A la frontière de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, tout près de la ville de Goma et à tout juste 15 km du volcan Nyiragongo, le lac Kivu recèle dans la profondeur de ses eaux froides de très importantes quantités de méthane et de gaz carbonique. Ce n’est pas une surprise, car ces deux gaz sont très fréquents dans les zones volcaniques, et c’est bien là le danger. Si, un jour, l’activité volcanique faisait remonter le méthane à la surface, nul doute qu’il s’enflammerait et générerait de violentes explosions. Dans le même temps, une nappe de gaz carbonique anéantirait toute vie dans le secteur, y compris dans la ville de Goma. Un tel scénario pourrait également se produire si une éruption débutait dans Goma et déversait une importante quantité de lave dans le lac, ce qui libérerait le méthane et le gaz carbonique qui y sont enfermés. En 2002, une éruption du Nyiragongo a produit une coulée de lave qui est venue terminer sa course dans le lac Kivu, mais la quantité de lave n’a pas été suffisante pour perturber le lac. A l’heure actuelle, le volcan est de plus en plus actif et une telle éventualité ne saurait être écartée. De plus, une récente étude a montré qu’au cours des 30 dernières années, la quantité de méthane au fond du lac a augmenté de 15%.
A côté de ce scénario catastrophe, il y a un aspect plus positif. En effet, le gouvernement congolais a pris conscience du potentiel énergétique que représente le méthane qui dort au fond du lac Kivu. L’extraction de ce gaz – par des investisseurs étrangers – permettrait d’une part de subvenir aux besoins en électricité du pays. (La ville de Goma à elle seule consomme 20 mégawatts d’électricité et le barrage qui la produit arrive tout juste à fournir.) D’autre part, son pompage réduirait la menace pour la population. De l’autre côté de la frontière, le gouvernement rwandais a le même point de vue et projette la construction d’une usine pour transformer le méthane en électricité. En mars, les deux pays ont signé un protocole de coopération pour l’exploitation commerciale du gaz.
Une telle initiative aiderait sans aucun doute le pays à redresser son économie après des décennies de mauvaise gestion et une guerre (1998-2003) qui a engendré une grave crise humanitaire et tué quelque 4 millions de personnes.