Afin de rassurer ceux qui s’affolent à l’idée que la zone des Champs Phlégréens pourrait être prochainement ravagée par une éruption volcanique, voici les dernières informations publiées le 7 octobre 2025 par l’INGV. Elles couvrent la période du 29 septembre au 5 octobre 2025. Elles ne diffèrent guère des bulletins précédents à l’issue desquels l’Institut explique que « sur la base des observations actuelles de l’activité volcanique, aucun signe n’indique un développement significatif à court terme. » Nos connaissances volcanologiques actuelles ne permettent pas, bien sûr, de faire des prévisions sur le long terme.
Au moment (le 9 octobre 2025) où j’écris ces lignes, la situation dans la région de Pouzzoles, en particulier autour de la Solfatara et de la fumerolle de Pisciarelli, ne montre rien d’inquiétant.

La Solfatara en septembre 2025
Comme je l’ai précisé à plusieurs reprises, se contenter d’un seul paramètre (sismicité ou température dans un endroit ponctuel) pour évaluer la situation ne suffit pas. C’est l’ensemble des données fournies par l’INGV qui permet d’obtenir une image fiable de ce qui se passe dans les Champs Phlégréens. Le dernier rapport de l’INGV est divisé en plusieurs chapitres :
Sismicité :
Entre le 29 septembre et le 5 octobre 2025, on a enregistré 125 événements d’une magnitude maximale de M 3,3. 65 d’entre eux ont fait partie de deux essaims distincts le 2 octobre dans la zone Pozzuoli-Solfatara-Pisciarelli et le 4 octobre dans la Solfatara.
Comme par le passé, de nouveaux séismes pouvant atteindre la magnitude M4,0, voire plus, liés à l’activité bradysismique, se produiront probablement de nouveau à Pouzzoles, mais il faudra que d’autres paramètres montrent des changements significatifs avant de s’affoler et de prendre des mesures de grande ampleur visant à protéger la population.

Temple dit de Serapis à Pouzzoles dont les colonnes portent les traces de l’activité bradysismique (Photo : C. Grandpey)
Déformation du sol :
Dans les semaines qui ont suivi l’essaim sismique de février 2025, on a assisté à une accélération du soulèvement du sol, avec une moyenne mensuelle d’environ 30 ± 5 mm/mois. Depuis début avril 2025, le soulèvement du sol a montré une valeur moyenne mensuelle d’environ 15 ± 3 mm. Le soulèvement total enregistré à la station GNSS de Rione Terra est d’environ 34 cm depuis janvier 2024.

Déformation du sol vue par la station GNSS de Rione Terra (Source : INGV) entre le 1er janvier 2024 et le 5 octobre 2025
Géochimie :
La situation est stable et confirme la tendance de réchauffement et de pressurisation du système hydrothermal, ainsi que l’augmentation du flux de fluides émis.
Dans la zone de la fumerolle de Pisciarelli (versant externe nord-est de la Solfatare), les valeurs du flux de CO2 du sol ne montrent aucune variation significative par rapport aux périodes précédentes.
La température au niveau de la fumerolle affiche une valeur moyenne d’environ 94 °C.

Photo: C. Grandpey
Il existe une cheminée artificielle dans une cour privée à proximité de la fumerolle. La vapeur qui s’en échappe montrait une quarantaine de degrés à mon thermomètre le 15 septembre dernier.
Dans la zone du cratère de la Solfatare, la température de la fumerolle principale (Bocca Grande) confirme une tendance à la hausse, avec environ 166 °C. À noter que j’avais relevé une température d’environ 140°C à cette bouche dans les années 1990.

Évolution de la température à la Bocca Grande de la Solfatara (Source : INGV)
S’agissant de la température, certaines personnes se sont inquiétées car l’asphalte avait tendance à chauffer et à fondre ces derniers temps sur la Via Antiniana qui passe à proximité de la Solfatara et du Monte Gauro.

Source: réseaux sociaux
Un tel phénomène n’est pas exceptionnel en zone volcanique où circulent des fluides hydrothermaux à haute température, comme cela est précisé plus haut. Par exemple, la fonte du goudron a été observée sur certaines routes du Parc national de Yellowstone, même si le système volcanique est différent de celui des Campi Flegrei.

Source: National Park Service
En Campanie, il faudrait que plusieurs paramètres montrent ensemble des anomalies avant de s’inquiéter et de prendre des mesures. Je ne cesse de le répéter : le principal risque dans les Champs Phlégréens et dans la région de Naples dans son ensemble est la densité de la population. L’architecture des différentes localités rendrait une évacuation extrêmement problématique. Comme me l’expliquait il y a plusieurs années Franco Barberi, alors en charge de la Protection Civile italienne, « si j’évacue et qu’il ne se passe rien, je passe pour un imbécile ; si je n’évacue pas et qu’il y a une catastrophe, je vais en prison. »