Évacuations autour du Mont Ibu (Indonésie) // Evacuations around Mt Ibu (Indonesia)

Dans ma note du 17 mai 2024, j’indiquais que l’activité éruptive du Mont Ibu s’était intensifiée les 11 et 12 mai 2024, avec une forte éruption vers 00h12 (UTC) le 13 mai 2024, avec un épais panache de cendres s’élevant jusqu’à 6,4 km au-dessus du niveau de la mer. Le niveau d’alerte du volcan a été relevé pour la première fois de 2 à 3 (Siaga) le 8 mai après les premiers signes d’augmentation d’activité. Les autorités locales avaient préparé des tentes, mais aucun ordre d’évacuation n’avait été décrété. En raison d’une nouvelle hausse d’activité, le niveau d’alerte a été relevé de 3 à 4, le maximum, le 17 mai.
Le 18 mai au soir, les autorités indonésiennes ont évacué les habitants de sept villages situés dans un rayon de 7 kilomètres autour du volcan après une nouvelle éruption qui a envoyé un panache de cendres à environ 4 kilomètres dans le ciel avec de fréquents éclairs dans le panache. Les secouristes ont aidé les personnes âgées à évacuer la zone tandis que les autres villageois quittaient la zone dans des pickups pour être conduits dans des tentes pour y passer la nuit.
Les autorités ont conseillé à la population et aux touristes de ne mener aucune activité dans un rayon de 5 kilomètres autour du cratère du mont Ibu. Plus de 13 000 personnes vivent dans un rayon de 5 km autour du versant nord du cratère.
Source : CVGHM.


Vue des éclairs dans le panache de cendres le 18 mai 2024 (Crédit photo : CVGHM)

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In my post of May 17th, 2024, I indicated that eruptive activity at Mount Ibu (Indonesia) intensified on May 11th and 12th, 2024, leading to a strong eruption at around 00:12 UTC on May 13, 2024, with a thick ash plume rising up to 6.4 km above sea level. The volcano’s Alert Level was first raised from 2 to 3 (Siaga) on May 8th after the first signs of increased activity. Local authorities had prepared evacuation tents, but no evacuation order had been reported. Due to a new increase in activity, the alert level was raised from 3 to 4, the maximum on May 17th.

On May 18th in the evening, Indonesian authorities evacuated residents of seven villages within a 7-kilometer radius from the volcano after it erupted and sent ash about 4 km into the sky with frequent flashes of lightning in the plume. Rescuers assisted the elderly with evacuating the area while residents were moved out of the area in pickup trucks and taken to emergency tents to spend the night.

Officials advised residents and tourists not to conduct any activities within 5 kilometers from Mount Ibu’s crater. More than 13,000 people live within a 5-km radius from the northern side of the crater.

Source : CVGHM.

Camargue : les flamants roses en danger !

J’ai alerté à plusieurs reprises sur ce blog sur les dangers que faisait peser le réchauffement climatique sur les zones méditerranéennes côtières comme le delta du Nil (note du 12 novembre 2022). Plus près de nous, au cœur du delta du Rhône, la Camargue est menacée par la montée du niveau de la mer (note du 10 novembre 2022), les canicules et les sécheresses qui polluent les sources d’eau douce et rendent les terres infertiles.
Le niveau de la mer autour de la ville de Saintes-Marie de la Mer s’est élevé de 3,7 millimètres par an de 2001 à 2019, soit près du double de l’élévation moyenne du niveau de la mer sur le reste de la planète au cours du 20ème siècle.

Une étude à laquelle a participé le Muséum d’Histoire Naturelle nous apprend aujourd’hui que la montée du niveau de l’eau dans les zones humides à un impact non négligeable sur la survie de plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux.

Il y a quelques jours, je me trouvais au cœur des réserves naturelles camarguaises et je me demandais si les flamants roses, les ibis ou les hérons feront encore partie de nos paysages à la fin du siècle. L’étude que je viens de mentionner montre qu’ils sont, eux aussi, menacés par la montée du niveau de la mer.

On pourrait penser que les flamants et les autres échassiers sont habitués à avoir les pattes dans l’eau, et que quelques centimètres de plus ne sont pas un problème. L’étude montre que lorsqu’on simule la montée du niveau marin dans 938 zones humides de huit pays bordant la Méditerranée, en se basant sur différents scénarios du GIEC, entre un tiers et la moitié des habitats des 145 espèces d’oiseaux vivant dans les zones humides risquent d’être inondés d’ici à 2100, avec une réelle menace pour leur survie.

On pourrait penser que, le milieu étant trop inondé, ces oiseaux iront s’installer ailleurs, mais c’est faux, car ils sont très dépendants de ces zones humides aux eaux saumâtres, donc légèrement salées, mais pas trop. Les flamants, par exemple, sont équipés pour y vivre de becs à la forme particulière, mais adaptés à la recherche de nourriture dans la vase. Ce qui menace les flamants et les autres oiseaux vivant dans ce milieu, ce ne sont pas uniquement quelques centimètres d’eau en plus, c’est aussi une grande salinité des sols qui fera disparaître des végétaux, du plancton et de petits crustacés, autant d’éléments dont ils se nourrissent.

À l’échelle humaine, cette hausse de la salinité du sol rendra la terre stérile et inhabitable bien avant que la mer l’engloutisse. Certains pâturages touchés par le phénomène sont déjà dénudés avec peu de végétation. La teneur anormalement élevée en sel présente des risques pour la santé des organismes qui ne la tolèrent pas.

Comment pourrait on sauver l’habitat des flamants roses et des autres oiseaux dont la nourriture dépend de cet univers d’eau légèrement salée ? Il est hors de question de construire des digues pour protéger l’ensemble des marais ou des estuaires. Ce serait trop coûteux et la solution ne serait que provisoire. L’idée serait plutôt d’envisager des sites de repli pour ces oiseaux, en restaurant des zones humides ailleurs, plus à l’intérieur des terres. On pourrait aussi aider la mer à envahir de nouvelles surfaces non habitées pour recréer des zones gorgées d’eau en permanence. Au-delà de la préservation des oiseaux, ces zones humides pourraient jouer le rôle de tampon lors des crues, tout en filtrant l’eau et en étant des puits de carbone intéressants.

Source : Society for Conservation Biology.  Photos: C. Grandpey