Il y a quelques semaines, alors qu’un épisode cévenol était en cours dans le sud-est de la France, un pompier faisait remarquer que ce type d’événement n’avait pas vraiment changé par sa fréquence – les épisodes cévenols se produisent régulièrement dans cette région – mais leur intensité augmente au fil des ans. Le soldat du feu attribue cette évolution au réchauffement de la Méditerranée. Ses propos rejoignent plus globalement ceux des climatologues qui attribuent l’intensité croissante des ouragans et autres cyclones à la hausse de température des océans.
Avec le réchauffement climatique d’origine anthropique, l’atmosphère terrestre ne cesse de battre des records de température et les océans suivent la même évolution car atmosphère et océans sont en interaction directe et permanente. Leurs températures atteignent des niveaux inconnus jusqu’à présent, comme le montre le Golfe du Mexique où sont venus naître les ouragans Helene et Milton. A noter que le réchauffement de l’eau ne concerne plus seulement la surface, mais aussi les grandes profondeurs, dont la température a quasiment doublé depuis 2005 sur une superficie qui représente 70 % de la planète. C’est ce qui explique pourquoi de simples dépressions tropicales réussissent à prendre de l’ampleur et se transforment en phénomènes dévastateurs. Ces dernières années, et plus particulièrement ces derniers mois, les scientifiques ont observé une intensification des cyclones. Ils ont constaté que le potentiel destructeur des ouragans avait augmenté de 40 % environ en raison du réchauffement de 1 °C. On imagine facilement ce qui se passera si le réchauffement de la planète s’accélère et atteint 3°C !
Avec la hausse des températures de l’atmosphère et des océans, on a remarqué que les épisodes extrêmes présentaient un caractère plus stationnaire aboutissant à davantage de dégâts pour les zones affectées. Le potentiel destructeur est d’autant plus fort que le cyclone est lent à se déplacer. Les dommages créés par la stationnarité sont amplifiés. C’est ce qui s’est passé dans le sud-est des États Unis avec l’ouragan Helene.
Un autre constat des scientifiques est la tendance des perturbations à remonter vers le nord. Pour le moment, ce sont le plus souvent les queues de cyclones qui atteignent l’Europe – comme avec Kirk ces derniers jours – mais rien ne dit que des événements plus extrêmes ne nous atteindront pas un jour.
Un autre danger lié à la hausse de la température des océans concerne leur dilatation thermique avec un effet sur la hausse de leur niveau. Si on ajoute à cela la fonte des glaciers et de la banquise, on aboutit à un impact sur un grand nombre de zones géographiques comme les îles et les littoraux.
Par ailleurs, en se réchauffant, les océans arrivent à saturation de leur capacité à stocker l’excès de chaleur et de CO2. Selon l’agence Copernicus, aujourd’hui la masse océanique a stocké « 93 % de l’excès de chaleur dû aux activités humaines » et « entre 25 et 30 % du CO2 ». On risque donc d’arriver à un point de bascule (tipping point en anglais) ou de non-retour où nos océans ne seront plus en capacité d’absorber le surplus de chaleur et de CO2 généré dans l’environnement par nos activités humaines. On peut ajouter qu’avec le réchauffement des eaux, l’oxygène se fait plus rare, avec un impact dévastateur sur les écosystèmes marins.
Un dernier point à prendre en compte est la capacité des océans à réguler le climat de la planète, notamment par les courants qui redistribuent la chaleur de l’Équateur vers les pôles. La circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC) existe depuis la nuit des temps et nous permet de vivre dans des conditions tempérées en Europe. Les scientifiques ont observé que cette circulation océanique est en train de ralentir et pourrait être sérieusement menacée par le réchauffement climatique continue à s’accélérer avec la hausse des émissions de CO2 liées aux activités humaines.
Cet état des lieux océanique ne semble pas avoir été pris en compte par la COP 29 en Azerbaïdjan. Elle s’est soldée par un échec car aucune décision contraignante n’a été prise pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

L’ouragan Helene dans le Golfe du Mexique (Source: NASA)
++++++++++
A few weeks ago, while a Cévennes episode was underway in the south-east of France, a firefighter pointed out that this type of event had not really changed in its frequency – Cévennes episodes occur regularly in this region – but their intensity has increased over the years. The firefighter attributes this development to the warming of the Mediterranean. His comments echo those of climatologists who attribute the increasing intensity of hurricanes and other cyclones to the rise in ocean temperatures.
With anthropogenic global warming, the Earth’s atmosphere continues to break temperature records and the oceans follow the same evolution because the atmosphere and oceans are in direct and permanent interaction. Their temperatures are reaching levels previously unknown, as shown by the Gulf of Mexico where hurricanes Helene and Milton originated. It should be noted that the warming of water no longer only concerns the surface, but also the great depths whose temperature has almost doubled since 2005 over an area that represents 70% of the planet. This explains why simple tropical depressions gain momentum and turn into devastating phenomena. In recent years, and more particularly in recent months, scientists have observed an intensification of cyclones. They found that the destructive potential of hurricanes had increased by around 40% due to warming of 1°C. We can easily imagine what will happen if global warming accelerates and reaches 3°C! With the rise in atmospheric and ocean temperatures, it has been noted that extreme episodes have a more stationary character, resulting in more damage to the affected areas. The destructive potential is all the greater when the cyclone is slow to move. The damage created by stationarity is amplified. This is what happened in the south-east of the United States with Hurricane Helene.
Another observation by scientists is the tendency for disturbances to move northwards. For the moment, it is most often the tails of cyclones that reach Europe – as with Kirk in recent days – but there is nothing to say that more extreme events will not reach us one day.
Another danger linked to the rise in ocean temperatures concerns their thermal expansion with an effect on the rise in their level. If we add the melting of glaciers and sea ice, we end up with an impact on a large number of geographical areas such as islands and coastlines.
In addition, as they warm, the oceans reach saturation of their capacity to store excess heat and CO2. According to the Copernicus agency, today the ocean mass has stored “93% of the excess heat due to human activities” and “between 25 and 30% of CO2”. We are therefore at risk of reaching a tipping point or point of no return where our oceans will no longer be able to absorb the excess heat and CO2 generated in the environment by our human activities. It can be added that with the warming of the waters, oxygen is becoming rarer, with a devastating impact on marine ecosystems.
A final point to take into account is the capacity of the oceans to regulate the planet’s climate, in particular through the currents that redistribute heat from the Equator to the poles. The Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) has existed since the dawn of time and allows us to live in temperate conditions in Europe. Scientists have observed that this ocean circulation is slowing down and could be seriously threatened by global warming, which continues to accelerate with the increase in CO2 emissions linked to human activities.
This state of the ocean does not seem to have been taken into account by COP 29 in Azerbaijan. It ended in failure because no binding decisions were taken to reduce our greenhouse gas emissions.