Le delta du Nil sous la menace du réchauffement climatique // Global warming threatens the Nile Delta

C’est un peu comme notre Camargue dans le delta du Rhône (voir ma note du 10 novembre 2022), mais à plus grande échelle. Situé sur la côte nord de l’Égypte le long de la Méditerranée, le delta du Nil est l’un des trois points chauds de la planète les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, en particulier l’élévation du niveau de la mer.
Alors que l’Égypte accueille ce mois-ci la COP27 sur le climat, la situation du delta, connu depuis des millénaires pour son sol fertile, est un sujet d’inquiétude. La région espère recevoir de l’aide pour faire face aux conséquences du réchauffement de la planète.
Le delta couvre environ 240 kilomètres carrés et s’étale au nord du Caire, la capitale, Le Nil se divise alors en plusieurs bras qui ont déposé du limon et créé une terre riche et fertile en se dirigeant vers la mer. Depuis l’Antiquité, la région est le grenier de l’Égypte.
Le delta du Nil est fortement peuplé; il abrite environ 40% des 104 millions d’habitants de l’Égypte et, selon l’agence alimentaire des Nations Unies, il représente la moitié de l’économie du pays. Les fermes et les pêcheries le long des deux bras du Nil, Rosette à l’ouest et Damiette à l’est, contribuent à nourrir le pays et à fournir des produits destinés à l’exportation.
Toute cette économie est de plus en plus menacée par le réchauffement climatique et la montée des eaux de la Méditerranée. Un quart du delta se trouve au niveau de la mer ou en dessous. Une hausse du niveau de la mer entre 50 centimètres et 1 mètre – qui pourrait se produire d’ici 2100, selon les prévisions du GIEC – déplacera le littoral vers l’intérieur de plusieurs kilomètres, submergeant de vastes zones agricoles et rendant la terre stérile à cause du sel. Cela entraînera de graves défis pour les infrastructures côtières et l’agriculture, et pourrait aussi conduire à la salinisation des aquifères côtiers, y compris dans le delta du Nil. Le scénario jugé le plus probable par le GIEC est que la mer montera de 0,3 à 0,6 mètre d’ici 2100, ce qui rendra des milliers d’hectares impropres à l’agriculture ou à l’habitation.
Représentant plusieurs générations, les agriculteurs, les pêcheurs et les habitants du delta du Nil disent ressentir les effets du réchauffement climatique depuis des années, en particulier l’élévation du niveau de la mer. Ils ont constaté une plus grande érosion des berges et la contamination des eaux souterraines par le sel. L’eau salée s’introduit dans le sol avec la pression exercée par la montée de l’eau de mer; en revanche, la contre-pression de l’eau douce a diminué. L’intrusion d’eau salée est la menace la plus sérieuse pour le delta. Cela signifie moins de productivité et dans de nombreux cas la mort des cultures et donc l’insécurité alimentaire.
Les pratiques agricoles ont radicalement changé ces dernières années. Les paysans cultivaient autrefois des tomates, des aubergines, des citrouilles et d’autres légumes. Aujourd’hui, ils cultivent principalement des mangues et des agrumes qui sont moins vulnérables au sel.
Il y a une dizaine d’années, certains agriculteurs ont surélevé leurs terres agricoles d’un ou deux mètres pour lutter contre la montée des eaux chargées de sel dans leurs exploitations. Cela leur a coûté environ 100 000 dollars. L’élévation, couplée à un système d’apport d’eau douce mis en place par le gouvernement afin de réduire le sel dans le sol, a permis de gagner du temps. Avec l’apport de tonnes de terre, ces agriculteurs cultivent des plantes dans des zones surélevées. Ils utilisent des engrais naturels ou chimiques pour contrer la salinité du sol. Sans ces mesures, la terre deviendrait rapidement aride. Au final, ces agriculteurs espèrent que les terres agricoles surélevées et le système d’apport d’eau douce élaboré par le gouvernement leur permettra de survivre, malgré les engrais chimiques coûteux. On peut craindre que, sans de nouvelles aides du gouvernement, des milliers de personnes abandonnent leurs fermes.
La région du delta du Nil a toujours été exposée à la mer toute proche, mais les anciens disent que la salinité était compensée par les apports en eau douce et en limon du fleuve. Même après la construction du barrage d’Assouan il y a plus de 50 ans qui a mis fin aux inondations saisonnières, l’eau douce atteignait encore les champs grâce à des canaux. La situation est différente aujourd’hui car le gouvernement a rationné l’utilisation de l’eau pour les besoins agricoles et a donné la priorité à la population croissante du pays. En conséquence, il n’y a plus assez d’eau douce pour évacuer le sel.
Le long de la côte, dans la partie orientale du delta, des digues en béton ont été édifiées juste à l’extérieur de la ville de Port-Saïd dans le but de faire face aux assauts des vagues. Cependant, ces remparts n’ont pas suffi à empêcher la mer d’inonder les restaurants et les cafés en bord de plage dans la ville de Ras el-Bar ces derniers hivers.
Les digues et les systèmes d’apport d’eau douce font partie des efforts du gouvernement égyptien pour protéger le delta des effets du réchauffement climatique. Les autorités ont installé des protections en béton sur 120 kilomètres le long de la côte méditerranéenne,afin d’abriter 17 millions de personnes. Cela équivaut à environ la moitié du littoral du delta et de la ville d’Alexandrie. Toute la côte méditerranéenne le long de l’Égypte s’étend sur 990 kilomètres. Le gouvernement travaille également à la mise en place d’un système permettant d’alerter contre les phénomènes climatiques comme l’élévation du niveau de la mer.
Dans le même temps, les autorités tentent de mettre un terme à des pratiques très polluantes, comme la fabrication de briques et une ancienne coutume agricole, le brûlage de la paille de riz, dont la fumée envahit le ciel du delta chaque année après la récolte. Mais ce n’est qu’une mesurette dans la résolution d’un problème à l’échelle de la planète. Bien que l’Égypte contribue à 0,6 % des émissions globales de dioxyde de carbone, c’est l’un des pays les plus exposés aux impacts du réchauffement climatique.
Source : Yahoo Actualités.

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It is a bit like the French Camargue in the Rhone River Delta (see my post of November 10th, 2022), but at a larger scale. Situated on Egypt’s northern coast on the Mediterranean, the Nile River Delta is one of the world’s three most vulnerable hot-spots to climate change impacts, including rising sea levels.

As Egypt hosts the U.N.’s global climate summit COP27 this month, the predicament of the Delta, known for millennia for its fertile soil, is a matter of worry. Residents are hoping for help to deal with the consequences of a warming planet.

The Delta covers roughly 240 square kilometers, starting just north of the capital of Cairo where the Nile River fans out. The rivers’ branches created the rich, fertile land by depositing silt as they made their way to the sea. Since ancient times, the area has been the food basket of empires.

The Nile Delta area is heavily populated, home to some 40% of Egypt’s 104 million people and, according to the U.N. food agency, accounts for half of the country’s economy. Farms and fisheries along the two Nile branches, Rosetta in the west and Damietta in the east, help feed the country and provide products for export.

All of that is increasingly threatened by climate change and rising seas. A quarter of the Delta sits at or below sea level. An increase between 50 centimeters and 1 meter – which could happen by 2100, according to IPCC forecasts – will shift the coastline inward by several kilometers, submerging large areas and rendering more barren with salt. This would imply severe challenges for coastal infrastructure and agriculture, and can lead to the salinization of coastal aquifers, including the densely populated and cultivated Nile Delta. The scenario judged to be more likely by the IPCC panel is that the sea will rise by 0.3-0.6 meters by 2100. That will still render thousands of hectares unfit for farming or habitation.

Spanning several generations, farmers,fishermen and residents in the Delta say they have sensed climate change’s effects for years, particularly in rising sea levels. They have seen greater shore erosion and groundwater contaminated by salt. The saltwater intrudes as pressure grows from rising sea water, and the counter-pressure from fresh water has lessened. Saltwater intrusion is the most challenging threat to the Delta. It means less productivity and in many cases crops’ death and therefore food insecurity.

Planting practices have changed drastically over the past years. Farmers once grew a variety: tomatoes, eggplants, pumpkins, and other vegetables. Now they grow mostly mango and citrus, which are less vulnerable to salt.

A decade ago, several farmers elevated their farmlands, one field by 1 meter and the second by 2 meters, to combat rising saline water in the body of their farms. It cost them around 100,000 dollars. The elevation, along with a government-built runoff system meant to reduce salt in the soil, bought them some time. Besides bringing in tons of earth, many cultivate plants in raised beds and use whatever natural or chemical fertilizers they can afford to counteract the saline. Without these measures, the land quickly turns desolate. The farmers hope that the newly elevated farmlands and a government-built runoff system will help them survive, in addition to expensive chemical fertilizers. They worry that without more government help, thousands could desert their farms.

The area has always been exposed to the nearby sea, but formers say salinity was kept in check by supplies of fresh water and silt from the Nile. Even after the construction of the Aswan High Dam in over 50 years ago ended seasonal flooding, fresh water still reached the fields through canals. But even that has lessened, as the government has rationed agricultural water use, to account for the country’s growing population. There’s no longer enough water to wash away the salt.

Further down the coast on the eastern side of the Delta, concrete barriers have been put down just outside the city of Port Said, aiming to keep the rising waves back. However, they are still just a half measure. They were not enough to stop waves from flooding beach-side restaurants and cafes in the town of Ras el-Bar in recent winters.

The barriers and runoff systems are part of The Egyptian government efforts to protect the Delta from climate change’s effects. It had installed concrete barriers on 120 kilometers along the Mediterranean coast, meant to shelter 17 million people. That is equivalent to about half the coastline of the Delta and the city of Alexandria. Egypt’s entire Mediterranean coast stretches 990 kilometers. The government is also also working to build a warning system to alert any climatic changes like rises in sea levels.

At the same time, authorities are trying to put a stop to high-polluting practices, like brick-making and an old farming custom, the burning of rice straw, which shrouds the Delta’s skies with smoke every year after the harvest. But this is a small step in tackling a global problem. Though Egypt contributes 0.6% of the global carbon dioxide emissions, it is one of the most vulnerable countries to the impacts of climate change.

Source: Yahoo News.

 

Le delta du Nil vu depuis l’espace (Source: NASA)

La chute de l’Egypte ancienne a-t-elle été provoquée par des éruptions volcaniques? // Was the fall of ancient Egypt triggered by volcanic eruptions ?

Selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications, la chute de l’Egypte ancienne il y a plus de 2 000 ans pourrait avoir été provoquée par des éruptions volcaniques.
En se référant à des textes historiques et à des documents géologiques, une équipe internationale de scientifiques a trouvé un lien entre d’importantes éruptions et la révolte sociale du Royaume ptolémaïque (305-30 av. J.-C.), la puissante dynastie qui a régné à la suite des campagnes d’Alexandre le Grand. Le Royaume est tombé pendant le règne de Cléopâtre dont la légende dit qu’elle a mis fins à ses jours en se faisant mordre par un aspic.
L’étude examine plus spécialement comment les éruptions volcaniques ont pu avoir un impact sur le Nil. Les anciens Egyptiens dépendaient presque exclusivement des inondations du Nil provoquées par la mousson d’été en Afrique de l’Est pour avoir de bonnes récoltes. En raison de cette dépendance, tout changement majeur dans le comportement du Nil avait une influence directe sur la société. S’il y avait pénurie de cultures, les prix des aliments augmentaient et les gens en souffraient. En raison du perfectionnement de la civilisation ptolémaïque, avec la présence de documents relatifs à l’économie et aux révoltes, les scientifiques ont pu savoir exactement quand se sont déroulées les périodes de troubles sociaux. Cela a jeté les bases pour comprendre quels facteurs environnementaux avaient causé des problèmes au Nil.
Les chercheurs ont analysé les carottes de glace, ce qui leur a fourni des informations sur les époques où se sont produites de grandes éruptions volcaniques dans le monde. Elles ont peut-être eu lieu dans les régions tropicales ou dans les hautes latitudes; les chercheurs ne le savent pas vraiment. Ils ont également examiné le Nilomètre islamique qui fournit un historique des niveaux d’eau dans le Nil.
Les résultats de ces recherches ont révélé que les éruptions volcaniques ont eu un impact direct sur le Nil. Les gaz sulfureux libérés dans l’atmosphère ont eu des répercussions sur les pluies de mousson dans les hautes terres éthiopiennes et ont réduit le débit d’eau vers le fleuve.

En comparant l’activité volcanique à des rapports d’agitation sociale, les chercheurs ont trouvé une corrélation entre les deux situations: Au cours des années influencées par des éruptions volcaniques, les inondations du Nil étaient généralement réduites, ce qui provoquait des tensions sociales pouvant avoir des conséquences politiques et économiques.
Comme l’a expliqué un chercheur, « l’Egypte et le Nil sont très sensibles au changement climatique, et l’Egypte représente un laboratoire historique unique pour étudier la vulnérabilité sociale et les réactions aux événements volcaniques soudains. C’est la première fois dans l’histoire ancienne que l’on peut commencer à parler d’une compréhension dynamique de la société. »
Les auteurs de l’étude expliquent que les résultats de leur travail ne sont pas sans relation avec le monde d’aujourd’hui. Bien que nous n’ayons pas connu d’éruption volcanique modifiant le climat depuis un certain temps, il y a de fortes chances pour qu’un tel événement se produise un jour ou l’autre. Les chercheurs expliquent que la chute du Royaume ptolémaïque offre un récit édifiant pour toutes les régions qui dépendent actuellement de la mousson, soit 70% de la population mondiale.
Source: Presse internationale.

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According to a new research, published in Nature Communications, the fall of ancient Egypt over 2,000 years ago may have been triggered by volcanic eruptions.

Referring to historical texts and geological records, an international team of scientists has found a link between massive eruptions and social revolt in the Ptolemaic Kingdom (305–30 BC), the powerful dynasty that ruled following the campaigns of Alexander the Great. The kingdom fell during the reign of Cleopatra. Legend says she took her own life by getting an asp to bite her.

The research looks specifically at how volcanic eruptions would have impacted the Nile. Ancient Egyptians depended almost exclusively on Nile summer flooding brought by the summer monsoon in east Africa to grow their crops. Because of this dependence, any major change to the Nile would have had a direct influence on society. If there were crop shortages, food prices would rise and people would suffer. Because of the sophistication of the Ptolemaic civilization, with records relating to the economy and revolts, experts have been able to know exactly when periods of social unrest took place. This laid the foundation for understanding what environmental factors had caused problems at the Nile.

The researchers analyzed ice core records, providing them with information on when major volcanic eruptions were taking place around the globe. These may have occurred in tropical regions or in higher latitudes; the researchers are not sure. They also looked at the Islamic Nilometer, which provides a history of water levels at the Nile.

Findings showed volcanic eruptions had a direct impact on the Nile. Sulfurous gases released into the atmosphere impacted monsoon rainfall in the Ethiopian highlands and depleted the flow of water to the river.

By comparing volcanic activity to records of social unrest, the researchers found a correlation between the two: In years influenced by volcanic eruptions, Nile flooding was generally diminished, leading to social stress that could have political and economic consequences.

As one researcher explained, « Egypt and the Nile are very sensitive instruments for climate change, and Egypt provides a unique historical laboratory in which to study social vulnerability and response to abrupt volcanic shocks. This is the first time for ancient history that we can begin to talk about a dynamic understanding of society.”

The authors of the study explain that the findings are relevant to the world today. While we have not experienced a climate-altering volcanic eruption for some time, there is little doubt we will again in the future. They say the fall of the Ptolemaic Kingdom offers a cautionary tale for all regions that currently depend on monsoons, an estimated 70 percent of the world’s population.

Source : International press.

Source: Wikipedia