Herculanum et Pompéi exposés à Londres // Herculaneum and Pompeii exhibited in London

On peut lire dans le Guardian du dimanche 24 février 2013 un très intéressant article à propos de l’exposition de vestiges d’Herculanum et Pompéi au British Museum de Londres en mars prochain.

http://www.guardian.co.uk/science/2013/feb/24/british-museum-pompeii-herculaneum

Pour le conservateur du célèbre musée, l’exposition ne doit pas donner une impression de mort, mais au contraire de vie, en évoquant celle de populations qui, en l’an 79 de notre ère, ont brutalement été anéanties sous les tonnes de matériaux déversés pendant l’éruption du Vésuve. Beaucoup d’objets exposés proviennent du fantastique Musée de Naples.

Le but de l’événement londonien est aussi de redorer le blason des sites italiens qui ont été fortement critiqués ces temps derniers à cause du manque d’entretien qui a entraîné la dégradation de plusieurs édifices. L’ancien directeur de l’Ecole Britannique d’Archéologie de Rome parle d’une « deuxième mort » en constatant l’effondrement de certains bâtiments à Pompéi. L’Union Européenne a débloqué ce mois-ci une somme de 105 millions d’euros pour permettre des travaux de restauration. Encore faudra-t-il que cet argent ne se perde pas dans la bureaucratie et la corruption napolitaines !

La situation est particulièrement inquiétante à Herculanum où les bâtiments restaurés restent inaccessibles au public, faute de personnel de surveillance. Quand la bureaucratie s’en mêle, les situations peuvent devenir ubuesques. Ainsi, à Herculanum, les librairies ont fermé leurs portes pour une querelle relative à leur gestion et le seul café du site a fermé à son tour pour une simple histoire de distributeur de bouteilles d’eau.

Même si le but de l’exposition est de montrer à quoi ressemblait à vie en l’an 79, la mort ne pourra être absente. Les visiteurs pourront, par exemple, voir un petit berceau en partie carbonisé retrouvé à Herculanum. Quand il a été extrait de la couche de cendre, les archéologues ont trouvé à l’intérieur une petite couverture en laine et de minuscules os.

Lorsque les premières fouilles ont été effectuées à Herculanum, on a pensé que les habitants avaient eu le temps de fuir en sentant le sol trembler et en voyant le ciel virer au noir. Malheureusement, le vent a tourné pendant la nuit du 25 août et le nuage de cendre s’est abattu en faisant déferler, tel un raz-de-marée, un torrent de boue et de roches sur le versant du volcan.

Quand les archéologues ont retrouvé l’emplacement du littoral avant la catastrophe (il se trouve actuellement à 800 mètres à l’intérieur des terres), il était jonché de cadavres. Il en reste probablement des centaines, voire des milliers. Alors que les fouilles ont été relativement aisées à Pompéi, celles d’Herculanum ont à peine été entamées. Le site est enfoui sous une couche de boue durcie qui atteint jusqu’à 25 mètres d’épaisseur.

Parmi les vestiges exposés, les visiteurs pourront découvrir du mobilier, des fragments de la vie quotidienne, des poteries, des bijoux, des jouets, etc. A Herculanum, ces objets se trouvent dans un musée construit dans les années 1970 et qui n’a jamais ouvert ses portes.

En conclusion de l’article, le Guardian fait remarquer que le plus grand danger pour Herculanum et Pompéi reste certainement le Vésuve qui représente toujours une menace pour la région. Contrairement à l’époque romaine, cette partie de la Campanie possède une très forte densité de population et, comme le faisait remarquer récemment un groupe de scientifiques dans la revue Nature, quelque 700 000 personnes sont aujourd’hui sous la menace du volcan.

Le Vésuve est l’un des « Killer Volcanoes » de mon dernier ouvrage (voir colonne de gauche de ce blog).

Pompei-blog-5

Herbes folles parmi  les ruines de Pompéi  (Photo:  C. Grandpey)