Les risques d’une vie sur les pentes du Mayon (Philippines) // The hazards of life on the slopes of Mt Mayon (Philippines)

Un article publié dans plusieurs journaux anglo-saxons décrit des scènes observées aux philippines sur le volcan Mayon. Elles sont très semblables à celles qui ont déjà été décrites lors de l’éruption du volcan Merapi en Indonésie en 2010.
Au début de l’article, la police locale interpelle une femme dont le village se trouve dans la zone de danger permanent et fait partie de ceux qui ont été évacués en raison du risque d’une violente éruption du Mayon. La femme explique qu’elle connaît les risques mais demande de rester quelques minutes de plus pour récupérer l’uniforme scolaire de sa fille et pour nourrir les cochons. Elle dit prier pour que l’éruption ne s’aggrave pas, car sa famille vit ici. Il leur est difficile de rester dans le camp d’évacuation où il y a trop peu de toilettes pour tant de monde et où il fait chaud. « Les enfants tombent malades. »
Son village, Calbayog, se trouve sur les pentes nord-est du Mayon et se situe bien à l’intérieur de la zone de danger permanent d’un rayon de 6 kilomètres. L’accès y est interdit, mais des milliers de villageois pauvres font fi des restrictions et continuent à y vivre depuis des générations. Des activités permettant de gagner un peu d’argent, comme l’extraction de sable et de gravier ; les visites touristiques se sont développées malgré l’interdiction et les fréquentes éruptions du Mayon, 53 depuis 1616.
Le clocher de pierre de l’église franciscaine de Cagsawa, qui date du 16ème siècle, dépasse du sol. Il représente un symbole de la fureur mortelle du Mayon. Le clocher est la seule chose qui reste de l’église qui a été ensevelie lors d’une éruption en 1814. Elle a tué quelque 1 200 personnes, dont beaucoup s’étaient réfugiées dans l’église située à environ 13 kilomètres du volcan.
Les milliers de villageois qui vivent dans la zone de danger du Mayon reflètent la situation critique de nombreux Philippins pauvres qui sont contraints de vivre dans des endroits dangereux à travers l’archipel, que ce soit près de volcans actifs comme le Mayon, sur des flancs de montagne exposés aux glissements de terrain, le long de côtes vulnérables, sur des failles sismiques, et dans des villages exposés à des crues soudaines. De plus, chaque année, une vingtaine de typhons et de tempêtes s’abattent sur les Philippines.
La plupart des habitants de Calbayog ont été évacués lorsque le Mayon a commencé à expulser doucement de la lave après plusieurs jours d’activité. Des journalistes ont été autorisés par la police à participer brièvement à une patrouille de contrôle maison par maison dans un quartier de Calbayog. Ils ont pu constater que certains habitants faisaient fi de l’interdiction et persistaient à vivre dans leurs maisons. Un villageois a expliqué à la police qu’il devait rester parce que les 40 coqs de combat qu’il élevait risquaient d’être volés s’il partait. Dans deux autres maisons, on pouvait entendre de la musique ou des émissions d’information à la radio, et dans au moins trois autres, du linge était suspendu au soleil.
À Mi-isi, un autre village situé bien à l’intérieur de la zone de danger permanent, un habitant se moque des mises en garde des autorités et des volcanologues. Il a déclaré : « Moi, je n’ai pas peur, mais les étrangers auront probablement une crise cardiaque s’ils vivent ici ». Il a ajouté qu’il ne savait plus combien de fois il avait été témoin de la fureur du Mayon. Il a survécu pendant des décennies grâce à sa ferme maraîchère, sa porcherie, sa cocoteraie et un travail intermittent pour le compte d’une carrière de gravier et de sable située à proximité.
En dépit de ces exceptions, le gouvernement philippin prend des mesures pour protéger la population. Depuis que le volcan a commencé à émettre de la lave, l’armée, la police et les autorités locales ont déplacé plus de 20 000 villageois de la zone de danger. Ces personnes ont été transférées vers 28 abris temporaires, principalement des écoles. Comme je l’ai indiqué dans une note précédente, la plupart des salles de classe étant désormais occupées par des foules de personnes évacuées et leurs effets personnels, les enseignants sont contraints de faire cours dans les couloirs, dans les chapelles et sous les arbres.
La crise éruptive du Mayon est un défi supplémentaire pour le président Ferdinand Marcos Jr, qui a pris ses fonctions en juin 2022. Il a hérité d’une économie mise à mal par la pandémie de coronavirus qui a aggravé la pauvreté, le chômage et la dette dans pays. Il s’est rendu à Albay pour distribuer des paquets de nourriture et rassurer les personnes évacuées sur l’aide du gouvernement. Il a aussi averti que l’éruption du Mayon pourrait se prolonger pendant des mois. Le nombre de villageois déplacés pourrait plus que doubler si l’éruption du Mayon devenait violente et mettait des vies en danger.
Par le passé, on a relogé des milliers de villageois dans des maisons loin du Mayon, mais beaucoup sont retournés sur ses pentes fertiles du volcan en raison de l’insuffisance des moyens de subsistance dans les sites de réinstallation établis par le gouvernement. Le manque d’emplois et d’opportunités ailleurs oblige les gens à continuer à risquer leur vie en cultivant des légumes et en cherchant d’autres sources de revenus sur les pentes du volcan. Ils sont confrontés à une sorte de roulette russe qui oscille entre la vie et la mort.
Sources : ABC News, The Independent, BBC World.

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Dernière minute : Environ 18 999 personnes issues de 5 466 familles sont actuellement hébergées dans 28 centres d’hébergement provisoire établis, généralement dans des salles de classe de la province d’Albay, en raison de l’éruption du Mayon. Cependant, le nombre total de personnes déplacées est plus élevé, car beaucoup ont trouvé refuge auprès d’amis et de parents.
On apprend aujourd’hui qu’au moins 628 personnes déplacées, âgées de 2 à 64 ans, sont tombées malades dans les centres d’hébergement. C’est ce qu’indique un rapport publié par le Conseil national de gestion des catastrophes. Ces personnes ont contracté diverses affections comme la fièvre, la toux, la gastro-entérite, les infections respiratoires aiguës et les maladies de peau.
Le gouvernement provincial, qui a déclaré l’état de catastrophe naturelle, a apporté une aide importante aux localités touchées. Environ 1,47 million de dollars d’aide ont été distribués. Cette aide comprend des produits de première nécessité tels que de l’eau distillée, des kits d’hygiène, des tentes et des matériaux pour les abris, des paquets de nourriture pour les familles, des kits de couchage et du combustible.
Le niveau d’alerte du Mayon est maintenu à 3. Le passage au niveau d’alerte 4, qui suppose une éruption potentiellement explosive dans les heures ou les jours à venir, n’est pas à l’ordre du jour pour le moment
Source : Médias philippins.

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An article publisehed in several Anglo-saxon newspapers describes scenes on Mount Mayon (Philippines) very similar to those that had already been described during the 2010 eruption of Mount Merapi in Indonesia.

At the beginning of the article, the local police spots a woman whose village lies within the danger zone and is among those that have been evacuated beccause of the risk of a violent eruption of Mt Mayon. The woman said she knew the risks but begged to stay a few minutes more to get her daughter’s school uniform from their shack and feed her pigs. She sys she is praying this eruption won’t get worse because the livelihood of her family is here and it’s difficult to stay in the evacuation camp with few toilets for so many, and the heat. ” Children are getting sick there.”

Her village, Calbayog, lies in Mayon’s northeastern foothills and is well within the 6-kilometer radius permanent danger zone. Entry is prohibited, but thousands of poor villagers have flouted the restrictions and made it their home for generations. Lucrative businesses such as sand and gravel quarrying and sightseeing tours have also thrived openly despite the ban and the mountain’s frequent eruptions which amount to 53 since 1616.

A terrifying symbol of Mayon’s deadly fury is the belfry of the 16th-century Franciscan stone church of Cagsawa which protrudes from the ground. It’s all that’s left of the church that was buried in an 1814 eruption which killed about 1,200 people, including many who sought refuge in the church, about 13 kilometers from the volcano.

The thousands of villagers who live within Mayon’s danger zone reflect the plight of many impoverished Filipinos who are forced to live in dangerous places across the archipelago, near active volcanoes like Mayon, on landslide-prone mountainsides, along vulnerable coastlines, atop earthquake fault lines, and in low-lying villages often engulfed by flash floods. Each year, about 20 typhoons and storms lash the Philippines.

Most residents were evacuated from Calbayog when Mayon started to gently expel lava after days of unrest. Journalists were allowed by police to briefly join a house-to-house patrol of a Calbayog neighborhood and saw a few defiant residents still in their houses. One villager insisted to police that he had to remain because the 40 roosters he had bred for cockfights might be stolen if he left. Dance music or radio news broadcasts could be heard at two houses, and at least three others had laundry hanging on clotheslines in the sun.

At Mi-isi, another village well inside the permanent danger zone, one resident laughed off warnings from authorities and volcano scientists. He said : « I’m not scared, but outsiders will probably have a heart attack if they live here.” He added that he had lost count of the times he had witnessed Mayon’s fury. He has survived for decades thanks to his vegetable farm, piggery, coconut grove and on-and-off work as caretaker of a nearby gravel and sand quarry.

Despite these exceptions, the Philippine government is taking mrasures to protect the population. Since the volcano began expelling lava, soldiers, police and local officials have moved more than 20,000 villagers from the danger zone in forced evacuations to 28 temporary shelters, mostly schools. As I put it in a previous post, with most classrooms now crammed with impoverished evacuees and their belongings, teachers have been forced to hold classes in school corridors, in chapels and under trees.

The crisis is an additional challenge for President Ferdinand Marcos Jr., who took office in June 2022 and inherited an economy battered by the coronavirus pandemic, which deepened poverty, unemployment, hunger and the country’s debt. He has flown to Albay to hand out food packs and reassure the evacuees of government help, but warned that Mayon’s gentle eruption may drag on for months, keeping them away from their homes. Indeed, the number of displaced villagers could more than double if Mayon’s eruption turns violent and life-threatening.

Thousands of villagers have been given homes away from Mayon in the past, but many returned to its fertile slopes because of inadequate livelihood options in government-established relocation sites. The lack of jobs and opportunities elsewhere forces people to continue risking their lives farming vegetables and scrounging for other sources of income at the foot of the volcano. It’s a kind of Russian roulette.You either get lucky or you get killed.

Sources : ABC News, The Independent, BBC World.

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Latest : Around 18 999 individuals from 5 466 families are currently being housed in 28 established evacuation centers, typically in school classrooms, throughout Albay province, because of the Mayon eruption. However, the total number of displaced persons is higher, with many seeking refuge with friends and relatives.

We learn today that at least 628 displaced persons, aged between 2 to 64 years old, have fallen ill in evacuation centers, according to a report released by the National Disaster Risk Reduction and Management Council. These persons have contracted various illnesses, including fever, coughs, colds, gastroenteritis, acute respiratory infection, and skin disease.

The provincial government, which has declared a state of calamity, has extended significant assistance to the affected communities. About 1.47 million dollars of aid have been dispensed. This assistance includes necessities such as distilled water, hygiene kits, tents and shelter materials, family food packs, sleeping kits, and fuel.

The alert level for Mayon is kept at 3. A rise to Alert Level 4, suggesting a potentially explosive eruption within hours to days, is not anticipated at present.

Source : Philippine news media.

Crédit photo: Wikipedia

Crédit photo: Phivolcs