Climatiseurs respectueux de l’environnement ? Pas vraiment !

Avec les vagues de chaleur que nous connaissons actuellement, les ventes de ventilateurs, climatiseurs et autre pompes à chaleur s’envolent. Toutefois, on peut se demander quel est l’impact de ces appareils sur l’environnement. Le vendeur auprès duquel vous avez acheté le vôtre vous a probablement certifié que l’impact sur l’environnement était négligeable. C’est aller un peu vite en besogne car ces appareils sont loin d’être inoffensifs. Selon le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED), « les climatiseurs consomment énormément d’énergie, de gaz à effets de serre. Ils fonctionnent avec des gaz frigorigènes qui sont des milliers de fois plus réchauffants que le CO2. Ils sont aussi le symbole de la mal-adaptation du fait qu’ils rejettent de l’air chaud à l’extérieur. »

Un élu RN du Gard a assuré sur France Info qu' »aucune étude scientifique montre que la climatisation est nocive pour l’écologie. Aucune. » C’est parfaitement faux. La climatisation pollue et plusieurs études le prouvent comme, par exemple, celle de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) qui explique que la climatisation en France a émis presque 4,5 millions de tonnes de CO2 en 2020. C’est quasiment 1% des émissions de gaz à effet du serre du pays cette année-là. Cela peut paraître peu mais il faut savoir qu’en 2020 seulement un quart des logements et moins de la moitié des entreprises étaient équipées de climatiseurs. On imagine les conséquences si l’équipement couvrait une grande échelle. Une étude menée conjointement par le CIRED et Météo France démontre que si toute la région parisienne utilisait un climatiseur, la température augmenterait de 2 degrés dans les rues de Paris  !

Les climatiseurs fonctionnant à l’électricité, on a donc une source polluante dès le départ. Toutefois, ce n’est pas ce qui pollue le plus. Le plus nocif pour l’environnement, ce sont les fluides frigorigènes qui se trouvent dans les climatiseurs. Une partie de ces fluides s’échappent de la machine, que ce soit au moment de sa construction, de son utilisation, ou en fin de vie, et leur impact environnemental est important. Selon l’ADEME, les émissions de CO2 de ces fluides sont deux fois plus importantes que celles liées à la consommation électrique. Certes, on ne se trouve plus dans le contexte des chlorofluorocarbures, les CFC – interdits par la Protocole de Montréal en 1987 – mais le risque de pollution subsiste. ..

L’utilisation intensive de climatiseurs en milieu urbain peut créer des îlots de chaleurs avec le rejet de l’air chaud de ces appareils. Une étude du CNRS a démontré qu’à Paris, la température de certaines rues peut augmenter de 0,5°C à cause des climatiseurs installés dans les bâtiments.

Avec l’accélération du réchauffement climatique, l’utilisation intensive de climatiseurs n’en est probablement qu’à ses débuts et on peut raisonnablement penser que la prochaine génération d’appareils bénéficiera de progrès techniques qui réduiront leur impact environnemental. C’est d’ailleurs prévu par une directive européenne. D’ici quelques années, les fluides frigorigènes seront plus respectueux de l’environnement, mais entre les promesses et la réalité, le fossé est parfois très vaste.

Dans l’immédiat, l’ADEME recommande de rénover et adapter les bâtiments avec une meilleure isolation, une bonne ventilation, des volets anti-chaleur, et davantage de végétation à proximité des immeubles d’habitation pour créer de l’ombre et donc du frais. S’agissant des climatiseurs, un décret d’octobre 2022 interdit leur fonctionnement lorsque la température des locaux est inférieure à 26 degrés Celsius.

Adapté d’un article paru sur France Info.

°°°°°°°°°°

Et dans la pratique…

S’agissant de la consommation d’électricité, les auteurs du site « Révolution Énergétique ont acheté un exemplaire à 170€ adapté au refroidissement de leur bureau de 13 m² (pour un volume de 31 m³), situé à Marseille, dans une copropriété non isolée construite en 1960. Il s’agit d’un climatiseur mobile réversible d’une puissance de 2 000 watts thermiques (Wth) en froid et 1 700 Wth en chaud (7 000 Btu) présenté comme efficace sur des surfaces jusqu’à 21 m². Son débit est de 380 m³/h, pour une puissance électrique de 780 W en froid et 720 W en chaud.

Crédit photo: UFC Que choisir

Un thermomètre placé au centre de la pièce a permis d’observer la lente baisse de la température. Dans une pièce à 27,8°C, il faudra 8 heures de fonctionnement pour atteindre 25,9 °C alors qu’il faisait particulièrement chaud dehors.

Par curiosité, un thermomètre a également été placé dans le tube d’évacuation de l’air chaud à l’extérieur. Les propriétaires du climatiseur ont rapidement compris pourquoi ces appareils contribuent tant au phénomène d’îlot de chaleur urbain. La température à la sortie de la gaine atteignait 41,9 °C pour une maximale de 45,6 °C !

S’agissant de la courbe de puissance du climatiseur, un pic a été observé à 789 W une dizaine de minutes après le démarrage. La puissance a progressivement diminué au cours de l’après-midi, pour terminer à 724 W. En moyenne, elle s’établit à 744 W sur les 8 heures d’utilisation. La consommation totale d’électricité s’est donc élevée à 5,93 kWh contre 0,68 kWh pour un ventilateur à pleine puissance (85 W), mais sans grand effet sur le confort des occupants.

L’utilisation du climatiseur mobile a fait bondir de 50 % la consommation habituelle d’électricité un jour d’été (environ 10 kWh), pour refroidir seulement une des 3 pièces de l’appartement. Au tarif réglementé de l’électricité, cela représente une dépense de 1,24 €.

Source : Révolution Énergétique.

Vers un rationnement de l’eau chaude en Islande? // Hot water rationing to be considered in Iceland?

Lorsque l’on visite l’Islande, on a tout de suite l’impression que l’eau chaude est partout. On peut voir de nombreux bassins d’eau chaude dans la nature. L’eau chaude en provenance du sous-sol est utilisée pour le chauffage des maisons et des piscines. Il n’y a pas si longtemps, son odeur de soufre nous rappelait qu’elle était produite naturellement lorsque l’on prenait une douche. Elle est même utilisée pour chauffer les trottoirs de Reykjavik.
Toutes les bonnes choses ont une fin. On apprend aujourd’hui que l’approvisionnement en eau chaude en Islande approche de sa limite. Selon Samorka qui regroupe des producteurs d’énergie et des services publics dans le pays, les distributeurs pourraient commencer à rationner l’eau chaude pendant les longues périodes froid. Lors d’une réunion qui s’est tenue à Reykjavik, des spécialistes ont évalué l’approvisionnement en eau chaude et examiné les prévisions de la demande pour les prochaines années.
La situation des compagnies qui gèrent la distribution de l’eau chaude est très tendue car son utilisation dépasse la croissance démographique. Les compagnies sont en flux tendu à l’extrême pour essayer de répondre à la demande actuelle, sans parler de l’avenir. Par exemple, la demande en eau chaude dans la région de Reykjavik devrait augmenter de 3 % par an.
Si l’on se tourne vers l’avenir, jusqu’en 2060 par exemple, les prévisions montrent que la production d’eau chaude à destination de l’ensemble des systèmes de chauffage devrait être doublée. Environ 60 % de l’énergie utilisée en Islande comprend l’eau chaude pour le chauffage domestique, les bains et d’autres consommations domestiques. Cela équivaut à 43 térawattheures, soit le double de la quantité d’énergie produite par toutes les centrales électriques du pays.
Les zones de production actuelles fonctionnent déjà à pleine capacité et des solutions doivent être trouvées pour les rendre plus efficaces. Par exemple, on pourrait demander aux citoyens d’utiliser leur eau chaude de manière plus parcimonieuse, comme prendre des douches brèves au lieu de prendre des bains et mieux gérer le chauffage des trottoirs pendant l’été. Le problème, c’est que l’exploration géothermique prend beaucoup de temps. Se familiariser avec les nouveaux systèmes géothermiques prend également du temps.
Au cours de la réunion, un spécialiste de Samorka a déclaré que les distributeurs pourraient être contraints de rationner l’eau chaude aux ménages, aux entreprises et aux prestataires de services en cas de longues périodes de froid cet hiver ou le suivant. On ne sait pas comment le problème pourrait être résolu, du moins à court terme. Le spécialiste de Samorka a également noté que les habitudes de consommation évoluent. Les gens optent pour des maisons plus spacieuses; davantage de personnes choisissant de vivre seules et les familles se réduisent. Tout cela signifie qu’une surface de plus en plus grande doit être chauffée.
Source : Iceland Review..

——————————————

When you visit Icelland, you get the ilpression that hot water is everywhere. You can seen many hot pools in the nature. Hot water from the ground is used for heating the houses or the swimming pools. You know it is produced naturally when you are having a shower and it is even used for heating the sidewalks in Reykjavik.

However, we learn today that Iceland’s hot-water supply is nearing its limit. According to Samorka, a federation of energy and utility companies in the country, utility companies may need to begin rationing hot water during long periods of cold weather. During a meeting held in Reykjavik, specialists assessed the hot-water supply of the largest utility companies and reviewed forecasts of future demand.

The situation at the nation’s utility companies is serious because hot-water use has outpaced population growth. Utility companies are stretched to the limit trying to meet the current demand – not to mention the growing demand in the future. The demand in the capital area is expected to increase by 3% annually.

Looking into the future, to the year 2060, for example, forecasts suggest that the output of the entire heating system would need to be doubled. Approximately 60% of the energy used in Iceland comprises hot water for domestic heating, baths, and other household consumption. This amounts to 43 terawatt hours, or twice the amount of energy produced by all of the nation’s electric power stations.

The current production areas are already operating at maximum capacity, and solutions need to be found to make them more efficient. For example, individuals could be encouraged to use their hot water more frugally, like having brief showers instead of baths and by managing sidewalk heating during the summer. The problem is that geothermal exploration takes a long time. Familiarising with new geothermal systems also takes time.

During the meeting, a specialist at Samorka, stated that utility companies may need to ration hot water, possibly to households, businesses, and service providers in the event of long periods of cold weather this winter or the next. It is not clear how the problem is to be solved, at least in the short term. The Samorka specialist also noted that consumption patterns were changing, with individuals opting for roomier homes, more people choosing to live alone, and families shrinking. All of this means that an increasingly greater number of square metres need to be heated.

Source: Iceland Review.

Photo: C. Grandpey