Dans une note publiée le 3 juillet 2017, j’expliquais que deux nouveaux cratères étaient apparus en Sibérie sur la péninsule de Yamal, le dernier en date ayant explosé le 28 juin 2017. Ces nouveaux cratères venaient s’ajouter à quatre autres grandes cavités découvertes les années précédentes, ainsi qu’à des dizaines d’autres, plus petites, repérées par satellite. La formation des deux cratères avait entraîné une explosion suivie d’un incendie de végétation, signes évidents de l’éruption de poches de méthane sous la surface de la péninsule de Yamal.


En 2024, les scientifiques avancent une nouvelle explication aux explosions de cratères géants qui apparaissent de manière aléatoire dans le pergélisol sibérien. Ces cratères, qui atteignent 50 mètres de profondeur et 20 mètres de diamètre, qui ont été repérés pour la première fois en 2012, intriguent les scientifiques. Certains témoins expliquent que les explosions de ces cratères peuvent être entendues à 90 km de distance.
Dans une nouvelle étude, des scientifiques norvégiens expliquent que le gaz naturel chaud s’échappant de poches souterraines pourrait être à l’origine des explosions. Cela pourrait expliquer pourquoi les cratères n’apparaissent que dans des zones spécifiques de Sibérie.
Le pergélisol emprisonne beaucoup de matières organiques. À mesure que les températures augmentent, il dégèle, ce qui permet aux matériaux de se décomposer. Ce processus libère du méthane. C’est pourquoi les scientifiques ont tout d’abord pensé que le méthane percolant à travers le permafrost proprement dit était à l’origine des cratères. Cependant, cette théorie n’explique pas pourquoi ces cratères explosifs se trouvent dans des endroits bien précis.
Seuls huit de ces cratères ont été identifiés jusqu’à présent, tous dans une zone bien précise : les péninsules de Yamal et de Gydan en Sibérie occidentale, dans le nord de la Russie.

Les auteurs de l’étude pensent que la formation de cratères repose sur un mécanisme bien précis : le gaz naturel chaud, qui s’infiltre à travers une sorte de faille géologique, s’accumule sous la couche de sol gelé et réchauffe le pergélisol par en dessous. Ce panache de gaz chaud fait fondre le pergélisol par le bas, ce qui le fragilise et le rend plus susceptible de s’effondrer. Une explosion ne peut se produire que si le pergélisol est suffisamment mince et faible pour lâcher prise. Par ailleurs, à la surface, la hausse des températures fait fondre la couche supérieure du pergélisol. Ce double ensemble de facteurs crée les conditions idéales pour que le gaz soit libéré soudainement, déclenchant soit une explosion, soit un « effondrement mécanique » provoqué par le gaz sous pression. C’est ce processus qui crée le cratère. La région regorge de réserves de gaz naturel, ce qui conforte la théorie décrite dans l’étude.

Source: The Siberian Times
D’autres cratères ont pu se former et disparaître avec le temps lorsque l’eau et le sol à proximité se sont effondrés pour combler le vide laissé par les cavités. L’image satellite de la péninsule de Yamal montre qu’il existe des milliers de dépressions en forme de plaques rondes. La plupart d’entre elles, voire la totalité, sont peut-être des thermokarsts (dépressions et affaissements du sol dus au dégel du pergélisol), mais il pourrait également s’agir de cratères antérieurs.
Même si l’idée est intéressante, il faudra davantage de preuves pour démontrer que ces réserves de gaz s’accumulent sous le pergélisol. Si l’hypothèse s’avère correcte, elle pourrait entraîner une révision des modèles climatiques. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Cela pourrait signifier que les cratères agissent comme d’immenses cheminées par lesquelles le gaz nocif serait soudainement libéré dans l’atmosphère.
Cependant, si ce phénomène n’existe que dans une zone très limitée, il se peut que son impact soit infime à l’échelle mondiale. Même s’il est probable qu’un énorme volume de méthane est stocké dans le sous-sol, on ne sait pas exactement quelle quantité pourrait en être évacuée en surface. La priorité est de comprendre quelle quantité de méthane s’échappe naturellement au travers de ces cratères, puis de comparer cette quantité. à celle réellement présente dans le pergélisol. Les scientifiques auront alors une idée plus réaliste du volume susceptible d’être rejeté dans l’atmosphère en raison du réchauffement climatique.
Source : Yahoo Actualités, Business Insider.
——————————————————-
In a post published on July 3rd, 2017, I explained that two new craters had appeared in Siberia on the Yamal peninsula, with the latest exploding on June 28th. These new craters added to four other big holes found in recent years, plus dozens of tiny ones spotted by satellite. The formation of both craters involved an explosion followed by fire, obvious signs of the eruption of methane gas pockets under the Yamal surface.
In 2024, scientists are putting forward a new explanation for the giant exploding craters that have been randomly appearing in the Siberian permafrost. These craters, reaching 50 meters in depth and 20 meters in width, were first spotted in 2012 and have been puzzling scientists since that time. Some reports have suggested the explosions of these craters can be heard 90 km away.
In a new study, Norwegian scientists are proposing that hot natural gas seeping from underground reserves might be behind the explosions. This could explain why the craters are only appearing in specific areas in Siberia.
Permafrost traps a lot of organic material. As temperatures rise, it thaws, allowing that mulch to decompose. That process releases methane. This is why scientists had naturally proposed the methane seeping from the permafrost itself was behind the craters. However, this theory does not explain why the so-called exploding craters are so localized.
Only eight of these craters have been identified so far, all within a very specific area: the Western Siberian Yamal and Gydan peninsulas in Northern Russia. The authors of the study suggest there is a mechanism at play : hot natural gas, seeping up through some kind of geological fault, is building up under the frozen layer of soil and heating the permafrost from below. Those hot gas plumes help thaw the permafrost from the bottom, making it weaker and more likely to collapse. This explosion can only happen if the permafrost is thin and weak enough to break. Rising temperatures melt the upper layer of the permafrost at the same time. This creates the perfect conditions for the gas to be freed suddenly, triggering either an explosion or a « mechanical collapse » caused by the gas, which is under pressure. That creates the crater. The area is rife with natural gas reserves, which lines up with the study’ theory.
According to the scientist’s model, more of these craters could have been created and have since disappeared as nearby water and soil fell in to fill the gap. The satellite image of the Yamal Peninsula shows that there are thousands of these round plate-like depressions. Most or all of them could have been thermokarsts, but potentially they could also be earlier craters that have formed.
While the idea has merit, more evidence will be needed to show these reserves of gas are building under the permafrost. If the hypothesis is found to be correct, this could spell trouble for climate models. Methane is a potent greenhouse gas. This could mean the craters are acting like huge chimneys through which the damaging chemical could be freed suddenly into the atmosphere,
However, if this phenomenon only exists in this very limited area, it may be that the impact is minute on a global scale. While there is likely a large amount of methane stored in underground reserves, it is not clear how much of that could get out.A priority is to understand first and foremost how much methane is naturally leaking from these kind of systems, and then compare that to how much methane is actually within the permafrost for organic matter. Then, scientists will have a more realistic idea of how much can be released because of global warming.
Source : Yahoo News, Business Insider.