La fonte des glaciers chinois (2ème partie) // The melting of Chinese Glaciers (part 2)

Un article du Courrier de l’UNESCO confirme que, dans sa course contre la fonte des glaciers, la Chine a mis au point des solutions créatives telles que des couvertures de nanomatériaux et des systèmes de neige artificielle pour ralentir le processus, et que ces solutions donnent des résultats prometteurs.
L’utilisation de telles techniques pour préserver les calottes glaciaires n’est pas nouvelle. Depuis le début du 21ème siècle, un nombre croissant de pays, dont l’Autriche, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse, ont commencé à protéger les glaciers en les recouvrant de géotextiles. Ces revêtements visent à augmenter l’albédo et à réduire l’absorption du rayonnement solaire, ralentissant ainsi la fonte des glaciers.

Couverture géotextile sur le glacier du Rhône en Suisse (Photo : C. Grandpey)

La Chine a adopté cette méthode et a mené une série d’expériences sur plusieurs glaciers. Des progrès prometteurs ont été réalisés. À 4 830 mètres d’altitude, sur le glacier Dagu, une zone d’essai de 500 mètres carrés a été sélectionnée et recouverte de géotextiles spécialement conçus. Au final, la fonte du glacier a été réduite d’environ 34 % entre août 2020 et octobre 2021.

 

Vue du glacier Dagu (Crédit photo : The Hindustan Times)

Parallèlement, des nanomatériaux plus performants ont été utilisés pour recouvrir une partie de la surface du glacier Ürümqi n°1, entre 3 740 et 3 990 mètres d’altitude. Cette technique permet d’« habiller » le glacier d’une couche de « protection de haute technologie », ce qui ralentit considérablement le processus de fonte, notamment pendant les saisons chaudes. Ces nanofibres, aux propriétés optiques et électriques remarquables, ont contribué à réduire la fonte du glacier jusqu’à 70 % pendant l’été. Néanmoins, des travaux supplémentaires seront nécessaires pour déterminer comment cette technique peut être étendue et rendue plus respectueuse de l’environnement. Bien qu’elle se soit avérée efficace pour ralentir le recul des glaciers, elle présente des risques environnementaux, des coûts élevés et ne peut être appliquée qu’à de petites zones.

Vue de l’expérience sur le glacier Ürümqi n°1 (Crédit photo : UNESCO)

La production de neige artificielle est une autre méthode de protection des glaciers. Elle consiste à intensifier les précipitations dans les zones montagneuses pour accroître la masse du glacier. Parallèlement, cela contribue à nettoyer la surface du glacier, ce qui améliore son albédo.
D’avril à mai 2023, un laboratoire chinois a mené une opération tridimensionnelle (générateurs de fumée, lancements de fusées et opérations aériennes) pour produire de la neige artificielle dans le bassin du glacier Bailanghe, dans les monts Qilian. À l’issue de l’opération, des chercheurs chinois ont développé un algorithme innovant qui améliore les méthodes d’évaluation traditionnelles. Les résultats ont montré que la production de neige a contribué à un gain de 5,9 % de la masse du glacier et a permis de réduire sa fonte en augmentant l’albédo de surface au cours des 1 à 2 jours suivants.

Production de neige artificielle pendant les Jeux d’Hiver de Sotchi (Crédit photo: presse chinoise)

Le rétrécissement rapide des glaciers est principalement dû au réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine depuis la révolution industrielle. En conséquence, pour freiner efficacement ce processus, il est nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Les émissions de poussière et de carbone noir issues des activités humaines devraient être réduites à l’échelle régionale car ces particules, en absorbant la lumière, accélèrent la fonte de la glace et de la neige en réduisant l’albédo.

Noircissement du Glacier Athabasca (Canada) par les particules de carbone (Photo: C. Grandpey)

D’autres mesures peuvent contribuer à réduire rapidement la vitesse de fonte des glaciers. Les opérations d’ensemencement des nuages, qui améliorent la capacité d’un nuage à produire de la pluie ou de la neige, pourraient être renforcées dans les zones glaciaires. Les méthodes de précipitations alpines pourraient être étudiées plus en détail et des programmes d’enneigement artificiel plus systématiques pourraient être mis en œuvre dans les zones glaciaires. L’intégration de modèles de fonte des glaciers permettrait de développer un système complet d’évaluation de l’enneigement artificiel, de la fonte des glaciers et des variations du ruissellement.
L’électricité verte pourrait être utilisée plus efficacement pour produire la neige artificielle en utilisant l’eau de fonte des glaciers pour reconstituer la masse glaciaire. L’électricité verte pourrait également alimenter des pompes à eau de fonte afin de nettoyer la surface des glaciers en évacuant les particules sombres qui absorbent la lumière. Ces techniques permettent de traiter les surfaces de manière écologique, efficace et rentable. Parallèlement, les drones peuvent être utilisés pour améliorer l’approvisionnement en neige et contribuer ainsi à reconstituer les glaciers.
Source : Courrier de l’UNESCO.

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An article in the UNESCO Courier confirms that in the race to save melting glaciers, China has come up with creative solutions – such as nanomaterial blankets and artificial snow systems – to slow the melting process, and they are yielding promising results.

The use of such techniques to preserve ice sheets is not new. Since the early 21st century, an increasing number of countries, including Austria, France, Germany, Italy, and Switzerland, have started to protect glaciers by covering them with geotextiles. Such coverings aim to increase surface albedo and reduce its absorption of solar radiation, thereby slowing down glacier melting.

China has adopted the method and has conducted a series of experiments on several glaciers. Some exciting progress has been made. At 4,830 metres above sea level on the Dagu Glacier, a 500 square metre trial area was selected and covered with specially designed geotextiles. As a result, the melt rate was reduced by approximately 34 per cent between August 2020 and October 2021.

Meanwhile, more advanced nanomaterials were used to cover a section of the surface of Ürümqi Glacier No.1 between 3,740 and 3,990 metres above sea level. This technique allows the glacier to be “dressed” in a layer of “high-tech protective gear”, which significantly slows down the melting process, particularly during hot seasons. These nanofiber materials, with their remarkable optical and electrical properties, have helped reduce the melting rate by as much as 70 per cent during the summer. Nevertheless, more work is needed to see how this technique can be expanded and made more environmentally friendly. While it has proven effective in slowing down glacier retreat, it does present environmental risks, high costs, and can only be applied to small areas.

Making artificial snow is another glacier protection method. It works by increasing precipitation in mountainous areas to supply more mass to the glacier. At the same time, it helps to clean the glacier surface, enhancing its albedo.

From April to May 2023, a Chinese laboratoryconducted a three-dimensional operation (smoke generators, rocket launches, and aircraft operations) to make artificial snow in the Bailanghe Glacier basin in the Qilian Mountains. After completing the operation, Chinese researchers developed an innovative algorithm that improves traditional evaluation methods. The results showed that the operation of making snow contributed to a 5.9 per cent gain in glacier mass, and helped reduce glacier melt by increasing surface albedo over the following 1-2 days.

The rapid shrinking of glaciers is mostly driven by global warming due to human-related greenhouse gas emissions since the industrial revolution. So, to effectively curb the process, greenhouse gas emissions must be reduced on a global scale. Dust and black carbon emitted by human activities should be decreased at the regional level, because these light-absorbing particles can accelerate the melting of ice and snow by reducing albedo.

Glacier Chine

Glacier Laohugou No. 12 dans les Qilian mountains de la province de Gansu (Crédit photo : Wikipedia)

Other measures can help to rapidly reduce the rate of glacier melt. Cloud seeding operations, which improve a cloud’s ability to produce rain or snow, could be strengthened in glacier basins. Alpine precipitation methods could be further investigated, and more systematic artificial snowing programs implemented in glacier areas. By integrating glacier melt models, a comprehensive system that assesses artificial snowing, glacier melting, and runoff changes can be developed.

Green electricity could be used more effectively to power the artificial snowmaking using glacier meltwater to reconstitute glacier mass. Green electricity can also drive meltwater pumps to clean glacier surfaces by flushing light-absorbing particles away. These techniques allow surfaces to be supplied and treated in a green, efficient, and cost-effective manner. Meanwhile, drones can enhance snow supply and replenish glaciers.

Source : UNESCO Courier.

Les risques de la neige de culture pour le ski de fond // The hazards of artificial snow for cross country skiing

Avec le réchauffement climatique, la saison de ski raccourcit et il tombe moins de neige sur les montagnes. Les stations de ski doivent donc recourir à la neige artificielle pour tenter de sauver leur saison. Cependant, il semble que la neige artificielle soit loin d’être parfaite et les skieurs de fond expliquent qu’ils doivent faire face à de nouveaux dangers.
Il y a l’exemple d’un skieur britannique qui a percuté une clôture en bois dans un virage en descente et a fini sa course contre un poteau, avec une fracture de la jambe. Un Américain a glissé sur une plaque de glace au bas d’une descente et s’est écrasé contre une clôture. Un ski s’est brisé, l’autre s’est tordu et le skieur s’est cassé une jambe. De telles scènes ne se sont pas déroulées pendant des épreuves de ski alpin. Elles se sont produites sur des pistes de ski de fond et de biathlon en neige artificielle.
De nombreux skieurs nordiques et biathlètes de haut niveau affirment que de tels accidents sont de plus en plus fréquents, car le changement climatique réduit la présence de neige naturelle, obligeant les coureurs à se lancer sur des pistes recouvertes de la version artificielle. Les organisateurs de courses olympiques et de Coupe du monde sont souvent contraints de recourir aux enneigeurs pour éviter l’annulation des compétitions.
Les skieurs professionnels expliquent que courir sur de la neige artificielle comporte des risques. Elle une teneur en humidité plus élevée; elle gèle donc plus facilement; elle est aussi plus rapide et donc plus dangereuse. Les chutes sont également plus douloureuses car il n’y a pas de bas-côtés pour amortir les chocs, seulement un sol rocheux et boueux.
Certaines stations comme Le Grand Bornand et Bessans en France fabriquent de la neige puis la stockent sous de la sciure pendant l’été, et l’étalent sur les pistes lorsqu’il fait froid. Le problème est que la neige artificielle ne s’améliore pas avec l’âge. Les organisateurs de courses devraient en tenir compte lors de la conception des parcours.
Contrairement aux équipements alpins, les skis de fond n’ont pas de carres métalliques. Ils sont conçus pour être minces et légers pour grimper des collines et glisser sur des plats. Les chaussures sont souples et se connectent au ski avec une seule barre métallique sous la pointe. Les skieurs nordiques n’utilisent pas la carre du ski pour prendre les virages. Au lieu de cela, ils font des petits pas pour contourner la courbe. Tout cela est plus difficile sur la neige artificielle.
La Fédération internationale de ski, qui supervise le ski de compétition dans le monde entier, fait le suivi des blessures depuis 2006. Les rapports portent sur le ski alpin, le ski acrobatique, le snowboard et le saut à ski. Mais il n’y a pas de données sur les blessures dans les épreuves nordiques qui comprennent le ski de fond, le biathlon et le combiné nordique.
D’autres facteurs entrent en jeu. La conception des pistes de ski devrait être revue car aujourd’hui tout va plus vite Un professeur de sciences de l’atmosphère à l’Université de l’Utah explique que la neige artificielle est très différente de la neige naturelle : « Ce n’est que de l’eau qui est propulsée à travers des buses qui la brisent en gouttelettes extrêmement fines qui gèlent ensuite. La structure de la neige naturelle est fondamentalement différente. » La neige artificielle a une teneur en eau plus élevée, elle a donc une densité élevée et a tendance à être vraiment durable; cela la rend parfaite pour le ski alpin de compétition, beaucoup moins pour le ski de fond.
Le changement climatique a bouleversé le ski de fond, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle ce sport est devenu plus dangereux. Les circuits de compétition sont plus courts, en partie à cause du manque de neige, mais aussi pour que les skieurs passent plus souvent devant les spectateurs et les caméras de télévision. Des boucles plus courtes signifient plus de virages, et donc plus de chutes.
Source : Yahoo News.

J’aime beaucoup l’expression « fake snow » utilisée parfois par les Anglo-Saxons pour faire référence à la neige de culture. Elle est pleine se sens!

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With global warming, the ski season is getting shorter and less snow is falling on the mountains, so ski resorts have to resort to articicial snow to try and save their season. However, it looks as if artificial snow is far from perfect and cross country competitors explain they have to face new dangers.

There is the example of a British skier who crashed through wooden fencing on a downhill corner and slammed into a pole, breaking his leg. An American hit an icy patch at the bottom of a hill and crashed into a fence, breaking one ski and twisting the other, also breaking his leg. These scenes are not from high speed Alpine ski events. They happened on cross country ski and biathlon tracks made with artificial snow.

Many top Nordic skiers and biathletes say crashes like these are becoming more common as climate change reduces the availability of natural snow, forcing racers to compete on tracks with the manmade version. Olympic and World Cup race organizers have come to rely on snow-making equipment to avoid the cancellation of competitions.

Professional skiers explain that racing on manmade snow comes with risks. It has a higher moisture content, so it is icier, therefore faster and more dangerous. It also hurts more if you fall outside of the course when there is no fluffy snowbank, but a rocky and muddy hard ground.

Some resorts like Le Grand Bornand and Bessans in France make snow and then store it under wood chips through the summer and spread it around a track when it gets cold. The problem is that artificial snow does not get better with age. Race organizers should take that into consideration when designing courses.

Unlike Alpine equipment, cross county skis don’t have metal edges. They are designed to be thin and lightweight for climbing hills and gliding over flats. The boots are flexible and connect to the ski with a single metal bar under the toe. Nordic skiers don’t use the edge of the ski to navigate around a corner. Instead, they take fast baby steps to get around the curve. All of that is more difficult on manmade snow.

The International Ski Federation, which oversees ski racing around the world, keeps track of injuries going back to 2006. The reports track Alpine skiing, freestyle skiing, snowboarding and ski jumping. But there is no data for injures in the Nordic events, which include cross country skiing, biathlon and Nordic combined.

There are other factors in play. The way ski trails were designed for natural snow should be modified now because everything is faster. A professor of atmospheric sciences at the University of Utah explained that artificial snow is very different from natural snow : “What it is is water that’s blown through nozzles that break up the water into extremely small and tiny droplets that then freeze. While the structure of natural snow is fundamentally different. » Manmade snow has a higher water content so it has a high density and tends to be really durable, making it good for ski racing, at least for Alpine ski racing.

Climate change has definitely changed cross country skiing, but it is not the only reason the sport is more dangerous. Racecourses are shorter partly due to limited snow, but also to bring the skiers through the arena more often for the spectators and television cameras. Shorter loops mean more corners, which means more crashes.

Source: Yahoo News.

l like very much the expression « fake snow » sometimes used to refer to articicial snow ! It means a lot!

Les enneigeurs permettent de compenser le manque de poudreuse, mais pour combien de temps? (Photo: C. Grandpey)

Les Jeux Olympiques d’hiver sous la menace du réchauffement climatique // Winter Olympics under the threat of global warming

Alors que le changement climatique se propage rapidement à travers la planète, on peut se demander si la hausse des températures ne menace pas l’avenir des Jeux olympiques d’hiver. En effet, le nombre de sites susceptibles d’accueillir l’événement dans le monde diminue. C’est ce que l’on peut lire dans un rapport publié avant les Jeux de Pékin.

Les Jeux olympiques en Chine, qui débuteront le 4 février 2022, seront les premiers Jeux d’hiver à dépendre à près de 100 % de la neige artificielle. Le rapport indique que plus de 100 générateurs de neige et 300 canons sont à l’œuvre pour recouvrir de neige de culture les pistes de ski des Jeux olympiques d’hiver de 2022.

Les auteurs du rapport expliquent que la fabrication de neige artificielle est un processus gourmand en énergie et en eau qui utilise fréquemment des produits chimiques pour ralentir la fonte, mais cette neige de culture présente également une surface qui, selon de nombreux concurrents, est imprévisible et potentiellement dangereuse.

On peut lire dans le rapport que les Jeux olympiques d’hiver de 2022 seront sans aucun doute un spectacle regardé par des millions de personnes dans le monde, mais l’événement devrait également provoquer un débat sur l’avenir des sports de neige et les limites de modification artificielle des environnements naturels. Sur les 21 sites prévus pour les Jeux d’hiver depuis ceux de Chamonix en 1924, les scientifiques pensent que d’ici 2050, seuls 10 auront un niveau d’enneigement acceptable et des chutes de neige naturelle suffisantes pour accueillir un tel événement. Chamonix est désormais classée « à haut risque » comme d’autres sites en Norvège, en France et en Autriche, tandis que Vancouver, Sotchi et Squaw Valley aux États-Unis sont jugés « peu fiables ».

Plusieurs skieurs mettent en garde dans le rapport sur les dangers pour les athlètes dont certains sont morts au cours d’accidents. Un skieur canadien s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de blessures causées par le manque d’entraînement sur la neige artificielle et a exprimé des craintes pour l’environnement.

Source : Yahoo Actualités.

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With climate change spreading rapidly over the planet, one may wonder whether increasing temperatures are not threatening the future of the Winter Olympics. Indeed, the number of suitable sites likely to welcome the event around the globe is decreasing. This is one one can read in a report published ahead of the Beijing Games.

The Olympics in China, which start on February 4th, 2022 will be the first Winter Games to rely almost 100 percent on artificial snow. The report says more than 100 snow generators and 300 snow-making guns are working flat out to cover the ski slopes of the 2022 Winter Olympics in artificial snow.

The authors say artificial snow making is an energy and water-intensive process frequently using chemicals to slow melt, but also delivers a surface that many competitors say is unpredictable and potentially dangerous.

One can rfead in the report that the 2022 Winter Olympics will, no doubt, be a spectacle watched and enjoyed by millions worldwide, but it should also provoke a debate about the future of snow sports, and the limits of engineering artificial natural environments.

Of the 21 venues used for the Winter Games since Chamonix 1924, scientists believe that by 2050 only 10 will have the « climate suitability » and natural snowfall levels to host an event.

Chamonix is now rated « high risk » along with venues in Norway, France and Austria, while Vancouver, Sochi and Squaw Valley in the United States are deemed « unreliable ».

Several skiers warn in the report of the dangers to athletes among whom some have died during accidents. A Canadian Olympian raised concerns about the increase in injuries caused by the lack of practice on snow and voiced environmental fears.

Source : Yahoo News .

Les enneigeurs, une solution à court terme pour sauver la saison de ski (Photo: C. Grandpey)

Neige artificielle et environnement // Artificial snow and the environment

drapeau-francaisConséquence directe du réchauffement climatique, la neige se fait attendre dans nos montagnes, au moins à basse et moyenne altitude. Celle tombée abondamment au mois de novembre s’est maintenue au-dessus de 2000 mètres. Les présentateurs des chaînes météo ont beau gesticuler et faire saliver les téléspectateurs en montrant la couche épaisse qui recouvre actuellement les Grands Lacs aux Etats-Unis, les prévisions n’annoncent pas de poudreuse en France d’ici les vacances de Noël.

En moyenne montagne, faute d’enneigement suffisant, seules les stations bénéficiant d’un équipement en neige de culture pourront peut-être ouvrir à Noël, à condition que la température soit suffisamment basse pour faire fonctionner les canons. Idéalement, elle doit se situer aux alentours de – 3 °C maximum. Plus on se rapproche de 0 °C, plus il faut d’énergie pour produire de la neige et elle est de moins bonne qualité.

De plus en plus de stations ont recours à la production de neige artificielle, une tendance qui n’a cessé de se renforcer ces dernières années. Les premiers canons à neige sont apparus dans les Vosges à la fin des années 1960. Mais c’est surtout à partir du début des années 1990, après trois hivers sans neige, que les stations ont commencé à s’équiper plus largement.

En 2009, on estimait à 20 % le nombre de pistes équipées en canons à neige. Ce chiffre devrait grimper à plus de 40 % en 2020, en sachant que dans les Pyrénées, certaines stations sont équipées à 100 % pour faire face au manque de neige. Même les grands domaines skiables, situés en haute altitude et qui bénéficient d’un bon enneigement naturel, s’équipent d’usines à neige afin d’apporter le maximum de confort aux skieurs.

Toutefois, le recours de plus en plus systématique à la neige de culture soulève de nombreuses questions. Considérée parfois comme une garantie pour assurer la saison, la neige artificielle – qui nécessite de lourds investissements – ne peut être utilisée comme la solution miracle. Pour produire de la neige, il faut des températures négatives ; or, le manque de neige naturelle est souvent associé à des températures trop douces pour la saison. En bref, plus on en a besoin, moins il est techniquement possible de produire de la neige, comme on a pu le constater au début du mois de décembre 2016..

L’utilisation d’additif ayant été écartée, la neige de culture ne génère pas de pollution. Sa production ne nécessite que de l’eau, de l’air et du froid. Malgré tout, cette production n’est pas sans impact sur l’environnement car elle est fortement consommatrice d’énergie et surtout d’eau, à un moment où les besoins augmentent : besoin de fournir de l’eau potable aux touristes mais aussi besoin de la fonction d’épuration naturelle assurée par les cours d’eau en aval des stations de traitement des eaux usées, elles aussi fortement sollicitées pendant la saison. Le tout, au moment où les cours d’eau sont à leur plus bas niveau.

Pour éviter des conflits autour de la ressource en eau, les nivoculteurs ont trouvé la parade. Ils ont multiplié les retenues collinaires, qui stockent l’eau de pluie ou de ruissellement depuis la saison précédente. Ces retenues d’altitude fournissent 60 % de l’eau utilisée pour fabriquer la neige de culture, le pompage direct dans les ruisseaux compte pour 30 % et le trop-plein dans les réseaux d’eau potable pour les 10 % restants. La multiplication des bassins d’altitude n’est pas non plus sans conséquences. Portant parfois atteinte au paysage, ces retenues sont souvent construites sur des zones humides dont l’utilité pour le bon fonctionnement des écosystèmes est reconnue. Pour le moment, aucun conflit n’est à déplorer et les tensions autour de la ressource en eau sont restées limitées. Jusqu’à quand ?

Pour certains observateurs, le recours à la neige artificielle constitue surtout une forme de fuite en avant, notamment dans un contexte de changement climatique. Comme l’a fait remarquer un membre du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD), « nous entrons dans un système artificiel, où l’on oublie que le ski est à l’origine un sport de nature La montagne est un espace naturel à découvrir. Ce n’est pas seulement une piste de ski. »

Sources : Le Monde & ActuEnvironnement.

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drapeau-anglaisA direct consequence of global warming, snow is still missing in our mountains, at least at low and medium altitude. The snow that fell profusely in November is still present above 2000 meters. The presenters of the weather channels gesticulate and make the viewers salivate by showing the thick layer that currently covers the Great Lakes in the United States, but forecasts do not announce powder snow in France for the Christmas holidays.
On average, due to insufficient snowfall, only stations with cultured snow equipment may be able to open at Christmas, provided the temperature is low enough to operate the cannons. Ideally, it should be around -3 ° C maximum. The closer you get to 0 ° C, the more energy you need to produce snow and the lower the quality.
More and more resorts are resorting to the production of artificial snow, a trend that has been steadily increasing in recent years. The first snow cannons appeared in the Vosges in the late 1960s. But it was mainly from the early 1990s, after three winters without snow, that the stations began to equip themselves more widely.
In 2009, the number of runs equipped with snow cannons was estimated at 20%. This figure should increase to more than 40% in 2020, but in the Pyrenees, some stations are already 100% equipped to cope with the lack of snow. Even the majorski areas, located in high altitude, that benefit from a good natural snow, are equipped with snow cannons in order to bring the maximum comfort to the skiers.
However, the increasing use of artificial snow raises many questions. Considered sometimes as a guarantee to ensure the season, artificial snow – which requires heavy investments – can not be used as the miracle solution. To produce snow, negative temperatures are required; But the lack of natural snow is often associated with temperatures too mild for the season. In short, the more it is needed, the less it is technically possible to produce snow, as was seen at the beginning of December 2016.
Since the use of additives has been ruled out, cultivated snow does not generate pollution. Its production requires only water, air and cold. In spite of everything, this production is not without impact on the environment because it consumes a lot of energy and especially water, at a time when needs increase: need to provide drinking water to tourists but also need of the natural purification function provided by the streams downstream of the sewage treatment plants, which are also heavily stressed during the season. All at the moment when the rivers are at their lowest level.
To avoid conflicts around the water resource, the producers of artificial snow found the parade. They have multiplied the hill reservoirs, which store rainwater or runoff since the previous season. These highland reservoirs provide 60% of the water used to make artificial snow, direct pumping into streams accounts for 30% and overflow in drinking water systems for the remaining 10%. The multiplication of the basins is not without consequences. Sometimes damaging the landscape, these reservoirs are often built on wetlands whose usefulness for the proper functioning of ecosystems is well known. At the moment, no conflict is to be deplored and tensions around the water resource have remained limited. Until when ?
For some observers, the use of artificial snow is mainly a form of leak forward, especially in a context of climate change. As one member of the General Council for the Environment and Sustainable Development (CGEDD) pointed out, « we are resorting to an artificial system and forget that skiing is originally a sport of nature. The mountains are a natural space to be discovered. They are not just ski runs. »

Sources : Le Monde & ActuEnvironnement.

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La température est trop élevée pour actionner les canons à neige au Mont Dore, à 1500 mètres d’altitude (Image webcam)