Dawson City : Le Temps suspendu

Ce n’est pas un secret : je suis un amoureux de l’Arctique et des terres nordiques. Je serais donc volontiers allé au cinéma cette semaine voir le film-documentaire Dawson City : Le Temps suspendu, réalisé par Bill Morrison, qui raconte l’histoire de cette ville entre la Ruée vers l’Or et les débuts du cinéma. Le problème, c’est que Limoges ne figure pas dans la liste des villes où il sera projeté. Je me contenterai donc d’une synthèse des différents sites web où le film est présenté.

On nous explique qu’à travers l’histoire d’une petite ville du Yukon canadien envahie par les chercheurs d’or à la fin du 19ème siècle, c’est une émouvante plongée dans l’histoire des débuts du cinéma muet que propose le film Dawson City: Le Temps suspendu. Réalisé en 2016 et diffusé sur Arte en 2017 (je l’ai malheureusement raté !), ce documentaire américain avait été présenté à la Cinémathèque et au Centre Pompidou. Il sort pour la première fois en salles ce 5 août 2020.

Le film raconte les conséquences d’une étonnante découverte faite en 1978 à Dawson City, à 560 kilomètres au sud du cercle polaire arctique, non loin de l’Alaska. Lors de travaux destinés à la construction d’un centre de loisirs, le conducteur d’une pelleteuse a fait surgir de terre des centaines de bobines de films miraculeusement conservées dans le pergélisol.

Fondée en 1897, Dawson a vu sa population passer de quelques centaines à 40 000 habitants au moment de la Ruée vers l’Or à la fin du 19ème siècle. Hôtels, banques, commerces, théâtres, cinémas, cabarets, casinos, maisons closes ont surgi de terre, avant que la folie ne retombe et que Dawson ne retrouve son calme et se vide de ses nouveaux habitants, partis poursuivre leur chasse à l’or vers l’Alaska.

C’est après cette vague humaine que les films ont commencé à arriver à Dawson, par centaines, parfois deux ou trois ans après leur sortie. Comme la ville était au bout de la chaîne de distribution, une fois les projections terminées, les distributeurs n’ont pas eu envie de payer pour renvoyer les bobines, qui se sont donc accumulées. Elles ont ensuite été soit jetées dans le Yukon, soit enterrées dans le sol qui était encore gelé à cette époque. Au final, seul un petit pourcentage des films qui sont passés par Dawson City a été enterré. Les rescapés se sont retrouvés sous la piscine municipale jusqu’à ce jour de 1978 où la pelleteuse les a fait sortir de leur cachette. On a dénombré 533 bobines, confiées aux Archives nationales du Canada et à la bibliothèque du Congrès américain qui sont parvenus à restaurer les vestiges de 372 films muets.

Ceux qui ont déjà vu le film expliquent qu’il s’accompagne d’une musique légèrement envoûtante et n’a pas recours à la voix off. Il est composé de quelques interviews, de nombreux extraits des 372 films et d’une multitude de photos avec des phrases explicatives. Les films, muets et en noir et blanc, dont certains avaient disparu, sont parfois des extraits d’actualités de l’époque ou des documentaires tels que Birth of Flowers (1911), A Trip to Palestine (1907), ou Elephant Racing at Perak (1911). On y voit – entre autres – l’accueil de clients par les prostituées d’une maison close, un combat de boxe ou un match de baseball, des joueurs de cartes, des incendies de bâtiments et, bien sûr, des images de la Ruée vers l’Or. Toutefois, la plupart des extraits sont ceux de films de fiction, réalisés entre 1903 et 1929,

Les critiques saluent cette plongée intéressante et nostalgique dans l’histoire du cinéma muet, parfois un peu longue au début mais très documentée et passionnante pour les amoureux du 7ème art.

Source : Première.

Je pense que Dawson City : le Temps suspendu est réservé à ceux qui connaissent l’histoire de la Ruée vers l’Or au 19ème siècle. Sans cela, le spectateur risque de passer à côté du sujet. Je me suis rendu à Dawson City il y a quelques années et j’y serais retourné en 2020 si le virus n’avait pas entraîné la fermeture de la frontière canadienne. La ville et ses environs regorgent de souvenirs de la Ruée vers l’Or. J’avais en tête les pages écrites, entre autres, par Jack London et Jules Verne quand j’ai visité la ville et les sites d’extraction, abandonnés pour la plupart. Pour bien comprendre ce qu’ont enduré les hommes et femmes qui ont participé à cette ruée de fous, il faut se rendre à ses points de départ, débarquer à Juneau ou Skagway, prendre le train qui grimpe au célèbre White Pass immortalisé par Charlie Chaplin dans La Ruée vers l’Or, et visiter les cimetières en bordure des villes où ont vécu les chercheurs d’or. Le rêve n’est jamais très loin…

Voici la bande-annonce du film et quelques images de Dawson City…

https://youtu.be/cFmK0fl-X44

Photos : C. Grandpey

Nouveaux records de température en Alaska // New record-high temperatures in Alaska

Les services météorologiques de l’Alaska indiquent qu’un système de hautes pressions établi dans le sud-est de l’Alaska a permis d’enregistrer de nouveaux records de température le samedi 5 août 2017.
Ainsi, à Skagway le mercure a atteint 33,8°C, la plus haute température jamais enregistrée dans cette ville qui se trouve juste à l’ouest de la frontière canadienne. Le minimum ce même jour a été de 12,7 ° C. La température moyenne en août à Skagway est de 23,3°C. Le record précédent était de 33,3°C. Le record précédent pour un 5 août était de 26,6°C.
Des records de 31,1°C, 30,5°C et 30°C ont également été établis le 5 août à Haines, Hyder et Annette Island.
L’aéroport de Juneau et la vallée de Mendenhall ont enregistré une température record de 27,2°C. De telles températures vont sans aucun doute accélérer la fonte du glacier Mendenhall.

+++++++++++++++

La ville de Skagway a joué un rôle stratégique majeur dans les années 1880 au moment de la Ruée vers l’Or, surtout après la découverte d’importants dépôts le long de la rivière Klondike. Les articles de journaux relatant la découverte de l’or engendrèrent une hystérie collective et beaucoup quittèrent leurs emplois pour partir vers le Klondike en tant que prospecteurs.

La plupart rejoignirent les champs aurifères par les ports de Dyea et de Skagway, avant de franchir la chaîne côtière par le White Pass et le Chilkoot Pass et de descendre les cours d’eau jusqu’au Klondike.

Le gouvernement canadien imposa à chaque prospecteur d’emporter de quoi manger pendant un an et la plupart transportaient seuls leur équipement dont le total atteignait fréquemment la tonne. Le terrain montagneux et le climat glacial firent que ceux qui n’abandonnèrent pas ou ne périrent pas durant le voyage n’arrivèrent qu’à l’été 1898. Une fois sur place, les meilleures concessions avaient été prises et beaucoup quittèrent la région.

Les dépôts d’or étaient riches mais inégalement répartis et leur extraction était rendue difficile par le pergélisol qui ne fondait pas à cette époque. Des villes champignons poussèrent le long des pistes menant à Dawson City fondée au confluent de la rivière Klondike avec le fleuve Yukon à proximité du lieu de la première découverte. La population de la ville passa de 500 habitants en 1896 à 30 000 à l’été 1898. Aujourd’hui, elle ne compte que 1300 âmes. On en recense environ 800 à Skagway, mais beaucoup plus lorsque les bateaux de croisière y font escale. Il est très intéressant de visiter la région où l’on trouve de nombreuses traces de la Ruée vers l’Or. Le trajet en train le long du White Pass est extraordinaire et la visite des cimetières met en évidence la rudesse de la vie au cours des années 1890.

——————————————————-

The National Weather Service indicates that a high-pressure system in Southeast Alaska broke or tied many high temperature records on Saturday, August 5th, 2017.

Skagway set an all-time record high temperature of 33.8°C. The town, which lies just west of the Canadian border, saw a low of 12.7°C on the same day; its average temperature in August is 23.3°C. Skagway’s previous record was 33.3°C. The previous daily high record for August 5th was 26.6°C.

Daily records of 31.1°C, 30.5°C and 30°C were set in Haines, Hyder and Annette Island, respectively.

The Juneau International Airport and the Mendenhall Valley recorded a daily record of 27.2°C. Such high temperatures will no doubt accelerate the melting of the Mendenhall Glacier.

++++++++++++++++

 Skagway played a major strategic role in the 1880s at the time of the Gold Rush, especially after the discovery of important deposits along the Klondike River. Newspaper articles about the discovery of gold led to a collective hysteria and many left their jobs to go to the Klondike as prospectors.
Most joined the gold fields through the ports of Dyea and Skagway before crossing the coastal mountain range through the White Pass and Chilkoot Pass and down the streams to the Klondike.
The Government of Canada compelled each prospector to carry food for one year, and most prospectors carried their own equipment which frequently weighed a tonne. Because of thehe mountainous terrain and the very cold climate, those who did not abandon or perish during the journey arrived in the summer of 1898. The best claims were oalradu occupied and many left the region.
The gold deposits were rich but unevenly distributed and their extraction was made difficult by the permafrost which was not melting at that time. Mushroom towns grew along the trails leading to Dawson City founded at the confluence of the Klondike River with the Yukon River near the site of the first discovery. The population of the city rose from 500 inhabitants in 1896 to 30 000 in the summer of 1898. Today it has a population of 1300. There are about 800 inhabitants in Skagway, but many more when cruise ships stop there. It is very interesting to visit the region where there are many traces of the Gold Rush. The train ride along the White Pass is extraordinary and the visit to the cemeteries highlights the harshness of life in the 1890s.

Le site de Dyea a été abandonné par les prospecteurs….

L’ascension du White Pass et du Chilkoot Pass était très difficile et périlleuse….

Tous ne sont pas arrivés à destination, victimes du froid, d’avalanches …ou d’autres prospecteurs…

Aujourd’hui, Skagway attire surtout les touristes…

Le train fait escalader le White Pass plus facilement qu’autrefois….

Dawson City accueille toujours des prospecteurs espérant faire fortune…

L’or est omniprésent dans la région….

Les récits de Jack London occupent tous les esprits…

Photos: C. Grandpey

La Ruée vers l’Or en Alaska et dans le Yukon

Mon amour de l’Alaska et de l’Arctique en général n’est un secret pour personne. Chaque fois que je visite ces contrées, je ressens un bien-être profond, au moins aussi grand que sur les volcans qui restent  toutefois mon terrain de chasse favori. Que ce soit en Alaska ou dans le Yukon, j’apprécie le contact avec la Nature vierge, sa richesse et sa diversité. J’aime côtoyer les glaciers, la faune, la population éparse riche en anecdotes, sans oublier les volcans qui se manifestent souvent dans ces terres qui subissent souvent les frémissements de notre planète.

Gla 08

Loutres blog

Redoubt-blog

J’aime aussi ces terres jeunes parce qu’elles possèdent une histoire déjà riche, avec comme point d’orgue la Ruée vers l’Or. Cette époque de folie attira en Alaska et dans le Yukon quelque 100 000 prospecteurs, surtout dans la région du Klondike, entre 1896 et 1899. L’or y fut découvert pour la première fois le 16 août 1896 et lorsque la nouvelle parvint à San Francisco l’année suivante, elle provoqua la ruée que l’on sait.

Atteindre les terres aurifères n’était pas une mince affaire. Il fallait traverser des contrées parfois difficiles d’accès et un relief souvent hostile. Le climat froid n’arrangeait rien et, conjugué aux lourdes charges à transporter, il ruina souvent les espoirs de nombreux hommes qui perdirent la vie en chemin. La visite des cimetières donne énormément de renseignements sur la rudesse de la vie à cette époque.

Ay 04

Ay 01

Ay 02

Ay 03

Environ 4 000 prospecteurs trouvèrent de l’or. La ruée se termina en 1899 lorsque le précieux métal fut découvert à Nome en Alaska et beaucoup quittèrent alors le Klondike. La ruée a été immortalisée par des livres comme L’Appel de la forêt de Jack London et des films tels que La Ruée vers l’or de Charlie Chaplin.

Ay 10

Des noms comme Skagway, Dyea, Chilkoot Pass, White Pass ou Dawson City ont toujours été associés à la Ruée vers l’Or dans mon esprit et j’avais hâte de visiter ces sites, même si leur aspect au 21ème siècle n’a plus rien à voir avec leur apparence à la fin du 19ème siècle. Il n’empêche que l’on imagine très vite l’ambiance qui prévalait dans ces lieux et les récits de Jack London ou Jules Verne refont très rapidement surface. Emprunter le train qui escalade le White Pass est un moment de pure magie.

Ay 05

Ay 07

Ay 09

Les dépôts d’or étaient riches mais inégalement répartis et leur extraction était rendue difficile par le pergélisol. Certains mineurs amassèrent des fortunes en achetant et en vendant des concessions minières et en laissant les autres travailler pour eux. Des villes champignons poussèrent le long des pistes menant à Dawson City, fondée au confluent de la rivière Klondike avec le fleuve Yukon à proximité du lieu de la première découverte.

Ay 11

Ay 12

Ay 13

La population de Dawson passa de 500 habitants en 1896 à 30 000 à l’été 1898. La ville ne compte plus que 1320 habitants aujourd’hui.

Ay 14

Ay 15

Ay 16

En parcourant le lit de la Bonanza River, on découvre les traces des anciennes concessions. La recherche de l’or continue de nos jours mais avec des moyens beaucoup plus puissants, même si de petits prospecteurs individuels grattent encore le lit et les abords de la rivière dans l’espoir de trouver LA pépite synonyme de fortune… .

Ay 17

Ay 18

Ay 20

Ay 21

Ay 22

Ay 23

Lors du passage de la Yukon Quest, la célèbre course de chiens de traîneaux, la ville retrouve son ambiance d’antan. Lorsque j’ai quitté Dawson City un jour de septembre 2013, il commençait à neiger. Le Yukon n’allait pas tarder à être pris par les glaces, mais la vie continuerait…

Ay 24

Ay 25

Photos: C. Grandpey

 

Bons baisers d’Alaska (7) // From Alaska with love (7)

Dawson City (Dawson pour les intimes) n’est que l’ombre de ce que la ville était au moment de la Ruée vers l’Or. En la parcourant aujourd’hui au mois de septembre, il est difficile d’imaginer l’heure de gloire de cette bourgade perdue au confluent du Klondike et du Yukon! Comme à Skagway, les habitations ont été restaurées ou construites ‘à l’ancienne’ pour le bonheur des touristes.
Pourtant, aujourd’hui encore, plusieurs prospecteurs détiennent des concessions sur les rivières de la région. L’exploitation a bien sûr évolué et est fortement mécanisée. Le « gold panning » fait partie du folklore local, même si, avec un peu de chance, on arrive à récolter quelques poussières ou paillettes. Comme à Skagway et tout le long du parcours entre Dyea et Dawson, il faut avoir en tête les récits qui racontent la vie et les épreuves rencontrées par les chercheurs d’or. En y regardant bien, on peut encore voir le long de la route entre Whitehorse et Dawson des « log cabins » datant de la fin du 19ème siècle. Le buste de Jack London trône dans une rue de Whitehorse et son « Appel de la Forêt » (« The Call of the Wild » en V.O.) constitue un témoignage précieux de cette époque héroïque. L’angliciste que je suis éprouve au moins autant d’admiration pour la Ruée vers l’Or que pour la Conquête de l’Ouest et l’avancée de la « Frontière ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’Alaska a été surnommée « la Dernière Frontière »!

TVB

Yukon

Le Yukon, épine dorsale de la Ruée vers l’Or

Cabanes

Log cabins à Carmacks

Dawson City

Dawson City aujourd’hui

(Photos:  C.  Grandpey)