mars 2023, des militants armés de drapeaux et de banderoles se sont rassemblés à Pian del Poggio, dans les Apennins italiens, pour protester contre l’installation de canons à neige dans la station située à 1 300 mètres d’altitude. Cinq groupes écologistes espagnols font pression sur l’Union Européenne pour bloquer une subvention de 26 millions d’euros destinée à financer un projet de jonction de deux stations de ski dans les Pyrénées. La plupart des économistes et des climatologues affirment qu’essayer de maintenir les stations de ski à basse altitude est voué à l’échec et que la fabrication de neige artificielle ne fait que retarder l’inévitable.
Dans ce contexte, les stratégies d’adaptation basées sur la diversification des activités en montagne sont cruciales. En Europe, les Alpes vont probablement devenir de plus en plus fréquentées en été, car la chaleur sur les plages et dans les villes méditerranéennes va devenir insupportable. Les stations de montagne ont donc intérêt à attirer de nouveaux types de vacanciers.
Un nombre croissant de stations de montagne ont déjà suivi les conseils. Dans l’une d’elles, à 1 600 mètres d’altitude à 100 km au nord de Milan, les autorités ont démantelé les remontées mécaniques il y a 16 ans, tout en améliorant les infrastructures prévues pour l’alpinisme et la randonnée.
Source : Yahoo Actualités, médias d’information italiens.

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An article recently published in the Italian news papers, shows that investing in snow cannons can become more and more risky with the accelerating global warming.

The Italian press gives the example of Monte Cimone, a popular ski resort in Italy’s Apennine Mountains. It invested 5 million euros in artificial snowmaking in 2022 before the winter season in an attempt to stave off the impact of global warming. The money was largely wasted. The snow cannon proved useless because the water droplets they fire into the air need freezing weather for them to fall to the ground as snow, and until mid-January 2023 the temperature never fell below zero Celsius. The ski-lifts were closed, the ski instructors and seasonal workers had nothing to do and the ski resort lost 40% of revenue for the whole season. It was the first time in 40 years that Monte Cimone was closed for the Christmas holidays.

Rising temperatures threaten the skiing industry worldwide but Italy, with its many relatively low-altitude resorts in the Apennines as well as the Alps, is particularly badly affected. Some 90% of Italy’s pistes rely on artificial snow, compared with 70% in Austria, 50% in Switzerland and 39% in France, according to data from Italian Green lobby Legambiente.

Rising temperatures in Europe are bringing drought and Italy can ill afford the millions of cubic metres of water it uses every year to make snow. Legambiente calculates that the annual water consumption of Italy’s Alpine pistes may soon be as much as a city of a million people, such as Naples. The energy consumed by an ever-growing battery of snow cannon is also exorbitant.The power required to provide artificial snow to all Europe’s Alpine resorts would equal the annual consumption of 130,000 families of four people.

The skiing industry faces a looming decision. It may battle on in the hope technological progress can overcome the effect of rising temperatures, or it can look for alternative sources of tourist revenue. While climatologists and even the Bank of Italy suggest the second course of action, most ski operators are defiant.

The economic stakes are high. Italy’s ski sector directly or indirectly employs 400,000 people and generates turnover of 11 billion euros, equal to about 0.5% of national output. Italy has around 220 ski resorts with at least five lifts, putting it third in the world behind the United States and France. It also receives the third highest number of foreign tourists behind Austria and France.

Italy started to develop artificial snow machines around 1990 after two almost snowless years in the Alps. It is now a world leader. One of its main producers, TechnoAlpin, supplied the 2022 Winter Olympic games in Beijing. TechnoAlpin’s latest machine can produce snow at 10° C. It is testing the device on nursery slopes at Bolbeno, Italy’s lowest resort at an altitude of just 600 metres. The snow the technology produces is said to be « wonderful » and remains on the ground even in warm temperatures.

Italy is far from alone in going to almost any lengths to preserve its winter skiing. In December authorities in the Swiss resort of Gstaad used helicopters to deposit snow onto a strategic but bare piste connecting the ski areas of Zweisimmen e Saanenmoser, which were themselves furnished with artificial snow from cannon.

The attempts to preserve the ski industry are drawing protests from environmentalists. In March 2023, activists with flags and banners gathered at Pian del Poggio, in Italy’s Apennines, to protest against the installation of snow cannon at the 1,300 metre high resort. Five Spanish environmentalist groups are lobbying the European Union to block the use of 26 million euros of EU money to fund a project to join two ski resorts in the Pyrenees. Some economists and climatologists argue that trying to keep low-altitude ski resorts in business is destined to fail, and snow-making merely delays the inevitable.

In this context adaptation strategies based on diversification of mountain activities and revenues are crucial. The European Alps are likely to become increasingly popular in summer as Mediterranean beaches and cities grow uncomfortably hot. So mountain resorts resorts should focus on attracting different kinds of holidaymakers.

A growing number of mountain communities have already followed the advice. In a 1,600 metre-high resort 100 km north of Milan, the authorities dismantled the ski-lifts 16 years ago while improving facilities for mountaineering and hiking.

Source : Yahoo News, Italian news media.

Photo: C. Grandpey