Dans le sud-ouest de l’Antarctique, le glacier Taylor présente une longueur d’environ 54 kilomètres. Il a été découvert par la British National Antarctic Expedition (1901-1904). Aujourd’hui, il est l’objet de mesures et de modélisations effectuées par des chercheurs de l’Université de Californie et de l’Université du Texas. Le Taylor est un glacier « à base froide », ce qui signifie que sa base est gelée et adhère au substrat rocheux en dessous. Les autres glaciers de la planète sont « à base humide », ce qui signifie qu’ils frottent le substrat rocheux en se déplaçant et déposent des matériaux comme les moraines le long de leurs bordures. Les glaciers à base froide se déplacent un peu comme du mastic, poussés par leur propre poids.
Le glacier Taylor a intrigué les géologues pendant des décennies parce qu’il donne naissance à une chute d’eau rouge-orangé, raison pour laquelle elle a été baptisée Blood Falls.
Le phénomène a été découvert par le géologue Griffith Taylor en 1911. À l’époque, il pensait que les algues rouges vivant dans l’eau étaient responsables de la teinte de la cascade. Plus d’un siècle plus tard, les scientifiques ont découvert que la couleur de la rivière était due à des sels de fer qui suintent de la glace et qui deviennent rouges lorsqu’ils entrent en contact avec l’air.
Dans une étude de 2017, les scientifiques ont découvert que le glacier Taylor s’est formé il y a environ 2 millions d’années, et recèle un lac d’eau salée sous une épaisse couche de glace. Des millions d’années plus tard, le lac a atteint le bord du glacier et laisse échapper l’eau salée.
Dans une étude effectuée en 2015 à l’aide d’un radar capable d’observer sous la glace (voir vidéo ci-dessous), les chercheurs ont découvert un réseau de rivières coulant dans des fissures à l’intérieur du glacier. Cela signifie que de l’eau liquide peut exister à l’intérieur d’un glacier extrêmement froid.
Bien que cela semble contre-intuitif, l’eau libère de la chaleur lorsqu’elle gèle, et cette chaleur réchauffe la glace plus froide environnante. La chaleur et la température de congélation plus basse de l’eau salée rendent possible le mouvement du liquide. Dans le monde, le glacier Taylor est le plus froid avec de l’eau qui coule constamment.
Dans une étude de 2009, des chercheurs ont découvert que le lac sous-glaciaire héberge une communauté de microbes capables de vivre à des conditions extrêmes, sans lumière ni oxygène. Au lieu de cela, ils utilisent du fer et du sulfate. Les chercheurs pensent que le lac emprisonné sous le glacier il y a des millions d’années était plein de microbes. Ils aimeraient savoir comment un écosystème fonctionne sous un glacier et comment ces écosystèmes peuvent se développer sous des centaines de mètres de glace et vivre dans des conditions de froid et d’obscurité permanentes pendant de longues périodes.
Les scientifiques pensent que l’étude de ces microbes sera une aubaine pour l’astrobiologie. Ils peuvent aider à comprendre comment la vie est possible dans d’autres mondes possédant des masses d’eau gelées similaires, comme la planète Mars.
Source : Business Insider, Yahoo Actualités.
En cliquant sur ce lien, vous verrez une vidéo (sous-titrée) qui fait un bon résumé de la situation sur le glacier Taylor :
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The Taylor Glacier is an Antarctic glacier about 54 kilometres long in the southwestern part of Antarctica. It was discovered by the British National Antarctic Expedition (1901–1904)
The Taylor Glacier has been the focus of a measurement and modeling effort carried out by researchers from the University of California and the University of Texas. It is is “cold-based,” meaning its bottom is frozen to the ground below. The rest of the world’s glaciers are “wet-based,” meaning they scrape over the bedrock, picking up and leaving obvious piles of debris (moraines) along their edges. Cold-based glaciers flow more like putty, pushed forward by their own weight.
The Taylor Glacier has puzzled geologists for decades because it produces a bright red river that oozes out of the ice, aptly named Blood Falls.
The phenomenon was first discovered by geologist Griffith Taylor in 1911. At the time, he thought that red algae living in the water was responsible for the water’s striking red hue. More than a century later, scientists found what causes the bloody river was iron salts seeping out of the ice that turn red when they make contact with the air.
In a 2017 study, scientists found that Taylor Glacier formed roughly 2 million years ago, trapping a saltwater lake under it. Millions of years later, the ancient lake has reached the edge of the glacier, squeezing out salt water.
In a 2015 study, using an ice-penetrating radar, researchers found a network of rivers flowing through cracks in the glacier. That means liquid water can exist inside an extremely cold glacier.
While it sounds counterintuitive, water releases heat as it freezes, and that heat warms the surrounding colder ice, The heat and the lower freezing temperature of salty water make liquid movement possible. Taylor Glacier is the coldest known glacier to have persistently flowing water.
In a 2009 study, researchers discovered that the underwater lake is home to unique inhabitants : a community of microbes that can survive extreme conditions, with no light or oxygen. Instead, they use iron and sulfate to survive.
Researchers believe the lake trapped beneath the glacier millions of years ago was full of microbes.
They would like to know how an ecosystem functions below glaciers, and how such ecosystems are able to persist below hundreds of meters of ice and live in permanently cold and dark conditions for extended periods of time.
Scientists believe studying these microbes will be a boon for astrobiology. They can shed light on how life might survive in other worlds with similar bodies of frozen water, like Mars.
Source : Business Insider, Yahoo News.
By clicking on this link, you’ll have access to a good video that sums up the situation on the Taylor Glacier :
Glacier Taylor et Blood Falls (Crédit photo: National Science Foundation)