Les Alpes ont beaucoup trop chaud !

La masse d’air, en provenance du Sahara, qui survole actuellement la France fait grimper les températures en flèche. Sur le massif du Mont Blanc, l’isotherme 0°C s’est élevé au dessus de la barre des 5000 mètres, un fait malheureusement pas aussi rare que certains le prétendent. Depuis plusieurs années, on se rend compte qu’il ne gèle plus au sommet du toit de l’Europe pendant certains jours en été. Ainsi, le 11 août 2025, une mesure par ballon-sonde a révélé que l’isotherme 0°C se situait précisément à 5113 mètres. Cela signifie que l’intégralité des Alpes a connu des températures positives même en très haute altitude.

Photo: C. Grandpey

Ce réchauffement de l’atmosphère dans les Alpes a forcément des conséquences négatives. La plus évidente est la fonte des glaciers, qui s’est nettement accélérée depuis le début du siècle. En France, l’exemple le plus parlant est celui de la Mer de Glace. Depuis 1850, le glacier a reculé de 3 kilomètres. Ces dernières années, il recule de 30 à 40 mètres par an. Quand on observe la Mer de Glace depuis la plateforme du Montenvers, on se rend compte que la glace a perdu la couleur blanche à laquelle on est en droit de s’attendre. La surface du glacier est recouverte de matériaux provenant des effondrements de son encaissant. Les gravats ont au moins un effet positif. En recouvrant la glace, ils empêchent les rayons du soleil de l’atteindre et ralentissent donc sa fonte. Malgré cela, la Mer de Glace est davantage une mer morte qu’un glacier en bonne santé.

Photo: G. Grandpey

Capture d’écran de la webcam

Par ailleurs, comme je l’ai indiqué à maintes reprises, la hausse des températures fragilise les sols de montagne et entraînent un dégel du permafrost. Les sols, qui sont censés être constamment gelés, dégèlent et deviennent instables. On observe de plus en plus souvent une circulation de l’eau de fonte sous le glacier. Jouant un rôle de lubrifiant, cette eau accélère la progression du glacier et peut provoquer sa rupture brutale, comme cela s’est produit fin mai 2025 dans les Alpes suisses. Le glacier du Birch s’est effondré, ensevelissant une partie du village de Blatten.

Crédit photo: presse suisse

D’autres conséquences néfastes concernent les espèces animales et végétales, qui ne sont pas adaptées aux fortes chaleurs. On note une mortalité importante de certaines espèces d’arbres mais aussi d’animaux, ou une migration vers des altitudes plus élevées. Au cours de l’été 2024 dans le Parc national de la Vanoise, je n’ai pas retrouvé les chamois et les bouquetins aux altitudes où je les rencontrais habituellement. Ils s’étaient réfugiés beaucoup plus haut, autour de 3000 mètres d’altitude.

Photo: C. Grandpey

Au train où vont les choses, va se poser le problème de l’enneigement pour de nombreuses stations de ski. Y aura-t-il suffisamment de neige en 2030 pour les Jeux d’Hiver ? On nous rebat les oreilles avec les économies budgétaires, mais je suis certain qu’on trouvera l’argent nécessaire pour acheter des enneigeurs haute température, coûteux et énergivores, si le besoin se fait sentir. Que ne ferait-on pas pour satisfaire le peuple et attirer de potentiels électeurs … ?

Photo: C. Grandpey

Pour terminer, il ne faudrait pas oublier le problème de l’eau car les glaciers contribuent largement à fournir l’eau indispensable à la vie. J’ai attiré l’attention dans plusieurs notes sur le risque que présenteront la fonte et la disparition de nos rivières de glace dans certaines régions du monde, et la France n’est pas épargnée. .

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