La nouvelle vie des ours polaires // The new life of polar bears

Avec la hausse des températures en Arctique, plus rapide qu’ailleurs dans le monde, la banquise disparaît, ce qui affecte le mode de vie des animaux de cette partie du monde. L’ours polaire est l’espèce la plus menacée. Avec le manque de glace, les plantigrades sont de plus en plus souvent obligés de vivre sur terre et de changer leur régime alimentaire. J’ai indiqué dans des articles précédents qu’ils se nourrissent d’oies polaires, par exemple. Une équipe de biologistes canadiens s’est rendue à Churchill, au Manitoba, surnommée la « capitale de l’ours polaire », en novembre 2018, où ils ont commencé une étude sur les ours polaires de la région.

Ours polaire (Photo: C. Grandpey)

Le projet des biologistes canadiens visait à « mieux comprendre comment le réchauffement climatique, la captivité et les altérations alimentaires affectent le microbiome intestinal, le régime alimentaire et la santé globale des plantigrades. » Pour ce faire, ils devaient recueillir, via leurs excréments, le microbiome fécal, c’est-à-dire les microbes qui digèrent la nourriture. Ce sont de bons indicateurs de la santé des ours polaires en captivité et dans leur milieu naturel. Il suffit ensuite de comparer les excréments de ces deux univers.
Les scientifiques ont également recueilli des échantillons d’algues sur le rivage dans les zones fréquentées par les ours. Les animaux se nourrissent avec un régime alimentaire à base de maquereau plus riche en protéines et d’algues qui compensent les changements de nourriture auxquels les ours polaires peuvent être confrontés en raison du réchauffement climatique. En effet, le déclin de la glace de mer arctique les oblige à rester sur terre sans accès à leur régime alimentaire traditionnel à base de mammifères marins.
L’équipe scientifique a constaté que les ours polaires en captivité, qui suivent un régime alimentaire riche en protéines pendant longtemps, présentent un microbiome fécal différent et plus diversifié que leurs homologues sauvages, probablement en raison de changements dans leur régime alimentaire et leur habitat.
L’étude révèle que la diminution de la couverture de glace de mer arctique et l’allongement des saisons sans glace réduisent la zone et la fenêtre de temps pendant laquelle les ours polaires peuvent rester sur les plateformes glaciaires. Cela incite certaines populations d’ours à rester plus longtemps sur terre pour y chasser les animaux, ce qui entraîne le passage d’un régime alimentaire riche en graisse de phoque à un régime pauvre en graisse et riche en protéines pendant une période prolongée. S’ils deviennent contraints de rester sur terre en raison d’un manque de glace de mer et doivent survivre grâce à des sources de nourriture terrestres, le régime alimentaire des ours polaires, et donc leur microbiome intestinal, changeront.
L’étude montre que « s’ils parviennent à s’adapter et à survivre, les ours polaires que nous connaissons aujourd’hui seront des animaux très différents ».
Source : Phys.org.

J’ai également expliqué dans des notes précédentes que les ours polaires qui se nourrissent de carcasses de baleines sur le littoral sont souvent amenés à partager leur nourriture avec les grizzlis et qu’une interaction se produit entre les deux espèces.

Grizzly (Photo: C. Grandpey)

Les os de baleines boréales près du village de Kaktovik sont devenus en automne des lieux de rencontre pour les ours polaires ainsi que pour quelques grizzlis en provenance de North Slope. Les os de baleines et la viande qui y subsiste constituent pour les ours une source de nourriture riche en graisse qui fait défaut sur la banquise.

Un résultat inattendu de cette cohabitation entre ours polaires et grizzlis est l’apparition d’une nouvelle espèce d’ours née de l’accouplement entre deux espèces pourtant séparées par 500 000 ans d’évolution. Son nom est encore incertain car cet animal reste extrêmement rare : pizzly, grolar, nanulak [ours polaire (nanuk) et grizzly (aklak)]. Cela fait longtemps que l’on sait que le grizzly et l’ours polaire sont biologiquement et génétiquement compatibles, cette hybridation s’étant déjà produite dans des zoos. En 2009, on comptait 17 individus connus, dont un frère et une sœur au zoo allemand d’Osnabrück.

 Nanulak (Crédit photo: France Info)

Pour certains scientifiques, cet hybride plus adapté au mode de vie terrestre pourrait remplacer l’ours polaire. Cependant, cette évolution ne se fera pas en quelques années. Selon les chercheurs, il faudra des centaines de générations pour que nous observions un authentique nouveau type d’ours.

Pour mieux connaître l’ours.  Commande du livre à grandpeyc@club-internet.fr

—————————————————–

With temperatures in the Arctic rising faster tah elsewhere in the world, sea ice is disappearing, which affects the way of life of the animals in that part of the world. Polar bears is the most threatened species. With the lack of ice, they are more and more often obliged to live on land and change their food diets. I indicated in previous posts that they feed on polar geese, for instance. A team of Canadian biologists travelled to Churchill, Manitoba, dubbed the « Capital of Polar Bears, »in November 2018 where they started a research on polar bears in the region.

The biologists’ project was aimed at « better understanding how global warming, captivity and food alterations affect the gut microbiome, diet, and overall health of the plantigrades. To do that, they needed to collect the fecal microbiome, i.e. microbes that digest food and are a good indicator of health of captive and wild polar bears and compare them. »

The scientists also needed to gather seaweed samples from the shore in areas frequented by bears. The animals are fed a higher protein mackerel-based diet and the seaweed compensates for the changes polar bears may face due to global warming, particularly as the decline in Arctic Sea ice forces them to remain onshore without access to their traditional marine mammal-based diet.

The scientific team found that the captive polar bears, who had been on a long-term high-protein diet, exhibited a more diverse and distinct fecal microbiome than their wild counterparts, likely due to dietary and habitat shifts.

The study reveals that shrinking Arctic Sea ice coverage and extended ice-free seasons reduce the area and window of time polar bears can spend on the ice platform. That is causing some populations to increase their land use to hunt for terrestrial animals, resulting in a switch from a fat-rich diet of seals to a low-fat, high protein diet for an extended period. Should they become landlocked due to a lack of sea ice and have to survive on terrestrial food sources, their diet and therefore gut microbiome will change.

The study shows that « if they are able to adapt and survive, the polar bears we know now will be very different animals. »

Source : Phys.org.

I also explained in previous posts that polar bears feeding on whale carcasses on the seashore are often led to share the food with grizzlies and that intraction occurs between the two species. The bowhead bone piles near the village of Kaktovik have become autumn gathering spots for polar bears and even some North Slope grizzlies. The piles give the bears a source of high-fat food that they are lacking on the ice.

An unexpected result of this cohabitation between polar bears and grizzlies is the appearance of a new species of bear born from the mating between two species separated by 500,000 years of evolution. Its name is still uncertain because this animal remains extremely rare: pizzly, grolar, nanulak [polar bear (nanuk) and grizzly bear (aklak)] … It has been known for a long time that grizzly and polar bears are biologically and genetically compatible as this hybridization already occurred in zoos. In 2009, there were 17 known individuals, including a brother and a sister in the German zoo of Osnabrück.
For some scientists, this more earth-friendly hybrid could replace the polar bear. However, this evolution will not happen in a few years. Researchers say it will take hundreds of generations to see an authentic new type of bear.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.