Dernières nouvelles de l’Askja (Islande) // Latest news of Askja Volcano (Iceland)

Une équipe scientifique composée de chercheurs du Met Office islandais, de l’Institut des géosciences de l’Université d’Islande et de l’Université de Göteborg (Suède) a visité l’Askja en août 2024. La mission comprenait des mesures géodésiques, de pH, de température et de gaz pour faire un état des lieux de l’activité volcanique dans la région.
Les données obtenues par la mission scientifique indiquent que le soulèvement du sol dans la région se poursuit, même s’il a ralenti depuis septembre 2023. La station GNSS, située à l’ouest de l’Öskjuvatn, a enregistré un soulèvement du sol de 12 cm au cours de l’année écoulée. es données satellitaires InSAR et les inclinomètres corroborent cet épisode de soulèvement.

Données satellitaires (image Insar) montrant le soulèvement sur l’Askja pour la période juillet 2021-août 2023. Les zones jaunes et rouges au milieu de l’image sont celles qui subissent la plus grande déformation. (Source : Met Office).

Les modélisations montrent que l’accumulation de magma dans la région se produit à une profondeur d’environ 3 km, mais rien n’indique que ce magma se rapproche de la surface. Environ 4,4 millions de mètres cubes de magma se sont accumulés au cours des 12 derniers mois, ce qui porte à environ 44 millions de mètres cubes le volume total depuis juillet 2021.
Les mesures effectuées dans le cratère Víti ne montrent aucun changement significatif du pH, de la température de l’eau ou de sa chimie.
Les données historiques montrent que la déformation au niveau de l’Öskja ont commencé en 1966, avec un soulèvement important observé entre 1970 et 1972. Le sol s’est ensuite affaissé jusqu’en 2021, date à laquelle un soulèvement a été de nouveau détecté. Le soulèvement précédent s’est produit sans provoquer d’éruption.
La dernière éruption de l’Askja a eu lieu en 1961, avec un VEI 2. Elle a entraîné la formation du champ de lave de Vikrahraun. Une augmentation de l’activité sismique et géothermale avait été observée 20 jours avant l’éruption.
Des éruptions explosives se sont produites sur l’Askja ; la plus récente a eu lieu le 3 janvier 1875. Elle a entraîné la formation d’une petite caldeira de 4,5 km de large, désormais remplie par le lac Öskjuvatn, et qui coupe la lèvre de la plus grande caldeira centrale.
Si une éruption devait se produire sur l’Askja, le Met Office explique qu’elle devrait être de relativement faible intensité, semblable à celles du 20ème siècle.
Source : Icelandic Met Office.

Caldeira de l’Askja avec l’Oskjuvatn et le cratère Viti (Photos: C. Grandpey)

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A scientific team including researchers from the Icelandic Meteorological Office, the Institute of Geosciences at the University of Iceland, and the University of Gothenburg (Sweden) visited Askja Volcano in August 2024. The trip involved geodetic, pH, temperature, and gas measurements to monitor the area’s volcanic activity.

Data from the scientific mission indicate that the land uplift in the area continues, although the rate has slowed since September 2023. The GNSS station, located west of Öskjuvatn, recorded a 12 cm land rise over the past year and satellite data from InSAR and tilt measurements corroborate this ongoing uplift.

Modeling calculations suggest that magma accumulation in the area is occurring at a depth of about 3 km, with no indications that magma is moving closer to the surface. Approximately 4.4 million cubic meters of magma have accumulated in the past 12 months, bringing the total volume since July 2021 to about 44 million cubic meters.

Measurements taken in the Víti crater showed no significant changes in pH, water temperature, or chemistry.

Historical data show that the first deformation measurements in Öskja began in 1966, with significant uplift observed between 1970 and 1972. The land then subsided until 2021, when uplift was once again detected. The previous uplift occurred without causing any eruption.

The last eruption in Askja was in 1961, with a VEI 2. It resulted in the formation of the Vikrahraun lava field. Increased seismic and geothermal activity was noted 20 days before the eruption.

Explosive eruptions have occurred in Askja, the most recent on January 3rd, 1875. It resulted in the formation of a small 4.5 km wide caldera, now filled by Öskjuvatn Lake, that truncates the rim of the larger central caldera.

Should an eruption occur at Askja, it is expected to be relatively small, similar to those in the 20th century.

Source : Icelandic Met Office.

Tristan da Cunha (Territoire britannique d’outre-mer / British overseas territory)

drapeau francaisVous n’avez probablement jamais entendu parler d’Adam Swain. Cet homme et quelque 300 de ses compatriotes ont été contraints de fuir Tristan da Cunha après l’éruption du 8 octobre 1961. M. Swain est décédé la semaine dernière. Ses funérailles ont eu lieu en l’église de Fawley, en Angleterre. Au même moment, des compatriotes s’étaient rassemblés sur Tristan da Cunha pour lui dire adieu et lui témoigner leur reconnaissance.
Adam Swain a aidé les 263 insulaires et 26 expatriés à quitter Tristan da Cunha pour l’île Nightingale, à 40 km, après l’éruption du volcan Queen Mary’s Peak le 8 octobre 1961. Parmi les personnes présentes aux obsèques figurait Chris Bates, qui pendant neuf ans, a été le premier représentant officiel de Tristan da Cunha au Royaume-Uni. M. Bates a expliqué qu’Adam Swain et son compatriote îlien Joseph Glass faisaient partie d’une expédition de la Royal Society qui s’était rendue sur l’île en 1962 pour évaluer l’étendue des dégâts.

Tristan da Cunha n’est pas la terre volcanique la plus visitée au monde. Territoire britannique d’outre-mer, elle appartient à un archipel situé à 2 807 kilomètres à l’ouest de la ville du Cap (Afrique du Sud) et à 3 360 kilomètres à l’est de l’Amérique du Sud. La terre la plus proche est l’île de Sainte-Hélène, 2 438 km au NNE. Tristan da Cunha, avec 96 km2 de superficie, culmine à 2 062 mètres au Queen Mary’s Peak..

Le 8 octobre 1961, le volcan sort brusquement de son sommeil. C’est la première fois qu’il se manifeste depuis la colonisation du pays. Avant l’éruption, les habitants avaient fait état d’essaims sismiques qui avaient provoqué des éboulements le long des falaises.

Devant l’ampleur de l’éruption, les Britanniques décident d’évacuer la population, dans un premier temps vers l’île Nightingale, puis comme réfugiés au Cap. Finalement, les Tristanais sont envoyés en Grande-Bretagne où ils sont logés sur une ancienne base militaire, Pendell Army Camp, près de Merstham (Surrey). Ils sont ensuite regroupés à la base RAF abandonnée de Calshot, près de Southampton, nom qu’ils retiendront pour désigner leur nouveau port d’attache à leur retour chez eux. Pour la plupart, ils élisent domicile sur un chemin qui a gardé le nom de Tristan Close.

En 1962, la Royal Society organise une expédition pour connaître l’ampleur des dégâts causés par l’éruption et étudier les conséquences sur la faune et la flore locales. Les membres de cette expédition découvrent que le village Edinburgh of the Seven Seas est presque intact. La lave s’est arrêtée à 300 mètres des maisons. Toutefois, les autorités décident de ne pas rapatrier les insulaires et affirment qu’ils sont plus heureux en Angleterre. Alors les Tristanais entreprennent d’organiser leur propre rapatriement. Les autorités font tout le nécessaire pour leur venir en aide. En 1963, sous la houlette de Willie Repetto (chef du conseil de l’île) et Allan Crawford (un ancien agent de santé publique), les Tristanais regagnent leur pays sauf cinq d’entre eux, et cinq autres personnes décédées lors de leur séjour en Angleterre, mais la population s’était accrue de huit nouveau-nés entre temps.

Hervé Bazin, dans Les Bienheureux de La Désolation  a fait un récit saisissant de cette évacuation, du malaise des insulaires face à la société de consommation anglaise, et de leur retour sur leur île.

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drapeau anglaisYou’ve probably never heard of Adam Swain. This man and almost 300 of his fellow countrymen were forced to flee Tristan da Cunha after the eruption of October 8th 1961. Mr Swain died last week. His funeral was held at the church of Fawley, in England. At the same moment, mourners gathered on Tristan da Cunha to say their own goodbyes.

Mr Swain helped all 263 islanders and 26 expatriates escape to the safety of Nightingale Island 40 km away after the volcano erupted.  Mourners included Chris Bates who, for nine years, was Tristan da Cunha’s first official representative in the UK. Mr Bates said Mr Swain and fellow islander Joseph Glass were among members of a Royal Society expedition that travelled to the island in 1962 to assess the extent of the damage.

Tristan da Cunha is not the most visited volcanic territory in the world. A British overseas territory, it is part of an archipelago located 2,807 kilometers west of Cape Town (South Africa) and 3360 kilometers east of South America. The nearest land is the island of St. Helena, 2438 km NNE. Tristan da Cunha, with an area 96 km2, culminates at 2062 meters at Queen Mary’s Peak ..
On October 8, 1961, the volcano suddenly came out of its sleep. This was the first time since the colonization of the country. Before the eruption, residents had reported seismic swarms that had caused landslides along the cliffs.
Given the magnitude of the eruption, the British decided to evacuate the population, initially to the island of Nightingale and as refugees to Cape Town. Finally, they were transported to Britain where they were housed on a former military base, Pendell Army Camp, near Merstham (Surrey). They were later regrouped on the abandoned Calshot Base of the Royal Air Force, near Southampton. They chose the name to designate their new home port on their return home. Most of them took up residence on a path that is still named Tristan Close.
In 1962, the Royal Society organized an expedition to assess the extent of the damage caused by the eruption and investigate the effects on the local fauna and flora. The members of the expedition discovered Edinburgh of the Seven Seas that was almost intact. The lava had stopped 300 meters from the settlement. However, the authorities decided not to repatriate the islanders and claimed they were better in England. Then most families decided to organize their own repatriation. They returned in 1963 led by Willie Repetto (head of the island council) and Allan Crawford (the former island welfare officer). They all travelled back home, except five, and five others who had died during their stay in England but the population had increased by eight newborns between.

Tristan da Cunha

Tristan da Cunha vue depuis l’espace (Crédit photo: NASA)