Io, la lune volcanique de Jupiter, vue depuis la Terre ! // Jupiter’s volcanic moon Io seen from Earth !

Est-il vraiment nécessaire d’envoyer des sondes coûteuses vers Jupiter pour obtenir de bonnes vues d’Io, l’une des lunes de la planète ? Grâce à un télescope installé en haut du Mont Graham, un sommet de l’Arizona, des scientifiques ont réussi à prendre des clichés d’Io. Ces images sont si détaillées qu’elles rivalisent avec celles prises depuis l’espace.
Pour obtenir ces vues, l’équipe scientifique a utilisé un appareil photo baptisé SHARK-VIS qui a récemment été monté sur le grand télescope binoculaire (LBT) situé sur le Mont Graham. Les nouvelles images montrent des détails de la surface d’Io mesurant seulement 80 kilomètres de large. Une telle résolution n’était, jusqu’à présent, possible qu’avec des sondes spatiales envoyées vers Jupiter. Selon l’Université d’Arizona, « cela équivaut à prendre une photo d’un objet de la taille d’une pièce de dix cents (environ un centimètre de diamètre) à 161 kilomètres de distance ».
Les nouvelles images d’Io sont si détaillées que les scientifiques ont pu discerner des couches de lave superposées émises par deux volcans actifs juste au sud de l’équateur de Io. Une image prise depuis le LBT début janvier montre un anneau de soufre rouge foncé autour de Pelé, un volcan imposant qui crache régulièrement d’énormes panaches jusqu’à 300 kilomètres au-dessus de la surface d’Io. Cet anneau semble en partie recouvert de débris blancs (représentant du dioxyde de soufre gelé) provenant d’un volcan voisin, Pillan Patera, connu pour ses éruptions moins fréquentes. En avril, l’anneau rouge de Pelé est apparu à nouveau presque dans son intégralité sur les images prises par le vaisseau spatial Juno de la NASA lors de son survol le plus proche d’Io depuis deux décennies.
Les éruptions volcaniques d’Io, avec celles de Pelé et Pillan Patera, sont provoquées par la chaleur générée au plus profond de la lune par la lutte gravitationnelle entre Jupiter et ses deux autres lunes, Europe et Ganymède. L’observation de l’activité volcanique sur Io peut permettre aux scientifiques de comprendre comment les éruptions ont façonné la surface de la lune dans son ensemble.
Des changements à la surface d’Io, le corps volcanique le plus actif du système solaire, sont enregistrés depuis que le vaisseau spatial Voyager a détecté pour la première fois une activité volcanique sur la lune en 1979.

Une séquence similaire d’éruptions de Pelé et Pillan Patera a également été observée par le vaisseau spatial Galileo de la NASA lors de son approche du système Jupiter entre 1995 et 2003.
Avant l’installation de la nouvelle caméra sur le LBT en 2023, il était impossible d’observer de tels événements à la surface d’Io depuis la Terre. En effet, même si les images infrarouges des télescopes au sol peuvent détecter les points chauds indiquant des éruptions volcaniques, leur résolution n’est pas suffisante pour identifier les emplacements précis des éruptions et des changements comme les dépôts laissés par de nouveaux panaches éruptifs.
Source : space.com, Yahoo Actualités.

Crédit photos: NASA

———————————————–

Is it really necessary to send costly probes to Jupiter to get good views of Io one of the planet’s moons ? Using a telescope perched on a mountain in Arizona, scientists have managed to take snapshots of Io. These images are so detailed they even rival pictures of the world taken from space.

To capture these views, the team used a camera, dubbed SHARK-VIS, that was recently installed on the Large Binocular Telescope (LBT) located on Arizona’s Mt. Graham; the new images outline features on Io’s surface as small as 80 kilometers wide, a resolution that was, until now, possible only with spacecraft studying Jupiter. According to a statement by the University of Arizona, « this is equivalent to taking a picture of a dime-sized object from 161 kilometers away. »

The new pictures of Io are, in fact, so intricate that scientists could discern overlapping deposits of lava spewed by two active volcanoes just south of the moon’s equator. An LBT image of Io taken in early January shows a dark red ring of sulfur around Pele, a prominent volcano routinely spewing huge plumes up to 300 kilometers above Io’s surface. That ring appears partly obscured by white debris (representing frozen sulfur dioxide) from a neighboring volcano named Pillan Patera, which is known to erupt less frequently. By April, Pele’s red ring is once again seen nearly complete in images taken by NASA’s spacecraft Juno during its closest flyby past the moon in two decades.

Io’s volcanic eruptions, including those by Pele and Pillan Patera, are driven by frictional heat created deep within the moon as a result of a gravitational tug-of-war between Jupiter and its two other nearby moons Europa and Ganymede. Monitoring Io’s volcanic activity can help scientists learn about how the eruptions shaped the moon’s surface as a whole.

Surface changes on Io, which is actually the most volcanically active body in the solar system, have been recorded ever since the Voyager spacecraft first spotted volcanic activity on the moon in 1979. A similar sequence of eruption from Pele and Pillan Patera was also observed by NASA’s Galileo spacecraft during its tour of the Jupiter system between 1995 and 2003.

However, prior to the installation of the new camera on the LBT last year, such resurfacing events were impossible to observe from Earth. That’s because while infrared images from ground-based telescopes can sniff out hotspots pointing to ongoing volcanic eruptions, their resolution isn’t sufficient to identify the precise locations of eruptions and surface changes like fresh plume deposits.

Source : space.com, Yahoo News.

Le lac de lave de Io (lune de Jupiter)

drapeau francaisIo, celle des quatre lunes de Jupiter la plus proche de la planète, est à peine plus grande que notre Lune mais c’est le corps céleste le plus actif su système solaire d’un point de vue géologique. Des centaines de zones volcaniques parsèment sa surface qui est essentiellement couverte de soufre et de dioxyde de soufre.
La plus grande de ces zones volcaniques, baptisée Loki (en référence au dieu nordique souvent associé au feu et au chaos), est une patère (autrement dit une dépression volcanique) dans laquelle la croûte de lave plus dense qui surmonte un lac de lave s’enfonce épisodiquement dans le lac, ce qui provoque une élévation de l’émission thermique régulièrement observée depuis la Terre.

Loki, avec un diamètre de seulement 200 km et située à au moins 600 millions de kilomètres de la Terre, était, jusqu’à récemment, trop petite pour être observée en détail avec un télescope optique / infrarouge au sol.
Avec ses deux miroirs de 8,4 mètres de diamètre fixés à 6 mètres de distance l’un de l’autre sur la même monture, le Large Binocular Telescope (LBT), en combinant la lumière par interférométrie, fournit des images d’un même niveau de détail qu’un télescope avec un miroir de 22,80 m. (Rappelons que le Thirty Meter Telescope (TMT) est encore à l’état de projet sur le Mauna Kea à Hawaii et doit faire face à une forte opposition de la part des Hawaiiens de souche). Grâce à l’Interféromètre du Large Binocular Telescope Interferometer (LBTI), une équipe internationale de chercheurs a été en mesure d’observer la Loki Patera, avec des détails encore jamais perçus depuis la Terre. Leur étude est publiée dans The Astronomical Journal.
Vous trouverez plus de détails techniques en cliquant sur ce lien:
http://www.lbto.org/loki-fizeau-2015.html

———————————————–

drapeau anglaisIo, the innermost of the four moons of Jupiter, is only slightly bigger than our own Moon but is the most geologically active body in our solar system. Hundreds of volcanic areas dot its surface, which is mostly covered with sulphur and sulphur dioxide.

The largest of these volcanic features, named Loki (after the Norse god often associated with fire and chaos), is a patera (i.e. a volcanic depression) in which the denser lava crust solidifying on top of a lava lake episodically sinks in the lake, yielding a rise in the thermal emission which has been regularly observed from Earth.

Loki, only 200 km in diameter and at least 600 million kilometres from Earth, was, up to recently, too small to be looked at in detail from any ground based optical/infrared telescope.

With its two 8.4-metre mirrors set on the same mount 6 metres apart, the Large Binocular Telescope (LBT), by combining the light through interferometry, provides images at the same level of detail a 22.8 m telescope would reach. Thanks to the Large Binocular Telescope Interferometer (LBTI), an international team of researchers was able to look at Loki Patera, revealing details as never before seen from Earth; their study is published today in the Astronomical Journal.

More technical details by clicking on this link:

http://www.lbto.org/loki-fizeau-2015.html

Io-Loki

Image de la Loki Patera (en orange) prise par le LBT. Elle a été posée sur une image de la dépression volcanique prise par la sonde Voyager. L’émission de lave (de couleur orange) s’étale dans le sens nord-sud; elle se situe principalement dans les coins sud du lac.  (Credit: LBTO-NASA)