Quelle misère !

Pour clôturer ces nouvelles alertes sur la fonte des glaciers dans le monde, voici une double photo publiée par Météo-Alpes sur sa page Facebook. Elle montre les bouleversements subis par le glacier des Bossons entre août 2022 et août 2025. C’est dramatique. Comment nos gouvernants peuvent ils laisser la catastrophe se poursuivre sans rien dire et surtout sans rien faire ? Il est facile d’imaginer dans quel état sera le glacier chamoniard en 2030, année où sont censés avoir lieu les jeux Olympiques d’Hiver dans les Alpes. Ce n’est pas gagné ! Je pense malheureusement qu’il faudrait que les conditions climatiques empêchent leur déroulement pour que nos dirigeants s’affolent. Mais je ne suis pas inquiet : on trouvera des solutions – même très coûteuses – pour que les Jeux aient lieu. C’est bien connu : le pognon génère le pognon…

Source: Météo-Alpes

Martin Fourcade retire sa candidature à la présidence des Jeux d’hiver 2030

Le sextuple champion olympique Martin Fourcade a retiré sa candidature à la présidence des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises, en raison de « désaccords ». L’écologie semble clairement être au cœur de sa décision. Dans une lettre, il précise : « ces Jeux doivent être en phase avec leur époque, pleinement conscients des enjeux écologiques et ancrés dans la réalité économique de notre pays »

La décision de Martin Fourcade n’est pas vraiment une surprise. Il y a 3 ans, lors des JO d’hiver de Chine, il s’était élevé contre l’utilisation à 100% de neige artificielle. On lui avait alors fait vertement remarquer que l’écologie n’était pas un sujet d’actualité.

La décision de la France d’accepter l’organisation des Jeux d’Hiver 2030 a soulevé de nombreuses critiques. Avec l’accélération actuelle du réchauffement climatique, il n’est pas du tout certain que la neige naturelle sera au rendez-vous, au moins sur les sites de moyenne altitude.

Il est utile de rappeler le discours de Michel Barnier, alors Premier Ministre, en octobre 2024 dans le Rhône : «  La France hexagonale se prépare désormais, d’ici à la fin du siècle, à un réchauffement de +4°C, à côté de +3°C en moyenne à l’échelle mondiale. Le calendrier de hausse de la température prévoit +2°C en 2030, et +2,7°C en 2050. Selon cette trajectoire de réchauffement climatique, les glaciers alpins situés en France auront disparu d’ici 2100. »

De toute évidence, la vision écologiste des Jeux de Martin Fourcade n’est pas partagée par tous. Il aurait souhaité envisager les JO d’hiver 2030 en tenant pleinement compte de la crise écologique mondiale mais aussi des réalités économiques de la France. L’équilibre financier du projet nécessiterait en effet le soutien des pouvoirs publics.

Ce n’est pas la première fois qu’un skieur français s’élève contre des décisions qui vont à l’encontre de l’environnement. En novembre 2023, Alexis Pinturault avait critiqué le massacre du glacier Theodul en Suisse. Les pelleteuses étaient à l’œuvre sur le glacier pour préparer les pistes de la Coupe du monde de ski les 11 et 12 novembre 2023.
Les écologistes ont critiqué les organisateurs pour avoir saccagé le glacier avec les pelleteuses. En 2022, la même compétition avait été annulée faute de neige. En 2023, une pétition a été lancée, appelant la fédération de ski à donner l’exemple en matière de climat.
Alexis Pinturault, le skieur français triple champion du monde, s’est dit consterné et a déclaré : «Notre sport est l’un des plus touchés par le réchauffement climatique et, au lieu de changer notre système, de nous adapter, nous faisons le contraire. Cette compétition, à ce moment de l’année, n’a pas de sens. Cela choque tout le monde. » Ce n’est pas la première fois que Pinturault proteste contre la politique menée par la Fédération Internationale de Ski.

Jeux Olympiques d’Hiver : neige de culture pour assurer l’équité entre les skieurs !

On vient de l’apprendre officiellement : les Alpes françaises accueilleront en 2030 les Jeux olympiques d’hiver. La candidature de notre pays vient d’être validée par le Comité international olympique (CIO), sous réserve de garanties financières apportées par l’État et les régions organisatrices.

Depuis le début, cette candidature suscite une levée de boucliers des défenseurs de l’environnement, qui questionnent l’enneigement à cette échéance et surtout la pérennité d’un modèle économique basé sur le ski dans un contexte de crise climatique.

A l’occasion de la confirmation de l’acceptation de la candidature de la France, un intervenant a indiqué sur France Info que l’enneigement naturel ne poserait pas de problème car la neige de culture est obligatoire pour les Jeux d’hiver. Cette affirmation me semblant surprenante, je me suis lancé dans une recherche. On peut lire dans l’article de TF1 Info qui sert de support à cette note que le possible déficit en neige « n’est pas un sujet, les compétitions se déroulant souvent sur de la neige artificielle en sus de la neige naturelle pour assurer une forme d’équité entre les sportifs, en leur garantissant les mêmes conditions d’enneigement. »

Maître dans l’art de fanfaronner, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a affirmé que « toutes les stations choisies [pour les Jeux de 2030] sont des stations qui, avec les évaluations les plus sceptiques, auront de la neige en 2030. »

Quand on voit la liste des sites envisagés, on peut se poser quelques questions car certains d’entre eux connaissent déjà des difficultés. D’ailleurs, en février 2024, la Cour des comptes a souligné les incertitudes planant sur les stations de ski françaises en raison du réchauffement climatique et d’un modèle quasi uniquement basé sur le ski.

Si on consulte les études et projections sur l’enneigement dans les Alpes en 2030, on se rend compte que la partie est loin d’être gagnée. Ces cinquante dernières années, les Alpes ont perdu en moyenne un mois d’enneigement en hiver. Les redoux sont aussi plus fréquents, ce qui rend les conditions en montagne très changeantes. La situation ne devrait guère évoluer d’ici à 2030 car l’accélération actuelle du réchauffement climatique renforce l’incertitude. La hausse des températures peut impacter la hauteur moyenne de neige, mais aussi la durée de l’enneigement. On se rend compte que les « mauvaises années » sont de plus en plus fréquentes.

Si le déficit de neige naturelle se confirme, il faudra forcément avoir recours aux enneigeurs. Comme je l’ai indiqué plus haut, ils seront de toute façon utilisés en sus de la neige naturelle pour garantir les mêmes conditions d’enneigement à tous les skieurs. Il ne faudrait toutefois pas oublier que le fonctionnement des canons à neige suppose des températures froides, pour que l’eau se transforme en neige. Certes, il existe des enneigeurs pouvant fonctionner avec des températures relativement élevées mais qui demandent une énergie beaucoup plus grande. Bonjour l’empreinte carbone…et la hausse de la facture! On nous fait remarquer que l’eau utilisée par les canons à neige se trouve dans des réserves collinaires, mais ils créent malgré tout des conflits d’usage, avec les agriculteurs notamment, ou des risques pour la biodiversité. La station de La Clusaz vient d’être épinglée par l’Office français de la biodiversité pour avoir pompé l’eau illégalement d’une source pour fabriquer de la neige artificielle.

Source : TF1 Info.

Enneigeurs en pleine action à Sotchi (Crédit photo: CIO)

Enneigeur novelle génération (Photo: C. Grandpey)

Les Jeux d’hiver de 2030 en France : une bonne idée ?

On vient de nous l’annoncer avec tambours et trompettes : la France – seule en lice – devrait organiser les Jeux Olympiques d’hiver en 2030. A l’heure où la COP 28 de Dubaï est censée apporter des solutions au réchauffement climatique, la volonté d’organiser des compétitions de ski dans un tel contexte semble assez surprenante. Il est vrai – j’ai pu le constater à plusieurs reprises – que le déni du réchauffement climatique est bien implanté dans les Alpes françaises.

Selon leurs défenseurs, les Jeux d’hiver de 2030 seront « sobres et responsables. » Il ne faudrait toutefois pas oublier le fiasco environnemental des JO d’hiver de Pékin 2022, organisés dans une zone semi-aride sur de la neige 100% artificielle.

Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) est persuadé que les pistes seront « très majoritairement » recouvertes de neige naturelle, et que le recours aux canons à neige sera limité. Au vu de l’accélération de la hausse des températures et du recul de l’enneigement dans les Alpes, je ne serais pas aussi affirmatif !

Si le patinage artistique, le hockey sur glace et tous les autres sports d’intérieur ne souffrent pas vraiment de la hausse des températures, les épreuves disputées en plein air – ski alpin, ski de fond, biathlon, snowboard – sont dépendantes de la météo, de l’enneigement et donc du climat. C’est loin d’être gagné dans sept ans !

Selon une étude publiée en 2022, seuls quatre des 21 sites – tels que Chamonix et Grenoble – où ont eu lieu les Jeux d’hiver depuis 1924 serraient en mesure de pouvoir accueillir un tel événement en 2050, si les émissions de gaz à effet de serre continuent de suivre la trajectoire actuelle. A l’horizon de la fin du siècle, Sapporo (Japon) serait la seule ancienne ville organisatrice susceptible d’accueillir les Jeux d’hiver sans encombre.

Il est trop tôt aujourd’hui pour affirmer que les Jeux olympiques d’hiver sont condamnés. Il reste des sites hôtes fiables sur le plan climatique en Amérique du Nord, en Europe et en Asie pour quelques décennies. Certains font remarquer que la situation peut se compliquer pour les Jeux paralympiques, qui se déroulent traditionnellement en mars, après la quinzaine olympique. Il faudrait peut-être songer à les avancer en février, voire les organiser simultanément dans une autre ville ou un autre pays.

Source : France Info.

Un recours aux canons à neige limité? A voir! (Photo: C. Grandpey)

A Bessans (Savoie) et au Grand Bornand (Haute Savoie), stations pressenties pour accueillir les épreuves de biathlon, on stocke la neige sous une épaisse couche de sciure pour la préserver d’un hiver sur l’autre (Photo : C. Grandpey)