Surpêche du krill en Antarctique // Krill overfishing in Antarctica

Le réchauffement climatique n’est pas la seule menace pour les régions les plus froides du monde où la banquise et la glace de mer fondent avec la hausse des températures. Dans ma conférence « Glaciers en péril », j’insiste sur le risque que fait peser la surpêche autour du continent antarctique.
On estime que les eaux au large de l’Antarctique contiennent jusqu’à 550 millions de tonnes de krill. Ces minuscules créatures qui ressemblent à des crevettes jouent un rôle essentiel dans le réseau trophique antarctique; elles assurent l’existence d’un grand nombre d’espèces, des manchots aux baleines à bosse. Le problème est que le krill est aussi de plus en plus la cible de la consommation humaine. Une industrie s’est mise en place dans laquelle le krill est utilisé dans les suppléments d’huile de poisson et les aliments pour poissons.
Les scientifiques et les défenseurs de l’environnement craignent que cette situation mette encore davantage en péril la faune antarctique. En effet, le krill serte de lien à toutes les autres espèces de la région.
L’abondance de krill a conduit les flottes de pêche de nombreux pays à se ruer sur cette ressource. Des navires chinois, norvégiens, sud-coréens et chiliens sillonnent les eaux de la région de décembre à juillet.
Selon les règles établies dans le cadre du Traité sur l’Antarctique, les chalutiers doivent rester cantonnés dans quatre zones au large de la Péninsule antarctique et la prise saisonnière est plafonnée à 680 000 tonnes. Cependant, les scientifiques spécialistes des régions polaires affirment que les limites actuelles ne vont probablement pas assez loin pour protéger les besoins alimentaires de la faune antarctique.
On a également fait remarquer que l’activité de la flotte de pêche nuit à la faune. Les filets des chalutiers ont parfois ramené autre chose que du krill. C’est ainsi que de jeunes baleines à bosse affamées qui suivaient les chalutiers pour essayer d’avaler du krill se sont retrouvées prises dans leurs filets. Trois cétacés ont été remontés dans les filets en 2021, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. La société de pêche norvégienne Aker BioMarine affirme avoir renforcé les dispositifs de ses navires pour éloigner les mammifères marins.
L’industrie du krill devrait connaître une croissance significative au cours de la prochaine décennie. L’utilisation du krill dans le secteur alimentaire a le vent en poupe dans le monde. Le marché de l’huile de krill devrait atteindre plus de 900 millions de dollars d’ici 2026.
Ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement océanique, c’est que la pêche au krill est trop concentrée dans certaines zones autour de la Péninsule antarctique. Cela signifie que les bancs de krill se concentrent dans de très petites zones où pêcheurs et prédateurs se rassemblent. Il y a d’énormes colonies de manchots et la pêche au krill se déroule en mer, juste devant ces colonies. Conscientes de la menace que représente la pêche au krill pour les manchots, huit entreprises se sont engagées à rester à au moins 30 km des principales colonies de reproduction pendant la saison d’incubation et d’élevage des poussins.
Même sans la concurrence de la pêche, le krill subit une pression croissante en raison du changement climatique. Il y a un débat parmi les scientifiques pour savoir si le changement climatique a un impact plus important que la pêche industrielle. En fait, c’est l’accumulation de stress qui cause des problèmes à la faune à travers les océans. C’est pourquoi il faut protéger ces sanctuaires océaniques et créer des refuges pour la faune.
Source : Yahoo Actualités, Reuters.

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Global warming is not the only threat to the coldest regions of the world where pack ice and sea ice are melting with rising temperatures. In my conference « Glaciers at risk », I insist on the risk of overfishing around the Antarctic continent.

The icy waters off Antarctica are estimated to hold up to 550 million tons of krill. These tiny shrimp-like creatures are the linchpin in the Antarctic food web, sustaining a huge number of species, from penguins to humpback whales. The problem is that they are also increasingly the target for human consumption. A growing krill industry has been scooping up the crustaceans

for use in fish oil supplements and fish feed.

Scientists and conservationists fear that could further imperil Antarctic wildlife. Indeed, Antarctic krill connect all the other species.

The perceived abundance of krill has led global fishing fleets to target Antarctic krill. Vessels from China, Norway, South Korea and Chile trawl the region’s waters from December to July.

Under established rules within the Antarctic Treaty System, trawlers must stay largely confined to four areas off the Antarctic Peninsula and a seasonal catch is capped at 680,000 tons. However, polar scientists say the current limits may not go far enough to safeguard the food supply for wildlife.

Some also say there are indications that the fleet’s activity is harming wildlife. It was reported that there were bycatch in the krill industry. Hungry juvenile humpback whales that were following the krill trawlers to try to get krill somehow got caught up in their systems of nets. Three of the cetaceans were caught in 2021, something that had never happened before. The Norwegian fishing company Aker BioMarine says it has since reinforced its ships’ devices to keep marine mammals out of its nets.

The krill industry is set to grow significantly in the next decade. Fish farming, which uses krill as feed, is the world’s fastest growing food sector. The krill oil market is projected to rise to more than $900 million by 2026.

What worries ocean conservationists is that the krill fishery is overly concentrated in certain areas around the Antarctic Peninsula. This means that a lot of fish is caought in very small areas where all the predators are also congregated. there are huge colonies of penguins and the krill fishery is operating right off the shores of these colonies. Mindful of the threat krill fishing poses to penguins, eight companies have pledged to stay at least 30 km away from key breeding colonies during incubation and chick-rearing season.

Even without competition from fisheries, the krill supply is under increasing pressure due to climate change. There is a new a debate among scientists to know whether climate changeis having a greater impact than industrial fishing. Actually, it is the combination of different stresses that is so difficult for wildlife across the oceans. As a consequence, we need to protect those ocean sanctuaries and create safe havens for wildlife.

Source: Yahoo News, Reuters.

Gros plan d’un krill de l’Antarctique (Source: Wikipedia)