En constatant l’abondance de franglais dans leurs propos à longueur de journée, on serait en droit de penser que les journalistes français manient à la perfection la langue de Shakespeare. Pourtant, l’arrivée de l’Ocean Viking en Méditerranée avec à son bord des migrants impatients de trouver un port d’attache, est source de sacrés problèmes lorsqu’il s’agit de prononcer le nom du bateau.
Voici comment ces deux mots doivent se prononcer :
– Ecoutez « Ocean« , en phonétique /ˈəʊ.ʃən/
https://dictionary.cambridge.org/fr/prononciation/anglais/ocean
Ecoutez maintenant « Viking« , en phonétique /ˈvaɪ.kɪŋ/
https://dictionary.cambridge.org/fr/prononciation/anglais/viking
Le nom du bateau connaît des fortunes diverses dans la bouche des journalistes! Certains le prononcent carrément à la française, ce qui, après tout, n’est peut-être pas la pire des solutions. J’ai pu constater que la plupart font un effort en essayant de prononcer le mot « ocean » à l’anglaise, avec plus ou moins de succès. En revanche, « Viking » reste désespérément français dans l’immense majorité des cas.
L’essentiel est que la bateau sauve des vies, mais un petit effort de prononciation serait tout de même le bienvenu….
Petit remarque à l’attention de la personne qui assure le commentaire de l’excellent documentaire « Quand la mer menace les villes » sur France 5 : l’arrondissement (borough) de Staten Island à New York a une origine néerlandaise remontant au début du 17ème siècle. La prononciation de « Staten » n’a donc rien à voir avec un état. Le mot se prononce à la française, sans diphtonguer la lette « a ».
Crédit photo: Wikipedia
Merci, Claude, pour ce magistral cours abrégé de phonétique !
Le site de Cambridge est désormais intégré à mes …bookmarks (étonnant qu’il ne l’ait pas été plus tôt !) !
Je me demande souvent pourquoi nos journalistes et animateurs ne reçoivent pas, avant leurs premières interventions, quelques cours — ou au moins quelques notes — de (re-)mise à niveau !
J’ajouterai même que cette (re-)mise à niveau devrait concerner autant le français que l’anglais !
En effet, si la lacune est criante pour « Ocean Viking », elle est à peine remarquée pour « Yorkshire », trop souvent prononcé « york ch ailleur » (au prix, pourtant, d’un effort supposé du respect de la « bonne » prononciation !), ou encore pour « Seattle », trop souvent prononcé « si é teul » ; elle n’est même plus remarquée pour « SpaceX » (spéce iks) ou « Xmen » (iks mène)… (désolé, je n’ai pas cherché de police phonétique, je trouve plus amusant de transcrire la phonétique en prononciation française à peu près équivalente !).
Quant à la langue française, c’est aussi la Bérézina : en tête, on pourrait citer, pêle-mêle, les confusions entre « notable » et « notoire », « dénoter » et détonner », « à pied d’œuvre » et « à l’œuvre », les prononciations, souvent même méconnues de nos propres enseignants, de mots comme « gageure » (« gajure ») ou « arguer » dans le sens d’argumenter (« are gu é »), les constructions « fautives » comme « je m’en rappelle » ; depuis que la mode est revenue d’utiliser des tournures réservées au « langage soutenu », on a même entendu dans la bouche d’un ministre « …il faudrait LES enjoindre A faire… », alors que, comme vous, vous le savez, il aurait dû dire « …il faudrait LEUR enjoindre DE faire… ».
Personnellement, je trouve que, s’il est quasi inévitable d’entendre du français « approximatif » dans la bouche d’un quidam interviewé sur un plateau de télé ou dans la rue, il serait souhaitable que nos animateurs habituels parlent un français (plus) correct ! Cela permettrait — peut-être !!! — de ralentir la baisse du niveau général…
Cordialement,
Phil, un lecteur fidèle.
J’aimeJ’aime
Bonjour Phil,
Je vois que nous appartenons à la même école et que, comme moi, vous vous amusez (si on peut dire) à repérer les fautes de langage. Personne n’est à l’abri d’une faute d’expression; le problème, c’est l’effet d’accumulation. S’agissant d' »Ocean Viking », c’est le prof agrégé d’anglais qui parlait. Je n’ai pas eu de remarques désobligeantes venant des personnes qui étaient visées. C’est dommage car en la matière, je suis aussi doué que Benzéma pour la reprise de volée! En tout cas, votre commentaire me rassure. Il y a encore des personnes dans notre triste société qui ne massacrent pas notre belle langue.
Très cordialement,
Claude Grandpey
J’aimeJ’aime