Inconscience et déni climatique // Climate unconsciousness and denial

Soit parce qu’ils pratiquent la politique de l’autruche et refusent de voir la réalité, soit parce qu’ils ne sont pas conscients du danger imminent, beaucoup de gens préfèrent ignorer les conséquences du réchauffement climatique et ce qui est susceptible de se produire dans les années à venir.
Un article de la presse américaine prend l’exemple de Galveston (54 000 habitants) au Texas, une station balnéaire et un port au large de la côte sud-est de cet État, construits sur l’île de Galveston et l’île Pelican.
Galveston défie les éléments depuis sa création, et affronte les caprices des marées dans le Golfe du Mexique pour construire un ensemble urbain sur l’eau. Aujourd’hui, une série de catastrophes naturelles liées au climat met la ville à l’épreuve comme jamais auparavant.
Pour les habitants de Galveston, la vie est devenue une course contre la montre et les marées. Au cours des dernières décennies, la ville s’est lancée dans plusieurs projets financés par le gouvernement fédéral, à hauteur de plusieurs millions de dollars, pour construire un mur de protection contre la mer, renforcer les dunes de sable et même surélever des quartiers entiers. Aujourd’hui, les scientifiques préviennent que les menaces liées à la hausse des températures dans le monde dépasseront la capacité de la ville à se fortifier. Le problème, c’est que peu de gens prennent cette mise en garde au sérieux.
À Galveston, d’importants projets de développement en bord de mer sont en cours dans une zone qui a connu à plusieurs reprises l’érosion, les inondations et la montée du niveau de la mer à un rythme plus rapide que dans le reste du pays. L’attitude optimiste des promoteurs, à la limite du déni, est particulièrement inquiétante. Un climatologue a déclaré : « Je pense que les gens n’ont pas conscience de ce qui va leur tomber dessus. Personne n’a encore connu ça. »
L’accélération rapide des événements météorologiques extrêmes tels que les ouragans plus puissants, l’augmentation des précipitations et des risques d’inondation, est directement liée à la hausse des températures de la planète.

Ces événements ne devraient pas ralentir de sitôt. D’un côté, ils mettent en danger des villes comme Galveston qui attirent de nombreux touristes, souvent encore moins conscients de la menace. D’un autre côté, ils font grimper les coûts d’assurance et nécessitent des sommes colossales d’argent public chaque année pour reconstruire et renforcer les côtes vulnérables. Cette situation n’est pas propre au Texas. Les villes côtières du Maine, de Floride, de Californie et de nombreux autres États sont aux prises avec le difficile équilibre entre investir dans la résilience et déménager.
Pour préserver les maisons, l’économie et les habitants, les autorités de Galveston n’ont d’autre choix que de renforcer la côte. Si une grande partie de ce travail, comme la reconstruction des plages et des dunes de sable après les tempêtes, est réactive, d’autres solutions font preuve de proactivité. Par exemple, la ville prévoit d’installer des pompes à eau dans des quartiers bas pour minimiser les inondations et éviter de surélever l’ensemble du quartier, ce qui serait beaucoup plus coûteux. D’autres solutions consistent à expérimenter des matériaux de construction conçus pour résister aux conditions météorologiques extrêmes, comme des maisons flottantes et des toits absorbants qui peuvent capter l’excès d’eau de pluie.

Au train où vont les choses, avec la hausse des températures et du niveau de la mer, ces mesures risquent de s’avérer insuffisantes à l’avenir et la relocalisation apparaîtra alors comme la seule solution.
Source : Yahoo Actualités.

Par sa position insulaire, Galveston est très exposée à la hausse du niveau de l’océan (Source : TSHA)

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Either because they practice the ostrich policy and refuse to see reality, or because they are not conscious of the impending danger, many people prefer to ignore the consequences of global warming and what is likely to happen in the coming years.

An article in the U.S. press takes the example of Galveston (pop. 54,000) a coastal resort city and port off the Southeast Texas coast on Galveston Island and Pelican Island in the U.S. state of Texas.

Galveston has defied the elements since its inception, facing whims of the Gulf of Mexico’s tides to build a community on the water. Today, an influx of climate-related natural disasters will test the city like never before.

For Galveston residents, the notion of racing against time – and tides – is merely a fact of life. Over the past several decades, the city has embarked on several multimillion-dollar federally funded projects to construct a sea barrier wall, reinforce sand dunes, and even raise the ground floor of entire neighborhoods. But now, scientists and officials are warning that the threats fueled by rising global temperatures will outpace the city’s ability to fortify itself. Yet it seems few people take these warnings seriously.

In fact, in Galveston, there are major proposed beachside developments moving forward in an area that has repeatedly seen erosion, flooding, and sea level rise at a rate that outpaces the rest of the country. The developers’ attitude of optimism bordering on denial has many concerned. A climate scientistsaid : « I don’t think people really understand what’s coming. It’s nothing anybody has ever experienced. »

The rapid acceleration of these weather events, from stronger hurricanes to increased precipitation and flood risk, is directly tied to the planet’s rising temperatures. And these events are not expected to slow down anytime soon.

Not only do these events endanger communities like Galveston, which draw in many tourists who may be even more unaware of the threat, they also drive up insurance costs and require millions of dollars in taxpayer money each year to rebuild and refortify their vulnerable coastlines. This is not unique to Texas. Coastal communities in Maine, Florida, California, and many other states are grappling with the difficult balance of investing in resilience versus relocating.

To preserve their barrier island’s homes, economies, and communities, authorities in Galveston have no choice but to defend the coast. While much of this work, like rebuilding beaches and sand dunes after storms, is reactive, others are looking for ways to be proactive, too. For example, the city plans to install water pumps in certain low-lying neighborhoods to minimize flooding and avoid raising the entire neighborhood, which would be much more expensive. Other groups are experimenting with more resilient building materials designed to withstand extreme weather, such as floating homes and absorbent rooftops that can help capture excess rainwater.

As things are going, with rising temperatures and rising sea level, these measures might prove insufficient in the future ansd relocation will come as the only solution.

Source : Yahoo News.

Hiver 2022-2023 : un cruel manque d’eau et de neige

Quand on évoque le problème de l’eau à Venise, c’est en général au moment de l' »acqua alta », une marée particulièrement haute qui inonde régulièrement la célèbre place Saint-Marc. Comme je l’ai expliqué sur ce blog, depuis octobre 2020, un système de digues artificielles baptisé MOSE est déclenché dès que la montée des eaux de la mer Adriatique atteint une cote d’alerte de 110 cm.

Aujourd’hui, la Cité des Doges est confrontée à un phénomène inverse. Les basses marées de ces derniers jours dans la lagune ont mis à sec certains canaux.

Officiellement, le spectacle insolite de gondoles échouées sur des bancs de vase n’est pas lié au réchauffement climatique ; c’est du moins ce qu’affirme le Centre de prévision des marées de Venise. Son directeur reconnaît tout de même que la région est sous l’influence, depuis une vingtaine de jours, d’un anticyclone qui fait barrage aux précipitations. Les perturbations hivernales, accompagnées de vent et de pluie, amplifient habituellement l’amplitude des marées, ce qui n’est pas le cas cette année. Il est indéniable que la présence de plus en plus fréquente de hautes pressions sur l’Europe – et le manque de précipitations que cela génère – est liée au réchauffement climatique.

Selon les experts, la situation devrait revenir à la normale rapidement. Cette « marée basse » à l’avantage de permettre de faire un ‘check-up’ de l’état des immeubles.

Voici une vidéo qui résume assez bien la situation à Venise :

https://youtu.be/Thu0jEqHGp8

Après Venise, c’est au tour du Lac de Garde d’inquiéter les autorités italiennes qui ne peuvent que constater les effets du réchauffement climatique dans le pays. Aujourd’hui, un flot ininterrompu de visiteurs, à pied ou à vélo, se déverse sur l’étroit sentier de pierre et de sable apparu entre les rives du lac de Garde et l’Isola di San Biagio, un îlot devenu le symbole de la sécheresse frappant l’Italie du Nord cet hiver.

L’île, qui n’était joignable que par bateau dans le passé, attire des familles entières, venues constater les dégâts du réchauffement climatique. Avec la pénurie de neige sur les montagnes aux alentours, l’absence de pluie depuis six semaines et les températures douces, l’eau du Lac de Garde est descendue à son plus bas niveau depuis 30 ans en période hivernale. Elle est à 44 cm au-dessus du zéro hydrographique, son point de référence historique, contre 107 cm en 2022, et se trouve à environ 70 centimètres en dessous de la moyenne des dernières décennies.

Après une sécheresse record pendant l’été 2022, qui a décimé les récoltes, le nord de l’Italie donne à nouveau des signes inquiétants. Les eaux du Pô, le plus grand fleuve italien, sont au plus bas. De plus, à l’instar du lac de Garde, le niveau de l’eau des lacs Majeur et de Côme est un sujet d’inquiétude.

Après un mois de temps excessivement sec, les stations de ski en Italie et en France souffrent d’un manque d’enneigement parfois considérable. Les deux pays subissent des conditions anticycloniques interminables, avec des records du nombre de jours sans précipitations. La pression atmosphérique dépasse souvent les 1025 hPa, et ce sur une période de 5 semaines ! Avec le baromètre aussi haut, il y a très peu de place aux précipitations et donc aux chutes de neige en montagne.

Les massifs français enregistrent un important déficit d’enneigement. Ce sont, bien sûr, les massifs de basse et moyenne montagne (Jura, Vosges, Massif Central) qui sont les plus impactés, mais l’enneigement est également fortement déficitaire dans les Alpes. La neige est un peu tombée sur le Massif Central et sur les Pyrénées ces derniers jours, ce qui aide à sauver une saison qui n’avait commencé qu’à la mi-janvier.

Alors qu’en février nous sommes censés être au pic d’enneigement de la saison, les stations alpines font grise mine. Même les domaines de Haute-Savoie n’y échappent pas, comme à Plaine-Joux où il n’y a plus de neige autour des remontées mécaniques. Pour le nord des Alpes, la situation de la fin février 2023 est parmi les pires observées depuis plusieurs décennies. Après de longues semaines de sécheresse et de grand soleil, les paysages n’ont plus grand chose à voir avec la magie hivernale.

Cette pénurie de neige a tendance à se répéter et s’accentuer depuis plusieurs années. Il faut absolument que les responsables des stations de ski sortent du déni du réchauffement climatique et se diversifient rapidement. Si elles ne le font pas, elles mettront la clé sous le paillasson….

 

Capture d’écran de la webcam de La Bresse (Vosges) le 21 février 2023.