Le Fuego, une roulette russe au Guatemala// Fuego Volcano, Russian roulette in Guatemala

Les gens ont toujours été fascinés par les volcans car les éruptions leur montrent en direct la naissance de la Terre. Ces derniers temps, la hausse d’activité du volcan Fuego au Guatemala a fait monter en flèche le nombre d’excursions sur le volcan, mais elle les a également rendues plus dangereuses. Selon un professeur de volcanologie et climatologie à l’Université de Bristol, « ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un se fasse tuer. »

Deux volcans, l’Acatenango et ie Fuego – se dressent à la périphérie d’Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala, sans oublier le magnifique cône de l’Agua dont le nom fait référence à une coulée de boue dévastatrice qui a dévalé ses flancs le 11 septembre 1541 et a détruit la première capitale du Guatemala.

Photos: C. Grandpey

Gravir l’Acatenngo et le Fuego est considéré comme un rite de passage pour les voyageurs qui visitent le Guatemala. C’est surtout le Fuego qu’ils viennent voir car il peut se manifester jusqu’à 200 fois par jour. Les nombreuses agences de voyages qui conduisent les groupes à proximité du cratère actif misent sur ce spectacle de la nature pour engranger de l’argent. On a vu certains visiteurs s’approcher à moins de 100 mètres de la lèvre du cratère Ces gens inconscients – et stupides – ont tendance à oublier que le Fuego est un tueur.

Il y a six ans, une soudaine hausse d’activité volcanique a eu des conséquences tragiques. Le 3 juin 2018, une puissante éruption a surpris tout le monde, y compris les volcanologues de l’INSIVUMEH. Les autorités ont admis qu’un défaut de communication entre la CONRED (agence qui gère les catastrophes) et l’institut volcanologique a retardé les évacuations quand les coulées pyroclastiques ont dévalé les flancs du Fuego (voir mes notes du 4 et 14 juin 2018). Elles ont enseveli la ville de San Miguel Los Lotes sous des amas de cendres et de roches. Le bilan officiel de l’éruption s’élève à 218 morts, mais les habitants affirment que jusqu’à 3 500 personnes ont disparu ce jour-là.

San Miguel Los Lotes avant et après la destruction de la localité par les coulées pyroclastiques (Source: Conred)

Aujourd’hui, la randonnée jusqu’au Fuego est plus populaire que jamais. Les guides locaux estiment que 200 à 400 personnes visitent i’Acatenango et le Fuego chaque jour, avec jusqu’à 1 000 visiteurs lors d’un vendredi ou d’un samedi chargé. Le tourisme est un énorme moteur économique pour Antigua en particulier et pour le Guatemala en général. En 2018, il a rapporté plus de 838 millions de livres sterling au gouvernement guatémaltèque.

Au final, ce sont ce sont ceux qui gagnent leur vie en guidant des groupes vers les volcans qui sont les plus menacés, car ils passent beaucoup plus de temps dans la zone dangereuse que la plupart des autres visiteurs. Les autorités guatémaltèques insistent sur le fait qu’il est extrêmement dangereux de s’approcher trop près du Fuego. La terrasse de l’Acatenango voisin offre une bonne vue sur les éruptions spectaculaires du Fuego et les gens sont suffisamment en sécurité. Tous les circuits font visiter l’Acatenango en premier, avec une halte dans un camp de base. Les plus courageux et aventureux continuent leur route vers le Fuego. Le professeur de l’Université de Bristol ne comprend pas pourquoi des groupes de touristes continuent de se rendre sur un volcan actif aussi redoutable.

Crédit photo: INSIVUMEH

L’INSIVUMEH publie quotidiennement des bulletins en espagnol sur Facebook, X et son site Internet (voir ma dernière note « Volcans du monde »). Ces bulletins mettent en garde contre les risques de blessures ou de mort pour ceux qui s’approchent trop près du cratère du Fuego. Cependant, comme l’ascension du Fuego n’est pas illégale, l’INSIVUMEH ne peut qu’avertir des risques et n’a pas le pouvoir d’empêcher les visiteurs de grimper sur le volcan. S’agissant des autorités locales, il n’est pas évident de savoir qui gère l’Acatenango et le Fuego. Les municipalités autour de ces deux volcans facturent des frais d’entrée pour différents secteurs de chacun d’eux. Quoi qu’il en soit, le tourisme volcanique est « une vache à lait » pour les autorités locales et le gouvernement central n’a pas assez d’autorité pour imposer de quelconques restrictions.

Source : La BBC.

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People have always been fascinated with volcanoes because eruptions show them Earth’s birth. Recent increased activity at Guatemala’s Fuego Volcano has sent the popularity of the tours skyrocketing, but it has also made them more dangerous. According to a Professor of Volcanoes and Climate at the University of Bristol, “it’s only a matter of time before someone gets killed.”

Twin volcanoes – Acatenango and Fuego – sit on the outskirts of Antigua, the ancient capital of Guatemala, without forgetting the beautiful cone of Mount Agua. .

Climbing them is considered a rite of passage for travellers visiting Guatemala, and it is Fuego in particular that they come to see as this active volcano can erupt 200 times a day. It is precisely what attracts the attention of tourists. Capitalising on this feat of nature are the numerous tour companies which take groups perilously close to Fuego’s active crater. Some visitors have been seen going within 100 meters from its rim.

These reckless – and stupid – people tend to forget that Fuego is a killer. Six years ago, a sudden increase in volcanic activity had tragic consequences. On June 3rd, 2018, a powerful eruption caught much of the surrounding area by surprise. Authorities have admitted that a communication breakdown between CONRED and INSIVUMEH delayed evacuations as pyroclastic flows cascaded down the volcano (see my posts of June 4th and 14th 2018). It buried the entire town of San Miguel Los Lotes under ash and rock. The official death toll from the eruption was 218 people, but locals say as many as 3,500 people disappeared that day.

Today, the hike to Fuego Volcano is more popular than ever. Local guides estimate that 200 to 400 people visit Acatenango and Fuego every day, jumping to as many as 1,000 on a busy Friday or Saturday. Tourism is a huge economic driver for Antigua in particular and Guatemala in general. In 2018, the tourism industry brought over £838 million to the Central American nation’s coffers.

And it is those who derive their livelihoods from guiding groups up the volcanoes that are the most at risk as they spend far more time in the danger zone than most others.

Guatemala’s authorities insist that getting too near Fuego is extremely dangerous The terraces of neighbouring Acatenango offer a spectacular view of Fuego’s lava shows and people are saafe enough. All tours hike Acatenango first, resting in a base camp there. Those who are feeling adventurous then continue on to Fuego. The professor at Bristol University is baffled that tour groups continue to go the active volcano.

INSIVUMEH issues daily bulletins in Spanish on Facebook, X and its website (see my latest post « Volcanoes of the world) warning of risks of injury or death to those who go too close to Fuego’s crater. However, as climbing Fuego is not illegal, INSIVUMEH can only warn of the risks and lacks the power to stop visitors from going there.

As far as local authorities are concerned, it is not obvious who is in charge. Local municipalities charge entry fees for various portions of each volcano and the surrounding area. As such, volcano tourism is “a cash cow” for local authorities and the central government is not strong enough to impose any restriction.

Source : The BBC.