Oiseaux migrateurs et réchauffement climatique

Mon domicile en Limousin se trouve sous un couloir de migration, de sorte que chaque année nous voyons et entendons passer les grues au-dessus ou à proximité de la maison. Avec le réchauffement climatique d’origine anthropique, les oiseaux ont décalé leur période de migration. Ils ont tendance à descendre plus tard vers le sud et à remonter plus tôt pour se rendre en Scandinavie.

Photo: C. Grandpey

Il ne faudrait pas oublier que 2023 en France a été la 2ème année la plus chaude après 2022, avec des températures supérieures de +1.4°C par rapport aux normales de la période 1991-2020. La première quinzaine de février 2024 a été la plus chaude depuis 1930.

Des vols précoces d’oiseaux migrateurs se dirigeant vers le nord de l’Europe sont observés depuis le début du mois de février 2024. C’est assez logique : la douceur des températures modifie le rythme de ces oiseaux à l’approche de la fin de l’hiver.. Ainsi, les grues sont tentées de regagner le nord de plus en plus tôt à la fin de l’hiver pour la période de reproduction et de nidification. Plusieurs études ont montré que les oiseaux migrateurs arrivent en France cinq à six jours plus tôt que dans les années 1980.

Cette migration précoce peut devenir un problème pour les oiseaux. S’ils remontent vraiment trop tôt, quand l’hiver n’est pas terminé, ils sont inévitablement confrontés à des problèmes de nourriture. Jusqu’à ces dernières années, le cycle naturel faisait coïncider la période de ponte et la naissance des oisillons, au printemps, avec un pic d’abondance d’insectes et de végétaux dans la nature, ce qui permettait de les nourrir. Si un décalage trop grand apparaît, l’adaptation peut devenir compliquée.

A côté de la hausse des températures, les biologistes s’accordent pour dire que la plus grande menace pour la survie des oiseaux dans les années à venir réside dans les évolutions du milieu agricole. Une étude réalisée en 2023 a montré que l’agriculture intensive est la principale responsable du déclin des oiseaux en Europe. Les résultats des travaux ont montré que, plus que le réchauffement climatique, plus que la perte de surface forestière, c’est l’agriculture intensive qui pèse le plus sur la mortalité des oiseaux. Les engrais et pesticides ont modifié leur chaîne alimentaire et réduit les populations d’insectes. Les chercheurs ont calculé que 20 millions d’oiseaux disparaissent en Europe d’une année sur l’autre, depuis près de 40 ans.

La migration des oiseaux est un phénomène passionnant à observer. Lors de leurs voyages, les grues font des haltes dans des régions françaises comme les Landes ou la Brenne. Je trouve personnellement que le site le plus spectaculaire est le Lac du Der, dans le nord-est de la France, à la limite des départements de la Marne et de la Haute-Marne. Entre 200 000 à 350 000 grues cendrées y transitent chaque année, et 20 000 à 30 000 y restent l’hiver. Le 3 novembre 2019, les bénévoles ont comptabilisé 268 120 grues cendrées. C’était un record absolu. Le Lac du Der était le premier point ornithologique d’Europe et le 10ème au monde pour un tel phénomène.

Grues à proximité du Lac du Der en 2019 (Photo: C. Grandpey)

Le nombre de grues a chuté ces dernières années. Ainsi, le 19 novembre 2023, quelque 93 600 grues étaient présentes dans le Lac du Der. Les observateurs faisaient remarquer que « de nombreuses grues restent posées tardivement et la fréquentation humaine importante sur les digues en raison du festival photo de Montier, perturbe les grues qui ont du mal à sortir du lac… »

C’est vrai que le Festival International de la Photo Animalière et de Nature de Montier-en-Der attire des foules de visiteurs qui se rassemblent en fin de journée sur les digues pour assister au retour bruyant des oiseaux sur le lac où ils vont passer la nuit en toute sécurité.

Voici une petite vidéo tournée en 2019 dans les champs autour du Lac du Der où les grues viennent se nourrir pendant la journée :

https://www.youtube.com/watch?v=DpUH2PCqsw0

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Autre situation inquiétante : l’organisation de protection des océans Sea Shepherd a recensé plus d’une centaine de cadavres d’oiseaux marins sur les plages de Vendée ces cinq dernières semaines, parmi lesquels de nombreux guillemots de Troïl. Les oiseaux étaient « dénutris, épuisés et en hypothermie ». Le phénomène n’est pas limité à la Vendée et s’étend également à la Bretagne et à la Manche.

Pour l’heure, aucune association n’est capable d’établir avec certitude les raisons de ces échouages sur les plages françaises. La LPO explique que la grippe aviaire ne semble pas impliquée. Plusieurs pistes sont évoquées : la plus probable est la raréfaction de la nourriture due à la « surpêche, au changement climatique ou à la conjonction des deux.

Alors que Sea Shepherd évoque un phénomène « sans précédent » dans son communiqué, l’Office français de la biodiversité (OFB) apparaît moins alarmiste. L’organisme rappelle qu’un échouage bien plus conséquent avait eu lieu au cours de l’hiver 2014 sur la façade atlantique, en raison d’une succession de tempêtes. Plus de 40 000 oiseaux marins avaient alors été retrouvés sur les littoraux entre les Pyrénées-Atlantiques et le Finistère.  Par ailleurs, de nombreux cadavres d’oiseaux marins ont déjà été retrouvés fin 2023 sur les plages de la façade atlantique. Cette fois, ce sont surtout les alcidés, et en particulier les guillemots de Troïl qui sont concernés.

Source : presse nationale.

Guillemots de Troïl à Duncansby Head (Ecosse) [photo: C. Grandpey]

 

La montée des eaux en Indonésie et ses conséquences // Consequences of rising waters in Indonesia

Java, qui abrite quelque 145 millions d’habitants, est l’île la plus peuplée au monde. On a beaucoup écrit sur Jakarta, la capitale, en train de s’enfoncer lentement et qui sera relocalisée à cause d’inondations destructrices. Le parlement indonésien a récemment adopté une loi approuvant le déplacement de la capitale vers un site situé à 2 000 kilomètres sur l’île de Bornéo et qui sera baptisé « Nusantara ». Aucun délai n’a encore été fixé et Jakarta restera la capitale jusqu’à ce qu’un décret présidentiel soit publié pour officialiser le changement. D’autres parties du pays, victimes d’inondations à répétition, n’ont pas la chance de Jakarta.
À quelque 500 kilomètres de la capitale, des villages entiers le long de la mer de Java sont envahis par une eau de couleur marron. Les scientifiques expliquent que la hausse du niveau de la mer et les marées plus fortes en raison du réchauffement climatique sont en grande partie responsables de la situation.
Mondoliko fait partie des villages qui doivent faire face à la montée du niveau de la mer. Il y a seulement quelques décennies, des rizières verdoyantes, de grands cocotiers et des buissons de piments rouges poussaient autour des quelque 200 maisons du village. Tout le monde possédait des terres; les villageois pouvaient cultiver et récolter ce dont ils avaient besoin.
Il y a une dizaine d’années, l’eau est arrivée, de manière sporadique et avec quelques centimètres de hauteur au début. En quelques années, elle est devenue une présence constante. Incapables de pousser dans l’eau salée, les cultures et les plantes sont toutes mortes. A mesure que l’eau montait, les insectes et les animaux ont disparu eux aussi.
Les villageois de Mondoliko se sont adaptés du mieux qu’ils ont pu : les paysans ont remplacé les cultures par l’élevage des poissons ; les habitants ont utilisé de la terre ou du béton pour surélever les planchers de leurs maisons au-dessus de l’eau. Des clôtures en filet ont été installées pour retenir les déchets apportés par la marée.
Peu à peu, les villageois ont quitté leurs maisons à la recherche de terres plus sèches. L’appel à la prière à la mosquée du village s’est tu. Même les nouveaux parcs à poissons devenaient inutiles car l’eau montait si haut que les poissons sautaient par-dessus les filets. Mondoliko est devenu une coquille vide, avec seulement quelques maisons encore occupées. Les villageois sont allés vivre plus à l’intérieur des terres, souvent dans de petits appartements, une vie qu’ils n’avaient jamais imaginée.
Mondoliko n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des villages où habitent les quelque 143 millions de personnes susceptibles d’être déracinées par la montée des mers, la sécheresse, les températures extrêmes et d’autres catastrophes climatiques au cours des 30 prochaines années.
Certains villageois de la région vivent encore dans leurs maisons inondées. À Timbulsloko, à environ 3 kilomètres de Mondoliko, les maisons ont été fortifiées avec des planchers surélevés et des allées en terre, ce qui oblige les gens à s’accroupir pour franchir les portes. Certains habitants du village ont reçu une aide du gouvernement local, mais beaucoup n’ont toujours pas d’endroit sec où dormir. Ils vivent dans la crainte permanente qu’une forte marée au milieu de la nuit les entraîne vers la mer.
Source : Yahoo Actualités.

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Java, home to some 145 million people, is the most populated island in the world. Much has been written about Jakarta, the sinking capital, which is being moved partially due to destructive flooding. Indonesia’s parliament recently passed a law approving the relocation of its capital from slowly sinking Jakarta to a site 2,000 kilometres away on Borneo island that will be named “Nusantara”. No timeframe has yet been set for finalisation of the project and Jakarta will remain the capital until a presidential decree is issued to formalise the change. Other parts of the country with persistent flooding have received less attention.

Some 500 kilometers from Jakarta, entire villages along the Java Sea are submerged in murky brown water. Experts say rising seas and stronger tides as a result of global warming are largely responsible for the situation.

Mondoliko is one of the villages that have to face rising sea level. Decades ago, lush green rice paddies, tall coconuts trees and red chili bushes grew around the some 200 homes people where people lived. Everyone had land and the villagers were all able to grow and have what they needed.

Around 10 years ago, the water came, sporadically and a few centimeters high at first. Within a few years it became a constant presence. Unable to grow in salt water, the crops and plants all died. With no land left as the water that got higher, the insects and animals disappeared.

The villagers in Mondoliko adapted the best they could: Farmers swapped their crops for fish ponds; people used dirt or concrete to raise the floors of their homes above the water. Net fences were put in yards to catch the trash the tide would bring in.

Little by little, the villagers left their homes behind in search of drier land. The call to prayer at the village mosque went quiet. Even new fish ponds became futile, the water rising so high that the fish would jump over the nets. Mondoliko became an empty shell, with only a few homes still occupied. The villagers went to live farther inland, often in small apartments, a life they had never imagined.

Mondoliko is just one example of the some 143 million people who are likely to be uprooted by rising seas, drought, searing temperatures and other climate catastrophes over the next 30 years.

Some villagers in the region are still living in their flooded homes. In Timbulsloko, about 3 kilometers from Mondoliko, homes have been fortified with raised floors and dirt walkways, causing people to crouch when walking through shortened doors. Some residents of the village have received aid from the local government, but many are still left without a dry place to sleep, afraid a strong tide in the middle of the night could wash them out to sea.

Source: Yahoo News.

Densité de population et élévation au-dessus du niveau de la mer

(Source : https://www.flickr.com/photos/54545503@N04/13873745385/)

La migration du Pôle Nord Magnétique // The migration of the North Magnetic Pole

Ce qui suit n’a rien à voir avec les volcans, la fonte des glaciers et le changement climatique, mais l’événement mérite d’être mentionné: le Pôle Nord Magnétique de la Terre est en train de migrer rapidement vers la Sibérie, ce qui – pour la première fois – oblige les scientifiques à mettre à jour le Modèle Magnétique Mondial (MMM) plus tôt que prévu. La version la plus récente du modèle a été publiée en 2015 et devait durer jusqu’en 2020. Plusieurs articles sur ce sujet ont été diffusés dans la presse scientifique. J’ai choisi de résumer l’un d’entre eux publié sur l’excellent site web The Watchers.

Le Nord magnétique est différent du Nord géographique qui lui est fixe. Le Nord magnétique est l’endroit de la surface de la terre où les lignes du champ magnétique sont verticales. Pour comprendre pourquoi le Nord magnétique ne bouge pas, il faut prendre en compte la structure de la Terre qui – il est bon de le rappeler – est constituée de la lithosphère, du manteau puis du noyau. Ce noyau est essentiellement constitué d’un alliage de fer et de nickel, c’est un excellent conducteur électrique. Le refroidissement continu de la Terre génère des courants de convection au sein de cet immense océan métal liquide. Cette circulation de matière génère des courants électriques qui entretiennent la dynamo terrestre. Ce système dynamique a des propriétés qui varient au cours du temps, parmi elles, la position du pôle Nord magnétique.

Les modèles de champs magnétiques de référence sont utilisés dans un vaste champ d’applications comme la navigation aérienne et maritime, et sont inclus dans des milliards d’appareils électroniques portables. Étant donné que le champ magnétique principal change lentement au fil du temps, ces modèles sont régulièrement mis à jour, généralement tous les cinq ans.
C’est la première fois depuis que le champ magnétique est étudié par l’intermédiaire de données satellitaires en orbite terrestre basse que des absences de linéarité dans les variations de champ conduisent à un tel écart aussi tôt dans le cycle.
Une manifestation remarquable de la variation du Pôle Nord Magnétique est sa migration vers la Russie qui a lieu à le vitesse particulièrement élevée d’environ 50 km par an depuis le début du 21ème siècle. En revanche, la dérive du Pôle Sud Magnétique est très lente – moins de 10 km par an – et n’a pas beaucoup évolué au cours des dernières décennies.
Certains scientifiques pensent que cette migration rapide annonce une inversion géomagnétique sur Terre. Le champ magnétique varie en permanence. Le nord magnétique est instable, et au bout de quelques centaines de milliers d’années la polarité s’inverse, de sorte qu’une boussole pointe vers le sud et non plus vers le nord.
Etant donné que les pôles magnétiques se déplacent dans le temps, les minéraux solidifiés forment des «bandes» sur le plancher océanique et fournissent un enregistrement de l’histoire du champ magnétique terrestre. Une carte produite par la constellation de satellites Swarm a donné aux scientifiques une vision globale des bandes magnétiques associées à la tectonique des plaques au niveau des dorsales médio-océaniques. Ces bandes magnétiques témoignent des inversions des pôles et l’analyse des empreintes magnétiques du fond des océans permet de reconstituer les modifications du champ magnétique dans le passé. Elles aident également à étudier les mouvements des plaques tectoniques.
Il y a eu 183 inversions du champ magnétique au cours des 83 derniers millions d’années. La dernière inversion stable, l’inversion Brunhes – Matuyama, s’est produite il y a 780 000 ans et s’est probablement effectuée très rapidement, le temps d’une vie humaine. Un tel événement pourrait doter la Terre d’un champ magnétique considérablement réduit pendant une période inconnue, ce qui exposerait notre monde aux effets dangereux du soleil. Si cela se produisait dans le monde actuel où l’énergie électrique est omniprésente et où les communications à l’échelle mondiale sont interconnectées, un champ magnétique réduit pourrait coûter des milliards de dollars.
Certains géologues affirment que l’inversion du champ magnétique terrestre est en retard et qu’elle aurait déjà dû avoir lieu, et que nous sommes entrés dans une inversion en ce moment même car le champ magnétique s’est affaibli au cours des 150 dernières années ou plus. D’autres géologues pensent que les inversions magnétiques sont liées aux extinctions de masse. Cependant, il n’existe aucune preuve réelle permettant de confirmer ou d’infirmer une telle hypothèse.
Source: The Watchers.

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It has nothing to do with volcanoes, glacier melting and climate change, but the event deserves to be mentioned: Earth’s North Magnetic Pole is rapidly migrating toward Siberia, forcing the world’s geomagnetism experts to update the World Magnetic Model (WMM) ahead of schedule for the first time. The most recent version of the model came out in 2015 and was supposed to last until 2020. Several articles have been written in the scientific press about this topic and I chose to sum up one of them released on the excellent website The Watchers.

The magnetic North is different from the geographic North which is fixed. The magnetic North is the place on the surface of the Earth where the magnetic field lines are vertical. To understand why the magnetic north does not move, we must take into account the structure of the Earth which consists of the lithosphere, the mantle and the core. This core is essentially made of an alloy of iron and nickel; it is an excellent electrical conductor. The continuous cooling of the Earth generates convection currents within this huge ocean of liquid metal. This circulation of matter generates electric currents that maintain the terrestrial dynamo. This dynamic system has properties that vary over time, among them, the position of the magnetic North Pole.

Reference geomagnetic field models are used in a wide range of applications, including aircraft and ship navigation, and are embedded in billions of handheld electronic devices. Because the main magnetic field slowly changes over time, these models are regularly updated, typically every five years.

It is the first time since the geomagnetic field has been surveyed by low Earth orbit satellite data that non-linearities in field variations lead to a WMM specification breach so early in the cycle.

A remarkable manifestation of the field variation is the drift of the North Magnetic Pole towards Russia, which has been occurring at the unusually high speed of about 50 km per year since the beginning of the 21st century. On the contrary, the South Magnetic Pole drift is very slow (less than 10 km per year) and has not changed much over the past few decades.

Some scientists believe this rapid migration is one of the signs of Earth’s geomagnetic reversal. The magnetic field is in a permanent state of flux. Magnetic north wanders, and every few hundred thousand years the polarity flips so that a compass will point south instead of north.

Since magnetic poles flip back and forth over time, the solidified minerals form ‘stripes’ on the seafloor and provide a record of Earth’s magnetic history. A map produced by the Swarm constellation of satellites gave scientists an unprecedented global view of the magnetic stripes associated with plate tectonics reflected in the mid-oceanic ridges. These magnetic stripes are evidence of pole reversals and analyzing the magnetic imprints of the ocean floor allows the reconstruction of past core field changes. They also help to investigate tectonic plate motions.

There have been 183 reversals over the last 83 million years. The latest stable reversal, called Brunhes–Matuyama reversal, occurred 780 000 years ago, and may have happened very quickly, within a human lifetime. Such an event might leave Earth with a substantially reduced magnetic field for some unknown period of time, exposing our world to dangerous effects from the Sun. If it occurred in today’s world of ubiquitous electric power and global interconnected communications, a reduced magnetic field could cost us billions of dollars.

Some geologists argue the Earth is overdue for a reversal and might even be entering one now, as the geomagnetic field has been getting weaker over the past 150 years or more. Others suggest that geomagnetic reversals are connected with mass extinctions. However, there is no substantial evidence to either confirm or deny that suggestion.

Source: The Watchers.

Carte montrant l’évolution du Pole Nord Magnétique à travers le temps (Source :Earth Planets Space & National Geophysical Data Center)

Réchauffement climatique et oiseaux de rivage en Alaska // Global warming and shorebirds in Alaska

drapeau-francaisSelon une étude conduite par des scientifiques de l’Université du Queensland en Australie, et co-écrite par des scientifiques d’Alaska, de Norvège, de Russie et du Danemark, de nombreuses espèces d’oiseaux de rivage qui migrent vers l’Arctique chaque année pour se reproduire vont perdre des étendues importantes de leur habitat estival à cause du changement climatique. Les plus grandes pertes de territoire seront observées en Alaska et dans les régions de la Russie situées de l’autre côté du Détroit de Béring.
En 2070, la hausse des températures provoquée par le changement climatique va faire disparaître une vaste zone de reproduction de l’Arctique pour au moins les deux tiers des 24 espèces d’oiseaux recensées dans une étude publiée dans la revue Global Change Biology. Certaines espèces, comme le pluvier doré Pacifique et le phalarope rouge, sont sur le point de voir disparaître les bonnes conditions de reproduction qu’ils rencontrent dans l’Arctique pendant la période estivale.
L’étude prévoit les conditions d’habitat des oiseaux en fonction de deux scénarios climatiques, l’un optimiste qui suppose que les émissions de gaz à effet de serre vont culminer en 2040 puis diminuer, et un autre scénario de réchauffement plus agressif qui suppose que les émissions de gaz à effet de serre continueront sur leur trajectoire actuelle. Même dans le scénario le moins pessimiste, la majorité des oiseaux étudiés va perdre de vastes territoires de reproduction dans l’Arctique. Dans le cadre du scénario d’émissions plus extrêmes, certains oiseaux comme le bécasseau à échasses et le bécasseau cocorli vont perdre tous leurs habitats propices à la reproduction, et d’autres espèces subiront des pertes de plus de 90 pour cent de territoire.
L’étude ne tient compte que des changements de température. Elle ne prend pas en compte d’autres facteurs liés au climat qui pourraient également avoir une incidence sur les limicoles, tels que le déplacement vers le nord des prédateurs comme les renards roux, et des arbustes que les carnivores utilisent pour se cacher quand ils traquent leurs proies.

La température à elle seule peut modifier les moeurs des oiseaux de rivage migrateurs. Un chercheur nous rappelle que les insectes, dont se nourrissent les oiseaux migrateurs, dépendent en à 100% de la température.
Les migrateurs au long cours, qui ne font pas étape pendant leurs longs voyages, sont plus vulnérables aux perturbations causées par le réchauffement. Parmi les espèces examinées dans l’étude, le bécasseau maubèche, un oiseau qui vole vers la toundra de l’Alaska après avoir hiverné jusqu’en Terre de Feu, est l’un des plus vulnérables.
Les espèces qui font de nombreuses haltes pendant la migration seront peut-être davantage en mesure de s’adapter aux nouveaux schémas de migration provoqués par le changement climatique.

Dans l’ensemble, la partie occidentale de l’Alaska et la partie de la Russie de l’autre côté du détroit de Béring seront probablement les plus sensibles à la perte de l’habitat, tout simplement parce que c’est dans ces régions que vit le plus grand nombre d’espèces. .
Si la perte d’habitat est une menace qui plane sur les oiseaux de rivage de l’Arctique, un autre problème doit également être pris en compte : le niveau élevé de mercure observé chez certaines espèces. Une étude des oiseaux qui nichent dans la région de North Slope et dans le delta du Yukon a révélé des concentrations de mercure potentiellement inquiétantes dans le sang de certaines espèces nichant près de Barrow. Selon cette étude, ces concentrations sont suffisamment élevées pour entraîner des problèmes de reproduction.

La dernière étude établit un parallèle avec les conclusions d’un rapport publié en 2014 par le Fish and Wildlife Service qui avait répertorié les concentrations de mercure chez les limicoles nicheurs au vu des sites allant de la région de Nome jusqu’à l’île Bylot dans le Nunavut, en Arctique canadien. Sur les 2478 échantillons prélevés en 2012 et 2013, ceux de la région de Barrow avaient les niveaux de mercure les plus élevés.
Source: Alaska Dispatch News.

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drapeau-anglaisAccording to a study led by scientists at Australia’s University of Queensland and co-authored by scientists in Alaska, Norway, Russia and Denmark, many species of shorebirds that migrate to the Arctic each year to breed their young will lose substantial amounts of their summer habitat to climate change. The biggest losses will be in Alaska and neighbouring parts of Russia.

By 2070, higher temperatures brought on by climate change will eliminate important Arctic breeding habitat for at least two-thirds of the 24 bird species evaluated in a study published in the journal Global Change Biology. Some species, like the Pacific golden plover and the red phalarope, are on track to lose nearly all of the suitable Arctic conditions they use in the summer.

The study projects habitat conditions based on two different climate scenarios, an optimistic one that assumes greenhouse gas emissions will peak in 2040 and then decline, and a more aggressive warming scenario that assumes that greenhouse gas emissions will continue on their current trajectory. Even under the more modest emissions scenario, the majority of the birds studied will lose large amounts of suitable Arctic breeding habitat. Under the more extreme emissions scenario, some birds like the stilt sandpiper and the curlew sandpiper will lose all of their suitable breeding habitats, and other species will suffer losses in excess of 90 percent.

The study considers only temperature changes. It does not consider other climate-related factors that could also affect the shorebirds, such as northward expansion of predators like red foxes and shrubs that carnivores use for hiding when they stalk their prey. Temperature alone can make big differences for migrating shorebirds. A researcher reminds us that insects, which the migratory birds eat, are « totally driven by temperature. »

Long-range migrators are more vulnerable to warming-related mismatches. Among the species evaluated in the study, the red knot, a bird that flies to the Alaska tundra from wintering grounds as far away as Tierra del Fuego at the southern tip of South America, is among the most vulnerable.

Species that make lots of stops along the way might be able to better adjust their migration schedules in response to changing conditions.

Overall, the Beringia area – Alaska and neighbouring parts of Russia – is most susceptible to loss of breeding habitat simply because it has got most of the species now.

If habitat loss looms over Arctic-breeding shorebirds in the future, another problem has emerged in the present: elevated levels of mercury in some species. A separate study of birds nesting on the North Slope and the Yukon River Delta found potentially troubling levels of mercury in the blood of some species nesting near Barrow. According to the results of that study, mean mercury concentrations were high enough to signal possible reproductive problems.

The new study parallels findings in a 2014 report to the Fish and Wildlife Service that catalogued mercury concentrations in breeding shorebirds using sites from the Nome area to Bylot Island in the Arctic Canada territory of Nunavut. Of the 2,478 samples collected in 2012 and 2013, those from the Barrow area had the higher mercury levels.

Source : Alaska Dispatch News.

Migration

 Carte montrant les trajectoires de migration de certains oiseauxau départ de l’Alaska (Source : Northern Alaska Environmental Center)