Exploration de la dorsale médio-atlantique // Exploring the Mid-Atlantic Ridge

L’Organisation des Nations Unies a mis en place des journées internationales. Ainsi, en juin 2022, il y a eu la journée des parents, de la bicyclette, de la langue russe… Vous trouverez la liste complète avec de lien: https://www.un.org/fr/observances/list-days-weeks

Le 8 juin 2022 était la Journée mondiale des océans, afin de mieux faire connaître l’immense masse d’eau salée qui couvre environ 71% de la surface de la Terre. Cependant, le plancher océanique reste l’un des endroits les plus mal connus de notre planète. Comme je le dis souvent, nous connaissons mieux la surface de Mars que les abysses de nos océans. Il est vrai que les couleurs des corps célestes sont plus fascinantes et font davantage rêver que l’obscurité complète des fonds marins.
De mai à août 2022, une mission d’exploration océanique de la NOAA – « Journey to the Ridge 2022 » (Voyage sur le Dorsale) – explorera une section mal connue de la dorsale médio-atlantique (DMA) au nord et autour des Açores. Ces neuf îles forment une région autonome du Portugal à la jointure des plaques nord-américaine, eurasienne et africaine. Les Açores sont l’expression du volcanisme de point chaud, bien qu’il diffère considérablement du point chaud observé à Hawaii.
Avec une longueur nord-sud de 16 100 km le long de l’Atlantique, la DMA est la plus longue chaîne de montagnes au monde et l’une des quatre principales dorsales qui donnent naissance à une nouvelle croûte océanique. De ce fait, la DMA est le site d’une activité volcanique et sismique intense. Dans certaines zones de la DMA, des bouches hydrothermales spectaculaires apparaissent souvent là où le magma fournit de la chaleur au cours de son ascension vers le fond marin.
Ces bouches, appelées aussi fumeurs noirs, servent d’habitat à de nombreuses communautés biologiques qui se développent grâce à des réactions chimiques qui remplacent la lumière du soleil. Cependant, on sait peu de choses sur la vie sur ces sites une fois que les bouches hydrothermales cessent leur activité, ou sur la vie qui se trouve au-delà des bouches, le long de la zone de faille. Les expéditions passées ont permis de découvrir de nouvelles espèces, inconnues auparavant.
L’expédition « Journey to the Ridge » fait partie d’un important programme d’exploration océanique pluriannuel et multinational axé sur l’amélioration des connaissances et de la compréhension de l’océan Atlantique Nord.
L’océan Atlantique Nord joue un rôle essentiel pour l’humanité car il fournit des ressources biologiques et géologiques, produit des fruits de mer et régule le climat; c’est aussi une voie de commerce et de voyage entre l’Europe et les Amériques. Avec la mondialisation, la nécessité de comprendre, conserver, gérer et défendre les ressources océaniques est devenu une priorité.
Le véhicule télécommandé (ROV) de la NOAA est capable d’atteindre des profondeurs allant de 250 à 6 000 m. Au cours des plongées, les chercheurs exploreront les habitats de coraux et d’éponges en eau profonde, d’éventuelles bouches d’hydrothermales, des systèmes de sulfures polymétalliques éteints, les zones de rift, ainsi que la colonne d’eau.
Source : HVO.

——————————————–

June 8th, 2022 was World Oceans Day, a day to appreciate the huge body of saltwater that covers about 71% of the Earth’s surface. However, the ocean floor remains one of the most poorly understood places on our planet. As I put it quite often, we know the surface of Mars better than the abysses of our oceans. It is true that the colours of space bodies are more fascinating than the complete darkness of the deep ocean floor.

From May to August 2022, a NOAA Ocean Exploration mission called “Journey to the Ridge 2022” will explore a poorly explored section of the Mid-Atlantic Ridge (MAR) north of and around the Azores Islands. These nine islands are an autonomous region of Portugal that sits at the triple junction boundary that separates the North American, Eurasian and African Plates. These volcanic islands are the expression of hotspot volcanism, though it differs significantly from the Hawaiian hotspot.

Spanning the north-south length of the Atlantic Ocean and stretching over 16,100 km, the MAR is the longest mountain range in the world and one of four major spreading ridges that create new oceanic crust. The MAR is the site of volcanic activity and frequent earthquakes. In other areas of the MAR, spectacular hydrothermal vents often form where magma provides heat as it rises to the seafloor.

These vents, called black smokers,are known to support diverse biologic communities that thrive on chemical reactions that replace the sunlight at the bottom of the ocean. However, little is known about life at these sites once vents go extinct, or what life lies beyond the vents, further away from the rift zone. Past expeditions have resulted in the discovery of new species, unseen before.

The « Journey to the Ridge » expedition is a part of a major multi-year, multi-national ocean exploration program focused on raising collective knowledge and understanding of the North Atlantic Ocean.

The North Atlantic Ocean plays a pivotal role to humankind, providing biological and geological resources, seafood production and climate regulation and a route for trade and travel between Europe and the Americas. With increased globalization, efforts to understand, conserve, manage and defend the maritime commons have become an essential shared responsibility.

The dives with the remotely operated vehicle (ROV) may span depths ranging from 250 to 6,000 m deep. During dives, the researchers expect to explore deep-sea coral and sponge habitats, potential hydrothermal vent and extinct polymetallic sulfide systems, fracture and rift zones, and the water column.

Source: HVO.

Carte bathymétrique de la dorsale médio-atlantique (Source: Wikipedia)

Image du robot télécommandé (ROV) « Deep Discoverer » qui sera utilisé au cours de la mission « Voyage to the Ridge 2022 ». (Crédit photo: NOAA)

Les fumeurs noirs du Pacifique Nord-Ouest // The black smokers of the Pacific Northwest

Des cheminées hydrothermales – également appelées «fumeurs noirs» – se dressent  souvent au fond des océans à proximité de zones volcaniques actives. Ces structures spectaculaires hébergent fréquemment une vie sous-marine luxuriante qui se nourrit des substances chimiques dissoutes dans les fluides qui s’échappent de ces bouches. Les bactéries et les archées chimiosynthétiques forment la base de la chaîne alimentaire et nourrissent divers organismes, notamment des vers tubicoles géants, des palourdes et des crevettes.
Des chercheurs du Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI) ont découvert plus de 500 cheminées hydrothermales atteignant jusqu’à 25 mètres de hauteur sur le plancher océanique au large des côtes du Pacifique Nord-Ouest, dans une zone connue sous le nom de segment Endeavour, sur la dorsale Juan de Fuca.
Les études sur les bouches hydrothermales dans cette région ont commencé dans les années 1980, mais à l’époque seulement 47 cheminées avaient été identifiées dans cinq grands champs hydrothermaux. Les cheminées se trouvent dans une zone d’environ 14 km de long et 2 km de large. Elles se sont formées autour de bouches hydrothermales qui émettent des fluides chauffés jusqu’à 400°C. Les minéraux précipitent et se déposent autour de la bouche lorsque le liquide chaud rencontre l’eau de mer froide. Les structures qui se sont formées dans ce sectiur sont parmi les plus hautes observées le long des dorsales médio-océaniques.
Récemment, le véhicule sous-marin autonome du MBARI – D. Allan B. – a cartographié la zone avec une résolution de 1,25 m, de sorte que les géologues ont pu y observer des centaines de cheminées. 572 nouvelles bouches hydrothermales ont été découvertes ; beaucoup se trouvent à proximité de sites déjà observés pendant des décennies.
La carte du MBARI montre de nombreuses cheminées très spectaculaires et vraisemblablement actives pouvant atteindre 27 mètres de hauteur, mais la plupart des cheminées sont plus petites, avec moins de 8 mètres de hauteur. Les chercheurs pensent que beaucoup sont inactives ou n’émettent plus de liquides parce qu’elles ont été obstruées par des dépôts de minéraux. Alors que certaines ont cessé de croître, d’autres sont restées en place pendant des siècles. Les fluides des cheminées obstruées arrivent néanmoins à s’échapper à travers différentes fissures pour former de nouvelles cheminées.
Les chercheurs ont comparé les cheminées du segment Endeavour avec celles d’Alarcon Rise près du Golfe de Californie et ont découvert qu’Endeavour avait peut-être plus de cheminées, mais une proportion plus faible de cheminées actives. Endeavour a probablement plus de structures inertes qu’Alarcon Rise, car ce dernier se trouve dans une région plus active d’un point de vue volcanique, de sorte que les cheminées plus anciennes et inactives ont été recouvertes par les coulées de lave au fil du temps.
Selon le dernière étude, il se peut que le cycle hydrothermal d’Edeavour touche à sa fin et soit remplacée par une phase magmatique susceptible de durer des dizaines de milliers d’années. Lorsque cela se produira, de nombreuses cheminées nouvellement cartographiées disparaîtront probablement, comme cela est arrivé aux anciennes cheminées d’Alarcon.
Source: MBARI, The Watchers.

———————————————–

Hydrothermal vents – also called “black smokers” – are commonly found at the bottom of the oceans near volcanically active places. They often host complex communities fuelled by the chemicals dissolved in the vent fluids. Chemosynthetic bacteria and archaea form the base of the food chain, supporting diverse organisms, including giant tube worms, clams and shrimps.

Researchers from the Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI) have discovered more than 500 hydrothermal chimneys reaching up to 25 metres tall on the seafloor off the coast of the Pacific Northwest, in an area known as the Endeavour Segment of the Juan de Fuca Ridge.

Research on the Endeavour vents started in the 1980s, but only 47 chimneys had been previously identified in five major vent fields. The chimneys are located in a zone about 14 km long and 2 km wide. They formed around hydrothermal vents that emit heated fluids as hot as 400 °C. Minerals precipitate and settle around the vent as hot liquid meets cold seawater, gathering to form towers.that are among the tallest in mid-ocean ridges.

Recently, MBARI’s autonomous underwater vehicle, D. Allan B., mapped the area at a resolution of 1.25 m, so that geologists were finally able to see hundreds of chimneys in this area. 572 new chimneys were discovered, many of which were close to vent sites that had been observed for decades.

MBARI’s map shows many gigantic and presumably active chimneys as high as 27 metres, but most of the chimneys were smaller,less than 8 metres high. Researchers believe many are also inactive or no longer belching fluids because they have been clogged by mineral deposits. While some have stopped growing, others remain standing for hundreds of years. Fluids from the clogged chimneys also find their way upward through different fissures to form new chimneys.

The researchers compared the chimneys at Endeavour with those at the Alarcon Rise near the Gulf of California and found that the Endeavour Segment had may more chimneys, but a lower proportion of active ones. Endeavour likely has more inert structures than Alarcon Rise as the latter sits in a more volcanically-active region, so that its older and inactive chimneys have been buried by lava flows over time.

According to the study, Endeavour’s hydrothermal period may be winding down and will be replaced by a magmatic phase which can last tens of thousands of years. When that occurs, many of the newly-mapped chimneys may vanish, just like what happened to the older chimneys at Alarcon rise.

Source: MBARI, The Watchers.

Source : MBARI

Les fumeurs noirs du volcan Brothers (Arc Tonga-Kermadec) // The black smokers of Brothers Volcano (Tonga-Kermadec Arc)

Les bouches hydrothermales au fond des océans se forment généralement le long des dorsales telles que la dorsale est-Pacifique et la dorsale médio-atlantique. Ce sont des lieux où deux plaques tectoniques s’écartent et où une nouvelle croûte se forme. Ces bouches hydrothermales apparaissent souvent sous forme de « fumeurs noirs ». Les zones qui les entourent sont riches d’un point de vue biologique et hébergent souvent des communautés complexes qui trouvent leur nourriture dans les éléments chimiques dissous dans les fluides émis par les bouches.
À l’aide d’un véhicule télécommandé équipé d’une caméra vidéo haute définition et d’instruments de mesure, une équipe scientifique internationale a pu observer des filons riches en cuivre dans les parois du cratère du volcan Brothers, dans l’Arc des Kermadec, à 1550 mètres de profondeur.
Les observations ont été effectuées au cours d’une mission de 21 jours par des scientifiques des États-Unis et de Nouvelle-Zélande sur ce volcan situé à environ 400 km au nord-est de White Island. La mission était financée par la National Science Foundation, en collaboration avec la Woods Hole Oceanographic Institution, la  Portland State University et GNS Science.
Le système hydrothermal du volcan Brothers est très actif. Il représente un domaine encore inexploré où se développe une vie microbienne extrêmophile dans des fluides à haute température, riches en acides et en métaux. Les scientifiques ont pu étudier comment un volcan sous-marin envoie dans l’océan de la chaleur, des éléments chimiques et des métaux, et comment ces derniers affectent la vie autour du volcan.
Sur l’Arc des Kermadec, des volcans comme le Brothers se forment là où deux plaques tectoniques, en l’occurrence la plaque Pacifique et la plaque australienne, entrent en collision. Des fractures à la surface du volcan permettent à l’eau de mer de s’enfoncer à l’intérieur de la croûte terrestre. L’eau est chauffée par la chambre magmatique et les réactions chimiques entre l’eau de mer et les roches donnent naissance à des sources chaudes qui laissent échapper des fluides riches en minéraux. Selon les scientifiques, ils peuvent fournir des indications importantes sur l’évolution des volcans, sur la formation des dépôts de minéraux, et sur la vie proprement dite. Une partie de la mission consistait à échantillonner les fluides à haute température qui sortent des bouches hydrothermales afin d’évaluer la quantité de métaux et des divers autres éléments chimiques.
Le système hydrothermal du volcan Brothers héberge des formes de vie abondantes. A ce jour, environ 50 espèces d’êtres vivants comme des crevettes, des crabes, des vers et diverses espèces de poissons ont été identifiés.
D’un point de vue chimique, le système hydrothermal du volcan Brothers comprend deux types de sources d’eau chaude très différents. L’un d’eux produit des fluides riches en métaux à une température atteignant 318°C tandis que l’autre émet des fluides riches en gaz et pauvres en métaux qui sont extrêmement acides. Les scientifiques ont pu voir des dizaines de fumeurs noirs jusqu’à 20 mètres de hauteur, perchés sur les parois abruptes du cratère. Les fluides riches en métaux contiennent beaucoup de fer, de cuivre, de zinc et d’or qui se déposent sur le plancher océanique en formant les hautes structures en forme de cheminées.
Les connaissances recueillies par les scientifiques sur les métaux présents dans le volcan et la manière dont ils sont répartis permettront de mieux comprendre la formation de grands gisements de minerais. Des missions scientifiques comme celle-ci fournissent des indications précieuses à une époque où la demande mondiale en faveur de technologies vertes s’accélère et où l’on se tourne vers l’océan pour trouver de nouvelles ressources en métaux rares.
Source: New Zealand Herald.

————————————–

Hydrothermal vents in the deep ocean typically form along the mid-ocean ridges, such as the East Pacific Rise and the Mid-Atlantic Ridge. These are locations where two tectonic plates are diverging and new crust is being formed. Hydrothermal vents may form features called black smokers. The areas around submarine hydrothermal vents are biologically quite productive, often hosting complex communities fuelled by the chemicals dissolved in the vent fluids.

Using a remotely operated vehicle equipped with a high-definition video camera and an array of scientific measuring equipment, an international scientific team observed copper-rich veins in the inner crater walls of Brothers volcano in the Kermadec Arc, at a depth of 1550 metres.

The observations were made during a 21-day US-New Zealand mission at the volcano which lies about 400, km northeast of White Island. The voyage was a US National Science Foundation-funded project involving Woods Hole Oceanographic Institution and Portland State University, in collaboration with GNS Science

The Brothers volcano hydrothermal system is very active.. It represents an unexplored frontier for new extremophilic microbial life that thrives in acid and metal-rich, high-temperature fluids. The scientists investigated how an undersea volcano releases heat, chemicals, and metals into the ocean and how they affect the life around it.

Volcanoes like Brothers form where two of the Earth’s tectonic plates, in this case the Pacific Plate and the Australian Plate, are colliding. Cracks at the surface of the volcano allow seawater to circulate deep into the Earth’s crust. The water is heated up by the underlying magma chamber and chemical reactions between the seawater and rocks result in hot springs that vent mineral-rich fluids from the seafloor. According to the scientists, the fluids can hold important clues about the formation and evolution of volcanoes and how significant mineral deposits can be formed, and about life itself. Part of the mission was to sample the hot fluids coming out of hydrothermal vents to see how much metal and various other chemicals are contained within them.

The Brothers volcano hydrothermal system harbours a vast array of life. So far, around 50 species of animals, including shrimp, crabs, worms, and various species of fish have been identified.

From a chemical point of view, the Brothers volcano hydrothermal system features two very different types of hot springs. One expels metal-rich fluids up to 318°C and the other gas-rich, metal-poor fluids that are extremely acidic. The scientists could see dozens of black smokers up to 20 metres tall, perched on the steep walls of volcano’s crater. The fluid coming out of the metal-rich fluid is rich in iron, copper, zinc, and gold that precipitate on the seafloor, forming the tall chimney structures.

The knowledge the scientists gleaned about what metals were being transported within the volcano and how they are distributed provide insights into the formation of large mineral deposits. Investigations such as this provide valuable insights as world demand for green technologies gathers pace and explorers look to the ocean for new supplies of critical metals.

The voyage was a US National Science Foundation-funded project involving Woods Hole Oceanographic Institution and Portland State University, in collaboration with GNS Science

Source : New Zealand Herald.

Vue de l’arc des Kermadec avec le volcan Brothers.

Fumeurs noirs sur le site du volcan Brothers (Source : GNS Science)

Vers une exploitation commerciale des « fumeurs noirs » ? // Toward a commercial exploitation of the « black smokers » ?

Le Japon a commencé à exploiter avec succès un gisement de ressources minérales en eaux profondes au large de la côte d’Okinawa. C’est, à ce jour, la plus grande extraction de ce type sur des monts hydrothermaux. Elle soulève des inquiétudes dans le monde scientifique car cette nouvelle ruée vers l’or pourrait affecter les créatures uniques qui vivent sur ces gisements.
Les gisements d’Okinawa, situés à plus de 1 500 mètres sous la surface de la mer, sont dus à la présence de bouches hydrothermales. Ces cheminées, connues sous le nom de «fumeurs noirs», émettent des panaches à haute température riches en zinc, nickel, cuivre et autres éléments rares. Lorsque les panaches entrent en contact avec l’eau de mer froide, les métaux retombent et s’accumulent sur le fond marin.
Depuis  des années, les compagnies d’extraction minière à travers le monde entier sont impatientes d’exploiter ces trésors sous-marins qui détiennent de nombreux éléments essentiels à la fabrication des smartphones et des ordinateurs. Le gisement exploité par le Japon est censé contenir une quantité de zinc équivalente à la consommation annuelle du pays. Il produit également de l’or, du cuivre et du plomb.
Le Japon exploite le gisement au large d’Okinawa depuis un mois. Il s’agit en fait davantage de tester des robots miniers sous-marins plutôt qu’une opération commerciale. Malgré tout, c’est un pas en avant vers une exploitation minière des fonds marins à grande échelle.
Les sources hydrothermales sur les fonds océaniques ont été découvertes dans les années 1970 et fascinent les scientifiques depuis cette époque. Chaque source est unique et peuplée par des créatures différentes qui se nourrissent à partir des fluides hydrothermaux toxiques qui jaillissent dans l’océan.
L’un des problèmes auxquels les scientifiques sont confrontés est que ces systèmes hydrothermaux sont très dynamiques. Ils peuvent apparaître et disparaître au cours des décennies, voire des siècles. On sait que certains systèmes ont été affectés par une éruption volcanique, recouverts de lave, mais sont redevenus actifs au bout d’une dizaine d’années.
Les « fumeurs noirs » recèlent également des substances chimiques toxiques comme le plomb et l’arsenic et on ne sait pas trop ce qui se passerait si une exploitation minière rencontrait des problèmes entraînant leur épanchement dans la mer. Les animaux qui vivent sur les fonds marins ou sur la source hydrothermale seraient-ils blessés? Que se passerait-il si un épanchement de fluides toxiques se produisait dans les eaux proches du rivage, dans une région où vivent les gens?
L’International Seabed Authority (ISA), organisme dépendant des Nations Unies pour la gestion des fonds marins, a accordé plus de 25 contrats à certains pays, parmi lesquels le Japon, pour explorer des gisements. Toutefois, aucune opération minière à des fins commerciales n’a encore lieu. L’ISA veut s’assurer que l’exploitation minière en profondeur se fera en toute sécurité. L’agence s’est engagée à élaborer des réglementations environnementales d’ici 2020, ce qui signifie que les robots sous-marins destinés à l’exploitation des gisements hydrothermaux seront commercialement opérationnels vers 2025. Si un État membre de l’ISA devait exploiter les gisements à des fins commerciales, sans attendre la diffusion des conditions environnementales de l’ISA, il y aurait des répercussions diplomatiques.
Pour le moment, le Japon se contente d’explorer les sources hydrothermales dans ses eaux côtières. Le Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie envisage l’exploitation commerciale des gisements hydrothermaux au large d’Okinawa vers le milieu de l’année 2020.
Indépendamment de ce que le Japon fait dans ses propres eaux, les sources hydrothermales et les autres gisements minéraux sous-marins en haute mer seront bientôt ouverts à l’exploitation minière. L’enjeu concerne l’un des écosystèmes les plus rares et les plus méconnus de notre planète. À l’échelle mondiale, on pense que les sources hydrothermales dans les profondeurs des océans couvrent environ 30 kilomètres carrés, soit moins d’un pour cent de la superficie du Parc National de Yellowstone. Il ne faudrait pas oublier que les êtres vivant qui peuplent ces sources ont déjà permis de grandes découvertes. Par exemple, l’un de ces petits organismes contient un composé qui pourrait aider à traiter la maladie d’Alzheimer. Il n’est pas impossible que les « fumeurs noirs » hébergent des communautés d’organismes susceptibles de donner naissance au prochain grand médicament.
Source: Presse japonaise, en particulier The Japan Times.

————————————–

Japan has successfully tapped into a deposit of mineral resources from a deep-water seabed off the coast of Okinawa, the largest such extraction of its type. It is sparking renewed concerns among scientists about how this new gold rush will affect the unique creatures living off these ore deposits.

The Okinawa deposits, located over 1,500 metres below the sea surface, are formed by hydrothermal vents. These chimneys, known as “black smokers”, on the seafloor spew out hot plumes rife with zinc, nickel, copper, and other rare elements; when the plumes collide against the cold seawater, the metals fall out and accumulate on the seafloor.

Mineral extraction companies all over the world have been gearing up for years to tap into these underwater treasure troves which hold many of the rare elements key to power smartphones and computers. The deposit mined by Japan is believed to contain an amount of zinc equivalent to the country’s annual consumption. The ore also includes gold, copper, and lead.

Japan has been working on the deposit off Okinawa for a month. It is still part of an effort to test underwater mining robots rather than a full-blown commercial operation. Still, it’s a step forward in making large-scale seabed mining a reality.

Hydrothermal vents were discovered in the 1970s and have fascinated scientists ever since. Each vent system is unique, with different creatures inhabiting its slopes and feeding off the toxic hydrothermal fluids spewing out into the ocean.

One of the problems scientists are confronted with is that hydrothermal are very dynamic, turning on and off over the span of decades or even centuries. Some hydrothermal vent systems are known to have been completely wiped out by a volcanic eruption, buried by lava, but began spewing out fluids again after about a decade.

Hydrothermal vents also contain toxic chemicals like lead and arsenic and it is unclear what would happen if mining equipment failed, leading to a spill. Will animals on the seafloor or water column be harmed? What if there is a spill in waters close to the shore, where people live?

The International Seabed Authority (ISA), the United Nations’ independent treaty organization, has granted over 25 contracts to countries, including Japan, to explore for minerals. But no large-scale commercial mining operations are taking place just yet. The ISA is still figuring out how to make sure deep-sea mining is done safely. The agency has committed to develop environmental regulations by 2020, which means that big underwater robots mining hydrothermal vents will be commercially operational around 2025. If any ISA member state were to conduct large-scale commercial seabed mining within its own coastal waters without waiting for the production of the ISA environmental code, that would have diplomatic repercussions.

For now, Japan is mining vents in its own coastal water. The country’s Economy, Trade and Industry Ministry then plans to commercialize mining at the sites off Okinawa around the middle of 2020.

Regardless of what Japan is doing in its own waters, hydrothermal vents and other underwater mineral deposits in the high seas will be opened to mining soon. At stake is one of the most unique ecosystems on our planet. Globally, active vents are estimated to cover about 30 square kilometres, less than one percent of the area of Yellowstone National Park. It should not be forgotten that deep-sea animals have yielded big discoveries before, including one small organism that contains a compound that could help treat Alzheimer’s. Maybe hydrothermal vents host communities of organisms that may yield the next big drug. Source: Presse japonaise, en particulier The Japan Times.

« Fumeur noir » dans l’Atlantique (Source : Wikipedia)