Les inondations dramatiques provoquées par une crue-éclair au Texas ont déclenché une polémique. Comme je l’ai indiqué précédemment, des météorologues du National Weather Service (NWS) ont déclaré que les alertes émises avant les inondations avaient été aussi rapides et précises que possible compte tenu des données météorologiques disponibles en temps réel. Selon eux, le manque de personnel n’a pas été un facteur déterminant dans cette issue tragique, même si le NWS souffre de lacunes après une série de réductions d’effectifs.
D’autres voix se font entendre pour dire qu’il y a eu des manquements dans les échanges entre la branche locale de l’administration météorologique et les services d’urgence. Plusieurs postes étaient vacants dans les bureaux du National Weather Service de San Angelo et San Antonio, en charge des zones touchées par les crues. Notamment un météorologue, un prévisionniste et un hydrologue manquaient à l’appel.
S’agissant du lien entre ces crues-éclair (« flash floods » en anglais) et le réchauffement climatique, il ne fait guère de doute car ces événements extrêmes ont tendance à devenir plus fréquents et plus intenses, et pas seulement aux États Unis. En France, tous les météorologues sont d’accord pour dire que les épisodes méditerranéens et cévenols sont plus redoutables que dans le passé. La tempête Alex qui a frappé l’arrière-pays niçois en octobre 2020 en est un parfait exemple. On a assisté à un épisode de pluie d’une intensité tellement importante qu’il a déclenché la réaction brutale d’un cours d’eau dont le niveau a monté avec une rapidité incroyable. De la même façon, à Vaison-la-Romaine en 1992, la rivière Ouvèze est montée de 10 mètres en seulement quatre heures.
Les météorologues expliquent que ce type de crue se produit lorsqu’un cumulonimbus se charge d’une cellule orageuse. Un déluge va alors affecter une zone très concentrée, avec parfois l’équivalent d’un mois de précipitation en quelques heures. Ce type d’événement se produit en particulier sur le pourtour méditerranéen car la formation de cumulonimbus est favorisée par un air chaud et humide près du sol et un air plus froid et sec en altitude. L’arrivée d’air chaud et humide est accélérée par l’eau de plus en plus chaude de la mer Méditerranée.
Avec le réchauffement climatique, de plus en plus de pays font face aux « crues éclair » et les zones concernées ont tendance à remonter vers le nord, comme on a pu le voir en juillet 2021 avec les crues spectaculaires en Belgique et en Allemagne.
Certains pays comme l’Espagne ou l’Italie ont toujours été concernés par ce type de risque, mais l’intensité des épisodes augmente avec la hausse des températures, comme on a pu le constater avec les crues qui ont dévasté le sud-est de l’Espagne fin octobre 2024. Aux États Unis, l’intensité et la fréquence de ces épisodes a augmenté de 10% à 20%.
Pour faire face à ces événements extrêmes, la prévention a fait beaucoup de progrès ces vingt dernières années, grâce à l’imagerie radar qui permet d’établir une carte du ciel en temps réel. On peut ainsi reconnaître la forme d’un cumulonimbus porteur d’une cellule orageuse. Les météorologues croisent des données avec celles d’appareils placés au sol qui permettent de mesurer le niveau des cours d’eau. Si le débit monte beaucoup en peu de temps, c’est le signe d’une crue éclair. Il est désormais possible de prévoir ce type d’épisode entre deux et six heures à l’avance, ce qui permet de mettre la population à l’abri. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle peut être un outil précieux pour prévoir les crues-éclair plus longtemps à l’avance grâce à un traitement plus rapide des calculs et l’analyse des données.
Source : presse nationale et internationale.

Les inondations soudaines du 29 octobre 2024 ont particulièrement meurtri l’Espagne (Crédit photo: presse ibérique)
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The dramatic flooding caused by a flash flood in Texas has sparked controversy. As I previously reported, meteorologists with the National Weather Service (NWS) stated that the warnings issued before the floods were as timely and accurate as possible given the available real-time weather data. According to them, staffing shortages were not a determining factor in this tragic outcome, even though the NWS is suffering from shortcomings following a series of staff reductions.
Other voices are also saying that there were shortcomings in the communication between the local branch of the weather service and emergency services. Several positions were vacant at the National Weather Service offices in San Angelo and San Antonio, which cover areas affected by the flooding. These included a meteorologist, a forecaster, and a hydrologist.
Regarding the link between these flash floods and global warming is quite obvious, as these extreme events are becoming more frequent and intense, and not just in the United States. In France, all meteorologists agree that episodes in the Mediterranean and Cévennes are more formidable than in the past. Storm Alex, which hit the Nice hinterland in October 2020, is a perfect example. A rain event of very high intensity triggered a sudden reaction from a river, whose level rose incredibly quickly. Similarly, in Vaison-la-Romaine in 1992, the Ouvèze River rose 10 meters in just four hours.
Meteorologists explain that this type of flooding occurs when a cumulonimbus cloud includes a storm cell. A deluge will then affect a highly concentrated area, sometimes with the equivalent of a month’s worth of precipitation in a few hours. This type of event occurs particularly around the Mediterranean because cumulonimbus formation is favored by warm, humid air near the ground and colder, drier air at higher altitudes. The arrival of warm, humid air is accelerated by the increasingly warm water of the Mediterranean Sea.
With global warming, more and more countries are facing flash floods, and the affected areas tend to move northward, as seen in July 2021 with the spectacular floods in Belgium and Germany. Certain countries like Spain and Italy have always been affected by this type of risk, but the intensity of the episodes increases with rising temperatures, as seen with the floods that devastated southeastern Spain in late October 2024. In the United States, the intensity and frequency of these episodes has increased by 10% to 20%.
To cope with these extreme events, prevention has made significant progress over the past twenty years, thanks to radar imagery, which allows for real-time mapping of the sky. This allows to recognize the shape of a cumulonimbus cloud carrying a storm cell. Meteorologists cross-reference data with data from ground-based devices that measure river levels. If the flow rises significantly in a short period of time, it is a sign of a flash flood. It is now possible to predict this type of episode two to six hours in advance, making it possible to protect the population. Today, artificial intelligence can be a valuable tool for predicting flash floods further in advance thanks to faster computational processing and data analysis.
Source: national and international press.



