J’ai écrit le mot selfie entre guillemets car je déteste le franglais. Pourquoi ne pas utiliser notre belle langue et parler d’auto portrait ? Il est amusant – et peut-être un peu inquiétant – de voir autant de personnes sombrer dans le narcissisme et le besoin de se prendre en photo dans le seul but de mettre celle-ci en ligne sur des réseaux sociaux. J’entendais récemment à la radio que les « selfies » allaient être interdits lors du prochain festival de Cannes. Catastrophe ! On ne pourra plus envoyer sa binette à ses proches à côté de celle d’une de ces « people » – pardon, célébrités – qui font régulièrement la une des magazines à sensations.
Il y a quelques jours, lors de mon séjour en Andalousie, je me suis amusé à photographier quelques amateurs d’auto portraits. Les jeunes Asiatiques sur le cliché ci-dessous ne sont pas en train de taquiner le poisson dans un bassin de l’Alcazar de Cordoue, mais d’immortaliser un grand moment de leur vie en maintenant leur téléphone intelligent (smartphone ? Berk !) au bout d’une perche… A noter que cette dernière est en passe d’être interdite dans la plupart des musées. Ma tendance à la taquinerie me pousse parfois à passer derrière les personnes se tirant l’auto portrait et à faire quelques grimaces susceptibles de bonifier le cliché.
Si l’on pousse le ridicule jusqu’au bout, j’imagine assez une personne sur son lit de mort en train de demander à ses proches de lui apporter un smartphone téléphone intelligent pour qu’elle se tire un ultime selfie auto portrait avant de passer dans l’au-delà.
Je sais, je vais passer pour un vieux dinosaure en écrivant ces lignes. Peu importe. Je n’ai pas de téléphone intelligent mais je possède plusieurs appareils photo, un téléphone portable (sans Internet) et un ordinateur portable (avec Internet) un GPS de randonnée et un autre dans mon véhicule, même si je préfère les bonnes vieilles cartes en papier. J’arrive à vivre parfaitement sans tripoter en permanence l’écran d’un appareil censé favoriser la communication. Quand je vois des gens le regard rivé sur leurs écrans avec un oubli total de ce qui se passe autour d’eux, je me demande si ce but est réellement atteint.
Photo: C. Grandpey





